merry, diane & mara ▽ Triple Trouble.

Je suis arrivé(e) le : 08/06/2016

Triple Trouble.

"Watching her strolling in the night, so white, wondering why it's only After Dark. In her eyes a distant fire light burns bright, wondering why it's only After Dark."

Tito & Tarantula - After Dark ▽ Il n'était pas coutumier à Mara de se lever tard, elle qui était réglée avec la précision d'un orge de barbarie quand les choses concernaient sa terrible routine. C'était un moyen comme un autre de gérer ses angoisses quotidiennes et si la Stryge avait pour habitude de se coucher très tard - ou très tôt - elle se levait en général aux premiers rayons du soleil. C'était parfois laborieux, mais son corps s'était arrangé comme cela depuis des années. La présence de Merry bousculait ses habitudes sans vraiment les chambouler puisque la Stryge n'avait encore passé qu'une journée et une nuit en compagnie de cette nouvelle amie, cette étrange petite Berserker qui savait pourtant être féroce et loyale. L'envie de s'adapter était là, mais la rousse peinait. Elle qui ne mangeait pas de nourriture fut bien ennuyée quand la brune se leva et ne put que lui donner quelques billets pour aller se prendre ce qu'elle désirerait dans une boulangerie non loin.... à condition de nettoyer ses putains de miettes de sa table. Mara détestait la saleté et les signes évidents de vie extérieure perturbait le silence de son appartement à la blancheur cérébralique.

Un nouveau pensionnaire avait pris la place du perroquet bavard qu'elle avait donné, par dépit, par lassitude. A Giorgio l'oiseau stupide avait succédé... Giorgio le Sphinx. Merry avait rit devant le manque d’imagination de la rousse pour trouver des noms à ses animaux, lui disant qu'elle ne pouvait décidément rien faire comme tout le monde et avoir un compagnon "normal". Le chat nu trônait comme un prince entre les coussins gris du canapé, toisant la Berserker d'un air hautain tandis que la Stryge était partie s'enfermer de bon matin dans sa salle de bain. Il essayait de faire ses griffes sur les affaires de Merry, posé sur son territoire. Ses grandes allures rappelaient invariablement le snobisme patenté de sa propriétaire qui avait prétexté avoir pris un chat nu pour ne pas avoir de poils sur ses tissus et vêtements... autrement elle serait devenue folle. Il était encore fort tôt et le soleil passait au travers de la baie vitrée pour réchauffer le salon dans lequel un vieux morceau désuet de Tito & Tarantula passait en sourdine dans un coin, rendant la pièce plus chaleureuse que d'habitude grâce à la présence de Merry.

Cette rpésence n'avait pas manqué de titiller cette sotte de Mara qui avait gracieusement offert son lit à la Berserker, en toute amitié. Quelques pinçages de mains plus tard, elles dormaient chastement. C'était plus un jeu qu'autre chose, à présent que chacune avait ouvert les yeux sur l'autre et s'étaient juré une amitié indéfectible. Elles étaient loyales et franche et leur cynisme conjugués les rendaient presque inséparables, à vrai dire. Bien sur, se trouver des activités communes n'étaient pas chose aisée tant leurs centres d'intérêts divergeaient. Mais elles y parvenaient, tant bien que mal, avec une volonté presque touchante tant elle était maladroite. Un film d'horreur pouvait les mettre d'accord, comme une bonne bouteille de Chardonnay. La musique, tantôt, si elles trouvaient un artiste commun. Mara était quelque peu analogue, ses goûts étant éclectiques et démodés : elle aimait David Bowie, Giorgio Moroder mais aussi Judas Priest ou d'obscurs groupes de Rock ou de Psychobilly. Chacune s'adaptait, à sa manière ; ça fonctionnait étrangement bien. Parfaitement même. C'en était perturbant pour la rousse qui préférait garder une certaine pudeur envers son amie nouvellement obtenue, qui était la seule qui visiblement lisait en elle comme dans un livre ouvert.

Et si la sonnette d'entrée passa inaperçue pour la Stryge enfermée dans sa salle de bain avec Painkiller de Judas Priest bien trop fort pour uen femme de son "standing", il allait s'en dire qu'il échut à son invité de s'occuper d'ouvrir la porte. Et aucune des deux ne savaient ce qui les attendait ce matin, derrière la porte en wenge des plus sobres.
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Les choses s'étaient finalement enchaînées de manière paisible. Etrange comme c'était naturel et facile. Au fond il n'y avait presque pas eu à forcer. Merry s'était autorisé le week-end avec Mara, acceptant de passer deux jours avec cette drôle d'amie toute neuve.

Il était étrange surtout, qu'elles s'entendent si naturellement. La Stryge psychopathe et la Berserker pragmatique. Et si Mara hurlait sur les miettes, ça faisait rire Merry avec désinvolture quand elle passait l'éponge. Parce qu'au fond ce n'était que les vieux tocs d'une célibataire acariâtre et workhaholique.
Le chat nu avait succédé au perroquet mais c'était prévisible. Comment tolérer d'emprisonner un oiseau quand on est soi-même un volatile aux ailes trop grandes?
Mara ne pouvait prendre quelque animal banal, un chaton de gouttière. Non, il lui fallait une race ostentatoire et étrange. Ca avait sincèrement amusé Merry. C'était au fond tellement prévisible qu'elle ne s'en était pas étonnée une seule seconde.

