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La rivière des souvenirs [PV Hécate]

 :: Archives des rps

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La rivière des souvenirs [PV Hécate] EmptyVen 25 Déc - 22:12
18h. Ottawa s’assombrissait. C’était ce moment, entre chien et loup, où les fantômes se réveillaient, où les esprits ouvraient les yeux et où les hommes offraient leur cœur à la nuit qui arrive.

C’était l’hiver sur la ville. Des flocons de froid balayaient les choses et les gens. Et la rivière, la large rivière paresseuse, se ridait à peine sous le vent du nord.

Eli marchait sur la berge verte, là où les buissons épineux donnaient l’impression que les ombres se cachaient dans les branches pour surveiller les humains.
Il avait le regard levé vers le ciel, les pensées perdues dans les nuages rougis par l’heure tardive. Il avait les mains dans les poches de son caban noir. Il avait l’air d’un étudiant à peine diplômé, d’un homme qui porte encore la tendresse sans honte, d’un être humain fasciné par les pépites d’étoiles qui commençaient à percer le soir.

Il marchait.
Il déambulait.
Lentement, parce qu’il avait le temps.
Le soir venu, il n’était plus un délégué de la police auprès des victimes.
La nuit approchant, les souvenirs séculaires revenaient.

Quelques minutes plus tard, il redeviendrait cette chose immatérielle et invisible. Cette masse de pensées et de sentiments palpitants. Sans corps. Sans apparence. Cet être que les contes disaient effrayants. Ou tristes. Ou fous. Ou étranges. Ou dangereux. Cet être horrible qu’Eli n’était pas, lui qui ne rêvait que de rêves et de paradis sur terre.

Il allait bientôt regagner son appartement.
Puis chercher ses protégés. Bercer les plus jeunes. Conseiller les plus âgés. Aimer les mal aimés. Agir, peut-être, pour ceux qui étaient en danger…

Il allait bientôt…

Il n’eut pas le temps de penser davantage.

Quelque chose lui chatouillait la conscience. Quelque chose de doux, devant. Un souvenir ouaté qui prenait forme soudain. Une impression d’être touché par le passé, avant même d’avoir la certitude de reconnaître ce passé.

Une silhouette était sur le chemin. Une femme.
Un parfum de musique et de violon qui pleure.
Des sons de rencontre et de séparation.

Hécate, il croyait qu’il ne la reverrait plus. Plus à Ottawa, en tout cas.

Hécate était partie, il y a trois ans, loin du Canada. Envolée, entre les ailes d’acier des oiseaux monstrueux construits par les hommes. Quelqu’un ou quelque chose lui avait pris sa joueuse de violon. Sa petite princesse des notes sensibles. La petite fille qu’il avait vue… Entendue… Elle avait grandi près de lui, pendant plus de vingt ans.

Et là, à cet instant, Hécate avait la matérialité de l’impossible devenu possible. La présence fracassante de l’utopique devenu réalité.

Il lui était apparu. Deux fois. Une fois par erreur, une fois presque volontairement.

Ce soir… Tellement involontairement…

Il n’était pas supposé la connaitre. Les fantômes n’existent pas.
Il n’était pas supposé la reconnaître. Les hommes oublient les visages.

Il ne savait que faire. Il ne pouvait rien faire, au fond.

Il a baissé les yeux, pour ne plus voir la femme qu’il connaissait et que le secret lui interdisait de connaître.
Il a baissé les yeux, pour ne pas montrer son regard et parce que le regard des banshees ne ment jamais.

