[Flashback] Sweet Madness - Avalon & Ganaël

Avalon & Ganaël

"C'est bien la pire folie

que de vouloir être sage

dans un monde de fous "

Asile Psychiatrique de Chicago
Mois de Novembre 2005

Regarder la pluie tomber sur Chicago était étonnement relaxant. Je pouvais légèrement sentir le vent froid de Novembre à travers ma minuscule fenêtre à barreaux. Pour voir au-dehors, je devais grimper sur l'unique chaise de la cellule puis me hisser sur la pointe des pieds pour enfin m'agripper aux barres de métal. Les sources d'occupation étaient rares ici, et je m'ennuyais ferme. Mais j'étais un Sidh, je pouvais quitter cette cellule n'importe quand en me téléportant ou en passant à travers les murs. Pourtant, j'avais décidé de rester ici pour le moment. Après tout, ici je disposais du gîte et du couvert gratis. J'avais un toit sur la tête et rares étaient les gens qui venaient me déranger dans ma cellule. Seul petit point négatif : j'étais chez les fous, les marginaux, les exclus de la société. Dans cet asile, on dormait mal la nuit à cause des hurlements des autres patients. Les "infirmières" ne nous parlaient pas, les surveillants disciplinaires nous hurlaient dessus. Je ne pouvais m'empêcher de me plaire dans cette ambiance glauque à souhait...

Et puis il faut dire que je n'étais pas arrivé là par hasard. J'avais repris ma vie de nomade sur les routes américaines et mon périple m'a amené à Chicago. Ville où j'habitai dans les années 1930. Je voulais voir les changements qui avaient eu lieu depuis mon départ. Il y avait beaucoup plus de gratte-ciels qu'avant. Un soir, j'ai fait une rechute, mes mauvaises pensées ont repris le dessus et j'ai agressé des sans-abris. Les flics m'ont chopé mais ayant vite déduit que j'étais pas bien dans ma tête ils m'ont expédié ici. Pour tous, j'étais un vagabond sans famille. C'est donc tout à fait normal que je me retrouve ici, dans le caniveau de l'humanité. J'aurai pu m'enfuir en utilisant mes pouvoirs, mais j'avais la flemme et je demeurai curieux de savoir jusqu'où tout ceci allait aller.

Je continuai de regarder la pluie tout en mâchant un chewing-gum. Les chewing-gum n'étaient pas autorisés pour les fous mais comme dans les prisons il existait ici des trafics. J'avais pu donc m'en procurer auprès d'un autre patient. Tout d'un coup, j'entendis que l'on actionnait le verrou de la porte. Bien vite, je descendis de mon point d'observation. La porte s'ouvrit sur Bob, le surveillant de mon couloir. Corps de brute, visage rougeaud et patibulaire, Bob était chargé de tenir le patient pendant qu'une infirmière administrait des calmants s'il faisait une petite bêtise. En cas de grosse bêtise, Bob était chargé d'attacher le patient avec une camisole de force. En cas de hurlements la nuit, Bob était celui qui mettait sa grosse main sur le visage du patient pour le faire taire. Je trouvai Bob sympa. « Tu vas avoir de la visite aujourd'hui. » Je regardai Bob parler d'un air insolent tout en faisant une belle bulle de chewing-gum. Le visage de Bob devint rouge de colère en voyant la chose interdite. Il avança vers moi et m'empoigna brutalement le bras. Il m'arracha un cri :« Aie ! Hmufh... » Bob venait de mettre son autre main gantée de latex dans ma bouche pour en retirer mon chewing-gum dégoulinant de salive. « Les chewing-gum sont INTERDITS !! » me hurla-t'il au visage. Je dus fermer les yeux devant la pluie de postillons qui se déversa sur moi. Bob quitta ensuite la cellule en refermant la porte. Pour ma part, j'allai devant mon minuscule miroir pour essuyer ses postillons du revers de la main. Je portais mon habit blanc d'hôpital tout débraillé et j'étais pieds nus. Plus facile pour grimper à mon point d'observation. Mon visage éternellement jeune était beau, sans la moindre imperfection. Quant à mes cheveux, ils étaient coiffés et décoiffés en même temps, me donnant un air malicieux. Ma voisine de cellule m'appelait "Ptit Démon", elle disait que j'avais un visage d'ange mais toujours avec cette expression de fripon sur le visage. D'où le surnom.

