Peut-être était-ce parce qu'il trouvait tous les repères qu'il avait tant cherché par le passé, qu'il aurait aimé avoir avec sa propre créatrice, mais Willy ne parvenait pas à s'empêcher d'envahir la vie de la pauvre Zsoka, elle qui lui avait gentiment proposer, en quelque sorte de devenir son "amie". Une autre personne pourrait pensé qu'il abusé de sa bienveillance, si on pouvait dire ça, mais en fait non. Il était tout simplement lui. Il ne se rendait pas compte que pour une personne normal, surtout pour un Stryge, c'était probablement très chiant. Bref, depuis qu'il avait retrouvé sa liberté, qu'il s'était posé et qu'il avait réussi à s'adapter à une vie plus ou moins normale, l'Amérindien, après en avoir parler avec son "amie", avait décidé de chercher quoi faire de son temps libre, et donc de se trouver des passe temps. Parce que sérieusement, ce n'était pas au McDonald qu'il allait trouvé des trucs à faire passionnant et qui lui donnerait envie de rester vivant le plus longtemps possible. Comme plan de carière, il y avait mieux. Bref, le "jeune" Stryge, s'était renseigné sur plusieurs petits choses et avait convaincu Zsoka de l'accompagner dans tous les petits ateliers "découvertes" dans lesquels il s'était inscrit.

Quand il était allé la chercher ce soir là, Willy avait réussi à la faire entrer dans la salle de sport, après l'avoir tirer par le bras quand même, pour ensuite rejoindre les salles à l'étage, où il y avait les cours qui l'intéressait. Enfin, c'était une bien grand mot, mais tout du moins, ça avait l'air intéressant. Et il se doutait que s'il disait à la légiste que ce que s'était, elle serait partie en courant. Ou au plus simple, elle lui aurait claqué la porte au nez en apprenant ce qu'il voulait lui faire faire. Rapidement, l'Amérindien se tourna vers son amie en s'attachant les cheveux, après avoir lâché son bras, un petit sourire aux lèvres et sa meilleure mine de chien battu pour qu'elle reste.

- Tu te souviens ? Tu m'as promis que tu m'aiderais. Et que tu étais d'accord pour m'accompagner, quoi qu'il arrive, n'est-ce pas ? Alors, sois ouverte d'esprit. D'accord ? S'il te plais ?

Marchant à reculons vers la porte de la salle où ils devaient aller pour avoir un œil sur elle, le plus jeune des Stryges appuya sur la poignée, et lorsqu'il se tourna pour entrer dans la salle, ce fut un déferlement de couleurs, de population et d'une odeur très particulière de sueurs et de renfermement envahit son nez ultra sensible. C'était un cours de Tango dans lequel Willy s'était inscrit, mais il avait été persuadé que ce serait un cours privé, ou en petit comité. La déception était grande. Mais aussitôt, il se tourna vers Zsoka, haussant les épaules.

- Surprise ! On va faire de la danse ! Du Tango. Je sais, la dernière fois, c'était de la boxe qu'on a fait mais... bon, c'est bien de voir tous les domaines, non ? S'il te plais, ne pars pas... J'ai vraiment, vraiment besoin d'une partenaire de danse...

Là, tout de suite, Willy craignait vraiment qu'elle ne parte en courant et qu'elle le laisse en plan pour... toutes les autres fois. Mais il n'eut pas vraiment le temps de réagir que le professeur de Tango, dans une tenue improbable venait à leure rencontre !

- Ah, vous voilà mes bichons ! Willy et Er... Eb... Zsoka, c'est bien ça ? Soyez les bienvenues ! J'espère que vous êtes habillés bien confortable, on va bientôt commencer ! Allez vous installer !

Willy se retint de sauter de joie, mais le cœur y était. Et puis, sans doute que Zsoka ne serait pas forcément ravie de le voir se mettre à sauter comme un con alors qu'elle pourrait le planté à tout moment. Sauf que quand elle alla s'installer en lui intimant de ne pas lui marcher sur les pieds, le "jeune" Stryge haussa un sourcil. Puis baissa le regard sur les chaussures de la brune.