Il a continué à marcher. Il a marché vers elle. Il ne pouvait pas éviter. Il est arrivé à sa hauteur, il a cherché l’odeur d’Hécate. Son parfum. Il a laissé ses yeux chercher les contours de son épaule gauche, dissimulée sous le manteau d’hiver. Il a contourné. Il a marché quelques pas, encore. Il s’est retourné. Voir une dernière fois, de près, la femme qu’il avait connue à travers les notes de violon et les chants silencieux de leurs rencontres.
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La rivière des souvenirs [PV Hécate] EmptySam 26 Déc - 0:33
Eli & Hécate



Ce soir était magique. La sensation de mes doigts sur les cordes et sur l’archet ne m’est pourtant pas inconnue, mais rejouer dans un endroit que j’ai délaissé il y a trois ans m’a procuré des choses que ni l’Opéra de Paris, ni celui de Londres, ne me donnaient. Contrairement à ces derniers, l’Opéra Lyra a une histoire particulière dans ma vie. J’ignore comment j’ai fait pour m’en passer durant toutes ces années, mais il est évident qu’un vide s’était créé et qu’il s’est plus ou moins rempli. La tête appuyée contre la vitre du véhicule de mon amie Rachel qui était là lors du concerto. Nous avons enchaîné sur un repas pour nos retrouvailles et a insisté pour me raccompagner, peu rassurée de me savoir dans les rues. Pourtant, mon entourage y est habitué ; je n’ai pas souhaité passer mon permis, par peur des autres et de ce que pourrait être ma conduite, mais aussi parce que j’aime rentrer à pieds, simplement, avec des écouteurs dans les oreilles. Profiter de l’instant présent, tout simplement. A croire qu’ils ne s’y feront jamais. « Rach’. » soufflé-je, en me redressant. Je lui indique de mon index le petit chemin. « Tu n’as qu’à me laisser ici. » « Tu es sûre… ? » J’acquiesce d’un signe de tête. « Sûre. Ce n’est plus très loin maintenant. » A vingt minutes de mon chalet, vingt-cinq minutes si je prends mon temps. Rachel regarde l’heure sur l’autoradio, semblant hésitante. Pour la convaincre, je l’embrasse sur la joue et tire sur la poignée de la portière. « C’était génial. Il faut qu’on se refasse ça rapidement. » « Je trouve aussi. Ecoute, envoie-moi un message dès que tu es chez toi, sinon j’aurais du mal à fermer l’œil. » Je lui adresse un sourire en acquiesçant de nouveau et sors enfin du véhicule qui, après quelques secondes, disparait dans la nuit.

Le vent me caresse le visage. C’est si doux que je ferme les yeux pour en profiter pleinement, avant de refermer mon manteau et partir vers le chemin qui me mène à la rivière qui longe le village, m’assurant bien que l’étui où est renfermé mon instrument est bien placé sur mon épaule. Je m’apprête à mettre mes écouteurs dans mes oreilles, quand je me rends compte d’une présence. Au loin, il y a un homme qui se rapproche, la seule personne présente ici, avec moi. Son visage se découvre faiblement, mais il a les yeux baissés, sans doute perdu dans ses pensées. Ou triste. Je ne sais pas trop. Nous nous croisons, il me dépasse, alors qu’une impression de déjà vu me prend. Ce visage… Il me rappelle un souvenir d’antan auquel j’ai pensé il y a trois ans, au moment de partir d’Ottawa.

••••••••••

Souvenir - 16 ans

« Je ne peux pas jouer. » soufflé-je, à mon professeur de musique. Ce concours de musique, je l’ai attendue, mais lorsque la date est tombée, elle m’a fait froid dans le dos. J’ai cru pouvoir faire face à la date où s’est envolé Alan, mais ce n’était que des bobards que je me racontais. La vérité, c’est que je n’arrive même pas à toucher les cordes de son violon. « Hécate, sois raisonnable. C’est le début d’une belle aventure. » Ca pourrait m’ouvrir des portes et depuis ce spectacle où j’ai joué pour la première fois de mon instrument, c’est ce que je souhaite. Sauf que j’en suis incapable. « Je n’y arriverai pas, je te jure… » murmuré-je, en baissant la tête. « Ne dis pas ça. Tu vas jouer. » Un homme entre dans la pièce et m’appelle par mon numéro. Le cœur serré, je fais quelques pas timides vers lui, encouragée par mon professeur, puis me retrouve devant un jury. Une femme, deux hommes, dont l’un m’interroge en me demandant de but en blanc le morceau que je compte leur interprété. Les quatre saisons, de Vivaldi. Je positionne l’instrument entre mon menton et mon épaule, souffle et… Et… Et rien. La bouche entrouverte, la respiration rapide, tout ce que j’arrive à faire c’est de serrer le violon dans ma main, m’excuser et partir en courant.

