Maso. Je suis complètement maso à lui poser des questions sur lui et Siam. Je tourne moi même le couteau dans la plaie, plaie qui ne s'est pas réellement cicatrisée en deux ans et qui par moment, me fait toujours aussi mal. Le voir là, sentir son parfum, entendre sa voix, lui parler, tout ça, ça me fait du mal. Je voudrais ne pas lui montrer quoi que ce soit. J'aimerai être capable de faire semblant, de faire comme si tout allait bien, comme si j'avais complètement tourner la page. Mais c'est au dessus de ma portée, je n'ai jamais su cacher mes sentiments, au contraire ! Je vis en fonction de mes émotions et c'est parfois – souvent – difficile à vivre. « T'enfoncer encore plus ? Laisse moi rire. S'il te plaît, ne te fais pas passer pour la victime quand même. » Je secoue doucement la tête de droite à gauche, soupirant. Il m'agace. M'agace. M'agace ! « Je cherche juste à savoir si t'as foutu en l'air notre relation pour quelque chose qui en valait la peine. Et je vois bien que non, ça n'en valait pas la peine. » Je ne sais pas si ce constat me réconforte. Au final, peut-être que j'aurai préféré que Siam soit la femme de sa vie, au moins, je me serai dit qu'il avait eu raison de partir avec elle. Mais non, cette relation a échoué. Tout a échoué.

« Tant mieux. » Et même s'il me l'avait demandé, je n'aurai pas pu. Il s'est passé trop de choses entre nous pour qu'on puisse repartir sur un terrain neutre. Je ne pourrais pas faire l'impasse sur le passé, pas totalement en tout cas. J'aimerai vraiment pouvoir garder en mémoire que les bons souvenirs, mais ça m'est impossible. Seule notre séparation reste, ses mots, les miens. J'ai oublié tout le reste, tout oublié. « Non, t'as raison, on a jamais été amis. Et on le seras certainement jamais. » Je me surprends moi-même à émettre une petite nuance dans ma phrase : certainement... on ne le sera certainement jamais ? Mais peut-être alors qu'un jour, on seras amis ? Je doute réellement de ça mais si j'ai bien compris quelque chose dans la vie c'est que l'avenir est toujours incertain. Si ça se trouve, à soixante-dix ans, Jer et moi, on sera super potes à la maison de retraite ? Non ? Quand j'aurais été attaquée par la maladie d’Alzheimer... Je lâche un petit soupire, il faut que je me détende. Je vais être obligée de passer la soirée avec lui, et on va devoir encore se supporter au mariage, alors autant souffler dès maintenant. Je ne veux pas qu'on se mène une gueguerre ridicule, ce sera plus épuisant qu'autre chose. « Non, j'ai pas rapetisser. Et je te signale que j'ai mis des talons là. » J'affiche un sourire un peu forcé et point mon doigt sur mes escarpins qui me donnent presque dix centimètres de plus ! C'est vraiment une plaie d'être si petite et quand je suis sur mes talons, j'ai presque l'impression de dominer le monde... Presque. Mon regard divague autour de nous, je me demande où sont passés Angie et Geoffrey. Ils voulaient pas des photos superbes ? Qu'est-ce qu'ils fabriquent, j'ai l'impression qu'ils ont disparus depuis une éternité. Jeremiah ne semble pas perturbé plus que ça, lui qui est censé bossé, ses clients ont disparus de la circulation. Il s'installe même sur une chaise et désigne celle d'à coté pour que j'y pose mes fesses. Je cherche encore pendant deux ou trois secondes mes amis, mais capitule et m'installe sur la chaise. « J'écris... pour un petit journal local. Mais... j'écris plus vraiment... pour moi-même. » Disons que ça fait un moment que je n'ai pas pris le temps de le faire, et les dernières fois où je l'ai eu, j'ai tellement été déçue par mes mots que j'ai tout effacer. Je ne sais pas pourquoi je coninue à persister là dedans. « Et toi, toujours des expos ? » Jeremiah a un vrai talent pour la photo, et Angie n'aurait pas pu tomber sur un meilleur professionnel pour son mariage. Il va lui rendre un travail parfait, des photos magnifiques, c'est certain.