Bon, au fur et à mesure que le temps passait, Willy parvenait UN PEU à se détendre, pas grand chose en soit. Le fait qu'il y ait d'autres Stryges parvenait à le rassurer, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'il serait protéger en cas de pépin, mais c'était toujours ça. Sauf que lui-même avait fini par fuir sa propre table, et surtout la Faë qui y était, d'une humeur exécrable en plus, pour aller se réfugier autour du buffet. Ce qui était assez ridicule puis que l'Amérindien n'allait pas pour autant manger. Sans doute parce qu'il travaillait dans un fast-food, mais la nourriture humaine n'avait absolument plus aucun attrait à ses yeux. Déjà à cause du goût qu'elle lui laissait dans la bouche, mais aussi parce qu'à chaque fois qu'il en voyait, son nez restait bloqué sur la surdose de graisse qu'il sentait à longueur de temps. Donc, quand il posa les prunelles sur le buffet, une espèce de nausée lui monta.

A boire. Boire c'est bien aussi. C'est même mieux. Mais quoi ? Qu'est-ce qu'il pouvait bien boire ? Le choix était sans doute trop large pour lui, ça ne faisait pas parti de son régime alimentaire après tout. Si ç'avait été un buffet spécial Stryges, ça aurait été beaucoup plus drôle, il y aurait, par exemple, des enfants (il aurait bu leur sang, sans le vider non plus bien sûr), des jeunes femmes, des jeunes hommes (là encore, il se serait laissé tenter), puis des hommes et des femmes adultes, et ce serait tout. Pas de vieux, les vieux sont justement trop vieux et en plus, ils sont plus chimiques que les êtres humains les plus drogués. Ça, ça aurait été beaucoup plus attrayants. Sauf que c'était une soirée chez les Faës, organisée par des Faës, et la Reine en particulier, il ne fallait pas s'attendre à des miracles. Enfin, miracle n'était pas vraiment le bon mot non plus.

Willy fini par choisir une des cinq boissons proposées, un cocktail poire épicée et gingembre. Il allait pour tendre la main et prendre son verre quand il heurta la main de quelqu'un d'autre. Un visage, une odeur qui ne lui étaient pas étrangers.

- Et merde...

Oui, voilà, ça c'était le mot. La cliente du McDo qui avait faillit lui arracher la tête. Elle faisait donc bien partie des êtres surnaturels, il l'avait sentit. Mais qu'est-ce qu'elle était au juste ? Ni Stryge, ni Faë, c'était certain. Pour retenter de faire de l'humour et briser la glace, même si quelque part, Willy risquait sa peau, il lança :

- C'est tout de suite plus chic que les bottes en caoutchouc et la grosse salopette.

Bordel, la soirée promettait d’être longue et pas nécessairement dans le bon sens du terme. Bien au contraire. C’était vraiment la loose. Elle était arrivée depuis peu de temps, et déjà elle avait ressenti le besoin de s’éloigner un peu, laissant Selen à une conversation fort peu intéressante avec un autre Qilin qu’il ne connaissait pas… Mais cela ne l’empêchait pas de se lancer dans une discussion animée avec lui, comme s’il s’agissait de l’un de ses plus vieux amis. Aaaah, les Faës. Ils étaient tous plus fatigants les uns que les autres, mais aucun ne l’était plus que Selen. L’absence de la Berserker ne sembla pas trop alerter le Dragon, aussi prit-elle le temps de flâner parmi les convives, essayant de ne pas se sentir trop mal à l’aise. C’était étrange de passer Noël dans un cadre si peu familier, alors qu’elle avait l’habitude de le faire avec Gabriel depuis une belle poignée d’année maintenant. D’ailleurs, l’Alchimiste lui manquait cruellement, surtout quand elle se retrouvait seule ainsi au milieu de personnalités enchanteresses, aux tenues de loin plus somptueuses que la sienne ne l’était. C’était très intimidant. Aussi le réconfort du buffet fut-il plus fort encore !