La nuit avait été à l'image du jour, plus facile : après quelques avances rabrouées et la menace de se transformer en louve pour qu'elle soit contrainte de ne plus la tripoter, Mara dormait enfin et Merry put fixer longtemps le plafond blanc en songeant à l'étrangeté de sa vie qui l'avait mise sur le même chemin qu'une amie fidèle. Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être de prime abord. Dans sa tête, tournait en rond l'absence de l'homme qu'elle appréciait trop pour son bien. Et Mara trompait la solitude. Elles se faisaient mutuellement du bien, remisant chacune l'absence qu'elles regrettaient en faisant ses choses que font des amies aussi peu assorties qu'elles. Au moins les films les mettaient temporairement d'accord. Ca et la musique. Les sujets de discussions étaient plus faciles avec quelques points communs.

Merry s'était donc levée assez tôt, ayant trop l'habitude du boulot pour vraiment faire de grasses matinées. Elle avait encore les cheveux humides de sa propre douche, ayant enfilé un jean et un tee-shirt noir "Bitch, i'm fabulous" surmonté d'une large chemise beige, nouée sous ses seins généreux. Elle chassa le chat qui faisait ses griffes sur le petit sac qu'elle avait posé sur le canapé pour y ranger ses affaires de toilette, le regardant courir avant de revenir deux minutes plus tard à la charge.

Merry s'était assise un instant, rangeant son sac, proprement, quand la sonnerie de l'appartement retentit. Mara étant sous la douche, il était évident que la jeune fille devait ouvrir. Cela lui sembla la chose à faire - cela pouvait tout aussi bien être le facteur, la femme de ménage ou n'importe qui...
La jeune fille alla donc tout naturellement ouvrir, se retrouvant face à cette inconnue blonde - une voisine-peut-être ?
"Bonjour..?" Fit gentiment Merry, ses yeux bleus pour l'instant reflétant son calme. Ses cheveux mouillés, les affaires que l'on entrevoyaient sur le canapé, tout attestait qu'elle n'était pas là qu'en brève visiteuse. "Je suis désolée, mara est sous la douche. Je peux lui laisser un message ?"
Elle était aimable, Merry, sans se douter une seconde qu'elle venait de mettre le doigt dans un nid de guêpes...

TRIPLE TROUBLE

Threesome mental

Les yeux plissés, Diane scrute son reflet à travers le miroir. Elle incline la tête à droite, puis à gauche comme si elle cherchait une solution à un quelconque problème. Puis, elle balance doucement son corps pour faire virevolter le voile de sa robe. Elle rit bêtement. Elle paraît tellement humaine à cet instant, tellement naïve à se demander si Mara appréciera sa nouvelle coupe de cheveux, ou encore ce qu'elle porte sur l'échine. Pourtant, la jeune femme n'a plus rien de ce qui peut caractériser un être normalement constitué. L'éternité, elle l'a devant elle. L'éternité, il n'y a que cela devant elle. Mais, elle se plait à jouer les midinettes. Et, elle a ce sourire franchement adolescent des premiers émois. C'en est ridicule. Elle s'approche de la psyché, y collant presque son nez, alors qu'elle scinde la lueur dans les tréfonds de son regard clair. Il y aurait toujours cette tristesse. Elle la remarque, malgré son visage quasi-béat. Certaines choses ne disparaîtraient pas aussi facilement, en supposant qu'il soit possible de les effacer un jour. Qu'importe, elle pourrait tout autant faire comme-ci. Diane avait su jouer la mort lorsque la Stryge l'avait jeté du train. Elle saurait singer la vie, peut-être. Alors, elle minaude face à son apparence. Elle fait quelques grimaces enfantines. Son rire lézarde les murs. Mais il y a toujours cette plaie béante qui ne lui offre qu'un vide profond. Elle dodeline de la tête. Il n'y aurait que cela finalement en elle: un creux qu'elle s'efforcerait de remplir par quelques chimères sans aucune promesse d'avenir. Elle inspire profondément, baissant honteusement les yeux. Elle est ridicule.