- Même si je saute à pieds joint sur un des tiens, je ne suis pas sûr que tu sentes quoi que ce soit, mais soit, je ferais gaffe. Toi, en revanche, essaye de ne pas marcher sur les miens. J'ai pas des bottes militaires moi.

S'installant donc aux côtés de sa revêche partenaire de danse, l'Amérindien retira sa veste qu'il posa sur un banc pas loin et releva les manches de la chemise à carreaux noirs qu'il portait. Niveau pantalon, ne pensant pas qu'il fallait une tenue quelconque, il avait enfilé un jean noir étroit, peu souple, et déchiré au niveau des genoux. Quand on les regardait tous les deux, et tous les autres "élèves" du cours avec leur survêtements flashy et fluo, ou d'autre encore dans les tenues "traditionnelles" de Tango, un peu comme le prof, Zsoka et Willy faisait sacrément tâches. Le plus jeune des deux compères testa la souplesse de son jean en s'étirant un peu, mais il dût se rendre à l'évidence, s'il tirait trop dessus, il y aurait plus que des trous aux rotules. Donc mieux valait pour lui faire attention.

Son regard se posa sur son amie qui faisait toujours visiblement la tronche, mais avant qu'il n'ait pût dire quoi que ce soit, le professeur se mit face à ses élèves, visiblement trépignant d'impatience. Avec ses moustaches, son pantalon ultra moulant au niveau de l'entrejambe et les froufrous de sa chemise, il faisait pensé au Stryge à une vieille marionnette que Fall, la Faë qui l'avait séquestré, conservait et chérissait beaucoup. Un petit frisson d'angoisse parcouru son dos l'espace d'une demie seconde.

- Bien, mes petits chous, je vous demande d'accueillir chaleureusement nos deux nouveaux amis, Zsoka et Willy. Espérons qu'ils resteront avec nous longtemps ! dit ce monsieur en applaudissant dans ses petites mains recouvertes de bagues clinquantes, faisant ainsi se retourner toute la salle sur eux. Bien, maintenant, je vous demanderai de vous mettre un couple, nous allons revoir les pas de la dernières fois. Allez, allez !

Avec un petit air désolé, Willy se mit donc face à son amie et passa un bras autour de sa taille, prenant, sans vraiment lui demander son autorisation, sa main, pour respecter à la lettre la position que demander le professeur Tango, dont il faisait une démonstration avec sa propre partenaire, avec la même tenue ridicule et une grosse fausse rose dans les cheveux. Ridicule. Mais lui il n'oserait pas porter ce genre de chose. Enfin, s'il était une femme.

- Je suis vraiment, profondément désolé. Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça. Au final.. tu as le droit de me marcher sur les pieds. Mais, peut-être que ça sera intéressant quand même.

En vérité, il avait vraiment très peur qu'elle soit tellement en colère après lui alors qu'ils venaient clairement de se faire remarquer, que tout le monde les observait du coin de l’œil. Zsoka était sa seule amie, il n'avait franchement pas envie qu'elle le laisse tomber à cause d'un choix d'atelier malheureux. Surtout que jusqu'à présent, ça n'avait absolument rien donné. Si ce n'était quelques tranches de rires et de ridicule.

