Histoire
“Mais qu'importe l'éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance !”
ONE ; Immédiatement sa raison s'en alla. L'éclat de ce soleil d'un crêpe se voila ; Tout le chaos roula dans cette intelligence, Temple autrefois vivant, plein d'ordre et d'opulence,« Majï, Majï ! Il y a un monstre dans ma chambre. Il est gros COMME CA et en plus il est franchement laid ! » La jeune femme te regarde un petit sourire doux sur les lèvres, alors qu'en silence, elle se remémorait cette époque ou elle t'avait trouvé aux portes de l'orphelinat. Tu n'étais qu'un bébé venant de naître, abandonné comme beaucoup d'autres par ses parents. Cette femme, elle ne la connaissait pas. Un simple mot tâché par ses larmes versés ; prenez soin d'eux, je suis tellement désolé. Car oui, vous étiez deux, des jumeaux. Elle avait eu cette aventure d'une nuit avec la famille rivale de la sienne, une seule nuit et cela suffit à vous mettre en route. Elle avait prétexté un voyage en Inde de plusieurs mois pour vous y donner naissance, vous y abandonnant par la même occasion. Loin de votre terre natale, la Flandre. Elle cligne doucement des yeux alors que tu crie de nouveau après elle, t'agitant dans tous les sens, faisant des signes de mains dignes d'un enfant de six ans.
« Majï, Majï, il faut que tu vienne. Il va me manger ! » Tu n'aurais pas dû t'attacher autant à cet enfant, à cet orphelin. Pourtant, quelque chose en lui t'avait profondément touché. Innocence, douceur. Tu étais jeune, le cœur bien trop grand pour la Faë qui s'animait en toi. Alors, avec les années, tu avais fais de lui ton fils et lui sa mère de substitution. Pas légalement, non, un jour tu le savais, il allait devoir quitter le nid pour rejoindre une famille autre que la tienne. Rien cas cette idée ton cœur se serre. Il t’attrape par la main et tu ris, pénétrant dans sa chambre voyant enfin le dit monstre. Un asticot, pas plus grand qu'un doigt.
« Ashwatthama, ce n'est pas un monstre voyons, juste un asticot. » Tu pose ta main devant ta bouche, retenant un fou rire étonnant devant cette phobie qu'il a toujours eu. La nuit est tombée. Tu sais que ses terreurs nocturnes n'arranges pas les choses et, qu'une fois de plus, il va réclamer ton lit. Et une fois de plus, tu vas accepter.
« Non, c'est un monstre Majï. Regardes ! Regardes il a des dents grosses comme ça ! »Tu secoue doucement la tête et le prend dans tes bras, le soulevant du sol alors que ses yeux sombres ne quittes pas le petit insecte. Tu peux, grâce à ta nature, sentir ses émotions mais également cette flamme sombre qui brûle en lui. Tu n'y as jamais réellement fais attention, essayant de l'enrouler de cette couverture d'amour et de tendresse, pour laisser la lumière prendre le dessus. En silence vous vous dirigez vers ta chambre et, quand tu veux le déposer sur le lit, tu remarque ses yeux endormis. Il dort...il a sombré, comme toujours rapidement quand il se trouve contre ta peau basanée contrastant tellement avec la tienne.
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« Je n'ai pas voulu écouter Majï. Je te promet...c'est arrivé comme ça. Je voyais à travers ses yeux, j'entendais ce qu'il entendait... » Elle te sourit tendrement et pose un baiser sur ton front. Ils cherchent à te trouver une famille d’accueil et ça semblait te perturber. Tu es bien toi en Inde avec Zohra, ta Majï. Tu baisses doucement les yeux, comme pris en flagrant délits. Elle t'emmène voir une personne, d'ailleurs, en levant le nez vers l'horizon tu aperçois un homme devant toi. Il parle avec Zohra durant quelques instants, prononçant quelques mots comme Alchimiste, pouvoir, accident, apprentissage...Tu ne comprends rien, tu n'as que dix ans et ce monde ne t'es pas connu. Tu sais que Zohra est différente, que tu devais garder le secret mais qu'elle n'était pas « humaine ». Tu sais garder un secret, elle te faisait confiance.
« Bonjour bonhomme. Je peux prendre tes mains ? » Au début tu secoues la tête négativement, attrapant la taille de Zohra. Tu as peur, t'es un couillon de nature... Pourtant, elle t'encourage à le faire, te disant que ça n'allait pas faire mal, que tu étais en sécurité avec elle. Alors, en silence, tu prends ses mains dans les tiennes et tu le vois fermer les yeux. Le silence est pesant et tes mains picotes légèrement. Tu stresse...mais il te lâche.
« Il est bien Alchimiste, je peux même affirmer que ses deux parents l'étaient et qu'il vient d'une lignée assez ancienne. Maintenant, je ne peux en dire plus. » Un kikimiste ? Non mais il veut quoi à mon kiki lui ? D'instinct je place mes mains au niveau de mon service trois pièces et je recule. Je ne veux pas devenir une fille moi. Non, on touche pas à mon kiki hein ! Voilà ce que tu as pensés sur le coup, enfant innocent que tu étais. Tu te tourne vers elle et elle semble anxieuse. Dès lors, elle avait prit sa décision. Elle allait devoir te trouver une famille compréhensible, douce et surtout capable d'assumer cette lourde responsabilités.
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« Tu dors ? » Ton regard se pose sur la silhouette non loin de toi, alors qu'en silence, tu sers ta peluche contre toi. Tu vois son corps se redresser dans la lumière que vous offrait la lune. Déjà, ton regard croise le sien. Deux êtres totalement identiques physiquement. Qui était qui ? Personne ne pouvait le dire, pas actuellement, trop de ressemblance. De parfaits jumeaux.