Elle passe une main dans son carré fraîchement coupé. Quitte à jouer les éplorées, autant le faire jusqu'au bout, n'est-ce pas ? Elle s'humecte les lèvres face à la porte, lisse naïvement le tissu qui la couvre en partie. C'est pathétique, elle le sait. Mais, c'est malgré elle et malgré l'espace vain entre ses côtes. Elle n'est qu'une grotesque mime. Elle contrefait les ombres. Elle est une usurpatrice. Elle est personne et tout le monde à la fois. Elle n'est pas Diane. Elle en a juste l'enveloppe. Diane n'est plus, elle. Elle est morte il y a dix ans maintenant. Elle n'est qu'un fantôme, qu'un mensonge éhonté que l'univers porte en son sein. Elle n'est rien. Diane hésite quelques secondes. La dernière fois qu'elle était venue ici... mais elle secoue sa petite tête pour chasser ces quelques souvenirs sinueux de son esprit volubile. Elle jette une brève œillade à sa montre. Il n'est pas très tard. Mara serait sans conteste déjà au garde-à-vous. A-t-elle seulement le droit de débarquer ainsi ? Même si leur relation semble avoir pris une toute autre tournure, elles n'ont pas réellement discuter de tout cela. A qui la faute dans un sens ? Diane se fustige silencieusement. Peut-être devrait-elle consentir à s'exprimer avec les mots plutôt qu'avec les soupirs et la sueur. Mais elle est incapable de se tenir lorsque la rousse est auprès d'elle. C'est viscéral, et ça lui ravage le peu de raison qu'elle possède encore. Peut-être est-ce l'occasion ? Il fait jour - ce qui est assez saugrenu lorsque l'on sait qu'elles ne se sont pas encore vues sous la lumière - et, il n'y a aucun risque qu'un train ne passe par là. Alors, oui, peut-être parviendraient-elles enfin à avoir une véritable conversation. Après ou avant...., là est toute la question.

Son index presse la sonnette et, il suffit de quelques secondes seulement pour que la porte ne s'ouvre sur.... une parfaite inconnue. Diane fronce les sourcils, visiblement prise de court. Pourtant, elle est persuadée qu'il s'agit bien là de l'appartement de Mara. D'ailleurs, elle en reconnait nettement la blancheur quasi-clinique qu'elle entrevoit derrière cette petite tête étrangère. Elle la détaille longuement, ne répondant pas immédiatement à son interrogation. Son regard est peu avenant lorsqu'il se pose sur elle, il est inquisiteur, accusateur.
- Je suis.... sa pute, annonce-t-elle d'une voix peu accueillante, dites-lui...
Mais elle ne sait même pas. Et c'est tout ce qu'elle a trouvé à dire pour se présenter. Parce qu'elle ne sait plus ce qu'elle doit représenter, là, devant son interlocutrice. Qui est cette jeune femme au visage de poupon ? Diane ne l'a jamais vu. Elle se penche légèrement vers elle, un poil menaçante sans vraiment s'en rendre compte.
- Qui êtes-vous ?
Elle se tend malgré elle, comme un élastique au bord de la rupture. Elle n'assimile pas réellement ce qui l'anime présentement, mais ça lui prend le cœur et la gorge.

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♦♦♦♦

Elle est là, face à l'inconnue, cette femme belle mais plutôt banale. Un peu comme elle. Elle sent passer un malaise. Les yeux de l'autre détaillent l'entre-bâillement. Merry sent soudain un frisson froid lui remonter le long de l'échine. Comme un avertissement muet. Il y a quelque chose qui ne va pas et qui brisé définitivement le calme de ce matin ordinaire.
La Berserker se mord un peu la lèvres inférieure, attendant la réponse, un mot, n'importe quoi. Elle la sent pas, cette femme. C'est instinctif. Elle a le regard d'une écorchée vive. C'est une chose que la louve constate dès le premier instant. Un regard hanté, qui la glace. Intuitivement, Merry sait qui est face à elle. Ses viscères se nouent quand l'autre souffle.
Sa... Pute ?

Merde. Merde. Merde.
Merry a très envie de refermer doucement la porte et de faire celle qui n'a rien vu. Elle jette un regard sombre à la porte de la salle de bain. Merry est restée, malgré elle, plantée dans l'ouverture de la porte, sans faire mine de laisser passer Diane. Puisque c'est elle. Evidemment, c'est elle. La femme que Mara aime. Et qui, forcément, doit débarquer quand elle passe pour la première fois deux jours chez son amie. Pas le lendemain, pas le jour d'avant. Non juste quand ça ne peut tourner plus mal, comme dans une série romantique à la noix.

Quant à la question sur qui elle est... Voilà donc le début des hostilités.
"Merry." Fait donc Merry, sans bouger ni ciller, ses yeux bleus sondant ceux de cette femme qu'elle connait sans l'avoir vue jusqu'à ce matin. "Et vous êtes Diane, n'est-ce pas ?"

La tension est à son comble. C'est l'instant que choisi cet imbécile de chat pour se faufiler entre ses jambes pour filer dans le couloir. "Georgio !" S'exclame la jeune femme, qui abandonne son rôle de cerbère à la porte en s'élançant en avant, dépassant Diane d'un mouvement souple et pour courir près le chat -non sans l'insulter copieusement. Chat qui détalle d'autant plus mais finit par être bloqué au bout de l'interminable couloir devant la porte d'ascenseur. Merry attrape l'animal par la peau du cou, le cale dans ses bras et revient finalement vers la porte dans un soupir.
"Bon ben entrez, restez pas là comme ça." Fait Merry, un peu lasse, agitant la main pour inviter Diane à la précéder dans l'appartement. Elle referme la porte.
Voilà les dés sont jetés.
Et comme elle ne veut pas franchement se prendre le gros de l'orage seule, elle toque à la porte de la salle de bain.
"Tu as de la visite." Tout dans la voix de Merry crie "et il y a un gros problème alors sors de là putain."