Siam s’y dirigea alors, attrapant un petit four au hasard qu’elle mâcha avec l’espoir de ne pas se foutre de miettes partout. Peine perdue, elle en avait plein sa robe. Elle entreprit alors de s’épousseter avant de prendre à boire pour se rincer le gosier. Non seulement le petit four s’était rependu en mode ultra friable sur son foutu décolleté mais en plus s’était un étouffe chrétien !  Mais la vie était moche et pour lui rappeler que le karma était contre elle ce soir, elle heurta la main d’un type qui semblait transporté par la même intention qu’elle. Sauf qu’en tournant sa tête vers l’individu en question, elle perdit son sourire… Et se décomposa en quelques secondes seulement.  «  Et merde... » Ouais … comme il disait. Merde. Il fallait FORCEMENT qu’elle tombe sur lui mais non ! Pas possible ! LE PECORE DU MCDO ?

D’un geste sec, elle retira sa main sans même prendre son verre et le toisa alors qu’il lui sortait le même style d’énormité qu’au fast food. « C'est tout de suite plus chic que les bottes en caoutchouc et la grosse salopette. » Donc en gros le mec avait toujours pas comprit… Croisant les bras sur sa poitrine, Siam ne mit pas beaucoup de temps avant de lâcher d’un ton morose :

« Ouais bah toi par contre c’est toujours la même gueule de raie que tu te tapes, hein ! Costard ou pas costard. »

Puis elle laissa un énorme soupire prouver sa lassitude avant d’ajouter :

« Ecoute je suis pas d’humeur à jouer au plus con avec toi ce soir ok ? Tu me lâches la grappe, tu seras gentil… »

Puisque la fille croisait les bras sur son décolleté, Willy en profita pour prendre son verre, buvant une grande gorgée, comme pour se donner du courage à affronter cette harpie, visiblement toujours en rogne. Déjà qu'il était sur ses gardes à cause de des lieux et... ben c'était déjà bien, si en plus il devait faire gaffe à ne pas se faire bouffer la tête, ça n'allait pas le faire. Cela dit, malgré ses piques, elle semblait baisser les armes. Ce qui n'était pas plus mal. Doucement, lui aussi se détendit, il baissa les épaules qu'il avait remonté depuis le début de la soirée et soupira.

- Je n'avais pas l'intention de t'emmerder. Je ne savais même pas que tu étais là. T'en fais pas, je ne suis pas non plus d'humer à me prendre la tête avec les gens.

L'Amérindien prit une nouvelle inspiration qui fini en soupir, tout en buvant une autre gorgée qui... vida le verre. Merde, c'était des verres de lilliputiens ou quoi ? Faut les remplir les verres, merde ! Le reposant sur le buffet, il en prit un autre, un autre cocktail aussi, tant qu'à faire, et le bu d'une traite. Ouais, y avait de l'alcool, mais de toute façon, ça ne lui ferait pas grand chose et pas longtemps, alors qu'importe ?

- Est-ce que je peux avoir l'audace de te demander ce qui t'arrive ou tu vas me sauter à la gorge ? Remarque, si ça peut te permettre de te calmer, je serais prêt à te servir de punching-ball.

Ouais, il était comme ça, il donnait de sa personne. Bon, bien que Willy ne savait pas exactement ce qu'elle était, même s'il y avait quelque chose de bestial chez elle, il se doutait qu'il ne pourrait pas la tuer. Enfin, c'était ce qu'il se disait. Elle pourrait éventuellement lui faire très mal, mais rien qui pourrait le mettre sur son lit de mort. Et puis, même si la demoiselle n'était pas forcément agréable avec lui depuis qu'ils s'étaient rencontrés, il n'aimait pas voir les gens mal, avoir le blues. Il serait même prêt à lui faire un câlin. S'il était sûr qu'elle ne lui arracherait pas un bras.

Le Stryge prit un troisième verre, mais cette fois-ci, il bu par petites gorgées, le regard vaguement sur la jeune femme mais aussi sur le banquet. Ça manquait de sang. Ou de viande bien cru, bien saignante. Peut-être que cette absence de considération pour ceux qui étaient pourtant invités à cette soirée, mais pourtant si mal vus et non-tolérés en ces lieux le ferait définitivement fuir. Comment est-ce qu'il aurait pût penser qu'il s'amuserait ici pour Noël, alors qu'il aurait... pût aller dans un bar avec tous les poivrots solitaires, ou se joindre à des célibataires qui se retrouvaient dans des restaurants pour faire des rencontre et ne surtout pas passer Noël tout seul ou encore rester dans son appartement tout seul. Après tout, Noël, c'était avant tout pour la famille. Il n'avait justement pas de famille. Enfin, si, il avait Océane, mais elle était probablement avec sa propre famille.

