On pouvait avaler un demi-litre de sang avant de tomber malade. || Themis

Je suis arrivé(e) le : 22/07/2016

On pouvait avaler un demi-litre de sang avant de tomber malade.

All my friends are heathens, take it slow...

Elle est futée.

Pour son âge.

Elle laisse transparaître dans ses dires des vérités que j'avais mis des décennies à comprendre. A son âge, j'étais... Enfin, ce n'est pas ça qui m'importe. Elle avoue de nouveau que je lui plais après tant de manières expliquant qu'elle n'était pas très portée sur les règles malgré avoir dis plus tôt qu'elle était bien dressée. Peut-être que c'était ce qu'elle recherchait tellement. Le frisson de l'interdit, le coup de fouet qui suit. Je n'avais pas de mal à l'imaginer portée sur des pratiques douteuses. Elle n'hésitait pas à mentionner mon penchant à faire tremper les morveuses comme elle au détour d'une métaphore des plus élégantes.
Elle me fait bien rire, mais plus vraiment par moquerie, non, simplement parce qu'elle a le même goût pour le jeu et la mise en scène que moi. Dire que je souhaitais une soirée riche en amusement, j'étais servi. Et copieusement. Je vois Themis rivaliser d'audace et d'acrobaties pour grimper sur un toit et disparaître dans l'ombre. La rue est déserte, la nuit calme. Seul mon rire transperce ce silence de mort tandis que je reprends ma route en direction des petites ruelles adjacentes à l'abattoir. Je marche doucement, essayant de distinguer le moindre bruit, la moindre ombre qui trahirait la présence de Themis. J'avais du mal à croire qu'elle pouvait se calmer si facilement et abandonner cette partie de cache-cache simplement pour aller trouver une proie moins agaçante.

"Tu veux jouer, pas vrai? On va voir ce que tu vaux hors d'une cage, ma jolie."

S'il y avait quelqu'un dans les parages, j'allais passer pour un fou. S'il n'y avait personne, j'en étais réellement un.
Je remonte ma capuche sur mes cheveux en jetant mon mégot dans le caniveau. Je fais craquer ma nuque, mes phalanges, et je remue tranquillement les épaules avant de me mettre à courir comme un dératé. Je ne fuyais pas, ou peut-être que si. Quoi? Je n'en savais trop rien. Je voulais simplement m'amuser, tester mes limites, et surtout celles de Themis. J'ai des billets plein les poches, de la fumée dans les poumons, mais je n'ai jamais été aussi endurant de toute ma vie. J'ai la chance d'avoir toujours été sportif et d'avoir su faire attention à ne pas me muscler simplement par désir esthétique. Je n'étais pourtant pas du genre à m'exhiber dans une salle de sport, simplement à faire ma part de mon côté par intérêt personnel. On sous-estime l'importance d'une bonne mise en scène. Que votre milieu soit tout en haut de la société ou bien tout en bas, l'importance est la même. On ne laisse transparaître que ce que notre apparence permet de montrer. C'était con, mais un tatouage par là, des épaules dessinées par ci, et des bagues à l'envers, c'était un signe annonciateur de défaite. Personne n'a peur d'un petit gringalet à lunettes, même s'il est entouré de gros bras et de biftons à volonté. Parce que tout le monde sait qu'une fois seul, il ne vaut plus rien. Il peut se faire briser comme une allumette. Ah, j'en avais fait flipper des clients avec un bon coup de bluff, mais aucun n'avait voulu se venger en tête à tête parce que j'en imposais. Je ne faisais pas deux mètres, je n'avais pas 100 kilos de muscles brutes, et je ne pouvais pas me vanter d'avoir brisé un homme rien qu'à la force de mes doigts. Mais, j'avais eu ma réputation et l'allure qui allait avec.
Themis, elle avait cet air de petit animal chétif. Mais en y regardant de plus près, elle avait un regard à faire froide dans le dos. Des iris étranges et captivants auquel je pensais encore en courant entre les ruelles. Elle avait une aura si spéciale, si singulière. Son apparence me semblait en total décalage avec ses dires et son attitude. Mais le personnage général dégageait une harmonie toute particulière qui me plaisait assez. C'était un vrai fantasme, à sa manière. Et au fond de moi, j'espérais joyeusement qu'elle ne peinait pas à me suivre et qu'elle me rattraperait vite.

Ou que moi je la rattraperais.

Je cours encore et encore, je ne reconnais même plus les rues. Je m'en fous. Je passe par derrière des grillages, des ordures, dans des flaques de pisse et de pluie. Par endroits, l'odeur est vraiment immonde, et le silence rend ma course comparable à celle des héroïnes de slashers en proie à leur maniaque. Les rôles semblent inversés, c'est une gamine à peine adulte qui court après le grand méchant loup dévoreur de ces dames.
Quand je m'arrête enfin, je suis face à un mur. Ne connaissant pas le moindre bâtiment ici, je n'avais pas prévu de tomber face à une impasse, comme une victime égarée. Je rebaisse ma capuche, entamant tranquillement un demi-tour. On dirait que j'ai couru plus loin que prévu, plus longtemps aussi. Je suis essoufflé mais pas encore épuisé. Je sens mon myocarde qui s'agite contre ma poitrine, au rythme de ma respiration. Je relève mes cheveux d'une main en contournant un immeuble pour sortir de la voie sans issue. J'inspire avant de lâcher un profond soupire.

Sacrée soirée...

