L'univers se fou souvent de nous. Jouant avec nos sentiments, nos vies, nos envies et surtout notre passé. Assis dans mon bureau devant un dossier fermé, j'observais celui-ci avec un regard des plus absents. Sur ce dossier un nom de mon passé venait de resurgir, mais pas n'importe lequel, celui de ma soeur, ma grande soeur Siam. Que faisait-elle là ? Rien, c'était un hasard des plus total. J'enquêtais sur un meurtre doublé d'un viol, la victime avait été vue pour la dernière fois au zoo. En bon enquêteur j'avais demandé la liste des employés du zoo en question, cherchant des indices, des coupables, mais également des témoins potentiels. J'étais alors tombé sur son nom si semblable au mien, Siam Jònsdòttir. J'avais alors cessé de respirer, refermant le dossier d'un coup sec comme si celui-ci allait me péter au visage. J'avais senti une sorte de nervosité s'emparer de moi, une épreuve malsaine que m'infligeais de nouveau mon existence compliquée. Je m'étais dès lors emparé de mon téléphone portable, composant le numéro d'Aileene sans pour autant appuyer sur le bouton vert d'appel. Que devais-je faire ? La prévenir ? J'étais totalement perdu. Puis pour lui dire quoi ? Et soeurette tu savais que notre grande soeur – pratiquement inconnue – est dans les parages et habite ici également ? Super la conversation... Non, connaissant ma jumelle elle ne prendrait pas forcément bien la nouvelle, puis, Aileene me semblait légèrement différente depuis quelques semaines, comme si un événement quelconque avait provoqué peine et cassure en elle. Passant une main dans mes cheveux j'attrape ma tasse de café et bois une grande gorgée, le regard posé sur ce dossier que j'allais devoir prendre de nouveau en main. Je ne pouvais ignorer cette information et de toute façon, j'allais devoir interroger Siam. Bien sur je pouvais passer le relais à un autre, prétextant un soucis de moralité...Mais cela n'était pas dans mes habitudes.

Je finis par reprendre le dossier et continuer mon examen, ma lecture. Après une bonne heure et demi je pris ma décision. Je devais me rendre sur place, rencontrer Siam et lui poser quelques questions. Attrapant mes clées de voiture, mon café que j'avais pris soin de mettre dans un gobelet à emporter et ma veste vu que dehors il ne faisait pas réellement chaud. Une fois tout cela prit je me dirige vers le garage et démarre en direction du zoo. Le trajet fut relativement rapide. La plupart des habitants étaient au travaille, d'autres sûrement aux études et les rares voitures sur la route roulaient assez bien. Une bonne demi-heure plus tard je garais mon véhicule sur le parking déjà composé de quelques voitures. Une fois descendu je ferme la voiture et me dirige vers l'entrée principale où je croise la route d'un employé. Aillant prévenu le directeur du zoo, celui-ci m'attendait déjà un sourire aux lèvres. Je lui demande si je peux user du temps de certaines personnes, ce qui bien sur il n'osa pas me refuser. Je demande donc à voir Siam en première, préférant aller droit au but. Il m’annonce alors qu'elle se trouve chez les mammifères et qu'elle se trouve dans les arrières cages. M'accompagnant jusqu'à l'endroit indiqué, je le remercie et lui demande un peux de solitude, prétextant que ce que j'avais à dire relevait du secret professionnel – ce qui n'était pas totalement faux -.  Je pénètre donc dans un couloir qui sentait assez fort, bon, étant un Berserker je n'avais pas de nuisance à ce niveau-là mais mon côté prédateur se réveilla. Une hyène est carnivore, hors, la viande ne semblait absolument pas manqué... Je tourne à droite au bout du couloir et du bruit se fit entendre non loin, alors qu'une longue chevelure blonde apparue. Siam me tournait le dos. Je n'avais pas fait attention au bruit, du coup, je n'avais pas cherché à être discret.