« Non... » Il se glisse sur le côté, te laissant ainsi une place près de lui. Silencieusement tu te mets en marche, te faufilant sous ses couvertures, alors que vos corps se blottissent l'un contre l'autre. Demain, deux hommes viendront vous voir et parler adoption, c'est ce que ta Majï vous as annoncés.
« Je ne veux pas partir... » Sa voix est cassée, tremblante mais tu ressens identiquement la même chose. Vous pleurez en silence. Vous avez peur, mais ainsi l'un contre l'autre vous semblez plus forts que jamais. Vous avez toujours été fusionnels plus que nécessaire, alors que vos âmes n'en formaient qu'une seule. Ce lien unique ne cessait de vous rapprocher. Puis, ensemble, vous partagiez tellement. Comme toi il possédait ce don, ce sens de l'alchimie le développant un jour après toi. Tu essuie tes larmes et il fait de même. Vous fermez les yeux et tu ne peux t'empêcher de murmurer un.
« Je t'aime » alors qu'il te répondait dans le même murmure un
« moi aussi ».♦♦♦♦
« Comme vous pouvez le constater, Ashwatthama ou Genesis et X, qu'importe le prénom qu'ils porteront sont des jeunes hommes spéciaux . Ils vont avoir besoin de beaucoup d'attention, mais également d'être écoutés, surveillés et menés vers un chemin de lumière. Ça ne sera pas facile tous les jours, je ne vais pas vous mentir, mais votre amour se ressent et je ne doute pas qu'ils pourront trouver en vous des pères aimant et attentionnés. » Tu n'es pas dans la même pièce qu'eux, non, tu es dans celle au dessus à dix mètres au dessus environs. Pourtant, tu voyais à travers les yeux de Zohra, tu écoutais à travers les oreilles de ce dénommé Raphaël Baudelaire. Tu as douze ans et ils sont là pour toi, pour t'enlever à ton pays, à tes racines à ta Majï. Ton cœur se serre. Pourquoi veut-elle que tu partes loin d'elle ? As-tu fais quelque chose de mal ? Tu te replie sur toi même et tu sanglotes dans un coin de la pièce, alors que sournoisement, tu continues à écouter en secret.
« Nous comprenons tous ça et nous en sommes conscient. Mais nous sommes prêts à leur offrir toute l'attention nécessaire. Vous dites donc qu'ils sont des alchimistes et que un des deux est capable de prendre possession des sens ? Nous écoute-il en ce moment ? » Elle sourit, tu le vois à travers son regard. Pourtant, tu vois aussi qu'elle semble triste, déchirée mais qu'elle tente de contenir ses émotions.
« Probablement. Il contrôle une petite parcelle de son pouvoir, je ne doute pas qu'il est capable de bien plus. » Tu essuie tes larmes qui ne cessent de couler sur tes joues. Tu as du mal à respirer. Là, de suite, tu penses qu'elle ne veut pas de toi à cause de ta différence. Es-tu un monstre à ses yeux ? Elle ne t'avait pourtant montré qu'amour et douceur.
« C'est incroyable. » Ils se regardes tous et tu coupes la liaison que tu as entrepris avec eux, cessant ainsi de les observer. Les minutes passes et elle fini par entrer dans la pièce. Tu ne la regarde pas, gémissement un
« pourquoi ? » entre deux larmes. Elle vient à toi plus rapidement, te prenant dans ses bras alors qu'elle aussi, se plonge dans la peine.
« Tu seras bien mieux avec eux Ashwatthama. C'est de bons parents, ils savent ce que tu es et puis, tu viendras me voir régulièrement. Je serais toujours ta Majï...je te le promet. » Tu la serre contre toi, le cœur brisé, l'âme en peine de ce déchirement qui t'était imposé. Un mois plus tard, pour la première fois de ton existence, tu mettais les pieds à Paris ayant quitté l'Inde et Zohra pour une nouvelle vie.
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« Majï,
cette fois encore j'ai rêvé de nos moments passés. J'ai l'impression que c'était hier. A chaque fois je me réveil en pleurant, ressentant de nouveau cette peine qui autrefois m'avait frappé. J'ai beau avoir grandis ce souvenir me hante, comme ancré en mon âme, me déchirant de plus en plus chaque années. Je viens de fêter mes dix-huit ans et, devine quoi, Cecilie et moi allons-nous marier. J'aimerais tellement que tu sois là Majï, pourtant, je sais que tu ne le saurais. Ça me peine énormément. J'ai l'impression d'être un enfant perdu dans les tréfonds d'une noirceur inconnue. Raphaël et Antoine s'occupent bien de moi, comme toujours. Tu sais comment ils sont, un peux extraverti sur les bords, mais de bons parents, comme tu l'avais prédis. Je reviendrais en Inde cette année, comme toujours pour les vacances, mais cette fois-ci je ne serais pas seul. Ma femme sera avec moi. J'espère que tu vas l'apprécier, elle, elle ne peut que t'aimer comme moi je t'aime.
Tu me manque un peux plus chaque jour et ce depuis notre séparation.
Affectueusement, ton fils. »
TWOO ; Je découvre un cadavre cher, Et sur les célestes rivages Je bâtis de grands sarcophages.« Genesis Ashwatthama Arthur Baudelaire ! » Tu sursaute en entendant ton identité en entière être hurlé, alors que tu tentais de trouver une cachette digne de ce nom. Sauf que, ben voilà, tu faisais un pas à gauche, un à droite et qu'au final tu ne bougeais pas des masses. Quand tu vis l'un de tes pères venir vers toi, ouvrant la bouche pour te réprimander sur une énième connerie, tu finis par, lâchement, foutre ta tête sous le tapis. Les fesses en l'air tu attends que la colère de ton père éclate. Pourtant, face à cette position des plus amusantes, il ne pu s'empêcher de pouffer de rire.