Elle n'entre pas. Pas la peine de se rendre plus louche que ce qu'elles sont déjà aux yeux de la nouvelle venue. C'est un peu lâche de sa part. Mais elle n'a pas envie de passer pour ce qu'elle n'est pas.

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Triple Trouble.

"Watching her strolling in the night, so white, wondering why it's only After Dark. In her eyes a distant fire light burns bright, wondering why it's only After Dark."

Die Antwoord - Banana Brain ▽ Peut-être parce qu'elle était maniaque et superficielle, Mara faisait partie de cette espèce de tristes sires qui mettaient des heures dans la salle de bain en s'inspectant jusqu'au dernier cheveu rebelle. Sa routine commençait avec toute une batterie de rituels qui lui était rassurants et lui permettaient de mettre ses pensées de côté durant ces gestes répétitifs et clinique. Tous les jours, les choses fonctionnaient de la même façon, dans le même ordre. La Stryge était une sorte de vieille célibataire et ses habitudes domestiques le criaient pour elle, nul besoin de sortir de Caltech pour le déduire. La présence de Merry perturbait tout son cycle mais il fallait bien avouer que c'était un mal pour un bien, en quelque sorte. La douche avait été longue et réconfortante, mais la nuit avait été étrangement douce et facile si bine qu'en se regardant un instant dans le miroir au dessus de la vasque, la rousse se trouva en meilleur état que d'habitude. Son teint paraissait bien moins cireux que d'habitude et ses orbites creuses, certes toujours aussi sombres, avaient quelque chose de plus sains, de moins semblables à celles d'un animal efflanqué. C'était le sang, consommé plus régulièrement, qui lui donnait cet air moins cadavérique, plus humain, en somme. Elle était moins fatiguée, aussi.

Pour l'heure, c'était ses sourcils qui retenaient son attention tandis qu'elle ignorait le drame qui se jouait sur son propre palier, mise à l'écart par sa musique de sauvage mise bien trop forte. Le soin clinique qu'elle mit dans ses soins et son maquillage attestait qu'elle était assurément toquée mais ce côté perfectionniste faisait parti de sa personnalité névrosée, lui permettant de tenir le coup. La rousse était en train d'enfiler ses sous-vêtements lorsque la voix de Merry lui parvint par delà la porte. De la visite ? Elle regarda sa montre, s'étonnant qu'on lui annonce qu'il y avait quelqu’un qui voulait la voir, elle qui vivait parfaitement seule, sans contact avec ses voisins, ses logeurs, ses collègues. Elle coupa sa musique d'un coup, le visage un peu sévère tourné vers la porte close.

"Juste une minute", elle glissa dans son pantalon en cuir comme elle le put, sautillant bêtement sur une jambe, "je m'habille."

Son ton était un peu plat, mais très calme contrairement à d’habitude. La Stryge vérifia son visage et son maquillage un peu à la hâte -enfin pas tant que ça - et repoussa ses cheveux encore un peu humide en arrière, ce qui lui donnait toujours ce drôle d'air pincé. Tirant sur son pull noir découvrant ses épaules, elle sortit l'air de rien de la salle de bain pour toiser la Berserker devant la porte. Son regard semblait annoncer un code rouge, une sorte de neuf sur l'échelle de Richter et lorsqu'elle releva la tête vers la porte d'entrée, elle compris bien vite. Cependant son visage n'exprima aucune surprise et la rousse se contenta de rester comme un rond de flanc, immobile et silencieuse. Quelle pourcentage de malchance fallait-il blâmer pour que la seule fois où elle passe du temps avec sa nouvelle amie, Diane vienne la voir. La menace de Noirceur pesait toujours lourdement sur elles et voilà la Sidh fraîche et pimpante dans une petite robe blanche à l'air presque ingénue.

"Oh", fit sobrement Mara, "tu as coupé tes cheveux."

Ce fut tout ce qu'elle dit, regardant le chat nu se faufiler entre les jambes de Merry en miaulant. Celui-là semblait bien l'apprécier.... la Stryge demeura silencieuse, plus par habitude que par gêne. Que voulait-elle ? Tirant un peu pour remettre parfaitement en place son haut, ses mains craquèrent involontairement et elle contourna la Berserker comme la Banshee pour chercher son paquet de Marloboro Light sur la table basse ; il lui fallait bien une clope - voir dix d'un coup - car la matinée s'annonçait rude. Tirant sur le bâton de nicotine comme si elle voulait lui faire mal, elle dit simplement d'une voix très plate à l'adresse de Diane :

"Merry est ma meilleure amie", elle souffla la fumée dans l'air en croisant les bras comme une bourgeoise un peu dérangée dans sa routine, pieds nus sur le carrelage d'une blancheur migraineuse, "donc oui, j'ai déjà couché avec elle, je sais que tu vas me le demander. Avant que tu ne dises quoi que ce soit qui va m'énerver, je ne couche plus avec elle. Elle ne veut plus parce qu'elle est prise", elle se tourna vers la Berserker en attrapant son chat pour le coller contre son épaule, "voici Diane, mais on ne sors pas ensembles. Et je ne pourrais préciser la nature de notre relation puisque... putain de merde, je n'en sais rien", elle expectora sa fumée par les narines, "et donc, les présentations sont faites."