« Salut grand soeur ça fait longtemps... » Dis-je simplement alors que mon visage était neutre et ma voix nullement agressive. Comme moi elle était Berserker, je le savais et d'ailleurs mon instinct ne me trompais généralement pas à ce niveau-là. Les hyènes cherchent la compagnie des leurs, comme poussées par je ne sais qu'elle sensation, hors, Siam partageait le même sang que moi et je pouvais le ressentir. Passant une main dans mes cheveux, je souris très légèrement en coin, un sourire assez sombre. Voir ainsi ma soeur me rendait perplexe voir nerveux. Je n'avais plus vue celle-ci depuis bien des années, alors qu'elle était partie abandonnant sa famille – ce que je ne lui reprochait absolument pas -. Je me souvenais encore des dernières paroles que je lui avais adresser, qu'elle n'aurait jamais dû revenir, qu'il n'y avait rien de bon chez nous, dans cette caravane avec ses parents. J'avais véçu avec Aileene dans une atmosphère de violence, de brutalité, elle avait eu la chance d'y échapper.... Je ne comprenais et ne comprendrais jamais le retour qu'elle avait fait. Sûrement cherchait-elle son identité à cette époque, un soupçon une illusion de famille...Elle ne l'avait pas trouvé et son départ avait aidé ma jumelle à foutre le camp avec moi. Je portais un jeans classique et une chemise noir sous un pullover sombre également, des baskets et une veste en jeans ma plaque était néanmoins en évidence et mon arme se dévoilait par la bosse qu'elle laissait apparaître sous ma veste.

Parfois le passé rencontre le présent et notre monde s'écroule sans prévenir.

Comment allait se passer cette rencontre ? Bonne question. Déjà, ce n'était pas spécialement une rencontre amicale, encore moins une réunion de famille. Le travaille faisait que je devais l'interroger, lui poser des questions, choses qui n'allait sûrement pas aider. Siam faisait partie de ma famille, néanmoins, elle n'avait jamais été présente pour nous. Je n'étais pas rancunier envers elle...Non, disons que je pouvais même la comprendre, aillant moi-même cherché à échapper à cette vie de détresse. Sauf que contrairement à elle je m'étais soucié de ma soeur, restant à ses côtés alors qu'elle était trop fragile, trop sensible pour partir et s'éloigner des « nôtres ». Nous avions dès lors pris des chemins totalement différents, nous ne nous étions plus jamais recroisés et cela ne m'avais pas spécialement manqué. Pas que je ne l'apprécie pas, enfin, disons que je n'ai pas spécialement d'avis sur la question actuellement. Elle était simplement une étrangère qui partageait mon sang, enfin, selon la logique c'est moi qui partage le siens vu qu'elle est mon aînée de quelques années. J'étais donc venu la retrouver dans les couloirs, ne cherchant pas à cacher ma venue ni à la prendre par surprise.

Après tout, je savais ce qu'elle était et ne souhaitais pas qu'elle me saute à la gorge...Bon, d'ailleurs je ne sais absolument pas ce qu'est son totem, je sais juste que comme moi elle partage sa vie avec un alter-égo. Sauvage ou pas ? Sûrement, vu les antécédent de la famille, son totem ne devait pas être un doux chaton qui aime faire des câlins, enfin, cela m'étonnerais fort. Mes paroles étaient sorties sans réelles émotions, laissant le côté professionnel prendre le dessus. Pas de douceur, pas d'arrogance, juste moi et ce côté assez mystérieux et très légèrement rancunier. Siam ne répondit pas directement, comme surprise par ma venue. En même temps, elle ne devait pas s'attendre à me voir apparaître comme ça dans sa vie...

Elle semblait m'ignorer simplement, cela ne me plus pas vraiment, mais je ne fis aucune réflexion, attendant une quelconque réaction de sa part. Immobile, une main dans la poche de mon pantalon, je restais là sans bouger écoutant les moindres bruits qui pouvaient surgir d'ici et là. « Qu'est-ce que tu fais là Ciaràn ? » Je pousse un léger soupire, passant une main dans mes cheveux puis sur mon visage. Je n'étais pas du genre à tourner autour du pot, encore moins à mentir même si la vérité peut parfois être très mal prise. Hors, je n'allais pas faire exception pour elle. Après tout, pourquoi prendrais-je des gants avec cette blondinette ? Je n'avais aucune raisons de le faire...L'humain en moi aurait aimé que je fasse preuve de plus de délicatesse, alors que la hyène, elle, grondait, s'agitait devant ce flot d'émotions que je canalisais. « Je suis là pour le travaille...J'ai quelques questions à te poser à propos d'une affaire sur laquelle je bosse actuellement. Ton nom est ressorti dans le dossier, je me suis dis que ça serait peut-être mieux si tu te faisais interroger par moi que par un inconnu...encore plus inconnu. » Je sors alors un petit carnet dans lequel j'allais écrire notre conversation, enfin, ce qui allait me sembler important surtout. « Si ça ne te dérange pas j'aimerais bien que tu te tourne vers moi...je n'ai pas l'habitude de parler au dos des gens....ça ne prendra pas des heures, j'ai d'autres personnes à interroger. » Cette fois-ci j'avais été légèrement plus froid, car effectivement je n'aimais pas trop que l'on me tourne le dos et que l'on m'ignore. Je ne savais pas ce qui se passait en Siam, elle ne savait pas ce qui se passait en moi, mais il pesait autour de nous un certains mal aise évident.