« Mais tu fais quoi là ? » Curieux, tu pris possession de son regard et te vis...ok, t'avais l'air complètement con, même pour un enfant de quatorze ans. Non mais en vrai t'avais pas fais exprès de renverser le soda sur ses papiers...t'es juste assez maladroit, ce n'est pas de ta fauche.
« Je me cache. » Il sourit et lève les yeux au ciel. Alors, tu reprends possession de ton propre regard et sors la tête de sous le tapis. Il a les bras croisés et secoue doucement la tête.
« Où es ton père ? » Oui, à savoir j'ai deux père Papou devant moi et papa qui est...Je me concentre et tombe sur sa vision.
« Il dévalise le frigo... » Nouveau cri.
« RAPAHEL LACHE CE FRIGO T ES AU REGIME ! » Nous entendons pester celui-ci en reclapant la porte férocement, jurant qu'avoir un fils comme moi était une calamité et que ce n'était pas juste pour les pauvres humains comme lui. Ton papou et toi vous observez en souriant, légèrement complice. Oui, c'est ça entre vous...ici, pas besoin de te cacher. Depuis deux ans ils t'aidaient à contrôler ton don, essayant d'obtenir divers informations via le net ou encore les bibliothèques.
« Va préparer tes valises on a notre avion dans dix heures...Tu ne voudrais pas faire attendre Majï ? » Tu sautes sur tes pieds et sans réclamer ton reste tu files dans ta chambre. Chaque année tu pars un mois en Inde retrouver Zohra, c'était ta petite tradition, vos moments intimes. Tes pères restaient avec toi, te promettant qu'une fois assez grand, tu pourras y aller seul. En attendant, c'était une réunion de famille assez étrange.
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« Gen' sont où ? » Tu te tourne vers ton double et tu te concentre assez pour voir la télévision du salon s'animer devant tes yeux, la seconde d'après, tu pouvais voir l'eau se mouver sous tes...
« Oh putain, je viens d'avoir la pire vision de mon existence. Papou dans son bain en mode matage d'un livre prono... » Frisson collectif dans un brrrrr silencieux alors que vous fermiez les yeux dans un geste synchronisé.
« Pitié...parfois je suis bien heureux de pas être à ta place. T'es déjà tombé sur eux en train de...tu vois quoi... » Tu te crispe en lâchant un grand
« Naaaaaaaa.... » Regard partagé, tu soupires.
« Ok, une fois, la deuxième pire vision d’horreur de toute mon existence... » Il te regarde complètement choqué. « Oh mec, la loose. » Il te tapote l'épaule d'un air compatissant, alors que vous retourniez vos regards sur l'écran d'ordinateur. Tu t’assois près de ton jumeau, observant le portable avec attention. Vous veniez d'avoir seize ans et, pour cette occasion, vous comptiez bien faire une fête d'enfer. Mais pour ça, bien sur, il fallait de l'argent...Hors, vos pères n'allaient pas accepter de vous en refiler.
« Tu vas y arriver ? Yo frangin t'es morts ? » Tu passes une main devant ses yeux et il ne réagit pas. Néanmoins, dès lors, tu vis des lettres apparaître sur l'écran de l'ordi
« Fermes ta gueule et surveille les parents, je bosse. » Tu lève les yeux au ciel et use de ton don propre pour surveiller vos pères, évitant quand même de zieuter de trop Papou. Ton frère se mit en fonction et alla, sans difficultés, piraté un compte quelconque pour le faire passer sur le vôtre, dérobant ainsi plus de mille euros. Bon, l'homme en question était riche, mille euros en moins ça n'allait pas le tuer.
« Grouilles papa se lève...il est dans la cuisine...dépêcheeeee. » Une main se pose sur ton épaule et tu reviens à la réalité alors que ton jumeau souris avec amusement.
« A nous les bonnes femmes et l'alcool frangin ! »♦♦♦♦
« AAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHH » Un cris strident résonne dans la pièce, tel un hurlement d'une fillette de dix ans. Ton frère se met à courir dans ta direction, dérapant devant la porte d'entrée, se ramassant le porte manteau dans la figure. Revenant sur ses pas, ayant glissé trop loin, il entra dans la pièce se rattrapant au chambranle.
« QUOI, FRAGIN QUOI Y A QUOI ! » Le soleil de l'Inde c'était levé depuis bien longtemps et Zohra apparue également, posant une main sur l'épaule de ton jumeau.
« LA !!!!! LAAAAAAAAAAAAAAAAA » Perché sur une chaise, tu trépigne en secouant tes mains, hurlant à la mort un air de dégoût sur le visage. A l'unisson, les tiens posent leur regard sur...un vers-de-terre et Kieran lève les yeux au ciel, tombant à genoux, agrippant les jambes de votre mère adoptive, votre mère de cœur.
« Majï, il va me tuer... » Tu saute sur place alors que l'insecte rampe lentement dans la pièce.
« Tues-le...tues-le !!!! » Kieran se lève et va attraper la bestiole, trouvant amusant de s'approcher de toi avec l'objet de ta peur. Tu hurle de plus belle, la bouche grande ouverte, frappant le vide en espérant l'éloigner. Vous avez dix-sept ans et pourtant, au fond, vous restez de vrais enfants, surtout l'un envers l'autre.