Je retournai à mon poste d'observation, pieds nus debout sur ma chaise, dos à la porte. Il y avait une pointe d'excitation en moi. J'allai avoir de la visite, voilà qui était exceptionnel. Jamais personne ne venait pour moi en général. J'avais entendu dire les docteurs que j'étais un cas intéressant, serait-ce la cause de cette venue ? Nous allions vite le savoir. Il ne fallut que peu de temps avant que la porte ne s'ouvre de nouveau. Je crus entendre des bruits de pas féminins mais je demeurai dos à la porte, perché à la fenêtre. Je ne savais pas ce que cette personne me voulait, donc je décidai de la laisser parler en premier...

Je suis arrivé(e) le : 09/12/2015

Entre la folie et le génie la frontière est mince.
Avalon attendait patiemment. Enfin patiemment il fallait le dire vite, la jeune femme n'avait jamais vraiment été un modèle de patience. Non elle était plutôt entrain de poireauter et tapant ostensiblement des ongles sur le vieux comptoir en formica de l'office de soins infirmiers. Elle voyait une vieille infirmière blonde se dandiner derrière la vitre en plexiglas, vérifiant si oui ou non Avalon était bien la nouvelle étudiante psychiatre. Franchement pourquoi ils s'emmerdaient avec tant de contrôle ? Ils ne devaient pas être nombreux à se presser à leur porte tout de même. Attendant que la soignante veuille bien bouger son large derrière elle se passa une main dans les cheveux et ouvrit le dossier qu'on lui avait confier. Pour son stage ultime elle avait tout fait pour être accepter dans un grand hôpital psychiatrique et celui de Chicago refermait apparemment des trésors de folie. Elle avait donc tout fait, soudoyer, empoisonner quelques personnes pour obtenir sa place. Et voilà elle se trouvait là, attendant qu'on veuille bien lui donne un foutu badge, pour passer cette foutue porte et rentrer enfin dans l’aile des grands déséquilibrés. Les fous dangereux en somme quoi.

Beaucoup à sa place auraient pris peur mais pas Avalon, elle était trop curieuse de la condition humaine et plus exactement de la psyché humaine et de ses troubles les plus graves. Puis bon si vraiment ça dérapait elle était une alchimiste de talents, douée d'un don particulier pour la création de poisons, elle n'allait pas se faire avoir pas un déséquilibré mental. Elle l’assommerait de poison bien avant qu'il puisse lui faire du mal. Enfin l'infirmière lui ouvrit une petite trappe dans le plexiglas et lui fit passer son badge.

« Bob va vous accompagner. Bon courage. »

Elle lui fit un sourire amusé auquel Avalon ne pris pas la peine de répondre, elle n'avait pas envie de l'encourager dans son humour à la noix. En plus elle lisait dans les yeux de l'infirmière qu'elle pensait que la nouvelle allait flancher rapidement. Eh bien elle se mettait clairement le doigt dans l’œil jusqu'au coude. Il eut un bruit de serrure et enfin on lui ouvrit la porte, elle trouva une sorte d'infirmier informe et rougeaud qui la mena sans un mot dans les couloirs. Il ne lui adressa pas la parole ce qui l'arrangea, elle n'avait pas envie de faire la conversation elle voulait seulement aller voir le patient qu'on lui avait confié. Finalement il l'accompagna jusqu'à un couloir semblables aux autres, enfila des gants et lui fit signe de patienter là. Avalon haussa les épaules et le laissa entrer, elle en profita pour fixer son badge sur sa veste, pour remettre convenablement sa jupe. Elle regarda le dossier qu'elle avait sous le bras mais ne l'ouvrit pas. Le psychiatre en chef de l'établissement lui avait confier apparemment un dossier très intéressant, le cas d'un jeune homme avec des tendances psychotiques, a type de crise explosives. Avalon n'avait pas trop compulser le dossier, elle préférait se faire sa propre idée. L'infirmier ressortit de la pièce et ôta ses gants avec dégoûts.

« Vous êtes sure de vouloir y aller toute seule ? Il a agresser des sans abris.
-Ne me penser pas faible monsieur, ce serait une véritable offense pour moi. »

Et un véritable danger pour vous. Elle détestait qu'on la prenne pour une faible femme. Bob sembla s'en moquer et haussa les épaules, elle ne devait pas être la première étudiante à se croire au dessus des agressions. Sauf que Avalon n'était pas comme tout le monde. Elle passa devant l'infirmier et entra dans la pièce. Un jeune homme s'y trouvait, monté pied nus sur une chaise pour regarder par la petite fenêtre en hauteur. L'alchimiste pencha la tête sur le côté, vu de profil il lui paraissait jeune mais quelque chose la fit frémir, elle ne savait pas vraiment pourquoi. Elle claqua la langue pour attirer son attention.