I want to swallow a pint of blood. #dantexthemisIl a filé, et elle aussi mais la nuit portait la promesse d'un nouveau jeu et Themis réalisait que Dante était un joueur avec le risque dans le sang. Elle aimait ce genre de comportement, elle-même si terriblement accro à l'adrénaline qu'une vie à rester sur la parallèle de la bienséance n'avait jamais été son violon d’Ingres. Elle lui tournait le dos pour mieux le poursuivre, le quittait pour mieux le retrouver. Cette idée agitait de frissons délicieux le moindre de ses muscles tandis que la Berserker se hissa sur un point en hauteur pour guetter son comparse de la nuit. Non, ce n'était pas une victime : ce type-là n'avait rien d'une proie. Quel genre de jeu lui proposait ce drôle de type ? peut-être n'y avait-il rien à la clef mais l'albinos s'en fichait : c'est le voyage qui est chargé de frissons ; une fois la chose faite ou attrapée, tout ça n'a plus de saveur. Le rire de l'homme lui parvint, à travers le vent chaud et calme et la jeune femme se laissa aller à sa plus franche hilarité en écho à Dante. Show time ; tous les deux étaient des adeptes de la mise en scène et elle ne se fit pas prier pour le laisser détaler. Dante n'était assurément pas un lapin. Ce type courrait bien trop vite après avoir marché si lentement, déjà disparu dans les ombres. Elle-même ne fit aucun bruit et pour cause : elle ne se déplaça pas.

Depuis son perchoir, l'Animal est aux aguets : il hume l'air du soir et ses fragrances chaudes d'ordures et de fumée froide. Il hume le vent, la bouche ouverte, les pupilles étrécies au point de devenir de simples têtes d'épingles dans un océan d'un bleu banquise. Ratel grogne en elle, même pour jouer. Il a envie de mordre et elle aussi mais une autre envie lui chamboule le systèmes digestif en cet instant et accroupie les mains sur le sol, elle attend que l'homme prenne de l'avance. Ils ont bien le temps, sinon le jeu n'aura pas la même saveur. Themis tire sur son t-shirt pour le renifler profondément : au niveau de l'épaule, l'odeur des grandes mains de Dante est imprégnée ; elle la sent avec ces sens qui appartiennent tout autant à Ratel qu'à elle-même, ces sens aiguisés de chasseur. Il sent si bon. Ça l'affole. Il sent l'homme, la cigarette, la sueur. Elle inspira la fragrance, se saoule de son odeur de longues minutes en se souvenant de cette odeur de vieux que portait le professeur Tillinghast ; Dante a une odeur plus moderne, plus virile. Et ça affole ses sens animaux. La gorge de l'albinos se gonfle d'un rugissement étouffé, qui n'a rien d'humain, et elle part en courant. Cette putain d'odeur. Elle l'adore déjà. Il sent bon, si bon.... elle a envie de le retrouver pour le renifler autant qu'elle le peut, caler sa tête sous son bras, sentir ses vêtements, chercher du museau contre le tissu comme un animal curieux ; cette putain d'odeur la prend à moitié dingue.

Chacun joue probablement avec un feu qu'il ne connait pas. Dante la provoque, elle l'entend au loin, pistant son odeur corporelle qu'elle a imprimé au fer rouge dans sa petite caboche. Elle-même ignore s'il est humain ou fait parti d'un autre règne, plus noble, comme elle aime à le penser. Il veut voir ce qu'elle vaut hors de la cage. Son esprit explose, et elle n'est plus Themis. Ratel la consume dans une harmonie qui leur est propre, la guide au travers des obstacles. Dante court plus vite qu'elle. Il ne se fatigue pas. Elle espère tant au fond d'elle-même qu'il n'est pas un de ces débile d'humain. Donne-moi du sport, Dante. L'albinos a du mal à penser, se laissant tomber du toit pour sauter un grillage comme un chien enragé, la bave aux lèvres, retombant de sa chute calculée dans un tas de poubelles bienvenues. Ses veines bleues se gonflent sous sa peau fine et livides sous l’effort et derrière ses lèvres épaisses, ce sont des dents pointues, des crocs, qui luisent. D’instinct, ses avant-bras se sont légèrement recouverts de fourrure blanches et noires, partant du coude jusqu'au poignet. L'instinct de la bête de chasse. Trente-trois. C'était son vrai titre de naissance. Trente-troisième. Elle ne reçut Themis qu'en cadeau pour son treizième anniversaire. La voix du vieux Pretorius résonnait souvent dans son crâne quand elle chassait : "trente-trois, attaque", "trente-trois, cherche et tue", juste avant un cinglant coup de canne sur son dos ou ses flancs. Et en ces instants joueurs dans la chaleur de la nuit, l'albinos redevenait un numéro car elle n'était pas libre : elle était enchaînée par ses instincts survivant par eux. Le vieux lisait souvent du Sade, et lui disait que l'Homme est ligoté par ses noirs instincts, mais que c'est par eux qu'il survit. C'était tellement ça. Trente-trois, qui n'a pas de nom ni de parents ni même d'histoire ou de vie personnelle. Trente-trois, qui n'est qu’un animal dressé à la chasse.

