"Comment retrouvailles ? Il va m'entendre" Cela faisait maintenant presque un mois qu'il s'était installé à Ottawa, qu'il avait définitivement retrouver sa liberté, du moins, il l'espérait, et une certaine forme de routine avait fini par s'installer. Après avoir fait plusieurs rencontres... étranges, Willy avait fini par se sentir bien au final. Même s'il ne se sentait pas tout à fait à l'aise, pas encore vraiment en sécurité. Enfin, au moins, il avait un toit, il avait un petit terrain de chasse et un boulot... Un boulot pas particulièrement épanouissant ni passionnant. Faire des burgers dégueulasse et des frites hyper grasses n'était pas ce qu'il y avait de plus intellectuel, mais les vendre, ce n'était absolument pas mieux. Enfin, au moins, il y avait le contact avec les gens, c'était déjà pas mal. Mais la plupart du temps, les clients ne venaient pas vraiment pour causer. Sans compter que la dernière fois qu'il avait essayé de le faire, il avait faillit se faire battre par la cliente.
Donc, l'Amérindien était souvent en mode "automatique", faisant les gestes comme un robot, récitant les phrases apprises par cœur, laissant ainsi son cerveau divagué à loisir. Dans ces moments, il repensait souvent à Océane. La dernière fois qu'il l'avait vu remonté à près d'un an, elle été allée en cours, comme à son habitude, et lui... avait prit la fuite. Pas comme la femme qui avait de lui un Stryge parce qu'il en avait marre, mais pour sa survie. Fall, la Faë qui l'avait enlevé à son clan trente ans auparavant, et dont il été parvenu à s'arracher, était sur ses traces depuis sa fuite. Et elle avait trouvé sa trace. Sauf qu'il n'était pas parti suffisamment tôt et elle l'avait rattrapé. Sur le moment, Willy avait songé à Océane, sa fille Stryge. Comment est-ce qu'elle allait faire sans lui ? Enfin, elle se débrouillait plutôt bien, mais elle ne savait presque rien. Comme lui. Elle allait devoir grandir sans lui... Il s'était promis de la retrouver, s'il parvenait à s'en sortir.
C'était avant qu'il ne réalise qu'il devait pleinement se jeter dans la société humaine pour pouvoir survivre. S'il n'avait rien pour assurer sa sécurité et son confort tout seul, jamais il ne resterait en vie. Surtout que Fall lui avait rendu sa liberté sans raison, peut-être était-ce encore un de ses jeux ? Comment savoir... Le Stryge n'avait pas oublié l'adolescente, mais il repoussait au lendemain ses projets de retrouvailles. Sans compter qu'il n'avait pas son numéro, et... retourner chez ses parents, chez cet homme qui l'avait recueillit dans un sale état, à qui il avait enlevé sa fille mourante de l'hôpital pour lui offrir une nouvelle vie... ou une vie tout simplement. Ça aurait été une trahison pour Willy d'y aller. Sans doute avait-elle quitter la région pour vivre de ses propres ailes, sans mauvais jeu de mots, loin de ses attaches ?
Enfin bref, même s'il n'en avait pas trop l'air, il culpabilisait beaucoup. A un moment, alors qu'il revenait de sa pause cigarette, l'Amérindien avait cru sentir une odeur familière, celle de sa fille justement, mais il n'eut pas le temps de vérifier, on le demandait dans le frigo. Quand il était revenu à son poste, aucune trace de la rousse, même un filet de parfum persistait. Il avait probablement rêvé. Ils pensaient à elle, c'était sans doute son cerveau, encore bien trop humain, qui lui jouait des tours. Rien de plus.
A la fin de son service, dans son ignoble uniforme puant la graisse, une cigarette au coin des lèvres, Willy dénouait une des deux tresses qui faisait sa "coiffure" réglementaire du travail avant de tomber nez à nez avec une furie rousse qui le foudroyait du regard. Et qui en plus tenait des propos à ne pas avoir en public. Du moins pas quand on été entouré d'humains.
- O... Océane ?Oui, pour le moment, il n'avait pas plus intelligent à dire. Enfin, au moins, il était rassuré dans un sens, il ne devenait pas fou. Sa cigarette tomba sur le trottoir, mais le Stryge ne la rattrapa, comme figé, incapable de bouger. Ses doigts toujours dans ses cheveux, il ne quittait pas la jeune fille des yeux.
- Ce n'est absolument pas ce que tu crois. Et moins fort, s'il te plais. Je suis ici depuis un mois. A tout cassé, ça doit faire un mois et demi que je suis libre. J'ai bien été enlevé... à nouveau, mais je n'ai pas pût te contacter et... sincèrement, je pensais que tu n'étais plus dans le coin. Tu à l'âge d'être à l'université maintenant, je pensais que tu serais aller voir ailleurs comment ça se passait. Je... je te demande pardon...A peine les avait-il prononcé que Willy se rendit compte que ses excuses étaient minables. Encore une fois, comme père, il n'avait absolument pas assuré. Et connaissant le caractère d'Océane, elle n'allait pas lui faire de cadeau.
- Tu as l'air en forme en tout cas.