« MAJIIIIIIIIIIIIIIIIIIII » Ton doigt frôle l’insecte et...tu t’évanouis.
« Oh merde, j'ai tué le frangin... »♦♦♦♦
« Takshîl en vrai t'as pas mis de sel dans la soupe ! » Zohra vous observait à tour de rôle alors que vous vous chattiez du regard, la cuillère levée l'un vers l'autre, un air déterminé sur le visage. Une fois de plus vous êtes habillés à l'identique, aimant bien vous moquez du monde en inversant les rôles. Ouai, c'est gamin mais vous l'assumiez totalement.
« Je te dis que j'ai mis du sel Ashwatthama. Majï, dis-lui que j'ai mis du sel dans la soupe ! » Elle souris avec amusement et n'ajoute rien, préférant laisser ses deux fils se tenir tête comme ils le faisaient depuis des années. Elle le sait, vous allez finir par exploser de rire. C'est votre mode de fonctionnement.
« Tu n'as pas mis du sel ! » Tu agite ton couvert encore humide de soupe et quelques gouttes atterrisse dans la tronche de ton frangin. Tu te fige. Non, mais t'as pas fais exprès...son regard se lève doucement vers le tien et il attrape la salière. Son corps se lève doucement et tu recule.
« Saches Takshîl que tuer son jumeaux est mal vu dans la communauté indienne...Majï... » Elle pouffe de rire alors qu'un sourire étrange s'affiche sur les lèvres de ton frère et...le voilà en train de te balancer du sel dessus.
« JE VAIS T EN FOUTRE DU SEL MOI ! » Tu saute sur la table et votre mère pousse un cri, attrapant son bol de soupe au passage, sauvant la nourriture alors que vous vous battiez en duel avec les cuillères.
« En garde dartacouille. »
« Ashwatthama ! » S’exclame la Faë devant ce jeu de mot pourri, pendant que le claquement des objets en métal résonnait dans la pièce.
« Majï, je me bas pour ton honneur.... » Elle vous observe, riant aux éclats devant tant d'amour entre vous. Toutes les ans vous alliez en Inde lui rendre visite, laissant vos pères en France, passant plusieurs semaines en sa compagnie. Elle était restée votre mère, cette femme qui durant douze ans vous avait enveloppés d'amour et de douceur. Vous étiez encore innocents, drôles, souriants. Pourtant, cette époque te semble à présent assez loin.
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« Il est où....IL EST OU PUTAIN ! » Ton frère se précipite sur vos pères, les larmes aux yeux, le cœur battant à toute rompe dans sa poitrine. Tu as eu un accident de voiture. L'autre conduisait beaucoup trop vite, il ne t'a pas cédé la priorité et il t'était rentré dedans. Il est mort, tu es vivant mais dans un état critique.
« Kieran, calmes-toi...il est au bloc. » Tu as une hémorragie interne, ils tentes de te sauver...Tu n'es conscient de rien, mais ton frère, lui semble totalement perdu sans sa moitié. L'idée de te perdre lui est insupportable, à sa place tu aurais ressenti la même chose. Les heures passes et ils ne bouges pas, surtout pas Kieran qui reste immobile sur sa chaise, le regard fixant un point invisible sur le pavé moucheté de la clinique.
« Les Baudelaire ? » Vous vous levez, lui en priorité, sautant sur ses pieds. Il a le regard vide. Le médecin vous explique que ça va aller, que tu allais t'en sortir. Ton frère te rejoint dans ta chambre et...il s'écroule. Une main sur la tienne, le front posé sur le lit il pleure. Diverses émotions le submerge. Peur, peine, joie...L'un sans l'autre vous n'êtes plus rien. Tu ouvre doucement les yeux alors que tu sens ta main mouillée. Tu es silencieux. Observant la scène le cœur serré. Tu serre ses doigts avec les tiens avec une faiblesse évidente. Il lève les yeux vers toi et pleure de plus belle, secouant la tête de gauche à droite alors que tu laisses également tes larmes couler.
« Je t'aime. » T'avais murmuré ses paroles comme une délicate promesse, un soutiens. T'avais besoin de lui dire, t'avais besoin qu'il le sache. Il te regarde alors que vos yeux sont embrumés par cette eau salée.
« Putain, je t'aime aussi imbécile, ne me refais plus jamais sa ! ». Deux êtres, un cœur, une vie.
THREE ; Quand je te vois passer, ô ma chère indolente, Au chant des instruments qui se brise au plafond Suspendant ton allure harmonieuse et lente, Et promenant l'ennui de ton regard profond ;« Non, mais en vrai t'as juste pas envie de te caser, avoues. » Tu regardes Satine en levant les yeux au ciel, prenant une gorgée de ta bière. Kieran ricane et te tapote l'épaule d'un air compatissant. Quand votre meilleure amie est soûle elle est carrément ben...soûlante. D'ailleurs, elle semble t'avoir pris pour cible ce soir. Une fois c'était ton frangin, une fois c'était toi. Chacun son tour comme à confesse.
« Je vais me chercher une bière... » Avant que l'un ou l'autre ne puisse relever le mot en annonçant que ta bouteille était encore pleine, tu fuis à travers la foule. Il était deux heures du matin et cette petit fête entre amis battait son plein. Musiques, alcools, rires. Tu te sentais parfaitement bien. Tes dix huit ans approchaient dangereusement et, depuis quelques temps, tu parlais avec ton jumeaux de rejoindre l'armée. La cause ? Ben disons que faire chier vos pères était l'une des raisons, étant donné qu'ils vous interdisaient de penser à ce métier. Il ne faut pas vous interdire quoi que ce soit à vous, directement, vous faites le contraire. Esprit contradictoire oblige. Tu te dirige vers un coin tranquille quand ton épaule percute une autre, laissant ta bière tomber sur le sol. Ben voilà, t'avais vraiment une bonne excuse là. Mais ce ne fut pas ça qui te choqua directement, non, ce fut cette sensation de flux d'alchimiste que tu avais ressentis. Comme une douce caresse très légère, à peine perceptible.