Le bruit d'un grillage, l'odeur qui se rapproche. Themis est à la traîne mais elle suit sa nouvelle obsession sans faillir. Elle cherche. Elle chasse. Elle traque et elle trouve. C'est un chien d'arrêt aux trousses de Dante, mais cet homme n'est pas une proie. Peut-être est-ce lui qui est aux trousses de Themis mais la petite ne s'en rend pas compte. Elle est revenu un numéro. Elle cherche et elle trouve. La pluie d'il y avait quelque heures avait fait remonter des odeurs rances de pisse et d'autres immondices, rendant le pistage plus ardu mais elle avait les sens clairs de Ratel pour la mener au but de ses désirs, le front couronné de sueurs âcres. Déjà, son visage avait perdu de ses ecchymoses et ses plaies guérissaient, restaurant un faciès qui aurait du être angélique mais qui se disputait entre hominidé et mustélidé, en cet instant. Cette putain d'odeur lui vrille les sangs. Elle doit le retrouver, elle doit fourrer son museau contre lui, sous ses vêtements, pour se saouler de cette obsession nouvelle. Elle n'est plus ni Themis, ni Ratel : ils sont deux, jamais séparés. Ils chassent de concert le grand homme. Ils sentent dans l'air d'odeur de ses cheveux.Ils entendent son lourd soupir. Ils le cherchent, dans les ombres de la ruelle adjacente, accroupis les mains au sol. Ils attendent, ils espèrent ; ils ont hâte. Dante approche, contournant le bâtiment. IL va passer devant la ruelle. L'odeur devient plus forte. Bon sang, cette odeur...

"Trouvé, tonton", murmura Themis avec une voix plus grave qu'elle ne l'avait d'habitude, la diction un brin gêné par ses dents inégales et pointues sous ses lèvres épaisses, "ton odeur... laisse-moi la renifler sur toi."

Elle était une petite forme accroupie masquée par les ombres d'une vieille ruelle dégueulasse devant laquelle il passa ; les deux ne furent qu'à quelques centimètres, et la Berserker avait une lourde respiration d'animal aux aguets, tous les sens excités par le jeu. Son souffle était sifflant, ressemblant plus à celui des animaux qui grondent sous l'effort. Même sa position avait quelque chose d'étrange et elle ne sortit pas de l'obscurité, ses yeux luisants d'amusement rivés sur Dante qui passa. Bien sûr qu'elle ne douta pas qu'il allait continuer son cirque. Sinon quel aurait été l'intérêt de jouer, de bluffer. Elle essuya d'un brusque revers du dos de la main de la bave qui coulait de sa bouche. Dante n'avait pas l'air essoufflé ; merde, ça allait être grandiose ce soir, avec lui.

"Tu n'as pas dis ce que tu pariais."
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On pouvait avaler un demi-litre de sang avant de tomber malade.

All my friends are heathens, take it slow...

Elle veut me sentir...

Themis est bien loin des femmes que j'ai pu croiser dans ma vie, à mille lieux de mes proies de prédilection. La mordre ne me viendrait même pas à l'idée, elle ne mérite pas ça. Je n'avais pas de sentiments en temps normal, je me fichais éperdument des victimes choisies. Je ne regardais chez elle que leurs courbes, leurs veines, leur sex-appeal. Je voulais seulement mordre dans de la chair tendre, profiter d'un instant avant de sortir les crocs pour toucher, sentir, et profiter d'un corps nouveau comme d'une nouvelle œuvre d'art à découvrir sous mes doigts. Je voulais une nouvelle possession chaque soir, un goût nouveau dans la bouche, un toucher différent, une senteur que je ne connaissais pas encore. Je voulais être hanté par une présence neuve, qui ne se flétrirait jamais à mes yeux.

Je veux me sentir vivant.

En cela, Themis et moi, on est pareils. Identiques dans l'envie viscérale de trouver ce après quoi on court tant. Pour elle, visiblement, c'était mon odeur qui l'appelait et l'attirait à moi. Je n'avais pas la prétention de penser que j'avais quelque chose de différent des autres dans mon odeur. Et je n'étais pas certain que les Stryges avaient des qualités odorantes particulières. C'était juste une sorte d'alchimie bien tombée pour elle, surprenante pour moi.
Themis avait un goût de déjà vu, me laissant un sentiment de l'avoir déjà croisée alors que je ne me rappelais pas un jour avoir vu une telle apparition. Je savais que je la rencontrais pour la toute première fois, mais je ne me sentais pas devant une présence nouvelle, pas face à une personnalité dont j'ignorais tout. C'était une sorte de coup de foudre, sans mystère, sans secrets, et surtout sans amour. La meilleure des relations qui soit.
Je reste à une certaine distance, méfiant tout de même. Je doutais qu'elle soit une stryge et qu'elle en veuille à mes veines. Mais je rencontrais chaque jour de nouveaux morts-vivants ici. Je ne serais pas plus étonné que ça si elle se révélait être dépendante du sang des humains. Et après cette soirée dans la cage, je l'imaginais tout à fait maculée du sang d'un autre.

"Qu'est-ce que tu voudrais de moi, trésor?"

Je lui souris, encore amusé face à elle. Elle me serait utile pour les paris du fightclub clandestin, ce serait un bon moyen de me remplir les poches et elle n'avait pas l'air de détester cette situation. Me servir d'elle ne me poserait pas le moins cas de conscience, et j'étais certain qu'elle adorerait cette situation, ne serait-ce que pour avoir un public reluquant ses moindres actes et des os à briser.

"Un lit pour la nuit? Ou plutôt la passer avec moi?"

J'élargis mon sourire à cette dernière proposition. J'ai le sentiment de me vendre, mais je sais que ce n'est pas le cas. C'est un pari idiot, sans aucune valeur, sans intérêt. Pour moi ça ne représente rien, qu'une soirée banale qui ressemble à toutes les autres et s'enchaîne au milieu des autres maillons de cet ensemble.

Themis ne serait rien d'autre qu'un anneau de plus ajouté à ma collection.