Non, il n'avait pas l'intention de se démonter pour si peu. Et même s'il ne savait absolument pas ce qu'il devait faire, Willy avait toujours été un bon élève, il savait que ça ne poserait pas de problème, l'apprentissage des pas. Cela dit, il lui fallait un petit - vraiment petit - laps de temps. Souriant à la première remarque de son amie, il s'abstint de commentaire, étant de toute façon bien d'accord avec elle. Ces gens, non pas ceux en costumes traditionnels, mais ceux qui portaient des couleurs qui faisait saigner les yeux, ceux qui en plus leur jetaient des regards supérieurs, sans doute pour la simple raison qu'ils étaient là depuis longtemps à suivre ce cours. Est-ce que c'était utile et est-ce qu'ils avaient moins l'air ridicule en dansant qu'en étant statique ? Bref, ces gens là étaient vraiment des sujets de sociologie, le plus jeune des Stryges était vraiment d'accord. Entendant la musique se mettre en marche, l'Amérindien tourna la tête vers le professeur de Tango, un peu paniqué parce qu'en écoutant parler sa partenaire de danse, il n'avait pas du coup écouté ou regarder ce que le moustachu avait dire. Et en plus Zsoka lui faisait justement remarquer que c'était lui qui devait être attentif, puisque c'était son idée. Et merde, merde, merde, merde ! Quatre fois merde ! Oui, le compte y était. Enfin, il lâcha un petit commentaire du genre :

- On  apprend rien en boîte... À part qu'il ne faut pas laisser son verre sans surveillance et qu'il ne faut pas mettre ses mains n'importe où. Et qu'il ne faut pas croire les gens sur parole.

Ça sentait le vécu ? Oui, tout à fait, la première, et dernière fois, que Willy était allé en boîte, il avait fait absolument tout ce qu'il ne fallait pas faire, ayant pris plusieurs drogues diverses, qui le rendirent fou pendant une petite dizaine de minutes, à tout casser, avant qu'il ne reprenne ses esprits et il s'était retrouvé au cœur d'une bagarre. Comme quoi, si, il apprenait des choses en boîte, mais ce n'était pas ce qu'il voulait. L'ambiance des boîtes de nuit ne lui plaisait vraiment pas. Willy parvint cependant à reposer son attention sur le moustachu de professeur et fit avancer son amie, enfin, la fit reculer d'un pas, en collant sa chaussure à la sienne et forçant un peu dessus. Au moins, elle ne pourrait pas lui reprocher de lui avoir marché sur les pieds. Mais le travailleur en fast-food fut totalement subjugué par le jeu de jambe de la partenaire du prof, bien qu'elle ait été prise d'une fantaisie qu'il ne comprenait pas en prenant l'hideuse fausse fleur dans ses cheveux pour la mettre entre ses dents. Ouah ! Elle dégageait une de ces... bon, là, tout de suite, l'Amérindien ne parvenait pas à dire exactement ce que cela lui évoquait, mais il appréçiait. Il posa d'ailleurs les yeux sur cette femme, qui avait quand même un peu le regard d'une folle, puis sur Zsoka. Puis de nouveau sur la femme. Et une dernière fois sur Zsoka. Il n'y avait vraiment pas photo.

- C'est trop classe ce qu'elle fait ! Tu veux pas faire pareil ? Vas-y, essaye. Juste pour moi ! S'il te plais ! murmura Willy en faisant la moue, avant de resserrer plus fermement sa prise sur sa partenaire. Je sais que je t'ai amené de force par ici, mais s'il te plais, tu veux bien sourire un peu ? Et... détends toi, ils ne font pas te manger. Contrairement à nous.

Là, concrètement, le Stryge venait de risquer quelque chose de gros, surtout qu'il avait affreusement peur que Zsoka s'en aille pour ce qu'il avait dit, mais il voulait avant tout la convaincre de faire un tout petit effort, qu'ils profitent vraiment de cette activité. Enfin, qu'elle le laisse surtout en plan et n'ait plus jamais la patience de lui accorder du temps. Cependant, Willy se concentra de nouveau sur les pas de la chorégraphie, ne faisant d'abord pas attention à sa partenaire, histoire d'appréhender cette gymnastique avant de ne faire des conneries. Sauf que justement, même en étant avec son amie, sa chance n'était absolument pas avec lui, l'avait-elle jamais été de toute façon ? Il se cogna aux autres danseurs autour de lui, entraînant ainsi Zsoka avec lui, ce qui lui valut plusieurs regards noirs, qu'il essayait de calmer avec des "pardon" et "excusez-moi".