« Je suis vraiment, vraiment désolé...avec tous ce monde... »Tu te tourne vers l'inconnue, un sourire aux lèvres.
« Rha, ce n'est pas grave. Si je pouvais utiliser de l'alchimie pour la réparer je pourrais...mais, je suis nul quand il s'agit d'utiliser ça... » Elle te regarde surprise et durant un instant, tu as l'impression qu'elle va partir en courant. Mais non, son sourire reprend sa place sur son beau visage.
« Cecilie... »Elle te tend la main et tu l’attrape doucement, la serrant, ne quittant pas son regard.
« Genesis. ». Cette soirée là fut à jamais ancré dans ton esprit. Pour la première fois de ta vie tu restas éloigné de Kieran, parlant avec cette douce et enjouée inconnue au caractère pourtant bien marqué. Tu appris qu'elle était effectivement une alchimiste mais dont les pouvoirs avaient étés bridés. Elle apprit que tu étais un bien piètre alchimiste mais au contrôle parfait de ton propre pouvoir. Ce fut le début d'un tout, mais également le début d'une fin.
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« Amour, tu as pris les Twix ? Parce que tu sais bien, les Twix c'est toute ma vie...bon, en plus de toi d'accord. Non me regarde pas comme ça, tu passes avant les Twix ! » La jeune femme rit avec légèreté alors qu'elle frappe ton épaule. Vous êtes ensemble depuis six mois maintenant et, pour la première fois de ta vie, tu es radicalement amoureux de cette jolie Alchimiste. Vous vous entendiez si bien. Deux êtres semblables et pourtant opposés. Ton premier amour et pas le moindre.
« T'as qu'à épouser tes Twix alors. » Tu lèves les yeux au ciel en approchant d'elle, posant un délicat baiser sur ses lèvres. Vos regards se croisent et tout l'amour du monde semble y briller. Elle te rend heureux, elle te rend fort et c'est ce qui compte dans ton cœur. Vous vous dirigez vers la caisse du magasin. Elle pousse le cadi et toi, comme un crétin, tu emmagasines les achats attrapant des boites ici et là jusqu'à ne plus avoir de place dans le petit chariot en métal. Cécilie en a l'habitude, après tout, voilà six mois qu'elle partageait ta vie plus que intimement, la partageant entre Kieran, Satine, tes pères et bientôt ta Majï. Vous aviez programmés le voyage pour les grandes vacances, comme toutes les années, vous alliez la retrouver pour une réunion de famille. Sauf que cette fois-ci, elle serait avec vous. Vous attendez dans la file d'attente quand la jeune femme cherche l'argent dans son sac, enfin, plutôt ta carte de banque bien fournie par tes parents.
« Merde, Gen j'ai oublié le portefeuille dans la bagnole. » Tu ne bouges pas, faisant mine de ne pas avoir entendu.
« Gen.... » Tu pousse un soupire.
« D'accord, j'y vais tête en l'air. » Un bref baiser et te voilà en train de sauter au dessus d'une barrière pour passer devant tout le monde, filant en direction de la voiture pour y trouver le portefeuille. Revenant sur tes pas tu t'arrête devant la petite machine pour gamine de six ans. Le genre de machine ou tu fourre deux euros contre une boule en plastoque qui y abrite une bague à deux balles... Tu t'y attarde quelques minutes avant de faire deux pas en avant...deux pas en arrière...deux pas en avant. Oh et puis merde ! Tu sors une pièce et la boule t'es « offert ». Tu l'ouvre. Une petite bague avec un papillon dessus rose légèrement brillant s'offre à tes yeux et tu repars vivement vers Cécilie. Sans lui laisser le temps de réagir, tu glisses sur le sol à la manière d'un Showboy, un genoux sur le sol, la bague entre tes doigts.
« Cécilie Vàlkovà veux-tu me faire l'honneur de devenir ma femme. De me supporter durant de longues trèèèèès longues années. D'accepter ma dépendance aux Twix également. » Discourt bref, rapide, à ton image quoi. Elle semble choquée et plusieurs clients vous observes un sourire aux lèvres alors que le temps semble s'être arrêté autour de vous.
« Non mais chérie faut me donner une réponse là, j’attrape des crampes ! » Elle rit, l'émotion se reflétant sur son visage alors qu'elle hausse les épaules comme si de rien n'était.
« Pourquoi pas... J'ai rien d'autre à faire de ma vie ! » Ce fut la demande en mariage la plus gamine du siècle, Amen !
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Le mariage fut rapide, peut-être trop précipité, mais vous étiez impatients. Deux mois plus tard vous étiez mari et femme, mariés à l'église, devant vos familles. Amoureux. Tu te tenais devant ce cars alors qu'elle jouait nerveusement avec tes doigts. Tu pouvais lire sur son visage qu'elle était sur le point de pleurer. Tu t'en allais en guerre, t'étant engagé dans l'armée contre l'avis de tes parents. Ton frère t'avait suivit parce que l'un sans l'autre vous n'alliez nuls parts, Satine, elle, c'était faite engagée comme infirmière de l'armée. Ainsi, elle vous suivait également. Seule Cécilie restait et ce fut le cœur brisé que tu l'as pris dans tes bras, déposant un baiser dans ses cheveux noirs.