"Au fond, qu'est-ce que tu cherche en me courant après? Je te fais peur? Je te fais de l'effet? Tu crois que je vaux mieux que ces gros cons dans une cage? T'as dit toi-même que tu pouvais facilement aller voir ailleurs. Et je t'ai clairement dit que j'avais d'autres choses à foutre que toi. Alors quoi? Tu veux qu'on baise? Tu veux qu'on court?"

Moi je ne sais plus vraiment ce que je veux dans cette aventure, simplement passer le temps ou comprendre ce qui mène une femme comme elle à tourner autour d'un type comme moi.

"Tu veux qu'on se batte?"

I want to swallow a pint of blood. #dantexthemisLa course n'avait fait qu'attiser ses envies, plutôt que de la fatiguer. Quand elle était accrochée à une idée, il sourdrait une énergie infernale de Themis et ce type-là, elle n'allait pas le lâcher aussi facilement. Ce n'était pas tant qu'elle avait une idée figée sur lui mais le jeu qu'il lui avait proposé avait le mérite de lui rappeler que ce type avait des couilles et des fous furieux comme ça, l'albinos en avait bien peu croisé. Elle était certes jeunes mais avait passé son adolescence dans un établissement carcéral pour meurtre : les délinquants de là-bas ne sont que des enfants turbulents comparés aux prédateurs des rues et la jeune fille savait reconnaître un audacieux quand il se présentait. Il ne fallait pas être si perspicace que ça : c'était simplement une envie jumelle de jouer avec sa vie et celle des autres qui les liaient en cet instant. Dépasser les limites qu'on avait établi pour eux, qu'ils s’établissaient parfois tous seuls. Dans les ombres gigantesques de la ruelle, l'idée de se retenir la rendait malade. La frustration faisait d'elle une bête assoiffée, agitée de pulsions qui remontait le long de son échine en délicieuses ondulations pourtant presque douloureuses. Une sensation d'os qui se brise dans son propre corps lui arrache un gémissement et elle se maîtrise à peine pour ne pas laisser Ratel la submerger et entrer en Fureur. Dante reste à distance, et elle fait de même. Peut-être la jauge-t-il, ou se moque-t-il simplement d'elle. Themis ne sait pas, mais dans son coin de ténèbres, sa voix est grave et sifflante ; elle n'a pas l'air normale.

Accroupie, les mains au sol, la Berserker ne bouge pas car elle préfère demeurée cachée. Son corps est si dangereusement proche de la Fureur qu'elle ne se montre pas à lui, se sentant déjà partir dans un entrechoquements d'os et de tendons que Dante entendrait surement ; au diable tout ça. Elle siffle entre ses dents pointues, marchant presque à quatre pattes le long du vieux mur. Elle-même le jauge et sa pensée se fait verticale, animale. Lui sourit dans la nuit, elle n'y parvient pas : sa mâchoire est comme rendue roide, des babines plus que des commissures. Elle demeure cachée et sa voix rauque répond dans un souffle :

"Tu veux quoi de moi?", elle lui retourne la question, avant de se gargariser en plaisir de l'entendre enfin parler de cette idée charmante qu'elle a, "tu sais très bien ce que je veux. Toi."

Elle est animale et humaine à la fois, Trente-trois. Elle sait ce qu'elle veut avec une précision et une insolence primaires, qui ne s’embarrasse de rien, même pas de la morale ou de la subtilité. Mais elle sait aussi que pour attirer l'homme, il faut parfois prendre des détours ; elle n'aime pas ça mais on attrape pas les mouches avec du vinaigre. Elle n'a qu'un : prendre ce qui lui plait. Elle le violerait volontiers : sa morale ne prend pas en compte les scrupules. Jadis, Themis l'avait déjà fait. Les humains ne représentent rien pour elle, si ce n'était qu'une distraction. On les frappe jusqu'à les tuer, on les abuse, on les abandonne. Ils ne sont qu'à l'envi des jouets, des outils ou des déchets. Elle avance dans la lumière, lentement ; Dante est-il un de ces déchets ? Elle ne le pense pas. Elle ne pense simplement plus.

"Je n'ai pas peur", affirme sans mal l'albinos en sortant enfin de la ruelle, "et toi, tu cherches quoi? Si tu avais autre chose à foutre tu serais directement rentré chez toi...", comment le savait-elle? "je t'ai suivi, là... tu n'as pas l'air de savoir où tu es. On sens ce genre de choses, nous."

Nous, Ratel et elle. Nous, les Berserkers. Dante n'a pas vraiment peur, mais il est excité par le jeu et Themis sent ça aussi. C'est dans sa nature. Elle parait devant lui avec son visage sans plus aucune plaie, comme si personne ne l'avait frappé. Avec ses dents de scie qui redevinrent normales, les molaires plates d'un omnivore. Au fond, que veut-elle? L'albinos le prend alors sans hésiter, se ruant sur l'homme pour enfouir son visage dans les plis de son sweat et renifler lourdement son odeur, ses mains glissant dans les poches arrières de son jeans pour le tenir comme elle le pourrait. Son nez cherche, cogne et heurte comme le ferait un chien, ses dents tirent sur le tissu et elle glisse sa tête sous le bras de Dante pour flairer son flanc et son aisselle, sans plus de façon. L'albinos renâcle comme un animal ; elle presse son nez contre son torse sans se soucier de ce qu'il penserait ou ferait. Elle veut le renifler, s’imprégner de son odeur : elle le fait, tout simplement.

"Je m'en tape...", elle renifle fortement, dérange le tissu du nez, "... de ce que tu vaux. Et toi, tonton, t'as envie de quoi ? De courir pendant des heures ?"

