Tu aimais tes jours de congés. Ça n'arrivait pas si souvent que ça -enfin officiellement car ce n'était pas rare que tu prétendes être gravement malade pour échapper au boulot. Mais malheureusement, Merry n'était pas là. Tu étais un peu blasé de ne pas pouvoir passer la journée avec elle, mais tu n'allais surement pas te laisser mourir d'ennui au fond de ton appartement. En plus, ta mère t'avait bien fait comprendre qu'elle voulait la paix pour sa réunion avec ses copines. Tu te demandes de quoi elles pouvaient bien parler et glousser comme des dindes pendant des heures et si souvent ... Peut être des réunions de sex-toys ? Brrr l'idée te glace le sang et tu quittes ton appartement en lançant un grand signe de main pour saluer ta mère qui a déjà oublié ton existence puisque avant même que tu franchisses le seuil, elle avait déjà mis sa musique orientale à fond et chantait avec sa voix de canard en remuant le ventre comme si elle n'avait jamais enfanté. Burk. Tu espérais intérieurement que jamais ta future femme -Merry et son visage de poupée s'impose dans ton esprit contre ta volonté et tu souris un peu niaisement- ne se laisserait aller comme ta mère. Mais tu ne t'inquiètes pas trop, les femmes Djinns étaient des boulets dans leur genre, donc tu les évitais sciemment depuis toujours.

Tu te mets donc en marche vers le centre ville pour flâner un peu et trouver quelque chose à faire. Tes pieds nus et ta barbe ornée de petits anneaux d'or attirent toujours les regards des badauds mais ta carrure dissuade toujours les couillons qui pourraient avoir envie de te chercher des noises. Tant mieux dans un sens, tu es plutôt une bonne pâte mais faut pas pousser mémé ! Tu arrives rapidement dans une galerie marchande où tu flânes un peu en regardant les devantures des magasins. Finalement, ton regard se pose sur une boutique BCBG pour femme, assez classe. Tu entres, ignorant le regard désapprobateur -voir dégoûté- de la vendeuse quand elle voit que tu n'as pas de chaussures, et arpentes les rayons dans une quiétude absolue -ouais, la morue s'est pas troué l'cul pour venir te demander si tu voulais quelque chose, à croire que tu dérangeais ! Tu repères une robes, magnifique, blanches avec des imprimés, très sobre, très chic, très classe. Alors ton instinct de voyeur Djinn prend le dessus et tu décides de voir qui donc pourrait bien craquer pour le modèle. Tu t'assures bien que personne ne te regarde, regard panoramique à 360° avant de te transformer.

Le temps passe différemment sous une forme d'objet, du coup, tu ne sais pas vraiment combien de temps tu es resté là, sur ton cintre, à attendre qu'on vienne t'admirer, te choisir, t'essayer et t'acheter. Tu avais surement du piquer un petit roupillon dans la bataille quand finalement, une silhouette joyeuse se plante devant ton portant. Une jeune femme, aux traits asiatiques, un immense sourire sur son visage de porcelaine, l'air très enjoué, attrape ton cintre en vérifiant que tu étais à la bonne taille. L'une de tes ruses habituelles consistent à faire que la personne qui regardera l'étiquette verra forcément sa taille dessus, et tu fais ton affaire de t'ajuster au même de l'essayage. L'avantage est double car ça permet de t'assurer que tu t'attaques bien à un humain, ce qui est vraisemblablement le cas aujourd'hui. Tu te fais tripoter avec une sorte d'adoration presque rituelle et emporter délicatement en cabine. Tu te surprends à détourner les yeux -un peu- quand elle se change et de ne regarder le résultat qu'une fois qu'elle t'aurait mis. Elle a l'air ravie, la Miss, faisant tournoyer le tissu dans l'espace exigu sans cesser de s'admirer sous toutes les coutures. Tu n'es pas devin mais tu paris ton dîner que tu viens de trouver une propriétaire. Elle te remet sur le cintre et t'emmène en caisse en prenant soin de ne pas te froisser. Tu devais beaucoup lui plaire pour qu'elle soit aussi délicate -ou alors c'était dans sa nature de prendre soin des choses, mais comme tu étais une grosse brute de décoffrage, tu avais un peu du mal à le comprendre.

Elle te paye, tu es démagnétisé -encore une illusion pour faire croire que tu avais un antivol alors que tu étais techniquement incapable d'en posséder un efficace- plié et glissé dans un sac de papier doré. Quand tu sors finalement, bercer par le balancement du sac, tu te sens encore partir pour une petite sieste. Tu n'ouvres les yeux que lorsqu'une main t'extirpe de ton sac et que deux bras s'accrochent à toi, te serrent et t'étreignent contre deux petits seins assez fermes. Et puis la jeune fille te dépose sur le canapé et s'éloigne avant de revenir avec une paire de chaussures à talon et des collants. Elle admire la tenue complète pendant un moment où tu ajoutes des petits effets sur la robe pour la rendre encore plus magnifique, très fier de toi quand tu vois presque des paillettes dans les yeux de l'asiatique. Puis tu te retrouves à nouveau seul et tu entends le bruit de la bouillir un peu plus loin. C'est le moment que tu préfères -mouahahah on va rigoler par Toutatis, on va rigoler. Tu te retransformes en une seconde et te vautres sans classe aucune sur le canapé de la Miss, passe un peu les mains dans les cheveux et défroisse rapidement tes vêtements. Tu as finis par t'ankyloser à force de rester dans cette forme. Tu t'étires, étend les bras en grognant un peu quand un bruit de porcelaine qui se brise fait écho à un hurlement très très aigu -vrillage de tympan level master. La panique s'empare de son joli visage et tu ne peux t'empêcher de ricaner.

"Et bien ma belle, navré d'te l'dire mais ... Je suis ta robe ! Tu en veux la preuve ?"

Tu lui jettes en regard moqueur avant de faire tourner ta bague et marmonner quelques mots en arabe. Tu redeviens la robe et quelques secondes plus tard, tu as repris ta forme habituelle. Tu lui lances un clin d'oeil enjôleur et te revautres sur le canapé toujours avec si peu de finesse.

"Tada ! Sympa hein, j'ai du style, de la classe, avoue tu kiff ça hein ! Ahah c'est quoi ton petit nom propre ? Oh et comme t'es lancée, j'veux bien un peu d'thé aussi. A la menthe, tu as ?"