La Stryge tourna les talons et prit ses aises sur son canapé, croisant ses longues jambes en posant le Sphynx sur son giron. L'animal se cala dans le creux de ses cuisses en ronronnant comme un moteur et chercha le sommeil, comme il n'ne avait strictement rien à carrer du drame Cornélien qui allait se jouer dans le salon.

"Pas de raccourcis faciles, s'il vous plais", fulmina la rousse en se claquemurant dans un mutisme affecté, fumant sa clope en caressant son chat d'une manière presque désinvolte tant elle semblait snobinarde et avare en réactions.
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TRIPLE TROUBLE

Threesome mental

Elle est en colère. C'est tellement humain, ça aussi. Et elle se déteste d'éprouver cela présentement, tout comme elle déteste Mara. Ce n'est pas véritablement contre la jeune femme qui se trouve face à elle que Diane exècre à l'instant. C'est cette putain de rousse qui lui broie toujours plus la tête. Elle en pose une main contre sa tempe, en libérant un souffle à la fois fébrile et las. Qu'est-ce qu'elle fout là ? Sans cesse cette irrémédiable question. Son regard perd de sa superbe, là, sous celui de cette petite brune qu'elle imagine dans les bras de cet Ange aux ailes implacables. C'est dégoûtant. Autant l'image qui s'impose à elle, que le sentiment qui en découle. Elle a envie de s'arracher la cervelle pour ne plus avoir à revivre ces quelques étreintes chimériques qui ne cherchent qu'à l'accabler davantage. Elle papillonne des cils, essaye de chasser le nœud qui s'est resserré dans le creux de sa gorge pour adresser un rictus malhabile à la soit disant Merry. Elle est belle. Du moins, elle croit déceler ce qui aurait pu plaire à la Stryge - en partant du principe qu'elles.... -, mais elle ne veut pas y songer davantage. Elle arque simplement un sourcil intrigué lorsqu'elle prononce son prénom. Mara lui a-t-elle déjà parlé d'elles ? Sans nul doute, visiblement. Seulement, la Banshee ne sait si elle doit s'en sentir flatter ou, au contraire, s'en inquiéter. Cela étant, elle opine de la tête, un tantinet sceptique.
- Je suis Diane, répète-t-elle d'une voix plus morne.
En espérant que ce ne soit pas le pute qui ait guidé Merry sur la bonne voie. Quoi qu'elle ne pourrait pas réellement lui en tenir vigueur. De toute évidence, elle ne doit pas être beaucoup plus au regard de Mara.

Un feulement résonne et, Diane suit des yeux cette petite créature dégarnie fuir à la hâte. Elle en profite pour détailler plus encore la silhouette de la petite brune lorsqu'elle poursuit l'animal. Et elle ne peut s'empêcher de sourire un peu jaune. Elles ont toutes deux cet air un peu enfantin, cette tignasse brune et cette peau d'albâtre. Ces similitudes lui flanquent clairement la nausée. Alors, elle détourne les yeux, le cœur au bord du billot. Ce n'est tout simplement pas possible, voilà ce qu'elle se répète tandis que Merry revient vers elle. Elle ne peut pas se trouver dans ce genre de tragédie pathétique. Pourtant, toute son existence ne se résume qu'en un éternel drame. Elle reste con, l'espace d'une seconde, face à l'invitation qui lui paraît risible tant elle est naturelle. Elle hésite. Elle a envie de fuir à toutes jambes pour ne jamais plus remettre les pieds ici, laisser cette rousse aux grandes prunelles perçantes derrière elle, dans un passé qui ne serait finalement qu'un long cauchemar. Mais, elle ne peut s'empêcher d'accepter silencieusement en passant le seuil d'un pas mal assuré. Et, elle attend patiemment, le palpitant au bort de la rupture. Elle n'est qu'une simple visiteur, juste de passage pour un café. Voilà à quoi elle ressemble. Qu'importe ce qui l'attire irrévocablement vers Mara, cela n'a visiblement aucune importance ici. Alors, elle jette un œil en direction de la porte. Peut-être vaudrait-il mieux...

