Je fais un gros fuck dans le vide alors que j'entends Maxence me répondre. Non mais qu'il est con ce mec, j'allais aller démolir son appartement également, histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce. Puis, c'est pas lui qui paye mes affaires non de dieu ! Ouai, je suis radine, comme toutes les léprechauns, je tiens à mon argent.

« Tu sais quoi Deschênes, je t'emmerde et si t'es pas content et ben tu feras avec Ducon. »

Et oui, c'était reparti pour un tour. Je soupire et je fais encore un geste obscène dans le vide, agitant mon bras de haut en bas avec fureur, ce qui ne servait préalablement à rien, mais c'était également très libérateur. Une fois ma petite crise de nerfs passé, je me glisse sous la douche. Tant pis pour la flotte à terre, j'allais faire vite et me magner le cul, puis, j'avais également pensé à foutre des serviettes à terre histoire que ça ne soit pas non plus l'inondation total. J'allume l'eau chaude et je me lave rapidement, prenant soin de me laver les cheveux une fois de plus. L'hygiène c'est important, surtout après ce genre de sport très intense et physique. Je repense durant quelques instants au contact de sa peau avec la mienne, de ses baisers et mon corps frissonne de plus belle. Après quelques minutes je coupe l'eau et sors rapidement, manquant de me tuer au passage en glissant sur une des serviettes mouillées. Je pousse un petit cri peut élégant, me rattrapant à l'évier de justesse, pestant contre le chieur qui était toujours dans ma chambre. Attrapant une serviette propre je m'essuie et me téléporte de nouveau dans la chambre. Mon regard se pose sur le gros lard qui monopolisait mon lit, la bouteille de blanc en main. Je vais vers lui rapidement et lui arrache la bouteille des mains.

« Donnes-moi ça tueur de rideau de douche. »

Délicatesse zéro, mais ça, il en avait l'habitude et je n'allais pas changer même après ce que nous venions de faire. Je bois une gorgée, n'ayant pas de verre sous la main je me contente de boire à la barbare et je la lui rend quand même. Ben quoi, je suis d'humeur généreuse... Je vais ensuite vers ma garde robe et cherche ma nuisette noir et bleue que je trouve rapidement. Je laisse tomber ma serviette sur le sol. Inutile de faire du chichi après ce que nous avions fait, cela aurait été foutrement ridicule. Une fois habillée, je vais me mettre dans le lit, m'étalant de tout mon long poussant le leprechaun sur le côté. C'est qu'il en prend de la place celui-là. Posant mon regard bleu sur lui, je me retiens clairement d'aller squatter son torse. Non, pas de sentimentalisme, pitié.

« Si tu ronfle je ne répond plus de moi, te voilà prévenu. »

J'avais pointé un doigt sur lui, ne pouvant m'empêcher de sourire légèrement. Putain, c'est normal de le trouver plus beau qu'avant ? Je l'avais toujours trouvé très sexy et attirant, mais maintenant que j'avais goûté à...tous et bien je le voyais d'une façon bien différent. Je sens mon corps être légèrement douloureux, endoloris pas nos ébats récents et je fini par m'étendre totalement, me glissant sous les couvertures. Je changerais les draps demain, là, je n'avais absolument pas le courage. Oh et puis merde, adieux ma fierté ! Je me redresse et viens déposer ma tête sur son torse, laissant une main se poser sur celui-ci. Peut-être qu'avec lui près de moi je ne ferais pas de cauchemars... peut-être ou peut-être pas. Je baille assez bruyamment, faisant un bruit étrange avec ma bouche alors que mon corps se colla au sien dans un réflexe étrange.

« Renverse pas sur le lit tu seras gentil. »

Dis-je à moitié endormie alors que mes doigts faisaient des mouvements de vas et viens sur sa peau. Je me détend vraiment trop rapidement, sombrant littéralement dans le sommeil. Malheureusement pour moi, mes craintes furent réelles et justifiées. Je fus rapidement agitée par une scène que je connaissais que trop bien. Le visage de Daniel, le corps de mes parents se vidant de leur sang, ma mère me murmurant de fuir. Je murmure quelques mots, papa, maman, non, pitié... A l'époque je n'étais qu'une adolescente fragile sur le point de mourir. Je finis par me réveiller en hurlant, battant des pieds dans le vide, essayant d'échapper à des griffes invisibles, une menace autrefois bien trop proche. Je suis en larme comme toujours. J'aurais aimé ne pas l'être pour une fois, que Maxence ne me voit pas dans un état de faiblesse tel que je ressemblais plus à la jeune femme de 21 ans, cas la femme forte que je laissais paraître en général.

Je souris légèrement quand il dit que c'est moi qui vais ronfler. Mais quel con ce mec, sincèrement, il lui manquait un bout de cervelle pour dire qu'il puisse réfléchir convenablement. Quand il me dit de la fermer et de dormir je laisse échapper un petit grognement réprobateur, l'air de lui dire que je l'emmerdais et qu'il pouvait aller se faire foutre. Hors, je n'avais absolument pas le courage d'ouvrir la bouche, pas maintenant alors que le sommeil s'emparait fragilement de moi. La respiration du leprechaun me berça, m'aidant à me laisser aller vers des cauchemars horribles. Il est évident que j'avais été traumatisé, que malgré mes apparences de jeune fille arrogante, pleine de répartie et chieuse se cachait quelque chose de bien plus profond, une blessure qui ne cessait de saigner. J'avais tenté d'y foutre un pansement mais ce con se décollait à chaque fois ! Je repartis donc quatre ans dans le passé, ce jour où ma vie avait basculé dans une obscurité étonnante. J'aimais mes parents, pourtant, à cette époque je ne le montrais pas spécialement. Pas de je t'aime, pas de mots doux, juste des paroles parfois bien cruelles. Je m'en voulais terriblement, pensant être une mauvaise fille à l'époque, j'aurais dû les aimer comme il se doit. Je me réveille donc en hurlant, frappant, griffant ce que j'avais sous la main. Au départ je panique en sentant un corps contre moi, une main dans ma nuque assez forte pour me contenir, je me sens en danger durant quelques instants... Et puis sa voix se fit entendre et mon corps cesse de frapper dans tout les sens, ce n'était pas Daniel mais bien Maxence. Mon cœur se serre et je reste immobile durant plusieurs secondes, les yeux rivés sur le torse du leprechaun.

« Non...ça ne c'est jamais terminé... »

Je tremble contre le jeune homme, je n'ose pas le regarder me sentant complètement stupide alors que les larmes continuent de percer mes paupières. Si jamais il remettait ce moment dans une conversation je le tuais...question de principe. Je ne parlais jamais de ses tatouages, qu'il ne parle jamais de mes cauchemars. Nous avions notre manière différente de faire notre deuil, moi, je n'y étais jamais parvenue, animé par l'envie de vengeance, de souffrance. Je finis par me rendormir, cette fois-ci sans rêves, juste le corps de Maxence contre le mien, les joues mouillées, les membres légèrement tremblants.

FIN.