« Bonjour, je me présente je suis Avalon Blackfield, tu peux m’appeler Ava. Te prends tu pour une grenouille ou est ce que tu pourrais descendre de ta chaise pour que nous discutions ? »
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Avalon & Ganaël

"C'est bien la pire folie

que de vouloir être sage

dans un monde de fous "

Tout en entendant les bruits de pas arriver dans ma chambre, je me demandai quelle genre de personne était ma mystérieuse visiteuse. Vieille ou jeune ? Moche ou belle ? Intelligente ou stupide ? A vrai dire peu importe. Je demeurais convaincu que le monde ne tournait pas vraiment rond. Tout ce qui se passait ici n'était qu'une vaste farce, une pièce de théâtre où j'avais choisi d'incarner un rôle. Après tout, je pouvais m'en aller quand bon me semblait. Mais j'avais décidé de rester ici un moment, espérons que ça en vaille la peine. Je n'avais pas de remords concernant la raison de mon échouage dans ce lieu, je savais que je n'étais pas toujours très net, je perdais parfois le contrôle mais c'était ce que je suis à présent. Les années, les siècles ont eu leur effet sur moi. Bob referma la porte, j'étais maintenant seul avec l'inconnue. Il y eut un moment de silence. Je l'ignorais sciemment en attendant de voir ce qui allait se passer. Regarder la pluie avait toujours son intérêt après tout...

Un claquement de langue se fit entendre. On voulait visiblement attirer mon attention. Je rêve ! On aurait dit que j'étais un animal au zoo à qui l'on pouvait se permettre de siffler, de faire des petits bruits pour l'attirer vers soi. Mais les patients ici n'étaient-ils pas tous des phénomènes de foire en fin de compte ? Ma visiteuse devait être une fontaine de patience pour agir ainsi ça c'est sûr... Sur le coup une forme de colère était montée en moi, je détestais que l'on me manque de respect. Mais cette émotion retomba vite. Il en fallait beaucoup plus pour me faire sortir de mes gonds... Je me retournai donc vers elle, suite au claquement de langue je m'attendais à une vieille mégère mais la vérité était tout autre. J'avais devant moi une femme d'une vingtaine d'années, plutôt séduisante mais avec un petit air sérieux sur le visage. Je fus surtout frappé par une chose, à l'inverse des petites jeunes ici, elle ne semblait pas morte de trouille. Elle se présenta : « Bonjour, je me présente je suis Avalon Blackfield, tu peux m’appeler Ava. Te prends tu pour une grenouille ou est ce que tu pourrais descendre de ta chaise pour que nous discutions ? »

Je haussai un sourcil devant la comparaison avec une grenouille. Plutôt bien trouvé en l'état actuel de la situation. Ava venait d'attirer ma curiosité. Je décidai d’obtempérer en restant silencieux. Je sautai de la chaise et mes pieds nus firent un grands bruit lorsqu'ils heurtèrent le sol froid. De plus, voulant faire le mec galant., je poussai légèrement la chaise vers elle, lui signalant que je l'invitai à s'y asseoir si elle le souhaitait.. Puis j'allai prendre place sur mon lit en courant ce qui eut pour effet de débrailler encore plus ma tunique blanche d'hôpital. Je m’asseyais sur mon lit en tailleur tout en fixant la nouvelle venue du regard. Mes yeux firent un mouvement de haut en bas en direction d'Ava, j'essayai de la jauger. C'était étonnant de voir qu'elle n'avait pas l'air effrayée, un peu mal à l'aise en ma présence peut-être mais sans plus. Je lui fit un coucou enfantin de la main tout en me présentant. « Salut moi c'est Ganaël mais tu peux m'appeler Gana.» Ma main droite alla jouer avec des mèches de ma chevelure si bien coiffée et décoiffée à la fois. Je ne pus m'empêcher de poser la question qui me démangeais depuis son arrivée ici. Peut-être était-elle venue voir une de mes crises. Désolé pour elle ça n'arrivait pas sur commande. De plus, j'étais plutôt calme pour l'instant.
Pour encourager sa réponse je lui fit ma tête de "chaton tout mignon" afin de l'amadouer. « Je peux savoir la raison de ta visite ? Personne ne vient jamais pour moi d'habitude. Personne de l'extérieur je veux dire... »

Presque immédiatement mon esprit se reporta sur ma seconde interrogation. Je décidai d'y aller au culot. Mon visage se ferma un peu avec une expression plus suspicieuse. Mes yeux habituellement tendres se firent plus durs, comme si je tentais de sonder son âme. « Tu n'as pas peur ? Je veux dire.... Les gens sont morts de trouille en venant ici normalement. J'ai entendu dire des docteurs que j'étais dangereux en plus... » Je laissai ma dernière affirmation traînante, je voulais préserver un suspense tout en l'intimidant....