« Fais attention à toi...n'utilise pas trop tes pouvoirs, sauf si nécessaire hein. » Elle rit tristement mais au fond, elle sait que le fait d'être un alchimiste allait beaucoup t'aider. Tu partais pour six mois. Six moins loin de ta femme, proches des autres. Tes pères avaient coupés les ponts suite à l'annonce de votre engagement militaire, refusant de vivre avec la peur de vous perdre...Tu n'avais plus qu'elle, Satine, Kieran et ta Majï. Tu poses tes mains sur ses joues alors que ton regard glisse dans le sien.
« Je ferais attention, puis, j'ai ma merveilleuse femme qui compte sur moi pour revenir à la maison. » Tu souris, essayant de la rassurer au maximum. Vos lèvres se trouves une fois de plus, cherchant à prolonger ce baiser le plus longtemps possible.
« Frangin, il faut y aller. » Tu te détache d'elle et t'éloigne directement, le cœur battant douloureusement dans ta poitrine. Tu fais un pas dans le car mais, comme un con, tu fais marche arrière et courre vers elle. La serrant contre toi, tu l'embrasse avec douceur et passion avant de la relâcher, marchant à reculons.
« Je t'aime Cécilie. » et tu finis par disparaître dans le car, assis aux côtés de ton jumeau. Doucement, il posa sa main sur la tienne.
« ça va aller Frangin...ça va aller. » Il ne se moque pas, il voit que tu souffres déjà, il sait que tu l'aime cette fille...
« non...ça n'ira pas tant qu'on ne rentreras pas au pays. » Vous soupirez à l'unisson. Au moins, vous étiez ensemble.
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« Mon amour,
Voilà deux mois que je suis loin de toi. Le temps me semble long, trop long. Je vais bien, Kieran et Satine également. Enfin, Kieran c'est fait muter en tant qu'ingénieur il avait la gâchette fragile et a failli plomber le cul d'un supérieur. Il n'a pas fait exprès, certes, mais après réflexion ça ne semblait pas enchanter les plus gradés. Du coup, je pars sur le terrain seul. Au final je préfère, je le sais plus en sécurité là-bas qu'au cœur du combat. Si tu savais toutes les choses que je vois, que je fais. J'en dors peux la nuit. C'est comme si une part de mon humanité semblait s'éteindre quand je m'en vais au front. Je dois me fermer à mes émotions, usant parfois de mon pouvoir pour évoluer et sauver la vie de mes partenaires. Chaque jour je ne cesse de penser à toi. Tu es ma petite lumière – en plus de mon twix quotidien -, sois pas jalouse. J'ai hâte de revenir auprès de toi, te serrer de nouveau dans mes bras. Tes lettres sont un souffle d'air frais. J'espère qu'en France tout va bien et que rien de fâcheux ne t'es arrivé. D'ailleurs, as-tu réparé la fuite d'eau ? Non, parce que sans vouloir te vexer t'es une bien piètre plombière...quoi que l'image de toi toute mouillée me fait sourire. Je t'imagine bien te battre avec les tuyaux et, bien sur, les tuyaux gagnes dans ma logique. Saurais-tu prendre des nouvelles de mes pères ? Voir si ils vont bien, si ils ne manques de rien ? Ne dis pas que ça vient de moi, fais juste en sorte de te renseigner. Je dois y retourner, la nuit va être longue.
Avec tout mon amour, ton mari. »
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Tu es à moitié conscient, du sang coule doucement le long de ta tête alors que tu te sentais secoué dans tout les sens. Des cris résonnent autour de toi. Tu te souviens vaguement d'avoir été évacué, sauvé par une division ayant pour mission de te ramener face à ta captivité. Pourtant, quand ils étaient arrivés, il n'y avait plus que toi. La voix de ton frère résonne alors que Satine tente de l'éloigner histoire de faire son travaille. Tu es déposé sur une civière. Tes yeux s'ouvrent et se pose sur ton jumeau. Il s'arrête. Quelque chose à changé en toi et il le voit. Tu souris. Pas un sourire doux et rassurant, non, que du contraire.
« Je l'ai tué...mais avant...je me suis tellement amusé. » Tu murmure et Satine pose une main sur ta joue.
« ça va aller, je suis là, on va s'occuper de toi. » Tu t'enfonce dans l'obscurité laissant un rire assez étrange s'échapper de tes lèvres. Ils ne savent pas...Non, ils ne savent pas ce que tu as fais, ce qu'ils t'ont fais. Tu as changé ce jour-là, pour toujours.
FOUR ; Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon ; Il nage autour de moi comme un air impalpable ; Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.,Debout dans l'obscurité, le regard fixe, tu n'es plus là. Tu es ailleurs, dans les tréfonds de tes souvenirs, encore. Tu te revois dans cette petite pièce puante, souillé par le sang et bien d'autres choses, alors que la torture ne cesse de continuer. Tu entends encore tes hurlements résonner dans tes oreilles, alors que tes ongles sont arrachés, alors que diverses brûlures te sont infligées. Oui, tu te souviens de cette odeur de chair brûlée, en gardant encore les cicatrices. Épaules, jambes, dos, torse. Ils n'ont négligés aucunes surfaces. Puis, tu te souviens de ce sixième jour, ou, par tu ne sais quel sain, tu as finis par exploser. Il était seul dans la pièce, près à continuer son petit jeu. Il avait sorti la pince, décidé à t'arracher une seconde dent, une de plus. Pourtant, quand ton regard c'était levé vers lui, toute ta haine et ta colère avait prit place en ton être, explosant littéralement. Il c'était écroulé et toi, tu le fixait avec rage et noirceur. Il faisait face au néant le plus totale, privé de ses propres sens. Tu t'étais levé fébrilement, ils ne prenaient même plus la peine de t'attacher...trop faible, tu n'aurais pas pu te battre. Tu avais attrapé la pince et, cruellement, tu l'avais enfoncé dans son œil gauche, puis le droit...Tu t'étais acharné, encore et encore. La porte c'était ouverte. Ton bourreau était mort. Il avait sorti son arme et ton regard c'était planté dans le sien. Il s'écroule également. Tu sens la faiblesse augmenter mais brutale, assombri par ces multiples jours de tortures, tu répéta l'opération avant de t'écrouler toi-même, inconscient. Ce jour-là ton pouvoir c'était déclaré d'une façon nouvelle, tu avais privé ces hommes de leurs sens, les plongeant dans le vide le plus total.