« Hécate ? » Maman me voit rentrer à la maison et monter les escaliers en courant. Je m’enferme dans la chambre, pose le violon sur le lit et m’adosse contre le mur, me laissant glisser le long de celui-ci. Mes jambes contre ma poitrine, mes bras autour de celles-ci, j’observe les larmes roulant sur mes joues, l’instrument avec honte. J’aurais dû, pour lui, pour Alan. J’aurais dû et je n’ai même pas été fichu de créer une seule note. « Hécate ? » « S’il te plait… Laisse-moi. » murmuré-je, entre deux sanglots. Au bout de quelques minutes, Maman, rejointe par Papa, cède à ma demande. Je me balance d’avant en arrière, sans quitter l’objet que je n’ai jamais touché le vingt-trois décembre. Après m’être levée, je chasse mes larmes de la paume de ma main et reprends l’instrument que je mets en position. Hésitation. Mes doigts effleurent les cordes et produisent des sons qui sont loin d’être harmonieux. Le cœur lourd, je positionne l’archet et les yeux fermés, commence à jouer un air que j’ai longtemps entendu dans la chambre d’Alan. C’était le dernier qu’il répétait, mais celui qui a le plus d’importance à mes yeux. Il sonne notre séparation, des notes amères, durant près de quatre minutes qui me semblent être une éternité. Le morceau se termine lorsque j’ouvre les yeux et que je fais face à une silhouette en costume pâle, avec une brume blanche autour de lui. Surprise, je dérape sur une note et j'arrête tout. Je recule d’un pas, cligne des yeux. Plus rien.


••••••••••

Il me rappelle le regard de cet homme en jeans que j’ai croisé pas plus de quelques secondes à l’aéroport. Ce visage… Je me retourne, constatant que je ne suis pas la seule et plisse les yeux, osant réduire les mètres qui nous séparent. Mordillant mes lèvres, un peu plus fort à chaque fois que je me rapproche du but, je ne le quitte pas de vue, comme si j’avais peur qu’il ne m’échappe. Lorsque j’arrive à un mètre de lui, mon regard se pose sur sa silhouette et en silence, je l’observe de haut en bas, avant de scruter la moindre de ses expressions et de me décider : « Est-ce qu’on se connaît ? » Je suis sûre que oui. « On s’est déjà vu quelque part. » C’est fou. Il doit me prendre pour une folle. Pourtant, je suis pratiquement certaine de ne pas me tromper. « Il y a trois ans. » Ca paraît stupide de donner de l’importance à ce détail ; nous n’avons échangé aucun mot. Mais ça en a quand même à mes yeux. « C’était vous, à l’aéroport. » dis-je, en levant les yeux au ciel. « Vous devez me prendre pour une dingue. » Après tout, je ne peux que le comprendre…



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La rivière des souvenirs [PV Hécate] EmptySam 26 Déc - 17:06
Eli ne re-baissa pas les yeux quand il vit Hécate s’approcher de lui. Elle venait vers lui, son violon à son épaule. Eli voulait l’entendre de nouveau, cet instrument qui chantait les sentiments à la place de la femme.

Le banshee était nerveux. Comment ne pas l’être ? Il avait envie de lui parler. Il avait peur de ce qu’elle pouvait deviner. Il désirait la retenir à Ottawa. Il savait qu’il ne le pouvait pas. Son regard bleu, son regard d’âme incapable de mentir, avait les turbulences des émotions contraires. Des micro-fissures de reflets du soir. Ses paupières voulaient se clore pour cacher les iris bleus. Ses paupières restaient grandes ouvertes.

