Du sang, partout sur l'herbe. L'ange noir pressait la plaie sur sa poitrine autant qu'elle pouvait, mais le fluide carmin s'en échappait quand même. Grognant et jurant, elle s'était roulée au sol, la douleur étant trop importante. Ses muscles se contractaient malgré elle, en agonie. En voyant ainsi son sang recouvrir le sol et ses mains, Astrid fut envahie par cette même peur d'il y à plus de 500 ans face à la mort. Non.. elle ne pouvait pas mourir ! Pas comme ça ! L'idée même de se faire tuer par un faë la révoltait au plus au point. 

Avant qu'elle ne puisse ramper plus loin, le responsable de ses maux était arrivé et lui assénait un violent coup de pied dans l'épaule. Même si sa force n'était pas comparable à la sienne, le coup lui arracha un cri de douleur. Humiliant, rageant. La stryge fulminait ; un mélange de peur, de colère et d'adrénaline la dévorait. Il venait de s'asseoir sur elle, et commençait maintenant à l'étrangler. Elle, pressait encore la plaie dans son thorax tout en fixant le faë dans les yeux. Elle laissa l'idiot continuer de cracher sa colère contre elle, la blâmer pour un crime qu'elle n'avait pas commit et en tentant de couper sa respiration. C'était désagréable, mais certainement pas ce qui lui faisait le plus mal au moment même. Quand il eut finit, elle cessa d'appuyer contre sa plaie pour attraper les mains d'Adin et les retirer de son cou. Mâchoire serrée, la douleur insoutenable ne faisait qu'enrager encore plus Astrid.

J'ai pas tué d'Orsini de ma vie, mais t'sais quoi ? J'devrais peut être commencer par te buter toi.

La hargne prenant le dessus sur la souffrance, elle poussa le faë sur le côté. Se relevant en même temps, elle resta immobile un instant. Elle baissa les yeux sur sa poitrine ensanglantée, avant de regarder Adin. Sa respiration rauque ressemblait à celle d'une bête enragée. Ses yeux refusaient de le lâcher, et en quelques secondes prirent une teinte plus sombre. Des griffes remplacèrent les ongles de la stryge, qui en l'espace d'une seconde se retrouva juste devant celui qu'elle désirait plus que tout tuer sur le moment. L'attrapant par le cou, elle le plaqua contre un arbre proche. Tenant fermement le faë, son visage se rapprocha au point que quelques centimètres seulement séparaient l'immortelle de Adin. Le liquide carmin qui s'écoulait sur son visage lui faisait perdre la raison, et tout son corps ne voulait qu'une chose ; le vider de son précieux sang. Et si elle avait du mal à résister à ses pulsions, l'alcool dans son système n'arrangeait en rien les choses. Un coup de griffe sur le délicat cou du faë et c'était finit.

J'comprends que t'ai envie de te venger. Sauf que non seulement tu t'es gouré de personne, mais en plus t'es vraiment, vraiment  mal tombé.

Crocs sortis, elle se préparait à céder à son envie de sang quand un bruit plus loin la stoppa dans son élan. Tournant la tête, elle chercha du regard qui venait l'interrompre.  Plus loin, un petit groupe de personnes arrivait, trois exactement. Ils avaient l'air de mauvais enfants, de caïds du genre à racketter une femme âgée. Astrid toisa celui qui arrivait en premier, qui à son attitude totalement nonchalante et arrogante devait être le "leader". Pas besoin de l'entendre pour le remarquer, et surtout : c'était un berserker. L'immortelle l'avait sentit.

Heeeeeey mais salut mes petits ! Ça baise ? Dites, vous auriez pas un petit truc pour mes potes et ouam ?

Petits ricanements de la part de la bande, crispant Astrid. Mauvais timing, très mauvais timing. Elle tourna son regard vers Adin, avant de jauger sa plaie sur le buste. Quel enfoiré. Elle tourna de nouveau son regard vers le guerrier fauve en se mordant la lèvre ; il fallait qu'ils partent. Elle réfléchissait sans rien dire, sa main retenant toujours le faë fermement. L'homme se rapprochait, et quand il fut assez près pour remarquer le sang sur l'ange noir et Adin il était trop tard ; elle le fixait déjà de ses yeux sinistres, des veines noirâtres parcouraient son visage et un rictus mauvais laissait dépasser des canines aiguisées.