Il lui proposa de se battre et le Ratel en elle grogna, mauvais. Elle atrappa le bout du sweat de Dante et tira dessus de colère, manquant de le déchirer. Elle gronde sous la provocation, la tête encore pleine des images de sang et d'os brisées des dernières minutes. Surement cherche-t-il à tester... soit elle, soit lui-même. Elle n'est pas en colère. Le Ratel est un animal teigneux, toujours près à se battre. Toujours.

"Tu veux te battre ?", demande-t-elle comme une confirmation, ses crocs toujours plantés dans son sweat, ses mains tirant sur la ceinture de son pantalon non pas comme une invite, mais simplement pour le chahuter avec agressivité, "j'ai pas d'intérêt à me battre avec toi mais si tu veux qu'on se casse quelques os, c'est okay."

Son visage n'avait plus aucune plaie, aucune ecchymose et son regard était celui d'un chien fou qu'il aurait mieux valut abattre sur le champ. Cet homme n'était pas un humain, Themis en était presque persuadée : aucun type sain ne l'aurait provoqué en ayant été témoin de sa rage. Alors soit cet homme était un non-humain, soit il était complètement con.

Cela ne changerait pourtant rien au fait qu'elle allait en faire son affaire ce soir, même si elle devait jouer toute la nuit pour cela car la pisseuse est tenace.
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Je suis arrivé(e) le : 22/07/2016

On pouvait avaler un demi-litre de sang avant de tomber malade.

All my friends are heathens, take it slow...

Elle est suicidaire.

Ce n'est pas de l'inconscience, c'est purement et simplement des envies de mourir. Je ne conçois même pas qu'elle puisse m'imaginer comme incapable de lui mettre une raclé, la pâté du siècle. Je l'ai vu dans cette cage: elle est dressée pour se battre. Mais je suis né là-dedans moi aussi. Les années bien rangé comme père de famille m'avait changé. Perdre tout ça m'avait ramené. Je me savais au moins aussi coriace qu'elle. Ce petit rat, chienne qu'elle était de se croire supérieure à un stryge.
Elle ronronnerait presque, essayant de saccager mon sweat, ma veste, ma ceinture. Tout ce qui est à sa hauteur de minable petite pisseuse. Elle me dégouterait presque. A m'appeler "tonton" comme si on était affiliés en quelques façons que ce soit. Elle et moi, jamais. Pas par peur d'y perdre un bras mais simplement pour ma fierté. Je ne me voyais pas céder face à si peu de choses. Je n'étais pas un putain de pantin qu'on peut manipuler à loisir. Elle allait vite le comprendre.
Je la vois se perdre entre les tissus de mes vêtements, cherchant mon odeur comme si elle voulait pouvoir me traquer à vie. Et c'est bien cette pensée qui me rend malade. Je ne veux pas être retrouvé. Je ne veux pas avoir de deuxième soir, de lendemain matin, et de projets futurs. Ma vie, c'est le présent. pas des rêves fous fantasmés par une gamine.

Je suis pas une connerie de rêve éveillé.

Je l'attrape par le cou et la plaque au mur bétonné du bâtiment le plus proche. Je sens déjà ma colonne vertébrale se tendre sous les effets de la colère. Cette véritable gangrène se propage lentement le long de mon épaule puis de mon bras, s'arrêtant à mes phalanges serrées autour du cou pâle de Themis. Je la fixe alors que mes yeux sont devenus noirs en un court instant traître. Je n'en savais pas plus sur cette mystérieuse capacité à ressembler de plus en plus à un monstre sous l'impulsion de ma rage mais ça arrivait de plus en plus souvent, sans jamais s'aggraver. Une chance.
Je serre assez pour la maintenir fermement, trop peu pour l'étouffer, même si j'en rêve déjà. Elle est si blême, et la lumière des lampadaires si dure, que je peux distinguer les lignes bleutées de ses veines par endroit. Je déglutis pour effacer de mon esprit la simple idée que je pourrais la mordre. Je ne savais même pas encore si elle était humaine, et je n'avais pas aimé la façon dont elle avait dit "nous", comme si une meute rodait autour de moi. Mais je m'en fichais bien. J'avais une rage qui me démangeait depuis qu'elle avait commencé à se croire chez elle dans mes bras.

"Appelle-moi encore une seule fois "tonton", espèce de garce, et je me sers de ton propre bras pour t'enculer."

Si je le souhaitais, je pouvais tout arrêter, cesser ce petit jeu. Themis allait devenir ma proie, comme une souris blanche qui vient de se faire attraper. Je voulais la faire comprendre avant toutes choses que je ne serais pas celui de nous deux à courber l'échine au moindre cri. Il me fallait tellement plus pour m'incliner, tellement moins pour les faire tous plier. Un seul coup, un seul, et je pouvais exploser un crâne humain. Deux, et le cadavre n'était plus identifiable à l'oeil nu. J'avais besoin qu'elle le sache, de la persuader que j'étais largement au dessus d'elle. Si ce n'était pas pour ma fierté, c'était au moins pour être sûr qu'elle me laisserait tranquille.
Je l'éloigne du mur, la collant de nouveau contre dans un geste violent. Je voulais lui faire du mal, la blesser. Je n'en étais pas encore arrivé à vouloir la tuer mais le seul souvenir de ses mains essayant de prendre possession de moi me faisait crisper les doigts davantage. C'était ce petit retour au goût rance qui poussait mon corps à littéralement rester de marbre pour maintenir Themis suffisamment loin de moi et du sol.

"Si j'ai envie de me barrer, je me barre. C'est pas une pisseuse qui va me violer en pleine rue ou squatter chez moi!"