Trois ans auparavant, il avait failli lui murmurer : « Tes possibles sont ici, à Ottawa. Ne pars pas. » Ce soir-là, près de la rivière, il avait envie de lui dire « Tu es revenue. Tu as fait le bon choix. »

Elle le scruta. Le détailla. Elle disséqua son apparence et il se laissa faire. Il espérait qu’elle se souvienne de tout. Il craignait qu’elle se souvienne de tout.

« Est-ce qu’on se connaît ? »

Il devait dire non. Il ne le put pas.

Il se souvenait de ce jour où il lui était apparu pour la première fois. Il était redevenu invisible, pas moins présent. La surprise avait fait reculer Hécate. Sa tristesse, elle, n’avait pas reculé. Elle était toujours là, au fond d’elle. Tapie comme une bête qui dévore son hôte de l’intérieur.

Eli aurait dû partir. Ça aurait été le mieux à faire. Le plus sage. Hécate n’était pas sa protégée. Elle n’avait rien à voir avec les lignées humaines que la mort lui avait assignées… Il n’avait pas pu disparaître, comme ça. Comme un voleur. Comme une bête surprise qui n’a que la fuite en réponse.

Alors il avait pris Hécate dans ses bras. Des bras de mort ne pèsent rien. Elle n’avait probablement rien senti. Mais lui l’avait bien sentie. Ses épaules d’adolescente, sa fragilité de femme encore non accomplie, ses bras qui tenaient l’archet et le violon. Il avait posé sa tête près de sa joue, il avait posé ses mains dans son dos étroit et lui avait chuchoté des mots dans sa langue natale. Hécate ne comprenait pas l’espagnol mais les mots des banshees n’ont pas besoin de conscience pour opérer.

Il avait pris sa voix des songes et des intuitions animales. Il avait fait vibrer ses cordes vocales dans les tonalités les plus graves et les plus douces.

Usted es una hermana preciosa (*)

Puis il avait deposé un baiser sur le front de la jeune fille. Un baiser en voile de soie.

Il avait enfin pu disparaître.

Est-ce qu’on se connaît ?

Il ne pouvait pas dire non.
Il garda le silence.

Il y a trois ans. C’était vous, à l’aéroport.

Eli cilla une fois.

A l’aéroport… Il lui était apparu, une seconde et dernière fois. Il était persuadé qu’elle ne reviendrait pas. Il avait observé, derrière les fenêtres sans fin, Hécate partir loin d’Ottawa. Il avait posé une main sur la vitre, pour cacher la machine d’acier qu’il ne voulait plus voir. Il avait failli tenter de retenir Hécate. Sa main s’était serrée en un poing. Il n’avait rien fait. Hécate n’était pas sous sa protection…

Vous devez me prendre pour une dingue.
Non… !

Le « non » était sorti avec rapidité. Bref. Sonore.
Une voix d’humain. Une voix qui n’avait rien à voir avec les morts, les fantômes et les rêves éveillés.

Il resta deux secondes sans rien dire. Devait-il lui mentir et la laisser croire qu’elle n’avait que rêvé ? Devait-il lui dire la raconter la vérité et briser un secret ?
Il ne voulait pas qu’elle se prenne pour folle.

Non… Je ne vous prends pas pour une dingue… Il y a trois ans, nous nous sommes déjà croisés.

Dans ses poches, ses mains serraient la doublure de satin. Et après ça ? De loin, pour les autres, pour le monde, il ressemblait à un homme qui n’avait pas oublié le visage d’une femme croisée furtivement. C’était étrange. C’était tellement loin de la vérité.

Il inspira. Il regarda vers les buissons. Il ne savait pas mentir en regardant les gens en face.

Vous me rappelez quelqu’un. Je n’aurais pas pu vous oublier.

