Bon, en gros, voici un résumé de sa soirée expliquant comment la jeune femme avait atterri ici.

Plus tôt dans la soirée, elle était sortie en ville boire un coup. Jusque là, rien d'anormal pour Astrid, c'était une soirée comme les autres. Mais plus tard dans ce même bar, elle tomba nez à nez avec un de ses amants.. datant de plusieurs siècles. Un vieux Stryge, quoi. Ça aurait pu être des retrouvailles sympathique, d'ailleurs elles l'étaient au départ ! Seulement voilà, la jeune femme ayant un don pour se fourrer dans des situations impossibles, la soirée se termina avec Astrid valdinguant, et se faisant menacer de mort. Mh, comme retrouvailles on avait vu mieux.

Elle eu l'occasion de vite fait s'enfuir, sans quoi elle aurait sûrement eu la tête arrachée et par chance, son congénère ne l'avait pas suivie. Contrariée et son pauvre corps lui faisant encore mal, elle décida de s'enivrer jusqu'à en tomber par terre. Passant donc dans la première boutique vendant de l'alcool qu'elle trouva, elle ressorti avec un litre de vodka dans la main droite et la même quantité de rhum dans la main gauche. Autant dire que ceux qui la croisaient après ça se posaient des questions.

C'est donc en vidant ses bouteilles qu'elle erra comme une alcoolique dans Ottawa. Titubant et trébuchant sur chaque obstacle minime qui croisait son chemin, la Stryge finit donc elle ne savait trop où au milieu d'herbe, d'arbres et de buisson. Cela dit l'endroit était assez découvert, elle n'avait pas totalement l'impression d'étouffer. C'est donc en lisière de forêt que la jeune femme s'affala, dans l'herbe fraîche, visage face au ciel nocturne. Elle resta ainsi un moment, son esprit embrumé ne voyait plus le temps passer. Elle buvait à intervalles réguliers, pour apprécier le simple fait d'être ivre. Être immortel, elle adorait ça. Seulement voilà, l'immortalité à un prix, et en l’occurrence là c'était de tenir l'alcool mieux que les autres ce qui selon elle, craignait beaucoup. Dans cet optique d'entretenir son ivresse elle termina ainsi sa deuxième bouteille. Elle se releva en position assise, et fixa intensément le contenant vide, comme si par magie il pourrait se re-remplir. C'est justement à ce moment là, qu'elle se rendit compte qu'un peu plus loin, voir même carrément pas très loin, un homme était là. Qu'est-ce qu'il foutait là ? Un violeur ? Un kidnappeur ? Un tueur même peut être ? Une quinzaines d'hypothèses toutes aussi absurdes que les autres vinrent à l'esprit d'Astrid.

Difficilement, les muscles ankylosés, la jeune femme se releva et jeta de toutes ses forces la bouteille vide très loin. Visiblement, elle était contrariée.

PUTAIN FAIT CHIER !

Elle lâcha un profond soupir, et regarda avec désespoir son autre bouteille. Elle ne voulait pas l'ouvrir tout de suite, sinon elle savait qu'elle serait vide très rapidement, et que par conséquent, elle n'en aurait plus. Elle se contenta donc de la garder à la main, et s'alluma une cigarette. Se rappelant soudainement avoir vu quelqu'un pas loin de potentiellement psychopathe ( encore une autre de ses hypothèses ), elle le chercha frénétiquement du regard d'un seul coup, alors qu'il était juste en face d'elle.

Euh, salut ?

Astrid haussa un sourcil, fixant l'homme qui venait d'arriver. Depuis quand quelqu'un, ici à Ottawa s'inquiétait quand quelqu'un hurlait des injures à tout va dans la nuit ? C'était devenu bien plus commun d'entendre un cri encore plus fort qui demandait poliment de ne plus faire de bruit sans quoi la police arrivait cinq minutes plus tard. Cette gentillesse renforçait encore plus dans l'esprit embrumé de la Stryge l'idée qu'il était quelqu'un de pas net. D'ailleurs, elle avait bien remarqué le coup d’œil sur sa bouteille; un violeur psychopathe alcoolique ?

Ouais ouais, ça va.

Elle le fixait intensément. Sérieusement, son esprit était vraiment embrouillé. Depuis quand les personnes étaient sympathiques avec les alcooliques qui croisaient ? Astrid n'était pas vraiment alcoolique d'ailleurs, mais là, elle en avait tout l'air. Sur la tête du jeune homme qui se disait appeler Adin était clairement marqué "psychopathe dangereux" pour la jeune femme. Elle aurait très bien pu partir, le laisser en plan et continuer sa longue nuit d'ivresse plus loin. Mais elle en avait marre de marcher, donc..

Alcool ral-le-cul. Ouais c'est vachement mal poli d'abord ! Mais c'pas grave., elle plissa ses yeux légèrement, Puis vous êtes vachement louche quand même, sérieusement, quel Faë viendrait déjà de UNE à la rencontre d'une Stryge pour voir si elle allait bien, et de DEUX.. J'ai pas de deux j'ai déjà mis les deux points dans le premier.. Oui non parce que je suis pas complètement débile non plus, je sais bien ce que vous êtes. Ha !