Je sens la rage m'envahir, me posséder. J'ai envie de lui broyer les cervicales simplement pour entendre le bruit que ça ferait. Un son délicieux, je l'imaginais déjà. Mais... Si je le faisais, ce monstre en moi auquel j'essayais d'échapper reprendrait le contrôle. Est-ce que c'était réellement ce que je souhaitais? La dichotomie en moi ressemblait à un véritable procès. J'étais jugé pour mes vices et mon avocat ne faisait que mentir pour me persuader de continuer dans mes maudites erreurs. Est-ce que je regrettais? A chaque fois. Mais j'en mourrais d'envie soir après soir au point de ne plus savoir où était le monstre... Et où était l'être humain.
Je tremble presque avant de me décider à la lâcher. Je voulais la voir suffoquer sous mes doigts et pourtant, ma raison avait été plus forte que je ne l'imaginais. J'aurais voulu lui casser un bras mais ça aurait été me plonger plus loin encore dans mon Enfer. Je me recule un peu, mes cheveux cachant difficilement mes yeux assombris par la rage et l'envie de chair. Je ne peux pas, malgré ma haine et ma colère, je ne peux plus...

"Rentre chez toi, Themis..."

Hors Jeu : J'ai modifié le post pour coller, surtout sur la fin en fait. Pardon pour l'attente du coup, j'espère que ça t'ira quand même.

I want to swallow a pint of blood. #dantexthemis Elle avait cette envie malsaine de le tester jusqu'au bout, de voir s'il pourrait être conforme à l'image qu'elle avait envie d'avoir de lui et pour ce faire, l'albinos prenait des risques. On a rien sans rien, et aucun affrontement ne se fait sans blessure. Elle ne s'étonna pas qu'il la colle contre le mur en la saisissant par le cou, mais s'étonna de sa force brute sans élan, sans crier gare. Ce type avait une puissance musculaire à froid proprement ahurissante et ce fut la surprise qui la perdit pendant une seconde ; la seconde de trop. Ses grands yeux bleus se dilatèrent et la jeune femme accusa le choc avec le mur avec un corps cependant décontracté et non tendu. C'était son secret : amortir les chocs en n'opposant pas ses muscles, pour accuser un minimum de dégâts. La manœuvre de Dante avait été violente mais n'avait visiblement pour but de la mettre en position de faiblesse plus que de la tuer. Un geste assassin est plus rapide que ça.

L'albinos comprend la véritable nature de l'homme qu'elle avait suivi en découvrant ses yeux noirs jusqu'à la sclère, retenant un souffle.... de contentement. Même acculée, elle demeurait capable de montrer son contentement. Un Stryge... ce n'était pas un de ces mornes humains sans forces, mais une putain de Gargouille à la force surhumaine comme le docteur Pretorius lui avait parfois désigné comme cible. Les Strigoi sont des cibles difficiles à abattre, particulièrement dangereuses... et être au bout du bras d'un de ses pires ennemis était étrangement... bandant pour Themis.

Il parla et elle bu se paroles en se balançant doucement sans s'opposer à sa prise. Moins elle s'opposait, plus elle minimisait l’impact de son étreinte sur son corps. Car si Dante la serrait fermement, il ne le faisait pas assez pour l'étouffer ou mieux encore, lui briser la nuque. Simple et efficace ; pourquoi ne le faisait-il pas ? A la place, il la menace et ses paroles lui tirent un large sourire de chat, tandis qu'il la heurte à nouveau contre le mur : elle détend encore une fois son corps et absorbe le choc sans ciller, le fixant sans défi, mais sans soumission. Au lieu de saisir l'avant-bras du Stryge, ses mains tricotaient, ses pouces se glissant entre les doigts de Dante comme pour chercher vainement quelque chose.

"Ton... ton bras à toi.. m'irait aussi...", lui dit-elle.

C'est surement une provocation, mais en cet instant c'était plutôt tout simplement la vérité. Surement était-elle une garce et une pisseuse collante, mais elle n'avait pas envie de s'arrêter de jouer, même - et surtout pas - depuis qu’elle sentait le danger des plus réel. Il en avait dans le ventre, faisait partie de cette espèce qui pourrait facilement la tuer si elle était attentivement. Et, pendue au bout du bras de Dante, Themis ne tremblait même pas, même dans cette position de faiblesse où elle n'était clairement pas à son avantage. Qu'il lui fasse bien mal et qu'il la blesse, elle le lui rendrait au centuple tant qu'elle ne serait pas morte. L'albinos calcule tandis qu'il lui parle : ainsi maintenue, elle allait pouvoir gratifier ses bijoux de famille d'un coup certes sans grande force mais qui lui donnerait peut-être une ouverture ; il fallait essayer. Elle avait des fourmis dans le bas du corps à force d'être suspendue dans le vide, inactive.

Dante tremble et lâcha la jeune femme qui n'eut pas le loisir de mettre en action son geste, tombant sur le séant sans un cri. Elle inspira lourdement, son regard se relevant sur celui, sombre et tourmenté, du Stryge. Se passant une main sur la gorge, elle eut un vague sourire quand il lui dit de rentrer chez elle. Pourquoi avait-il hésité et abandonné ? Laissait-il tomber le jeu ou était-ce simplement la seconde partie ? Elle ne savait pas. Se relevant lentement en se faisant craquer les cervicales maltraitées par le Stryge, la Berserker se contenta de rester en face de lui en silence avant de hausser des épaules d'un air désinvolte. Son cou est rouge mais son visage est concentré : elle a accuser l'action de Dante sans s'effaroucher, mais... un putain de Stryge. Une machine à tuer comme cette Goule... pourquoi n'avait-il pas eu le goût d'aller au bout de ses dires ?