Le mensonge était fait. Dans ses poches, ses mains se desserrèrent.  Elles n’avaient plus besoin de former un poing comme lors du départ d’Hécate. Il lui tendit la main.

Je m’appelle Eli.

Il voulait quand même…

Et j’aime beaucoup la musique…

Dit-il en regardant l’étui de violon.

Je pourrais vous demander de jouer pour moi un jour ? La personne à qui vous ressemblez jouait du violon.


(*) Tu es une soeur adorable.
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La rivière des souvenirs [PV Hécate] EmptySam 26 Déc - 20:12
Eli & Hécate



L’homme qui, jusque-là, était muet, sort enfin de son silence et c’est pour me répondre négativement. C’est une étrange sensation que je ressens en sa présence. Je ne le connais pourtant pas, mais… Il m’apaise. Et en même temps il m’effraie. Je n’arrive pas à trouver une explication logique à la raison pour laquelle je le ramène à ce souvenir ridicule créé par mon imagination, lorsque j’avais seize ans, mais son visage me le rappelle. Il est différent, cependant. La lueur blanche et le costume blanc ne sont plus. Le contraire serait étonnant. Son regard, en revanche… Il dégage quelque chose que je ne saurais expliquer. Si Rachel était là, elle me soufflerait de partir en courant, ou me tirerait par le bras, mais j’ai comme la certitude qu’il n’est pas dangereux pour moi. Et encore une fois, j’ignore pourquoi. J’acquiesce d’un signe de tête lorsqu’il confirme mes dires. « Je m’en doutais, oui. J’ai cru… reconnaître votre visage. » C’est étrange de parler à un inconnu. Je veux dire, j’ai croisé des milliers de gens à l’aéroport et je ne saurais les reconnaître aujourd’hui. Ils ne m’ont pas marqué une seule seconde. Contrairement à lui et ça semble réciproque. « Ah. » C’est pour ça qu’il s’est retourné, qu’il m’a fixé. Je touche mon visage, essayant d’imaginer à travers mon image, un nouveau visage. « Quelqu’un de votre famille ? Une amie… ? » Et sans même savoir ce qui s’est passé, je dis : « Je suis désolée. » Dans sa façon de me regarder, j’ai l’impression qu’il a perdu quelqu’un. Je ne sais pas comment, peut-être par une séparation, ou si j’imagine le pire, par la mort. Que je déteste ça. Lorsque Alan a disparu, je me suis sentie tellement mal et même avec le temps, son souvenir m’est parfois douloureux.

Sa main tendue, je mets quelques secondes à la fixer, avant de réagir et la serrer. « Hécate. » Et avec un sourire en coin, j’ajoute : « Etrange rencontre, n’est-ce pas ? » Ce qui me semble d’autant plus bizarre, c’est qu’il me demande de lui jouer un morceau. Est-ce vraiment quelque chose à demander à quelqu’un que l’on vient de rencontrer ? Mon sourire s’agrandit néanmoins, alors que machinalement, je ramène l’étui vers moi. « Je ne peux vivre sans. Je crois que si je n’avais pas cet instrument près de moi, ni mon iPod, je me mettrais à chanter comme une casserole juste pour entendre un air musical. Je vous assure que ce serait la fin du monde. » Autant j’adore jouer du violon et composer mes propres airs, mais honnêtement, je chante mal. Le seul endroit où personne n’en souffrirait, c’est sous la douche. Encore que… Il y avait une personne assez dingue pour le supporter : Oreste. « Etes-vous vraiment sérieux ? » C’est tout de même particulier, comme demande… Et même si je suis certaine que tout ceci est platonique, je me risque à l’interroger : « Dites… Vous ne flirtez pas, hein ? » Je ne le crois pas. Ce qui se passe me semble être comme une discussion entre… un frère et sa sœur. Du moins, c’est comme ça que je le ressens, mais je ne suis pas à l’abri d’une surprise. « Elle s’appelait comment ? » demandé-je, en jetant un œil sur le chemin qu’il s’apprêtait à emprunter. Il avait sans doute quelque chose à faire, comme moi d’ailleurs, mais le retenir est plus fort que moi. « Vous aussi, vous me rappelez quelqu’un. » Bon sang Hécate, il n’est pas question que tu ressors cette histoire abracadabrante, à laquelle tu ne crois même pas. « Un visage que j’ai croisé il y a de ça des années. Je crois que c’est pour ça que j’ai autant été marqué par votre présence, à l’aéroport. » avoué-je, en resserrant mes doigts sur les boutons de mon manteau. Je me suis demandée, à l'époque, si ma solitude n'était pas la raison qui me poussait à me faire des films. Une raison logique pour un évènement irrationnel.