Je suis arrivé(e) le : 09/12/2015

Entre la folie et le génie la frontière est mince.
Comme a son habitude Avalon laissait son alchimie affleurer sous sa peau, elle ne déclenchait rien elle se laissait juste baigner tranquillement dans le fluide. C'était plus une habitude qu'une volonté, mais quand elle se retrouvait confronter à des malades mentaux, surtout ceux classé comme étant dangereux elle faisait attention à toujours le maintenir en éveil. Autant pour sa protection que pour sentir les changements dans l'air. En marchant dans les couloirs quelque chose avait fait vibrer le fluide mais sans vraiment qu'elle comprenne la source, les asiles sont souvent une source de soucis pour les alchimistes parce que les humeurs changeantes des gens influent sur l'alchimie mais là c'était autre chose. Et maintenant qu'elle se trouvait dans le même pièce que son patient elle comprenait que c'était de lui qu'émanait cet étrange sensation. C'était comme une eau froide qui venait couler contre son alchimie, elle avait du mal à savoir ce que ça voulait dire. Le claquement de la langue d'Avalon fit tendre les muscles du jeune homme, comme si il avait détester ce son. Mais étrangement il se détendit bien vite Il semblait avoir une maîtrise parfaite de lui même, elle le nota mentalement.

Finalement il obtempéra et se tourna vers elle, ils se regardèrent, chacun détaillant l'autre. Il était jeune mais quelque chose dans son regard donna un frisson à Avalon, il était plus beaucoup plus âgé qu'il ne le paraissait. Elle se présenta donc à lui, notant au passage qu'il était pieds nus et qu'il semblait intrigué par sa venue. Encore une fois il l'écouta, descendit de son perchoir, lui tendit la chaise et alla rejoindre son lit en courant, comme l'aurait fait un gamin. Encore une fois Avalon perçut une totale maîtrise chez le jeune homme, il donnait un paraître enfantin mais quand ses yeux se posèrent sur elle avec curiosité elle sentit véritablement qu'il était beaucoup plus vieux qu'elle. Avalon le laissa faire son examen visuel, elle n'aimait pas beaucoup cela mais elle s'y plia. Pendant qu'il se présentait elle pris place sur la chaise et croisa les jambes, lissant sa jupe. « Je peux savoir la raison de ta visite ? Personne ne vient jamais pour moi d'habitude. Personne de l'extérieur je veux dire... »

Avalon eut un sourire amusé alors qu'il jouait avec ses boucles, comme un enfant en fait. Quelque chose pétilla dans son ventre, crépita sur sa peau, ce gamin était véritablement un cas intéressant, si elle arrivait à déchiffrer le fonctionnement de sa folie elle allait avoir son diplôme haut la main et elle pourrait même, si elle se débrouillait bien, se faire un nom dans le milieu. La question de Ganaël était légitime et Avalon se décida pour la sincérité, son expérience lui avait appris que les fous détectent le mensonge bien mieux que les rationnels.

« Enchantée Ganaël. Je vais être franche avec toi et j'espère que tu le sera en retour avec moi. Elle lui sourit sincèrement. Le directeur de cet établissement m'a dit que tu était un cas très intéressant. Je pense qu'il imagine que je vais me casser les dents sur ton cas mais j'aime les défis. Et j'ai bien envie de lui botter le cul. Peut être que tu pourrais m'aider ? »

Elle l'incluait dans son défi, c'était un stimulant assez fort pour certains pour provoquer chez les malades le besoin de coopérer avec Avalon. Après ça ne marchait pas tout le temps mais elle devait tester Ganaël pour savoir dans quelle direction orienter sa thérapie. Le visage du jeune homme se ferma alors qu'il posait une nouvelle question, il fouilla ses yeux mais Avalon savait qu'elle ne laissait rien passer. Il ne faut jamais céder à un malade mental sinon s'en est fini de vous. La question ne la déstabilisa pas le moins du monde. Elle eut un rire contenu, tout le monde la pensait fragile et délicate, si ils savaient. Il pensait l'intimider, s'en était presque mignon. Pourtant sur la fin de sa phrase Avalon sentit un peu plus la pression de cette aura froide contre son alchimie.

« Tu pense que je devrais avoir peur ? Parce que je suis une femme et que tu me considère comme plus faible que toi ou a cause de ce que tu as fait à ces malheureux sans abris ? Une autre question : qui te dit que moi je ne suis pas dangereuse ? »

Avalon laissa sa question en suspend, reprenant la façon de Ganaël de s'exprimer en laissant planer le doute.
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