Mais Mara est là. Diane plonge son regard dans le sien, comme si elle ne comprenait rien à cette scène grotesque, jusqu'à sa venue ici. Elle a envie de s'en approcher, d'effleurer sa peau. Seulement, il y a toujours ce roulement sourd qui s'intensifie maintenant qu'elles se trouvent toutes les trois dans la même pièce. C'en est affreusement gênant. Elle croise les bras sur sa poitrine en une attitude fermée, bien que toute son épiderme semble vouloir, elle, hurler sa présence. Elle s'humecte nerveusement les lèvres dans un réflexe franchement puéril, puis baisse les yeux. Elle est toute petite face à Mara, cela a toujours été ainsi. Merry ne change rien à cela. Elle n'a clairement pas envie d'entendre ce que la propriétaire des lieux lui présente sans aucune compassion, presque de manière clinique, mais elle n'en a pas le choix. Elle papillonne des cils, tournant un regard à la fois envieux et douloureux vers la jeune femme dont il est présentement question. Elle aurait dû boire. Elle aurait dû annihiler le manque de Mara sous quelques litres de Whisky plutôt que de se rendre ici. Elle balaye l'air d'un geste hasardeux pour attirer son attention, avant d'articuler d'un ton plus sec qu'elle ne l'aurait cru:
- C'est bien aussi quand tu ne parles pas, finalement. Tu fais des choses nettement plus intéressantes que parler, avec ta bouche, habituellement.
A dire vrai, elle n'a pas envie d'entendre ce que lui dit Mara. Elle ne veut pas savoir. Mais les images qui se profilent derrière sa rétine viennent déposer un peu d'huile sur le feu. Elle se retient de ne pas se jeter sur elle pour lui arracher la langue et l'ingurgiter en une coulée. Au lieu de cela, elle s'hérisse comme le ferait un félin, l’œil à la fois perfide et blessé.
- J'ai couché avec Heathcliff, balance-t-elle sans préavis.
Elle le regrette aussi sec. Elle n'aurait pas dû et elle le sait. Mais, c'est ce sentiment dévastateur qui l'y a contrainte, c'est ce pique douloureux entre ses côtes qui l'y a encouragé. Ses mains tremblent sous lui, sous le manque d'alcool. C'est la colère et le besoin de faire mal qui l'a poussé à avouer le pot-aux-roses.

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Merry déteste d'office cette situation moisie. La tension a remplacé le petit matin calme et paisible de la première fois depuis si longtemps qu'elle pouvait se dire amie avec quelqu'un. La fille populaire d'autrefois, mise au ban de la réalité, retrouvait des automatismes qu'elle avait cru perdus à jamais. Une amitié qui éclot, c'est rare et précieux. Et cette femme venait de tout bouleverser.
Merry ne dit rien alors que Mara sort de la salle de bain, alertée par le sentiment d'urgence qui transparaît. Et Merry, déportée vers la baie vitrée pour contempler le jour sur la ville, a croisé ses bras sur sa poitrine, écoutant Mara résumer leur lien.

C'était clinique mais elle n'aurait pas mieux fait : autant désamorcer la bombe. Autant tout dire, tout résumer. Les mots sont froids mais ils sont justes et Merry, bien moins versée que Diane dans l'émotionnel et le pathos, n'y trouve rien à redire.
Elle observe, pour sa part, la femme que son amie lui a confier aimer. Celle pour qui elle a dû remettre en place les pauvres ailes, celle qui fait et fera tellement de mal. C'est instinctif, comme un coup de foudre à l'envers : une inimitié sincère naît dans la poitrine de Merry.
Tout dans cette femme hurle le pathétique : elle est laide et belle à la fois, si l'on aime les fleurs fanées. Elle voit bien que c'est ce parfum de désespoir grandiloquent qui attire Mara. Elle-même, trop terre à terre, n'y voit qu'une coquetterie de fantôme émo.

Voilà que l'autre s'emporte. Merry ne dit rien parce que ce n'est pas son combat. Cependant, ses yeux tournent à l'or alors que Heathcliff est mentionné. Merry sait qui est cet énergumène. Elle ne pense pas du bien de lui, sans le connaître, par simple solidarité amicale avec Mara, sans non plus le détester - elle ne le connait même pas et elle est trop pragmatique pour se satisfaire d'un seul son de cloche.
Alors elle a presque envie de rire au nez de cette femme défaite, de montrer les crocs. Ca la prends aux tripes, mais elle muselle sa louve intérieure. Elle ne fera nul esclandre, pour sa part. On n'entend d'elle qu'un léger ricanement méprisant. Et dans les yeux d'or de la louve, un profond mépris.

Alors quoi ? La seule chose que cette pauvre conne ait songé à dire c'est qu'elle a laissé n'importe quoi lui passer sur le ventre ? Et ça devrait blesser quelqu'un ?
Sa seule défense, c'est l'attaque ?
"Ooooh...So much Drama." Fait juste Merry dans un murmure, toujours bras croisés, jetant à Diane un regard toujours aussi chargé de tout le pathétisme qu'elle lui inspire. Puis elle se détourne pour regarder de nouveau la ville, pour laisser Mara régler ça comme elle le voudrait. Ce n'est pas vraiment son problème, au fond. Mara aime qui elle veut, même une Sidh aux penchants pour le mélo-drame. Merry se fiche bien de Diane, tout comme elle ne s'estime pas assez importante pour l'autre. Au fond elle n'est qu'un prétexte, elle s'en doute, pour que l'autre femme teste infiniment les réactions de sa copine - ou pas copine ou sex-friend ou peu importe. "Elle mérite au moins un Oscar." C'est dit en français, avec le mauvais accent lousiannais de Merry, rapidement, à l'adresse de Mara. Une pique volontaire. Elle ignore si cette nana parle français -et surtout si elle arrive à se dépêtrer de son horrible accent ou non mais elle n'a pas pu s'en empêcher.