"Je peux mais...", elle réfléchit un instant, "t'as pas envie de trouver ce après quoi tu cours ? De te sentir putain de vivant ? C'est ce que j'essaye de faire. Le danger, soit tu l'acceptes soit tu pars la queue entre les jambes et tu vis une vie de con", elle secoua la tête et le haut du corps, "connerie. J'ai envie de jouer et de me sentir en vie, même si je tombe sur plus fort que moi et que j'en crèves", elle ajouta, "pas toi?"

C'était une vraie question, sans minauderies de pisseuse, sans parade de paon, sans arrogance. Dante lui plaisait, mais elle aurait pu se contenter de le laisser filer et de craindre ses menaces ; mais c'étaient précisément ces dernières qui rendaient tout meilleur. Ce danger à assumer, pour se sentir en vie, pour se sentir libre et capable de faire des choix. Libre de contrôler sa vie. Il y avait chez Eros et Jezabel mais dans le fond, Themis n'avait nulle part où aller. Elle n'était chez elle nulle part. Dante lui plaisait précisément parce qu'il bluffait, changeait d'avis, lui parlait doucereusement avant de la menacer. N'était-il pas un homme intéressant ? Assurément. Et ce genre d'homme, on ne le laisse pas partir sous prétexte qu'on a peur de lui. C'est le danger qui rend les hommes meilleurs. L'albinos ne voulait pas rater cette occasion.

"T'es un sacré type, Dante", lui avoua Themis, "pas parce que t'es un Stryge, non. T'es un putain de bluffer. Toi aussi, tu veux juste être libre, hein ? T'as des couilles. Vraiment."

Quand un homme lui plaisait, Themis ne reculait devant rien. Elle avait bien le temps et s'ils devaient en venir aux mains elle ne voyait pas le problème mais quelque chose lui disait que pour plaire à ce mec-là il faudrait plus qu'une multiplications de pains dans la gueule et des os cassés des deux côtés. Elle savait les pouvoirs des Stryges et s'y frottait le moins possible : ils étaient bine plus forts qu'elle. Mais la petite était tout aussi sournoise que la Gargouille et elle chercha à contourner le problème pour le prendre d'une autre manière. Autant essayer ; elle savait que si Dante filait, elle ne le reverrait jamais. Même si elle recroisait proches des cages. L'occasion était unique, peu importe ce qu'elle rapporterait. Elle aussi devait savoir parier, à présent.

Il lui donnait bien de la misère, mais c'était un jeu à présent excitant et dangereux qui jouait de plusieurs armes et instruments. Une dangereuse cacophonie.
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Je suis arrivé(e) le : 22/07/2016

On pouvait avaler un demi-litre de sang avant de tomber malade.

All my friends are heathens, take it slow...

Elle en faisait de la lèche...

Je devais vraiment l'intéresser pour qu'elle se donne autant de mal à essayer de m'amadouer. Si je n'étais pas de mauvais poil, je pourrais presque me laisser faire, juste pour me faire traiter comme un prince par une jeune femme dans la fleur de l'âge. Mais son obsession pour moi, sans que je ne l'ai souhaité, était soudaine. C'était aussi flatteur qu'énervant. Et ça n'engageait rien de bon pour moi si je n'y faisais rien.
Themis marquait cependant un point sur ma personnalité. Bluffeur j'étais et bluffeur je resterais. Peut-être que c'était ça que cherchait Themis chez moi. Voir jusqu'où j'allais pour cacher mon jeu, savoir quelles étaient mes cartes, ce que j'allais en faire.

Comment j'allais gagner.

J'étais si loin d'être en pleine possession de mes moyens. Je sentais en moi ce lion en cage qui rêvait de sortir. Non. un démon. C'était bien plus proche de ce qui m'accablait. Je pouvais ressentir ce second moi se débattre pour échapper à sa cellule.
Trouver ce après quoi je cours... Me sentir en vie... Même si j'en crève...
Lui, cet autre qui habitait la même enveloppe charnelle que moi, je savais très bien quel était le trésor qu'il suivait de près: le sang. Un simple fluide qui me rendait fou et me poussait à de regrettables gestes. Ce monstre là était impardonnable car ses actions étaient impossibles à corriger.

Il me suffisait d'une nuit pour prendre une vie quand il m'aurait fallut une vie entière pour réparer cette nuit.

Mes pupilles s'affolent, je croise les bras en portant mon poing contre mes lèvres. Je ne suis pas le penseur de Rodin, loin de là, mais j'en avais l'allure. J'aurais d'ailleurs trouvé sans mal ma place sur la porte des Enfers avec mon regard glaçant. Je relève les yeux vers Themis qui n'en démord pas et persiste à m'approcher. Mon esprit est tellement assaillit par le doute que je fronce les sourcils inconsciemment, dans une réflexion sans fin. Libre, un idéal qui me semblait bien trop loin depuis quelques semaines. Themis savait de quoi elle parlait. Elle avait du en connaître des cages comme la mienne. C'était sûrement pour cette raison qu'elle avait parue si à l'aise une fois sur ce ring improvisé. Mais moi, je n'avais pas la moindre idée d'où était ma liberté, l'objet de ma course. Je poursuivais un fantôme, je me privais de ma liberté pour rester enfermer.

Mais ça finirait par briser mes chaînes.

Et je craignais déjà ce qui allait arriver une fois que je serais libre. Themis n'avait aucune solution pour ça. Elle laissait juste le fauve sortir et jouer. Ca pouvait sans doute m'aider de me laisser aller plus souvent. Etait-ce céder à la tentation?