« Je n'avais pas l'intention de t'emmerder. Je ne savais même pas que tu étais là. T'en fais pas, je ne suis pas non plus d'humeur à me prendre la tête avec les gens. » Bon ok, elle avait peut être fait fort et été trop agressive dès le départ. Le type avait simplement fait le couillon à la caisse du Mcdo et vexé la jeune femme qui était quand même sacrément susceptible. Et puis se mettre entre un carcajou et de son repas avec des blagues de merde n’était pas ce que l’on pouvait appeler une bonne idée… mais il n’y pouvait rien, il ne savait pas. Et peut-être qu’il était juste un peu simplet ? Ouais c’était sans doute ça… du moins, c’est ce que se disait Siam pour convaincre son alter-ego d’être plus cool, et surtout l’intimer un peu au silence alors qu’elle réfléchissait à sa dernière tirade. Clairement, elle n’avait pas envie non plus de se disputer. Elle semblait déjà en conflit avec son totem, ce n’était pas la peine d’en rajouter avec un… Bah tiens d’ailleurs, cela lui faisait réaliser que ce type était donc un surnat’. Elle plissa les yeux pour l’observer, et humer discrètement son odeur. Pas un Berserker déjà… et il ne sentait pas suffisamment bon pour être un Faës. En tout cas pas un Qilin… Mais après, elle ne s’y connaissait pas tant que ça.

C’est à ce moment-là, alors qu’elle choisissait la suspicion, que le type reprit la parole. « Est-ce que je peux avoir l'audace de te demander ce qui t'arrive ou tu vas me sauter à la gorge ? Remarque, si ça peut te permettre de te calmer, je serais prêt à te servir de punching-ball. » Pour le coup, elle le regarda non sans un étonnement flagrant. Mais il était vraiment con à la fin, ou il faisait exprès ?! Pourtant dans le fond, elle était un peu déconcertée par ce qu’il venait de lui sortir… Est-ce qu’elle donnait vraiment l’impression de pouvoir taper sur les gens comme ça ? Ok, elle était à fleur de peau, pour différentes raisons… et leur précédente rencontre ne devait pas lui avoir laissé un souvenir très chaleureux. M’enfin de là à lui proposer un truc pareil avec un air si sérieux… En fait, Siam prit soudainement conscience de son comportement et se retrouva, toute conne, à le fixer avec des yeux ronds.

« Bah non je vais pas te taper dessus t’es con … ça a pas de sens… »

Elle avait baissé le regard, et semblait maintenant très intéressée par un plateau de petits fours. Elle venait d’ailleurs d’en saisir un, qui s’émiettait encore à moitié… Ce qui eut le don magistral de la saouler une énième fois, si bien qu’elle le reposa discrètement sur le coin de la table pour saisir une coupe au hasard.

«  Disons que c’est pas vraiment la soirée de ma vie, si tu vois ce que je veux dire… J’aurais mieux fait de rester chez moi à picoler seule sous le sapin quoi. Mais bon, profitons de ce qui est gratuit et Joyeux Noël ! »

Sur ce, elle adressa un semi-sourire, quoi que plus proche de la grimace un peu dépitée qu’autre chose, jetant un œil à son cavalier Qilin qui discutait vivement un peu plus loin. Puis elle soupira, en voulant vider sa coupe d’une traite comme l’avait fait le jeune homme plusieurs fois avant elle. Mais un goût atroce agressa son palais, et sans aucunes manières, laissa le liquide revenir dans le verre en le bavant à moitié d’un air horrifié.

« Et ce cocktail est dégueulasse… »

Ouais, la poire… quelle ignominie !

Alors qu'il était totalement perdu dans ses pensées, pensées fort peu joyeuses, avoue on le, Willy fut surpris d'entendre la jeune femme parler, et surtout, essayer de le rassurer. Elle n'allait pas le frapper ? Bon, tant mieux dans ce cas, mais si elle pouvait se calmer un peu, ça ne serait pas un mal. Ce qu'elle était visiblement entrain de faire puisqu'il vit le corps de cette dernière un peu moins tendu. Il tourna la tête vers elle pour la regarder quand elle voulu comme porter un toast, ce qui le fit rire, mais il ajouta quand même un "Joyeux Noël" avant de finir son troisième verre donc. Le Stryge surprit son regard vers une table, sans doute vers la personne qui l'avait accompagné, et traîné ici de force, avant qu'il ne rit franchement à sa grimace.