J'aurais aimé que cette conversation se passe autrement, que notre relation soit également différente, mais c'était ainsi et pas autrement. Je devais faire mon boulot, hors, interroger ma soeur que je n'avais plus revue depuis des années et des années n'était absolument pas évident. Je ne connaissais rien de son existence, elle ne connaissait rien de la mienne et c'était peut-être mieux ainsi. Je pousse un léger soupire avant de reprendre plus calmement. « Tu as déjà vu cette femme quelque part ? » Dis-je en sortant une photo pour la lui tendre du bout des doigts. Je n'étais pas fort contacte physique, sauf avec ma soeur jumelle et Nathaniel, mais ses deux relations étaient bien différentes des autres, bien plus compliquée.

Parfois le passé rencontre le présent et notre monde s'écroule sans prévenir.

Le destin semble souvent se jouer de nous. Il s'acharnait à me mettre dans des situations des plus déplaisantes, comme là de suite, face à cette sœur que je ne connaissais pas. Nous partagions le même sang, la même espèce en quelques sorte, néanmoins, la vie nous avais séparés. Nous, pas la vie en elle-même, plutôt nos parents cruels et sans âme. Elle avait prit la fuite alors que j'étais resté, nous étions restés enfermés dans cette caravane, isolés de tous, isolés d'une vie bien plus belle au lointain de nos terres. Je ne savais absolument rien de Siam. Simple inconnue, un visage parmi d'autres, un nom que nous partagions mais sans plus. Entre nous la fraternité n'existait absolument pas. Elle avait beau être ma grande soeur, je ne considérais pas la jeune blondinette de la sorte. Nous avions eu des vies totalement différentes, des destins opposés. Devais-je l'envier ? Oui et non. J'étais resté auprès de ma soeur jumelle. Avec elle, j'avais partagé bien plus qu'un lien de sang, bien plus que ce lien de jumeaux qui nous unissait. J'avais pris des coups pour elle, la protégeant de ce père violent, de cette mère qui préférait fermer les yeux devant toute cette souffrance. Qu'avait vécu Siam ? Sûrement moins de souffrance que nous. Elle avait été éloignée très jeune de notre univers. Je ne peux pas lui en vouloir, après tout, qu'elle n'aille pas souffert ainsi était une bonne chose. Néanmoins, devais-je également subir son ignorance ? L'avais-je mérité ? Non, en aucun cas. Je n'avais jamais été dans sa vie, je n'avais pas fait preuve de méchanceté ou encore d'arrogance quand elle nous avait tourné le dos. Justement, mes dernières paroles d'autrefois me reviennent doucement en tête « Ici il n'y a rien de bon pour toi »

Elle ne me regarde pas, presque ignorante de ma présence. Je ne sais pas trop comment réagir, alors qu'en moi, un combat faisait rage. Le prédateur griffait mes entrailles, me suppliant presque de le laisser sortir pour corriger cette jeune arrogante. Mais en étais-ce vraiment ? Je n'en étais pas sur. Son comportement aurait pu me blesser, d'ailleurs, au fond, ce fut sûrement le cas même si je ne me l'avouais pas encore. Pourtant, je ne laisse rien parait, gardant ma fierté, gardant le contrôle sur l'animal qui pouvait se montrer très dangereux vis à vis d'autrui. Je ne sais pas trop comment agir face à cette inconnue qui partageait mes gènes, une partie de mon passé également. Elle avait beau avoir déserté mon existence, elle y avait néanmoins une place certaine. Elle faisait partie du tableau mélancolique de ma vie. « Je crois que j’aurais préféré un inconnu… » Je pousse un soupire grave, presque énervé ou même exaspéré. Je n'avais pas choisi le même chemin qu'elle, devais-je en payer les pots cassés ? Devais-je subir son ignorance sans broncher ? Non, ce n'était absolument pas dans ma nature. « Dommage pour toi, je le saurais si on doit t’interroger de nouveau... » Que pouvais-je dire d'autre ? M'énerver ? Non, cela n'aurait servi à rien. Pourtant, le prédateur en moi ne riait absolument pas, tournant en rond, grondant férocement, me suppliant presque de lui sauter à la gorge sans retenue. L'homme par contre aurait aimé agir différemment. Il aurait aimé lui demander le pourquoi du comment...Pourquoi me déteste-tu ? Pourquoi cette ignorance à mon égard ? Que t'ai-je fait pour mériter un tel méprit ? Mais rien ne sorti. Je me referme doucement sur moi-même, alors que mes yeux bleus semblent plus perçants, plus sombres, plus secrets. Je te déteste, pourtant, je te comprend également.