« Genesis ? » Tu ne bouges pas, tournant légèrement la tête vers cette femme qui partageait ton lit depuis plus de deux ans. La passion c'est éteinte, vos disputes sont fréquentes.
« Tu fais quoi ? » Tu ne réponds pas, comme absent, l'écoutant à peine. Tu souris en coin et, enfin, tu sors de la pièce, la laissant seule dans la chambre. Depuis combien de temps étais-tu debout ? Bonne question, dans ces moments-là tu es simplement déconnecté de la réalité.
♦♦♦♦
« C'est à cette heure-ci que tu rentre Genesis ? Tu te crois où ? Dans un Hôtel ? T'as cru quoi que j'étais à ta disposition ! Putain, je suis ta femme quand même. J'ai autre chose à foutre dans ma vie que de t'attendre éternellement. » Tu dépose ta veste sur le porte manteau alors que Cécilie te hurlait dessus. Votre couple est en péril et ce depuis pas mal de temps maintenant. La passion du moment c'était évaporé, mais il y a avait bien plus que ça. T as avais changé. Plus distant, plus sombre, plus imprévisible. Tu semblais avoir tes jours avec et tes jours sans. Double facette, double personnalité. Pourtant, tu l'aimais toujours. Avec moins d’ardeur, certes, mais tu ne parvenais plus à lui montrer. Puis, il y avait cette jalousie malsaine entre vous. Elle jalousait la maîtrise de ton pouvoir, ce qu'elle ne possédait pas. Toi, tu jalousais ses connaissances sur l'alchimie. Et, au lieu de vous entre aider, vous vous enfonciez mutuellement dans des disputes souvent ravageuses.
« Bordel, je rentre à peine et tu me casses les couilles. T'as pas autre chose à foutre que de me prendre la tête constamment ? Je bosse, je ne suis jamais là et quand j'ai le malheur d'être à la maison madame gueule comme un truie ! » Tu as le temps de voir un vase voler à travers la pièce, l’esquivant de justesse.
« Mais t'es une grande malade ma fille ! Putain, mais va te faire interner ! Pas étonnant qu'on aille muselé ton pouvoir, un vrai danger ambulant ! » Tu aurais peut-être dû t'abstenir sur ce coup là...car oui, tu savais que le pouvoir de ta femme était un sujet assez sensible. Elle te balance autre chose dessus que tu esquive de nouveau. C'est chose habituelle chez vous, sauf qu'elle le sait, tu es devenu plus violent depuis ce jour...
« T'es qu'un enfoiré de première Baudelaire. J'en ai marre de vivre ma vie à t'attendre toi et tes conneries ! T'es qu'un putain de gamin qui sait pas vivre sans son frère jumeau ni sa meilleure amie, dépendant de deux autres personnes. Tu fais pitié ! Moi je n'ai pas de pouvoir mais je connais mes origines ! » Tu te crispe et elle aussi, elle a comprit, elle a été trop loin en parlant de tes origines. Tu fonce dedans et la pousse violemment contre le mur, alors que ton poing s'enfonce dans le mur, frôlant son visage de quelques centimètre. Tu es forts, tu le sais elle aussi, mais jamais tu n'avais levé la main sur elle...ce n'était pas aujourd'hui que ça allait changer.
« Je t'emmerde d'accord. Je préfère vivre sans connaître mes origines, que de vivre muselée comme une chienne tenue en laisse ! » Et tu t'éloigne furieusement, te dirigeant vers la cuisine pour boire un verre d'eau, les muscles tremblants.
« Je me casse, j'en ai marre. C'est fini Genesis, je ne vivrais plus ainsi une minute de plus. » Tu ne tourne pas les yeux vers elle, serrant les dents.
« BEN CASSE TOI CONNASSE ! » Ce fut tes dernières paroles avant qu'elle ne claque la porte de l’appartement....une semaine plus tard tu recevais les papiers du divorce envoyé par l'avocat de Cécilie, deux mois plus tard, tu ne portais plus d'alliance.
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« Majï.
