Mer 16 Déc - 11:54 | | Un fantôme qui revient dans nos vies. Siam and Ciàran Cette rencontre n'avait absolument pas été un réel succès, aussi bien au niveau professionnel que fraternel. Les retrouvailles avaient été simplement merdiques. Je venais donc de clore la conversation – du moins c'est ce que je pensais – sortant du couloir pour m'allumer une cigarette. Je ne fumais pas énormément, d'ailleurs, je ne fumais jamais en présence de Aileen, je savais qu'elle m'aurait cruellement écrasé celle-ci sur la tronche. Néanmoins, là de suite, j'en avais besoin pour calmer mes nerfs. Je pousse un léger soupire, laissant ce poison couler dans mes veines, embrumer mes poumons. Depuis ma séparation avec Devon beaucoup de choses avaient changé en moi. Déjà, j'avais eu une période très sombre, ayant la main légère avec les bouteilles d'alcool. Ma jumelle, une nuit, avait donc choppé les bouteilles du bar familial pour tout vider dans l'évier, alors que je comatais sur le tapis du salon. Image très pathétique d'ailleurs. Puis, pour compenser l'alcool, je m'étais mis à fumer. Un défaut remplaçant un autre. Dehors il ne faisait pas particulièrement chaud. A cette période de l'année, la température avait tendance à baisser rapidement, ne dépassant pas les 10 degrés. J'allais partir quand la porte derrière moi s'ouvrit de nouveau, faisant ainsi en sorte que je me retourne pour poser de nouveau mon regard sur Siam, une Siam au bord des larmes d'ailleurs. Je me sentis alors légèrement coupable de la mettre dans cet état. Au fond, je n'étais pas un mauvais bougre, j'avais juste tendance à dire ce que je pensais, comme je le pensais et surtout par impulsivité. Néanmoins, je chassais rapidement cette culpabilité de mon être, après tout, se sentait-elle coupable elle...Je n'en avais pas l'impression.
« Tu ne sais pas ce que j’ai vécu. Tu n’as aucune idée de ce que j’ai traversé… alors ne te permets pas de croire que tu as soufferts plus que moi, parce que prendre des coups peut parfois être infiniment moins douloureux que … » Je reste immobile sans vraiment broncher, écoutant simplement ses paroles. Elle semblait avoir souffert également, certes, mais pensait-elle que notre vie avait été toute rose ? Elle n'avait même pas idée de ce que j'avais faits pour protéger Aileen, de ce que j'avais enduré chaque jour, chaque heure. Y a-t-il plus grande souffrance que de savoir que ses parents ne vous ont jamais aimés ? Non, pas à mes yeux. En plus de ne pas nous aimer, nos géniteurs s'amusaient royalement à nous le montrer, surtout mon père. Frappant encore et encore, me rabaissant dès qu'il le pouvait, buvant dès le levé du jour, me jetant dehors dès qu'il en avait l'occasion. Toutes ses images je tentais de les oublier, de cesser d'y repenser mais cela faisait partie de moi. Prendre des coups n'était pas la seule chose que j'avais endurée. L'isolement, la peur, l'angoisse, la solitude mais également l'incertitude. Tellement de choses qu'avaient dû endurer un gamin à cette époque. Le passé de Siam m'était totalement inconnu, d'ailleurs, franchement, je n'en avais rien à foutre là tout de suite. Cette femme était à présent une inconnue pour moi, bien décidé à l'éliminer de mon existence une bonne fois pour toute.
« Laisse tomber… Je ne prétends pas avoir été la seule à souffrir, loin de là. Mais c’est pas une compétition, Ciàran. Je veux simplement que tu me foutes la paix, c’est clair ? » J'avais gardé le silence tout au long de la conversation, portant quelques fois ma cigarette à mes lèvres, laissant un regard indifférent posé sur cette soeur qui finalement n'en était pas vraiment une. Elle était l'aînée de nous trois, pourtant, j'avais l'impression d'avoir porté le poids de toute une famille sur mes épaules. Elle finit par partir alors que je criais furieusement. « C'était toi l'aînée, c'était à toi de nous protéger mais t'as faits comme nos parents, tu nous as simplement ignorées. » Sur ses paroles je jette ma cigarette rageusement sur la porte fermée, ajoutant dans un murmure enragé. « Pauvre conne. J'étais encore qu'un gamin quand t'as pris tes jambes à ton cou. ». La discussion était clairement finie, car déjà, je partais au loin d'un pas assez rapide ayant hâte de partir le plus loin possible d'elle. Alors que la rage grondait en moi, mon coeur lui semblait douloureusement serré. Parfois le passé rencontre le présent et notre monde s'écroule sans prévenir. © fiche par Ell, optimisée par Superno√A pour ASN
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