- Je trouve qu'ils ont tous pratiquement le même goût, alors bon. Peut-être qu'ils sont tout simplement tous dégueulasse. Un peu comme les petits fours. Enfin, je ne les ai par encore goûté, mais je sais qu'ils seront tous sans goût, et à gerber.

L'Amérindien s'exécuta presque aussitôt en tendant la main vers le buffet, vers ce qui semblait être une sucette, d'une couleur plus que douteuse et qui sentait relativement fort. Il dût se battre avec lui-même pour retenir un haut-le-cœur et mordre dans cette chose suspecte. Ça avait un goût aussi fort que ça en avait l'odeur en tout cas. Et ce n'était franchement pas... très ragoûtant. Sauf qu'en personne bien élevé, même pour un buveur de sang, il fini sa bouchée, et toute la sucette, avant de reposer le bâton sur la table du buffet et de grimacer à son tour. Pour faire passer le goût, il attrapa un quatrième verre, le vida d'un trait et soupira légèrement. L'alcool faisait un peu son effet, celui de le détendre, de le rendre plus léger avant de s'évanouir exactement comme il était venu. Dommage. Pour l'espace d'une soirée, Willy aurait bien aimé pouvoir se murger la gueule et oublier le reste, sa solitude notamment.

- C'est bien ce que je craignais. C'est... dégueulasse. Comme quoi, y a vraiment un monde qui sépare les Faës et les Stryges.

Complètement con ? Oui, tout à fait. On ne pouvait même pas dire que c'était à cause de l'alcool en plus, mais juste de sa spontanéité et de sa presque innocence que Willy venait de faire la gaffe du siècle. Et vu comment les autres créatures surnaturelles traitaient les siens, il y avait fort à parier que la jeune femme allait perdre le peu de calme qu'elle avait garder pour s'éloigner et le fustiger de tous les noms d'oiseaux. Bon, en quelque sorte, il en était un aussi, d'après ce qu'on disait sur les Stryges, mais bref, ce n'était pas la question. Réalisant donc sa bourde, il se décala d'un pas, comme s'il craignait qu'elle ne l'attaque, les mains en avant.

- Je viens en paix ! La Reine m'a invité, j'ai absolument pas l'intention de commettre un massacre ou quoi que ce soit, je voulais juste profiter de ma soirée, rien de plus.

« Je trouve qu'ils ont tous pratiquement le même goût, alors bon. Peut-être qu'ils sont tout simplement tous dégueulasse. Un peu comme les petits fours. Enfin, je ne les ai pas encore goûté, mais je sais qu'ils seront tous sans goût, et à gerber. »Oui bon, fallait pas non plus exagérer ! Ce type avait des papilles en paille ou quoi ? Si elle avait elle-même recraché la gorgée qu’elle venait de prendre c’était surtout parce qu’elle exécrait la poire… à part ça, Siam n’avait pas de mal à dire que la reine des Faës les avait plutôt gâtés ce soir. C’était plutôt appétissant, et bon ! Un vrai buffet de Noël. Elle lança un regard un peu sceptique au type, ne sachant pas vraiment comment réagir à ce qu’il venait de dire. Du coup, elle se contenta juste d’hausser les épaules pour détacher son attention de lui et continuer d’observer la ronde des invités tous plus beaux les uns que les autres. Surtout à côté d’elle, qui était si quelconque. « C'est bien ce que je craignais. C'est... dégueulasse. Comme quoi, y a vraiment un monde qui sépare les Faës et les Stryges. » Bien donc en gros, si Siam voulait bien réfléchir une seconde à ce qu’il venait de dire, ce garçon était soit l’un, soit l’autre. Un Faës, ou un Stryge. Mais puisqu’il critiquait ouvertement les efforts de la Reine, Siam misait bien plus sur un Stryge. Et bien… Oui il devait avoir de quoi se sentir un peu comme un mouton noir au milieu de cette foule de Faës, au cœur même de la cour. Encore une fois, la Berserker se demandait si c’était de la stupidité, ou du courage d’être venu.