Enfin, elle se tourne vers moi, timidement, fuyant mon regard. Je ne cherche pas spécialement le regard visuel, après tout, j'avais vécu sans celui-ci bien trop longtemps pour ressentir l'envie de me plonger dans ses yeux. Avait-elle des yeux aussi bleu que les miens ? Je n'y prête pas spécialement attention. Pourtant, physiquement nous partagions beaucoup si l'on prenait la peine de bien regarder. Je croise les bras, laissant Siam observer cette image sans vie, sans âme, un peux comme cette triste situation. Quand la blonde relève son regard sur mon, celui-ci à changé et mes muscles se crispes. La cause ? Celui-ci ne se résume plus à exprimer qu'une simple surprise, non, mais plutôt un air plus suspicieux, plus arrogant presque. Si elle se sentait attaqué, ce fut également mon cas face à ses deux petites billes au milieu de son visage. Je me sentis brusquement jugé, comme sondé, cherchant une faille, une erreur, un défaut que je n'avais pas. Je sens ma nuque se crisper, mes muscles devenir chaud, mon corps en alerte. « Pas le moins du monde. Je suis censée la connaitre ou c’est juste un prétexte ? Parce que réellement, rien ne t’obligeait à venir toi-même, tu l’as dit plus tôt. » Je me retiens de bondir, de lui arracher la tête ou encore de lui couper la langue. J'ai toujours été une homme assez explosif de nature, ne me laissant pas faire. La hyène en moi gronde de plus belle, gigotant au plus profond de mon être alors que je pris une profonde inspiration. Je dois absolument me contrôler. Contrairement à Siam je ne possédais aucune amulette, j'avais atteins la fusion par mes propres moyens. Néanmoins, cette fusion est fragile, parfois instable alors que le prédateur en moi détestait ne pas avoir le contrôle. Je fronce simplement les sourcils, alors que ma voix s'élève dans les airs, celle-ci était plus froide, plus ferme. « Cette femme a été assassiné et violé, la dernière fois qu'elle a été vue c'était ici, au zoo ! Le monde ne tourne pas autour de toi Siam. Je suis venu simplement pour t'éviter des flics moins compréhensifs que moi. » Je détestais son comportement. Je me sentais jugé alors que je n'étais coupable d'aucun crime.

«Alors Ciàran, excuse-moi de douter quand tu dis que tu préférais faire le travail –dont j’ignore tout d’ailleurs- toi-même. Si tu veux quelque chose, dis le maintenant s’il te plait… » Pensait-elle vraiment que je souhaitais plus d'elle ? Que j'étais ce genre de personne. Je secoue doucement la tête, plus exaspéré qu'énervé par son comportement à présent. Elle voyait en moi cette famille qu'elle avait fuit il y a bien des années. « Je ne veux rien de toi...je n'ai besoin de rien venant de toi, c'était déjà le cas avant et cela le sera toujours. Je vis très bien ainsi. Et pour ta gouverne je suis simplement policier à la criminelle, ainsi, te voilà éclairé sur ma venue qui n'a rien de réellement personnelle ! Mais bon, tu sais quoi Siam, apprends à distinguer les gens de ceux que tu as détesté, surtout quand ceux-ci ne t'ont jamais rien fait. » Sur ses mots j'attrape la photo et je la range dans ma poche. J'étais partagé entre colère et le fait d'être vexé. Je n'avais absolument rien de comparable avec ceux qui me servaient de parents, ni moi, ni Aileen...

Parfois le passé rencontre le présent et notre monde s'écroule sans prévenir.