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La rivière des souvenirs [PV Hécate] EmptyDim 27 Déc - 20:24
Eli était en apesanteur. Les sentiments à fleur de lèvres et l’angoisse au fond du cœur. Les retrouvailles avec Hécate ressemblaient à un conte qu’il n’avait pas osé imaginer pour lui-même. Il répondait aux questions avec le désir de tout lui dire et la retenue des morts qui doivent rester morts.

Quelqu’un de votre famille ? Une amie… ?
Presqu’un membre de ma famille. Oui.
Je suis désolée.
Non…

Hécate avait bien perçu son trouble. L’empathie n’est pas l’apanage des revenants. C’était gênant. C’était risqué, aussi. Quand les émotions se faisaient écho, Eli pouvait perdre pied. Sa raison pouvait être balayée par les émotions décuplées par l’empathie de tous les êtres présents.

Il devait sortir de cette boucle. Il devait parler. Raisonner. Rationnaliser.

Ne soyez pas désolée… Elle est juste… C’est devenu étrange entre nous. J’ai parfois peur de la voir disparaitre de nouveau.

Ils se présentèrent. Elle lui dit son nom. Il sourit en l’entendant. Il se retint de lui dire « c’est un joli prénom » La remarque était commune et il le pensait depuis trop longtemps pour que cela semble sincère.

Etrange rencontre, n’est-ce pas ?
Un peu, oui. Aussi.

Il lui demanda si. Elle lui parla de chant.

… Je vous assure que ce serait la fin du monde.
Ah bon, à ce point ? C’est parce qu’on ne vous a pas bien guidée en chant.

Il était banshee. Il avait du mal à imaginer qu’on puisse ne pas savoir chanter correctement. Et il n'avait pas envie qu'elle se dénigre. Il avait envie de lui apprendre. Mais si tôt dans une rencontre, cela aurait semblé… inapproprié. Demander de jouer du violon, déjà…

Etes-vous vraiment sérieux ?
Oui. J’aimerais vous entendre jouer.
Dites… Vous ne flirtez pas, hein ?
Ah ? Euh ? J’ai l’air de flirter ?

La demande le percuta comme une balle magique sur la tête. Il ouvrit plus grands les yeux. Une seconde pour comprendre que… Oui, évidemment, de loin. Oui, évidemment, elle ne pouvait pas imaginer les années d’écoute silencieuse qu’il avait vécues. Ni l’étonnement de la voir grandir au fil du temps. Ni l’image de la jeune adolescente perdue qu’il gardait si fort au fond de ses rétines.

Euh. Non, excusez-moi, je ne flirte pas. J’ai du mal avec le flirt, en réalité.

Il était décédé presque deux siècles auparavant. Les matins, les soirs et les nuits, il redevenait une pensée flottante. Un nuage d’homme, une brume d’humain… Avait-il connu le flirt en presque deux siècles ? Il avait croisé des femmes qui ressemblaient à Elodie… Mais son rôle ne lui avait pas permis d’exister pour la chair. N’avait-il jamais utilisé son apparence humaine ? Ça lui était arrivé. Rarement, car Eli se laissait aborder plus qu’il n’abordait. C’était un fantôme, après tout. Un fantôme qui se laissait parfois attraper par les sentiments et les prières, mais un fantôme malgré tout.