Elle se tourna alors vers lui, le détaillant de ses yeux bleu un peu blasés, mais néanmoins quelque peu curieux. Elle ne penchait pas nécessairement pour la stupidité, mais c’est vrai qu’à sa place, elle ne se serait jamais pointée. Déjà en tant que Berserker, espèce qui d’après Gabriel était respectée par les Faës, Siam avait tendance à se sentir un peu à côté de la plaque. Pas forcément à l’aise. Par contre la réaction du type eut gravement tendance à l’irriter à nouveau. C’était quoi ce comportement ? Il s’éloigna d’elle après avoir lâché sa phrase, comprenant certainement que grâce à cette dernière la Berserker pouvait aisément deviner sa nature d’ange noir. Ouais et donc ? Elle n’allait sans doute pas lui sauter à la gorge comme une dégénérée. C’était quoi encore son délire ?  « Je viens en paix ! La Reine m'a invité, j'ai absolument pas l'intention de commettre un massacre ou quoi que ce soit, je voulais juste profiter de ma soirée, rien de plus. »

« Je t’explique … Je suis une personne civilisée. Je ne vais pas t’agresser parce que tu es un Stryge. Evite d’imaginer que je vais te sauter à la gueule à cause de ton appartenance à une espèce… et de faire dans le cliché par la même occasion. »

C’était comme dire qu’elle-même, risquait de finir dans un bain de sang parce qu’elle était Berserker. C’était triste… surtout que justement, cette soirée était placée sous le signe de la tolérance.

-Oh... Oh.... désolé... j'ai... j'ai un peu trop l'habitude que les gens me jettent des pierres... Enfin, pas littéralement non plus, mais voilà... On peut pas vraiment dire que les autres êtres vivants acceptent les Stryges. Enfin...

Réalisant encore une fois qu'il s'enlisait dans ses paroles et dans ses propres pensées, Willy soupira et passa ses mains sur son visage, comme si ça allait chasser toutes ses pensées et ses craintes, et ce moment assez délicat et un peu gênant. Après tout, elle avait raison, c'était Noël. Il fallait en profiter. Si la Reine des Faës avait invité des Stryges pour son bal, c'était bien pour faire la paix, non ? Enfin, ils étaient déjà en temps de paix, mais disons que c'était pour confirmer cette paix... Non ? Oui, bon, il se lançait probablement dans des débats internes un peu trop important pour lui. Il secoua la tête, comme si tout ça aller dégager loin dans son crâne et reposa son attention sur la jeune femme qui n'avait pas l'air de se sentir très à l'aise non plus. Elle n'était visiblement pas dans son élément non plus. Ce qui le rassurait dans un sens, il n'était pas tout seul dans cette galère. Attrapant un autre verre, sans alcool cette fois-ci, il s'appuya contre la table du buffet et observa la foule présente dans cette immense pièce.

-Du coup, je me présente quand même. Je suis Willy. Willy Kaniethi. Ici parce que je n'ai rien de mieux à faire et peut-être un peu aussi parce que je hais la solitude. Quitte à me jeter dans la gueule du loup, mais c'est mieux que d'être tout seul.

Il tourna la tête vers elle en lui offrant son sourire le plus doux et... probablement celui qui le rendait encore plus gamin que ce qu'il n'était déjà et lui tendit un autre verre, espérant ne pas lui avoir donner le même cocktail qu'elle avait recraché un peu plus tôt. Manquerait plus qu'il fasse cette gaffe là encore. Enfin, pour plus de précaution, il le renifla juste avant pour être sûr qu'il n'y avait pas de poire dedans et lui tendit à nouveau, comme un gagne de paix et d'excuse pour avoir penser qu'elle allait l'agresser pour tout et n'importe quoi.

- Y a juste une question que je me pose, tu n'es pas obligé de répondre, hein, mais... dans quoi est-ce que tu bosses au juste ? Je veux pas te vexer, attention, je suis juste curieux.

La vision de la jeune femme avec un attirail du nettoyeur d’égout continuait de lui trotter dans la tête et justement, à part une nettoyeuse de ce genre d'endroit, il ne voyait pas ce qu'elle pouvait faire d'autre avec ça. Sauf que quand Willy la voyait comme ça dans une belle robe, bien chic et tout, il la voyait assez mal faire ce boulot au final. Bah ouais, le Stryge n'avait pas des centres d'inquiétudes très fins, à part en ce qui concernait cette soirée, mais c'était probablement parce qu'il était un peu parano, mais fallait bien que quelque chose le perturbe. Rappelons qu'il commençait tout juste à se réhabituer à une vie normale après presque trente ans d'enfermement avec une Faë psychotique.