Voilà bien longtemps que nous n'avons pas pris la peine de t'écrire et que, malheureusement, nous n'avons plus de tes nouvelles. Cela fait bien deux ans à présent. Je t'écris pour plusieurs raisons. La première est bien sûr pour prendre de tes nouvelles, tu me manque tu sais et la vie n'est pas facile sans toi. Nous n'avons toujours pas de nouvelles de nos pères, ils sont rancuniers et n'ont pas digérés le fait que nous nous engagions dans l'armée. Genesis a divorcé mais ça tu le savais déjà, néanmoins, j'ai l'impression que ce divorce l'a plus affecté que je ne l'aurais pensé. Nous sommes toujours en France avec Satine, enfin, quand nous ne sommes pas rappelés bien sûr. Majï, si je t'écris c'est surtout pour réclamer ton aide et tes conseils. Ashwatthama ne va pas bien. Depuis quelques temps je m'inquiète pour lui, j'ai peur également que quelque chose ce soit brisé en son être. Il n'a jamais voulu que tu sois au courant, mais il y a quelques années une tragédie l'a frappé. Lors d'un de nos services il c'est fait prendre par l'ennemi et torturé durant de nombreux jours, il n'en est jamais sortis indemne. Depuis, je peux voir cette noirceur grandir en lui sans savoir quoi faire pour la stopper. Il devient violent, imprévisible. Pas tout le temps, non. La plupart du temps il reste le Genesis que nous connaissons, mais quelques fois, il change. Restant des heures à fixer un point invisible sans rien dire, se réveillant en hurlant, confondant ses rêves et la réalité. Puis, il y a des moments ou il devient plus brutale, plus méchant. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais ça me fait peur. Dans ces moments-là je ne reconnais pas mon frère Majï. Je pense que ton absence n'arrange pas les choses, il a vraiment besoin de toi. Nous avons perdus nos trois parents et, je le crois, que ta perte l'a plus affecté que celles de nos pères. Donnes-nous de tes nouvelles je t'en supplie, ton silence nous est lourd et nos cœurs ne cesses de saigner. Reviens-nous Majï, Ashwatthama a besoin de toi plus que jamais.
Takshîl, ton fils. »
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«Mon doux Takshîl,
Si tu savais comme j’ai honte… Je suis honteuse vraiment, de ne pas avoir donné de nouvelles, et de ne pas avoir soigné nos relations durant ce temps qui me parait long sans vous deux. Lire ces quelques lignes m’ont d’abord ravit, mais je suis à présent bien alarmé par ce que tu me racontes. Avant de m’inquiéter, je tiens à te dire que je vais bien. Je vis depuis deux ans au Canada. Je ne sais pas si vous aurez appris quelque chose de la part de ma famille, mais un drame m’a poussé à fuir. J’ai été un peu perdu, sans vous à mes côtés mais je suis parvenue à me reconstruire. Je suis même en mesure de vous annoncer une nouvelle qui ne manquera pas de vous clouer le bec (ce qui n’arrive pas souvent !) : j’attends un bébé. Un petit frère, une petite sœur peut être… mais un enfant qui fera partie de votre famille bien sûr ! De notre famille. Je pense à vous sans cesse, et il me tarde de vous retrouver, mes petits Haart Bachche !
Pour ce qui est de ton frère, j’ignorais effectivement cet épisode abominable. Je ne m’en veux que plus, de ne pas être là, de ne pas pouvoir agir dès maintenant. Mais je sais pouvoir compter sur toi pour prendre soin de lui comme vous le faites réciproquement depuis tant d’années. Votre lien est fort les garçons, tant que vous serez ensemble, il ne pourra pas s’enliser trop dangereusement. Je vous aime tant, toi et ton frère… je ne pourrais pas être sereine à présent si vous n’êtes pas auprès de moi. Surtout si Ashwa’ ne va pas bien. Une mère saurait quoi faire, j’espère l’être suffisamment pour lui venir en aide. Venez me voir. S’il te plait Takshîl, je ne pourrais pas le faire alors vous, venez au Canada. Je suis morte d’inquiétude et je me sens tellement impuissante devant ce qu’il traverse et qui t’atteint aussi sans doute avec violence. Ensemble nous pourront panser ses blessures et effacer sa peine. Je compte sur toi, pour pouvoir nous retrouver enfin.
A jamais, je serais votre Majï et mon amour est éternel.
Zohra. »
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Tu descend de l'avion en courant, sautant les derniers escaliers, t'écroulant sur le sol pour y embrasser la terre ferme.
« Terre, oh terre promise. I love you... » Ton frère se laisse également tombé sur le sol en soupirant de plaisir, alors que votre meilleure amie se frappe doucement le front. Les gens vous observes en riant, pourtant, vous semblez réellement soulagés de retrouver la terre ferme. Non, vous n'aviez pas le mal de l'air. Bon, Kieran est claustrophobe et le vol l'avait rendu vraiment nerveux. Néanmoins, toi, ce fut le chialement du bébé de six mois qui t'avait tapé sur les nerfs durant plusieurs heures. Elle vous attrape par le col pour vous relever et vous grognez à l'unisson, vous soutenant mutuellement. «
Gen' t'as prévenu le propriétaire qu'on arrivais aujourd'hui ? » Satine est un peux la cervelle de vous trois, néanmoins, pour une fois tu avais fais ton job...ou pas...
« Euh...j'pense que je me suis trompé d'un jour. Décalage horaire tu vois, y'a quand même six heures d'écart. » Ton frère te donne une tape derrière la tête et tu fais les gros yeux.
« Genre, t'as prévenu Majï qu'on arrivais toi ! » Ton frère te regarde et semble réfléchir durant quelques instants.
« ...non...j'ai zappé...bof, ça lui fera une petite surprise. » Votre meilleure amie vous pousse en avant alors que vous ne cessiez de vous chamailler gentiment sur vos oublis mutuelles.
« Tu sais où elle habite la Majï ? » Kieran se frotte le crâne et tu l'imite sans le vouloir, comme si ses propres grattements te soulageaient.
« ...ouai, quelque part à Ottawa...enfin ici....genre on est bien... » Tu finis sa phrase naturellement
« ...a Ottawa...ouai...j'pense... »Bienvenue à Ottawa les Baudelaire.