Et l’histoire n’avait jamais modelé les femmes pour en faire des don juans en jupons.

Il haussa les épaules, avec un air faussement contrit. Il savait que son apparence était latine et la réputation des latins…

Tous les hispaniques ne sont pas doués en la matière.

Hécate regarda le chemin. Voulait-elle en finir ? Elle n’en avait pas l’air.

Elle s’appelait comment ?
Elle s’appelait Sélène.

Le prénom était venu naturellement. Il l’avait écoutée quand le soleil s’était couché. La lune avait marqué leurs moments. Il ne pouvait imaginer un autre prénom pour elle.

… Je crois que c’est pour ça que j’ai autant été marqué par votre présence, à l’aéroport

A ces paroles, il rougit. Elle se souvenait de lui sous forme banshee ? Elle l’avait reconnu malgré les brumes… Cette seconde d’apparition avait suffi pour qu’elle le repère parmi tous ces visages, plus de vingt ans plus tard.

La nouvelle lui faisait plaisir. C’était dangereux et doux à la fois pour lui. On aime toujours que les gens qui comptent se souviennent…

Il murmura ce qui était évident.

Ça lui ferait très plaisir de le savoir, j’en suis sûr.

Il ne devait pas lui laisser le temps de trop penser.

Il commence à faire frais. Puis-je vous raccompagner chez vous ? Ou vous offrir un café ? C’est peut-être plus prudent avec un inconnu comme moi.

Il rit à sa propre mise en garde.

Ils se mirent à marcher.

Cet homme à qui je vous fais penser, qui est-il ? Je pourrais comprendre que ça vous gêne si…

Si quoi ?
Si elle devait lui dire qu’il lui faisait penser à un fantôme ?

Si… Euhm… Je ne sais pas.

Eli se ravisa. Inutile de poser trop de questions sur cette seconde. Il la laissa parler.

Si vous avez peur de rester seule avec moi, peut-être pourrions-nous nous revoir à l’opéra ? J’aimerais vraiment vous entendre jouer.

Il voulait l’entendre… Car pour lui, Hécate s’exprimait mieux à travers les notes qu’à travers les mots. Les nuances de son humeur étaient dessinées comme une dentelle par son talent. Elle avait des doigts d’or et une sensibilité de musicienne qui vibrait à travers les murs, les pierres, le béton… Il voulait la retrouver à travers ce don.

J’aimerais vous entendre jouer une musique qui reflète les sentiments importants pour vous. Sélène le faisait souvent.
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La rivière des souvenirs [PV Hécate] EmptyDim 27 Déc - 22:34
Eli & Hécate



Je suis soulagée de savoir que cette personne ne soit pas partie définitivement. D’après ce qu’il me dit, elle est toujours là. Elle a dû partir à un moment, ou elle s’est peut-être éloignée, comme moi et le reste du monde, en partant pour Paris. Je ne la connais pas, mais j’arrive presque à comprendre qu’elle en ait ressenti le besoin, mais ce n’est pas pour autant que ce soit réellement nécessaire. Ca n’aide en rien, de fuir. « Est-ce déplacé de vous demander… ce qui a bien pu se passer ? » Les deux pieds dans le plat. Ca ne me regarde pas, mais ma curiosité me fait défaut. Il a l’air tellement touché… Et lui dire qu’il n’a pas à s’en faire, que s’il ne la laisse pas partir, elle ne disparaîtra plus, ce serait lui mentir. Parfois, même avec de bons arguments, les gens partent. Je l’ai constaté lors de ma séparation avec Oreste, bien que pour le coup, je m’en veux de ne pas avoir fait preuve de plus d’obstination, d’avoir levé ce crayon et d’avoir glissé sa pointe sur ce papier, pour y apposer ma signature. C’était une horrible bêtise.