« Oh... Oh.... désolé... j'ai... j'ai un peu trop l'habitude que les gens me jettent des pierres... Enfin, pas littéralement non plus, mais voilà... On peut pas vraiment dire que les autres êtres vivants acceptent les Stryges. Enfin... » Oui oui d’accord, à priori le type était un adepte de la victimisation. Cela dit, il pouvait faire exactement ce qu’il voulait, mais il était vraiment que Siam doutait quant à son bon sens. Dans son cas, probablement qu’elle ne serait pas venue. Surtout qu’elle n’était elle-même pas beaucoup affilié à la Cour mais avait déjà constaté que cette invitation de la Reine envers les Stryges avait laissé beaucoup de mécontent. Alors ouais, c’était peut-être pas une bonne solution, mais Siam aurait peut-être choisit la sagesse et ne se serait pas pointé si elle avait été Stryge elle-même. Mais elle ne pouvait pas blâmer non plus ce gars-là, qui était de ceux finalement, qui en acceptant cette invitation faisait aussi bouger, et changer les choses. Aussi se contenta-t-elle de hausser les épaules devant les paroles du Stryge, regardant ensuite ailleurs pour lui signifier qu’elle n’avait rien à faire de son espèce. « Du coup, je me présente quand même. Je suis Willy. Willy Kaniethi. Ici parce que je n'ai rien de mieux à faire et peut-être un peu aussi parce que je hais la solitude. Quitte à me jeter dans la gueule du loup, mais c'est mieux que d'être tout seul. »  

Son caractère de merde, sa fierté et à cet instant même son alter-ego l’empêchaient de répondre au sourire que lui adressait donc, Willy. Mais elle posa quand même un regard légèrement interrogatif à ce dernier, penchant un peu la tête sur le côté tel l’animal curieux qu’elle restait malgré son côté farouche.

« Siam Jónsdóttir. Moi je suis présente car j’ai eu la faiblesse d’accepter l’invitation d’un Faë. Mais ce genre d’événement n’est habituellement pas mon truc. Je suis au contraire, persuadée que la solitude possède bien des vertus et que parfois il vaut mieux rester seul… »

Surtout quand on est un Stryge au milieu d’une faune de Faës, même pacifique. Mais c’était sa méfiance naturelle qui parlait là. Non son cœur. Les choses auraient peut-être été différente si tel avait été le cas… quoi que. En attendant, elle avait observé Willy renifler un verre puis le lui tendre. Putain, c’était quoi ça ? Trop familier ça… et encore une fois elle se demandait si c’était pas un truc de Stryge pour lui foutre du GHB par la narine … Mouais… Siam accepta donc le verre, mais n’y toucha pas. Foutu Carcajou. « Y a juste une question que je me pose, tu n'es pas obligé de répondre, hein, mais... dans quoi est-ce que tu bosses au juste ? Je veux pas te vexer, attention, je suis juste curieux. »

Eeeet allez ! Il s’enfonçait encore son propre couteau dans la plaie, et remuait lui-même. Cette fois, clairement exaspérée, Siam leva les yeux au ciel et posa son verre, préférant un petit four, et profitant surtout de l’absence du Dragon foutuement végétarien pour s’enfiler de la viande en douce.

« C’est encore une référence aux fringues c’est ça ? Mais attends tu ne sais pas lire ? Y’avais marqué en enooooorme ‘Overbrook Zoo & Aquarium’ par hasard ? J’en sais rien ça pourrais mettre la puce à l’oreille… »

Mais bon, elle avait beau faire son exaspéré, un léger sourire s’installait sur son visage quand elle repensait à la manière dont elle avait parlé à Willy ce jour-là. Cela n’avait pas été très cordial… mais il n’avait bien mérité non ? Mais Siam n’était pas méchante, pas gratuitement du moins, et même si son côté impulsif et sauvage prenait toujours le dessus, la culpabilité n’était jamais très loin dans ces cas-là. Aussi soupira-t-elle un peu pour ajouter :

« Je suis soigneuse animalière… Et toi ? Plan de carrière au Mcdo ? »

Foutage de gueule, On !