Nous verrons bien.

Je me repassais encore et encore ses dires pour mieux réfléchir à la situation. Elle avait tout de même deviné que j'étais un stryge. Certes, après une telle situation, ce n'était pas si difficile, mais c'était tout de même surprenant à chaque fois. Agaçant également de voir que tout le monde autour de moi en savait davantage sur ma nature. Themis était loin d'être stupide, même s'il était difficile de se débarrasser d'elle.

"J'ai le sentiment que tu vas pas me lâcher avant un moment, pas vrai?"

Mes yeux reviennent lentement à la normale tandis que je me détends. J'avais une vague idée derrière la tête. Je ne savais pas moi-même où tout ceci me mènerait mais très franchement, je n'en avais rien à battre. Themis avait retenu mon attention en une vérité : jouer et se sentir en vie, peu importe les risques, c'était meilleur que tout. Après tout, je n'avais plus beaucoup à perdre.

"Et si on officialisait tout ça, hm? Toi, tu cours après la bagarre, je me trompe? Et moi... Je cours après l'argent en ce moment. Alors, puisque tu peux plus te passer de moi, je te propose un deal."

Je me rapproche d'elle, la regardant en face pendant que je lui propose de faire affaire.

"Bats-toi pour moi. Toi tu te défoule, et moi je parie sur toi. Disons... 70-30?"

I want to swallow a pint of blood. #dantexthemisElle ne maîtrisait rien du tout, mais lui non plus et cet état de fait lui tirait de longs frissons le long de l'échine. Qu'arrivait-il quand deux partis partaient en vrille, entre colère et frustration, besoin d'espace et de concrétisation ? C'était l'inconnu. Dante lui avait prouvé, au delà de sa nature de Stryge, qu'il n'était pas le genre de mec facile qui saute la première petite conne venue qui écarte les cuisses et quelque part, cela rassure Themis. Il y a quelque chose à conquérir, et à gagner. Il y a de la patience à avoir. Elle voulait voir comment il gagne, comme il joue, comment il prend des risques. Il lui plait, mais sans le risque, les hommes sont tous des figures anonymes pour elle ; comme des cigarettes qu'on prend, qu'on tire et qu'on jette. Pourtant elle n'en démord pas : elle veut s'approcher de lui et rien au monde ne la fera changer d'avis, justement parce que c'était dangereux. Allons... on obtient rien sans prendre des risques et c'est eux, le sel de la vie. L'albinos cherche un antre angle d'approche, qui ressemblait moins à de l'attaque qu'à de la séduction. Si elle pouvait entrer, elle le ferait par la petite porte de derrière. Mais elle entrerait, même si elle doit tout ébranler d'un coup où tout faire fondre patiemment. Elle entrerait en lu, qu'il le désire ou pas.Déjà il doute, les sourcils froncés et la jeune fille sourit quand il constate qu'elle est tenace.

"Je suis du genre à savoir ce que je veux", chantonna l'albinos avec un air presque guilleret.

Elle plaisante, mais de voir les iris de Dante revenir à la normale la soulage et elle se decrispe naturellement, même si elle demeure sur ses gardes. Ses muscles roulent sous son t-shirt, et elle se craque les doigts par habitudes ; ses mains sont petites mais calleuses, pleines de brûlures et de cicatrices. Elle rit de bon cœur quand il lui parle d'officialiser, comme si le terme lui semblait étrange ou mal choisi. C'était amusant. Il devait l'avoir fait exprès. La Berserker croisa ses mains dans le dos, comme le font les vieux. Le Docteur Pretorius se tenait souvent ainsi, et Themis aimait à prendre exemple sur l'Alchimiste pour se donner de la contenance ; ou juste pour s'amuser. Alors elle le cherche un peu, car c'est dans sa nature :

"Officialiser ?", se moqua un peu Themis, "il me semble, et c'est toi qui l'a dit qu'on a pas passé de contrat ensembles."

Si elle courrait après la bagarre ? Pas vraiment, car cette dernière venait à elle toute seule comme une grande en général mais l'idée la séduisit et elle lui sourit sans rien répondre tout de suite. Il cherchait l'argent, et elle le cherchait, lui. l'idée d'imposer ses conditions la fit sourire mais elle songea à autre chose, de bien plus subtil, pour tester le Stryge. Quand il parla d'un pourcentage - surement prendrait-il le plus large, bien que ce serait elle qui trimerait - l'albinos eut un rictus de mépris non pas pour Dante, mais à la mention d'argent. Elle le laissa s'approcher d'elle, humant un peu sa délicieuse odeur dans l'air du soir avant de lui sourire et de lui tendre une main amicale sur le plat de laquelle, discret et tout petit, était tatoué un "33" en chiffres arabes.

"Je te l'ai déjà dis, l'argent n'a pas de valeur pour moi. Sitôt que la violence est intéressée, elle n'est plus gratuite et ça me branche plus. Alors garde ton fric, j'ai largement ce que j'aime quand je casse des os et toi ça t'arrangera."

Elle fit claquer sa langue contre son palais en serrant la main du Stryge, faisant un pas en arrière. L'idée de mener ce type en bateau était forte, irrésistible même : et si elle gagnait, encore et encore, puis qu'elle faisait exprès de perdre quand Dante passait une grosse mise ?

"Mais, je me demandais...", elle prit un air songeur, "je veux dire, je vais me battre pour toi, oui", elle sourit plus largement, "et si un jour je fais exprès de perdre pour te ruiner ? Tu as confiance ?"
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On pouvait avaler un demi-litre de sang avant de tomber malade. || Themis

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