Oui, malgré tout ce qu'elle avait pu ingérer, ses sens semblaient se remettre petit à petit et sa nature de Stryge lui conférait une sorte d'instinct, de sixième sens pour connaître la nature d'une personne. Enfin, si cela se trouve, elle se trompait complètement. Elle laissa un silence s'installer pendant quelques secondes, avant de lâcher un énorme soupir en se rendant compte de son propre état. Elle passa sa main libre sur son visage, avant de lorgner la main que Adin lui tendait. Le temps qu'elle eu décidé si elle devait la lui serrer, il s'était assis au sol même. Bon.

Haussant les épaules, elle fit de même tout en restant à distance raisonnable. Le doute qu'il soit quelqu'un de totalement taré planait toujours dans l'esprit de l'Ange Noir. Mais bon, après tout, il n'avait pas l'air bien dangereux. Clope à la main et bouteille dans l'autre, elle s'étira longuement et grimaça. Son dos lui faisait toujours mal de chien, et elle sentait toujours plus ou moins l'étreinte des mains qui l'avaient soulevées par le cou comme si de rien n'était plus tôt. Mauvais souvenir, indeed.

Souriant, le Faë suggéra que boire avec des personnes était plus agréable. Dans son esprit, cela venait d'être traduit en " Ne fais pas ta radine, et ouvre la bouteille ". Elle regarda Adin, puis sa bouteille. Intensément. Très, intensément. Elle qui voulait la garder pour plus tard.. Elle sembla marmonner quelque chose, avant d'ouvrir la vodka à contre-cœur. Au moins elle se disait pour se réconforter, si il buvait avec elle il sera trop ivre pour l'attaquer ( car oui, c'était toujours hypothétiquement un échappé d'asile ). Elle en prit quelques gorgées, avant de la tendre à l'homme assis à côté d'elle. Elle ramena ses jambes contre elle, et son esprit divagua. Enfin à moitié. Ses yeux se perdaient dans le vide en face, dans les ombres de la forêts.

Qu'est-ce que tu fous dehors à une heure pareille en fait ?

Blablabla.. Les paroles du Faës rentraient par une oreille et ressortaient par l'autre. Littéralement. Sur un phrase, elle devait seulement retenir deux mots, et encore. L'alcool additionné à la mauvaise humeur et mauvaise volonté de la veille créature faisaient qu'elle ne s’intéressait absolument pas à son charabia et ne se donnait pas même la peine de faire semblant d'écouter. La seule raison qui faisait qu'elle avait encore son cul posé par terre avec lui, c'est qu'elle avait la flemme de le déplacer plus loin. Enfin bref.

Elle avait cru entendre qu'il disait avoir un point de vue différent sur les Stryges que ses semblables, ce qui arracha un rire à la jeune femme. Ceci dit, elle ne dit rien de plus sur ses pensées. Il avait prit la bouteille qu'elle avait gracieusement tendue et prit une gorgée. Elle avait alors demandé ce qu'un Faë à l'apparence chétive et sans défense pouvait bien faire aussi tard, dans des coins pas fréquentables. Pour toute réponse, éviter ses cauchemars nocturnes.Reprenant sa bouteille, elle la porta à ses lèvres et prit plusieurs gorgées du liquide qui lui réchauffa la gorge avant de s'esclaffer.

Alors comme ça on fait des cauchemars ? Allons bon, quel grand méchant loup vient hanter tes rêves ?, elle rit légèrement avant de se laisser tomber en arrière et lâcher un long soupir avec un grand sourire, La nuit des autres est mon jour à moi, heureusement qu'elle est belle, sinon je resterai chez moi à me faire chier comme un rat mort. Mais c'est vrai qu'il caille un peu quand même. T'viens des pays chauds toi, non ?

Son prénom avait une légère sonorité orientale, ça lui faisait penser à Aladdin comme dans le dessin animé. Tirant toujours sur sa clope, elle expirait sa fumée au dessus de son visage. Pendant quelques secondes elle se prit pour un vrai dragon, à faire des ronds qui se suivaient les uns après les autres et s'effaçaient pour son plus grand malheur quelques mètres plus loin.

La voix du jeune homme la fit revenir à la réalité loin de ses ronds de fumée. Elle réfléchit longuement à la location de son briquet en ce moment même. Fronçant les sourcil, elle réussit d'abord à positionner la bouteille pour qu'elle tienne dans l'herbe sans se renverser. Ensuite, avec sa main libre elle fouilla chaque poche de ses vêtements, sans le trouver. Elle roula sur le côté, et aperçu ledit feu, dans l'herbe. Elle tendit la main, l'attrapa, puis roula à nouveau pour se retrouver sur le dos et lança l'objet au Faë. Elle tourna sa tête et le regarda.