Comment agir face à une telle ignorance, une telle méfiance ? Pouvais-je lui en vouloir ? Devais-je la détester plus que de raison, alors qu'en ma personne, elle voyait l'ombre d'un passé qu'elle tentait vainement d'oublier. Des souvenirs j'en avais, de nombreux plus sombres que certains ne sont lumineux. Néanmoins, Siam ne faisait pas spécialement partie de ceux-ci. Elle avait fait irruption dans ma vie une fois, une seule et unique fois, pour ensuite disparaître de nouveau, abandonnant les adolescents que nous étions. Ce jour-là j'étais repartis avec Aileen, l'emportant loin de nos parents qui n'avaient que de nom cette fonction et encore, le mot géniteurs serait sûrement plus approprié. Elle n'avait dès lors plus donné de nouvelles, se forgeant une vie loin de nous et nous loin d'elle, comme trois inconnus qui tentaient d'ignorer la présence de l'autre. Je n'avais que rarement pensé à elle, ne cherchant jamais à reprendre contact, même si face à mon travail j'aurais pu sans problème la retrouver. Mais à quoi bon ? Nous ne partagions rien à part ce sang mystique et étrange qui faisait de nous des créatures à part entière. La détester aurait été sûrement plus facile que de tenter de la comprendre, de chercher des réponses sans pour autant les trouver. Il est vrai que j'aimais royalement me compliquer la vie. Je déballe alors des paroles qui tentaient de lui faire comprendre que je n'étais pas là par plaisir...sincèrement, je me serais bien passé de ce moment d'ignorance, de froideur et d'une certaine solitude. Siam ressemblait assez à Aileen, en ses traits, je pouvais reconnaître ma soeur jumelle. Cela ne m’attendrit néanmoins pas. Passant une main sur mon visage, je tentais de garder un certain calme, un certain self contrôle que j'avais appris à gérer au fil des années.

« Bon...cette situation est vraiment étrange. Patrons du principe que tu es vraiment là uniquement pour ton boulot. Tu as encore des questions ? » Je soupire de plus belle. Au fond, étais-je réellement venu juste pour le travail ? Je n'en étais pas si sur. Au fond de moi j'attendais peut-être plus, cruelle déception. Je garde le silence, je ne réponds pas alors que mon regard se tourne vers un mur, comme plongé dans mes pensées. Nous avions tous souffert de la même cruauté, de la même peste qu'étaient nos parents. Un point en commun que nous partagions sans réellement le vouloir, un mal dont nous nous serions bien passé. Sauf que Siam, elle, avait été sûrement plus épargné que nous, que moi. «  Désolé mais je suis légèrement occupé Ciàran. S'il te plaît...On peut abréger ? ». Je la regarde de nouveau, alors qu'elle, allait se poser comme fatiguée de cette conversation. Elle semblait se battre contre son totem, un combat intérieur que je connaissais que trop bien. Une hyène n'est pas facile à domestiquer et encore, malgré ma fusion avec celle-ci, il m'arrivait de perdre légèrement le contrôle ou encore d'être à deux doigts de le perdre. Je suis un prédateur, je l'ai toujours été, tuant des hommes qui étaient devenus mes proies. Je revis alors tout ce sang sur mes mains, les larmes roulant sur mes joues, alors que Aileen tentait de me calmer face à cette terreur que l'on avait lue dans mes yeux.

« Non, je n'ai plus d'autres questions Siam. » J'avais dit ses mots avec un air lasse, presque anéanti, alors que diverses émotions parcourraient également mon corps, mes pensées. Je secoue légèrement la tête quand, en silence, je range la photo dans ma veste, faisant sans le vouloir tomber mon gsm. Je n'y prête pas attention, trop absorbé par mes nombreux sentiments. Je finis par dire simplement. « Tu n'as pas été la seule à souffrir...toi au moins tu as eu la joie de ne pas vivre avec eux. Dit toi que c'est une souffrance en moi que tu n'as pas eu à endurer. ». Pourquoi je lui disait ça ? Je n'en avais pas la moindre idée, néanmoins, j'étais sincère. Elle avait sûrement souffert de beaucoup de choses, hors, cette douleur lui avait été épargnée. Les coups de cet homme soul, l'ignorance de cette mère aveuglée, trop stupide pour s’interposer. Mes nuits, mes jours, mes années n'avaient étés que peine, souffrance, coups bleu et sang versé, alors que je tentais de protéger cette soeur qui était mon unique rayon de soleil. Je soupire de nouveau et je fais demi tour, sortant de l'allée en question, allumant une cigarette une fois à l'air libre.

Parfois le passé rencontre le présent et notre monde s'écroule sans prévenir.