Qu'on ne se fie pas à son attitude indolente, la jeune Berserker est prête, en réalité, à intervenir s'il le faut. Parce qu'elle a pour Mara une amitié sincère, très simple et franche. Au contraire des trémolos de Diane.

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Triple Trouble.

"Don’t need no one fucking up my shit. Okay, bitch get the fuck off me. I’ll freak you the fuck out cause' I choose to be free ! Fuck your rules ! Who are you to tell me ? What I can and can’t do fuck you bitch, you just want to be with me !"

Die Antwoord - Happy go sucky fucky ▽ On pouvait dire qu'une situation dégénère avant même qu'elle ne se soit mise en branle. Mara savait qu'en sortant de la salle de bain elle allait mettre ses pieds nus dans ce qui serait au choix un nid de serpents ou de la choucroute. L'important pour elle ne fut pas d'être aimable - ce n'était pas dans son style - mais de garder le cap de son bateau comme un bon capitaine. Et, contre les vents et les marrées, la Stryge ne se démontait pas. La simple présence de Diane, loin de la déranger, l'aurait comblée d'un simple bonheur si la Sidh n'avait pas été prise d'une telle diarrhée verbale sitôt qu'elle eut terminé son explication. Son regard se porta silencieusement sur Merry comme une déception en devenir, presque comme une excuse et elle tira à niveau sur sa cigarette, image propre de la bourgeoise inflexible avec son chat moche, son air de marbre alors que la tempête naissait en elle. Qu'elle se laisse noyer sous des hectolitres de merde par la Banshee, il fallait qu'elle demeure calme. Diane balaye l'air devant la rousse comme pour attirer son attention mais elle heurte non pas à une attitude dure, mais quelque chose d'incroyablement éteint. Mara ne réagit pas. Et ceux qui la connaissent bien savaient que lorsque Mara souffrait réellement, elle devenait une simple poupée de chiffons ans âme, comme ce qu'elle était en train de faire présentement.

"C'est vrai", admit la Stryge sans rien ajouter, même pas un sourire.

Elle aurait bien rajouter que cela signifiait qu'elle était simplement un bon coup et que d'ailleurs tout le monde ne savait ici mais son humeur n'était guère à l'ironie. Son ton n'avait rien de tranchant, au contraire. il était vague et émoussé. Elle qui avait voulu croire que Diane avait de la tendresse pour elle, qu'elle l'aimait... peut-être n'était-ce que physique, que la Sidh lui mentait. Elle se renferma comme un vieux coquillage, heurtée et troublée mais maintenant sa réserve naturelle. Depuis son traumatisme, la Stryge était incapable d'exprimer ses émotions. Elle en avait parlé à Merry, espérant que Diane chercherait à le comprendre ; elle s'était trompée. Si elle parvenait à mettre le doigt sur ce qu'elle ressentait, Mara était incapable de le verbaliser. Amour, haine ou colère... tout demeurait en elle comme enfermé à double-tour. Elle ferma les yeux en se penchant sur la table basse pour récupérer son cendrier et commencer à éteindre sa cigarette. Les propos de Diane ne la mirent pas en colère : ils la rendirent incroyablement triste. Pourquoi rien ne voulait sortir ?

Mara la regarde sans la toiser, sans la torpiller d'une quelconque gêne ou sentiment extérieur. Sa cigarette demeure entre ses doigts maigres qui ne se crispent pas. Quand Mara souffre réellement, elle ne ressent plus rien d'autre qu'un trou nébuleux dans l'esprit ; ça lui déchire la cervelle et elle n'écoute qu'à moitié les murmures de son amie non loin. En vérité, elle s'en fout un peu. Elle sent dans l'air la colère et le mépris de la Berserker, la jalousie pernicieuse qui fait perdre ses esprits et moyens à Diane. Et elle ? Qui comprend ce qu'elle ressent ? A trop chercher à sentir les sentiments des autres, Mara ne comprend rien aux siens. Elle demeure sur son canapé, silencieuse comme à l'heure de la mort de sa mère, il y a des années. Il n'y a rien qu'un trou en elle : on lui promet des je t'aime et au final, elle n'est rien de plus qu'un masturbateur sans piles. Merry retourne à la contemplation de la ville en contrebas et Mara demeure silencieuse. Il n'y a aucun reproche dans son regard : il n'y a rien du tout dedans.

Quand la révélation tombe, la rousse a déjà le cœur brisé ; elle se moque bien d'avec qui Diane partage ses errances et ses fluides car la Banshe ne lui appartient pas et ce drame n'au aucune raison d'être pour elle. Heathcliff ? Quelle étrange coïncidence. Quel étrange choix de partenaire aussi. Mais qui était-elle pour monter sur ses grands chevaux? Peut-être le plus simple était-il de demeurer franc, pour œuvrer contre la tornade que Diane cherchait à ouvrir en elle. La grande rousse fit descendre son chat de son giron et dans un geste étrange, en déroulant sa longue silhouette, écrasa son mégot contre sa propre langue avant de refermer sa bouche dessus et l'avaler tout rond, profitant de la souffrance de la brûlure pour demeurer avec tout le monde.