- Mes chéris, ça ne va pas du tout. Zsoka, Willy, venez à côté de nous, nous allons vous montrer, lança le professeur de Tango en arrêtant la musique et en se mettant sur la pointe des pieds pour les voir. Et vous ne blesserez personne comme ça.

Penaud de se montrer si maladroit au grand jour, Willy baissa la tête, gardant sa main dans celle de son amie Stryge dans la sienne, s'en voulant vraiment, à lui et à sa maladresse et sa poisse chronique qui ne voulaient visiblement pas lui ficher la paix, même en pareille circonstance. Pourtant, la danse, il avait vraiment envie d'apprendre, souvent en pleine nuit, ou juste tard le soir après avoir débauché, il se perdait sur les quelques chaînes musicales qu'il trouvait et restait hypnotisé par les danseurs, quand il y en avait et par leurs performances filmées. C'était d'ailleurs pour ça, qu'il avait absolument tenu à faire du Tango, mais bref. L'Amérindien releva la tête d'abord en direction de Mr Moustache, puis de sa partenaire, qui semblait visiblement enfin se détendre un peu et rire de la situation, du moins, de prendre les choses plus en légèreté, et oublia rapidement ses problèmes de maladresse et de chance. Il suivit donc Zsoka jusqu'aux côtés du professeur de Tango, restant bien droit, assumant parfaitement d'être là. Ou presque. D'ailleurs, à la remarque de la vieille Stryge il eut un petit rire avant de faire une révérence légèrement exagérée qui lui valut de se retrouver avec les cheveux sur la gueule.

- Je suis un sauvage voyons, dans tous les sens du terme. Mais je vais me ressaisir pour ne pas briser l'image de jeune demoiselle en fleur qu'est la tienne, sourit-il en relevant juste un peu les yeux vers elle avant de reprendre donc sa position.

Après un petit signe d'excuse en direction de Mr Moustache, comme pour approuver ce que sa partenaire disait, Willy prit une profonde inspiration et reposa ses mains une sur sa hanche, l'autre dans le bas de son dos, la rapprochant de lui, exactement comme leur modèle le faisait avec sa partenaire, histoire de montrer qu'il était bien plein de bonne volonté, malgré les regards sur eux, et particulièrement sur lui qui semblaient beaucoup plus méfiants, et beaucoup plus noirs. Sans doute parce qu'ils lui en voulaient, et le soupçonnaient d'avoir fait exprès de les percuter ? En tout cas, ils lui étaient hostiles. Et Willy était particulièrement concentré sur ce qu'il faisait, pour essayer de reproduire les bons pas, mis un certain temps à réaliser que son amie lui avait parlé, et donc, qu'il devait lui répondre.

- Dans un siècle, on célébrera ça en riant et en refaisant cette coré... Mais je te rassure, on ne reviendra plus... J'ai bien peur que ça ne soit pas fait pour mes deux pieds gauches cette histoire.

Le "jeune" Stryge reposa ensuite la tête vers le professeur, qui les zyeuter un peu trop souvent à son goût. Ils étaient relativement à distance d'eux, donc les mocassins, ou peu importe ce que c'était que Mr Moustache portait, ne risquaient absolument rien, pas plus que leurs corps qu'ils semblaient chérir autant. Ils n'allaient pas recevoir des coups, même si l'Amérindien faisait de très grands gestes, ses bras n'étaient pas élastiques non plus. Mais pendant que justement son attention était détournée, l'Amérindien se rendit compte qu'il marchait sur les pieds de son amie. En le réalisant, il se recula aussitôt et la lâcha, encore plus penaud que quand il était rentré dans les gens. Zsoka était bien plus importante que des abrutis en lycra et fluo.

- Pardon, excuse moi ! Enfin, je pense pas que tu ais dû sentir grand chose, mais pardon quand même !

Sauf qu'en reculant, sans faire attention, Willy était rentré dans un autre danseur qui se mordit la lèvre au moment de l'impact. Et le sang coula. Pas à flot non plus, mais ce fut largement suffisant pour l'Amérindien qui tourna la tête vers lui, automatiquement attiré par l'hémoglobine.