Bon, je vais partir du principe que tu n'es pas un taré et que t'as l'air à peu près bien dans ta tête. Moi c'est Astrid.

Le chaperon rouge qui te hante ? Ça sent le traumatisme d'enfance à plein nez ça mon pauvre. Enfin, j'veux pas vraiment savoir.

Elle rit toute seule en s'imaginant un Chaperon Rouge d'un mètre trente essayer de faire peur au Faë à côté d'elle. Observant la fumée de sa cigarette s'enrouler autour de ses doigts, la stryge avait finit malgré elle par totalement baisser sa garde. Après tout, les Faës n'étaient techniquement pas dangereuses, n'est-ce pas ? Enfin, sauf les Nuckelavee. Rien qu'en songeant que Adin puisse en être un lui donna des frissons, la jeune femme n'aimait pas vraiment cette espèce de Faë. Mais le jeune homme à ses côtés ne semblait pas vraiment en être un. Du moins, elle espérait.

Elle le regarda allumer sa cigarette avant de reprendre quelques gorgées de la bouteille de vodka qui commençait à beaucoup se vider. Quand il la remercia pour le pseudo bilan psychologique, un sourire amusé étira ses lèvres.

De rien. Gratuitement en plus, t'es chanceux.

Pure ironie et humour fatigué. Elle coinça sa cigarette entre ses lèvres, le temps de s'étirer. Quel heure était-il ? Où est-ce qu'elle était ? En quelques secondes, la stryge se posa un nombre incalculable de questions absurdes. L'alcool avait effacé certains souvenirs, dont celui du comment elle était arrivée là. Enfin, cela l'inquiéta pendant seulement une quinzaine de secondes, puisque après ses pensées étaient déjà portées sur un autre sujet. Cependant la voix du Faë la ramena sur Terre.

Aladdin ? Comme le f-...

En une fraction de seconde, il s'était retrouvé tout près d'elle. Bloquée à la taille par son bras, Astrid regardait le couteau qui menaçait sa poitrine en grimaçant. Immobilisée. Mise en position de faiblesse, par une Faë. Elle croyait halluciner. Sur le moment, elle se détesta pour avoir bu, puis finalement plus pour avoir baissé sa garde. Elle retenait son souffle, et restait immobile tant bien que mal. Quand il "s'expliqua", elle ne comprit pas vraiment. Fronçant les sourcils, elle n'eut pas le temps de poser de question qu'une douleur aiguë à la poitrine lui arracha une grimace et un grognement étouffé. L'enfoiré venait de lui enfoncer sa lame dans la poitrine. La stryge était totalement perdue; elle ne comprenait rien à ce qu'il débitait mais si elle comprenait bien, il l'accusait d'avoir tué deux personnes de sa famille. Or, malgré tout l'alcool dans son système, elle ne se souvenait pas avoir fait une telle chose.

Mais... c'est quoi ce charabia putain ? Lâche moi !

Elle essaya de se dégager, mais rien à faire; le moindre mouvement ne faisait qu'augmenter la douleur du couteau qui s'enfonçait. Une sensation bien pénible et une situation très délicate. Certes, la jeune femme avait des capacités de guérisons plus élevées que la moyenne, or elle savait qu'elle ne pourrait certainement pas se remettre d'un couteau planté dans le cœur. Respirant lentement, elle tourna sa tête pour essayer de regarde Adin. Il fallait qu'elle se sorte de là, cet idiot était en train de la confondre avec une autre personne, et elle avait pas du tout envie de mourir de un, tuée par un Faë de deux, à cause d'un quiproquo.

Doucement, elle leva ses mains faussement tremblantes en signe d’abdication. Là, très discrètement la magie opéra. L'arrière de sa tête se changea doucement en pierre, alors que la stryge restait immobile. Quand elle sentit qu'une surface suffisante s'était durcit, ni une ni deux elle balança sa tête en arrière contre celle d'Adin. En même temps, elle réussit à stopper le couteau qui s'était enfoncé dans sa poitrine. Dès qu'elle n'eut plus la lame mortelle plantée dans sa chair, elle éjecta le Faë derrière. Elle tomba en avant, les mains pressées contre la chair meurtrie. Gémissant de douleur, Astrid se retourna sur le dos.

Putain c'est pas passé loin, t'as faillis me tuer espèce d'enfoiré.. VOUS AVEZ QUOI TOUS A VOULOIR MA MORT CE SOIR ?! BANDE DE CONS BORDEL DE MERDE !

Elle se redressa et commença à reculer, pour s'éloigner d'Adin. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne connaissait absolument pas ce type et qu'il voulait sa mort. De nouveau sur ses jambes mais pliée en deux, la stryge pressait ses paumes contre la plaie et tomba rapidement au sol sur le côté. Tout ça commençait à faire beaucoup en une soirée, malgré sa résistance, si le Faë continuait de vouloir la tuer elle aurait du mal à se sortir de là.