"D'accord", fit-elle en hocha la tête, "mais moi je t'aime."

C'était franc et direct, et malgré son calme de facade sa voix trembla une seconde d'une tristesse fugace mais infinie, quand on la connaissait bien. Elle sourit faiblement à Merry en l'entendant lui parler en français, mais ne trouva rien à lui dire. Surement Diane était une excellente dramaturge. Elle avait son lot de souffrance. Son teint était devenu cireux et son regard fuyant et ce qu'elle esquive Diane ou Merry.

"Depuis l'histoire du train, je n'ai couché avec personne d'autre que toi", répondit-elle à Diane avant de récupérer un objet quelconque sur la table basse - son cendrier, au hasard, "maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai oublié quelque chose dans la salle de bain."

Pourquoi aurait-elle besoin de son cendrier dans la salle de bain ? La Stryge contourna simplement et très calmement le canapé pour quitter la pièce. Elle se contint admirablement en leur suggérant d'un air fatigué de ne pas se disputer en son absence, désignant du menton à la Berserker la bouteille de Chardonnay qu'elle avait laissé dans la cuisine. Qu'elle se débrouille ; il fallait qu'elle se cache un instant pour demeurer elle-même et mettre son mouchoir sur la tristesse qu'elle ressentait mais qu'elle ne pouvait exprimer. Son chat sur ses talons, glissant par la porte que sa maîtresse referma derrière elle, Mara demeura un long moment sans rien faire à regarder l'animal avant de s’asseoir par terre, le dos calé contre sa baignoire. Il n'y avait même pas de colère. Juste un horrible vide annonciateur de quelque chose d'encore plus terrible. Ce fut à cet instant qu'Alice lui revint en mémoire ; son corps au sol, son sang dans ses propres cheveux. Pourquoi penser à elle maintenant ? Elle commençait à perdre les pédales !

Un effroyable sentiment d'urgence saisit Mara à la gorge et elle cacha son visage entre ses mains. La frustration... personne ne savait ce qu'elle retenait en elle dès qu'elle ressentait de la souffrance, physique ou morale. Les vieilles photos d'archives qu'on trouvait dans les livres qu'elle aimait à consulter revinrent dans sa mémoire immédiate et elle lutta contre elle-même pour ne pas se laisser agiter par ces images en noir et blanc de corps désarticulés, de meurtres sauvages, de faits cliniques. Non, elle ne voulait pas devenir comme ces êtres infâmes qui la fascinait. Non, elle ne voulait pas qu'un jour ses victimes soient à la vue de tous dans un livre froid et impersonnel comme ceux qui trônent sur son étagère. Un long frisson courut contre son échine et elle se sentit partir à nouveau inaugurer le meurtre au pays des merveilles. Elle n'avait parlé à personne de ce qu'elle avait ressenti en frappant l’adolescente, et cette nuit-là, Diane ne l'avait pas consolé. Elle avait exigé son réconfort, et la rousse lui avait donné pour l'apaiser. Mais qui l'apaisait, elle ?

Un ronronnement la tira de sa tourmente et la rousse releva la tête sur son chat qui la fixait, sagement assis devant elle. Drôle de bête. Il vint à elle, animal perspicace et désintéressé, frotter son humble tête imberbe contre le menton bordé de larmes de sa propriétaire. L'impression fut immense, lui faisait éclater le cœur et la Stryge recueillit la bête contre elle, la serrant dans ses bras. C'était la même impression de crève-cœur que lorsqu’elle avait étreint la louve en Merry, cette sensation lucide que seuls les animaux peuvent vous comprendre sans vous juger, vous aimer inconditionnellement sans vouloir vous faire souffrir. Et Mara, incapable de montrer ses émotions, offrit sa crainte à cet chat laid mais fidèle qui ronronnait comme un petit moteur tout contre elle.

"Gentil chat."

Elle s'éteint doucement, comme on arrête un bidule électronique très cher et inutile. Son esprit la quitta pour la mettre hors d'atteinte de ce qu'elle pourrait ressentir, ne laissant d'elle qu'une sorte de grande poupée de chiffon dans sa salle de bain de luxe, son chat dans ses bras sans force. Encore une fois la Stryge s'était-elle laissé allé à son étrange catatonie traumatique, la seule chose qui pouvait la sauver quand elle était dans cet état là : on éteint, et quand on éteint on est plus rien. On existe plus. On est un meuble et personne ne peut plus nous nuire. on ne pense plus, on ne se fait plus de mal. Un meuble n'est pas triste. Un meuble n'a pas mal. Il existe une idée de Mara Danvers, une espèce d'abstraction, mais elle n'existe plus réellement. Elle n'est plus qu'une chose illusoire et, bien qu'elle parvienne souvent à dissimuler son regard glacé, son regard fixe, bien que les gens puissent lui serrer la main et sentir une chair qui étreint la leur, elle n'était tout simplement pas là.

On éteint. Il n'y a plus que les ronronnements d'un chat aimable dans la grande salle de bain.
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merry, diane & mara ▽ Triple Trouble.

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