D’un hochement de tête, je réponds : « Oui, à ce point. A dire vrai, ce n’est pas ce qui m’a le plus intéressé dans l’univers musical. » J’aime écouter de très belles voix. Je ne suis pas plus attirée par les voix féminines que masculines, tant qu’il y a cette sensibilité qui me plait, tant que ce n’est pas trop hard, c’est parfait, mais il est évident que je suis plus sensible aux instruments derrière. A la mort d’Alan, ça m’a semblé être une évidence. Deux fois la pression : il fallait que ça me plaise, mais que ça lui plaise à lui aussi. Je ne suis pas croyante, je ne pense pas qu’il y ait quelque chose après la mort, mais si ça venait à être le cas… J’aimerais juste qu’il puisse être fier de ce que je fais. Le but n’étant pas de lui faire honte, mais honneur. « Vous chantez ? » D’après ce que j’entends, il semble s’y connaître. Lorsque la question du flirt, la surprise se lit sur son visage. Amusée, je réponds : « Eh bien… Ce n’est pas tous les jours qu’un inconnu vous demande de jouer pour lui, vous conviendrez. » Je suis rassurée de savoir qu’il ne s’agit pas de ça. Rien que l’idée me met mal à l’aise. « Elle s’appelle Sélène ? » Je ne sais pas si le reprendre lui redonnera le sourire, mais parler au présent, maintenant que je sais qu’elle est toujours là, en vie, me semble plus adapté à la situation. Je n’ai pas l’intention d’enterrer cette pauvre femme avant même qu’elle ne le soit. « C’est lié à la mythologie grecque ? » Finalement, les parents fans de la mythologie ne se font pas si rares que ça.

Déstabilisée par une certitude que je n’ai pas, je hausse une épaule, hésitante. « Je ne sais pas. Je ne pense pas. » C’était une image dans ma tête, quelque chose que j’ai inventé. Que cet homme imaginaire puisse être ravi que je me souvienne encore de lui me paraît insensé. Complètement fou. C’est tout simplement impossible. Un fin sourire se glisse sur mon visage, amusée par son trait d’humour, mais il a raison. Le café semble être plus prudent. « Va pour le café. » dis-je, en marchant. Je me remémore la scène de mon adolescence, puis secoue la tête. « C’était dans un rêve. » Ce n’est pas un mensonge. C’était un rêve éveillé. « Il n’existait pas. Je ne le connais pas. » Mais ça m’a suffisamment marqué pour que je m’en souvienne. « Ce n’était qu’un rêve. » répété-je, en plissant des yeux, de nouveau. Je me stoppe pour lui faire face, sans pouvoir m’empêcher d’avoir un léger mouvement de recul. « L’Opéra ? » Je n’ai jamais fait allusion à l’Opéra. Une musicienne ne veut pas forcément dire que… Je ne sais pas. Maman et sa paranoïa a peut-être eu raison de moi. « Comment est-ce que… ? » Peut-être m’a-t-il vu là-bas, tout simplement. Bon sang, il faut que j’arrête de psychoter pour rien. C'est évident qu'il ne s'agit que de ça. « Vous y allez souvent ? Ils ont renouvelé l'orchestre. Je l'intègre de nouveau, depuis peu. Et je joue du violon, moi aussi. Je comprends votre amie, c'est un très bel instrument. Elle ne joue plus ? » Je pense aussitôt à Emma, ma meilleure amie, qui a cessé de jouer du violoncelle, il y a vingt ans. Elle était tellement douée que je n'ai eu de cesse de trouver ça dommage. Une personne douée, passionnée, ne devrait pas s'arrêter. J'espère que les raisons qui ont poussé son amie à faire de même, sont liées à des raisons moins tristes.



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La rivière des souvenirs [PV Hécate]

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Angel & Dante

Félicitation à nos deux couillons élus membres du mois de d'Août pour leur rafale de RP et leur bonne humeur ! <3