Tu déranges, dégage à moins que tu veuilles le remplacer.

Elle sentit d'un coup la peur le submerger et s'inscrire sur son visage. Il commença à reculer, il avait comprit qu'il n'avait aucune chance face à elle. Tant mieux, elle n'avait pas envie de devoir se chamailler avec des enfants. Une fois reparti tout en lançant des insultes pour elle, Astrid se re-concentra sur Adin.

Bon, à nous deux.

Soudainement la violence qui semblait s'être endormie resurgit et la stryge agrippa le faë par le col pour le lancer quelques mètres plus loin dans l'herbe. Sa plaie lui faisait toujours autant mal, et s'agiter de la sorte n'aidait pas vraiment. Mais la colère était trop grande, et elle se ne permettrait jamais de fuir devant un faë. Elle se retrouva juste après sa chute devant Adin, et lui rendit le même coup de pied qu'il lui avait mit quelques minutes plus tôt, évidement plus fort. Elle s'agenouilla à son niveau, et le regarda avant de le redresser en position assise par le col sans le ménager.

Qu'est-ce que je devrais faire de toi ? Hm ?

Il avait de l'humour ce gamin, Astrid aurait presque pu sourire. En fait, elle le faisait. Mais c'était malsain. Le faë continuait de se moquer d'elle, alors qu'elle avait littéralement sa vie entre ses mains. Suicidaire ? Vraiment, quelque chose tournait pas rond chez Adin.

Alors qu'elle était sur le point de craquer, le troupeau de jeunes était arrivés. Ils repartirent aussitôt, sans poser de problèmes. La stryge put se concentrer et revenir à ses moutons, enfin, le mouton. L'intervention du jeune l'avait "légèrement" refroidie, contrairement à ce qu'elle aurait fait elle ne sauta pas au cou du faë. Après l'avoir envoyé valsé et lui avoir rendu ses coups, elle s'approcha de lui. En le tenant par le col, elle réfléchissait. Vraiment, elle ne savait pas quoi faire de lui. Son instinct de tueuse lui disait de l'égorger et faire prendre l'air à ses boyaux, tout en évidemment, croquant dedans. Or, ce n'était pas vraiment le moment. Elle risquait déjà en permanence de se retrouver avec des stryges au cul pour son régime  peu conventionnel, alors se retrouver avec des faës en plus sur le dos ne lui disait rien. Pire encore, avec les temps qui courent un seul faë meurt, et à la seconde même on crie à la grande méchante stryge. Sérieusement, cette guerre était fatigante.

Son problème actuellement, était que concrètement il l'avait attaquée en premier. Certes il s'était trompé de personne, mais il est vraiment borné. Astrid lâcha un grand soupir alors que sa réflexion ne menait à rien. Au même moment, Adin lui cracha du sang que visiblement il avait dans la bouche. Elle ne put le cacher, elle était surprise. Choquée, surtout ; elle ne s'y attendait pas vraiment.

Qu-..

Avant qu'elle ne puisse finir sa phrase, le goût sucré de son sang traversa ses lèvres et l'odeur alléchante arriva. Impulsivement, elle léchant le liquide carmin sur ses lèvres. Cela faisait des mois qu'elle n'avait pas touché à un faë, des mois qu'elle n'avait pas eu ce goût en bouche. Alors qu'il continuait de la provoquer, elle était seulement focalisée sur le sang qui coulait de sa bouche. Faim. Sa prise se resserra sur son col ; elle ne pouvait plus le lâcher, plus maintenant. Avant, elle avait éprouvé un semblant de pitié pour lui : ses parents avaient été tués, très triste. Or là, elle ne ressentait que la faim. Après quelques courtes secondes, elle put répondre.

Pas les couilles, hein ?

Un sourire pervers étira ses lèvres. Ses yeux n'étaient plus humains. Plus rien ne l'était, elle était passée au stade d'ange noir affamé. C'était plus fort qu'elle. Alors que des ailes sombres apparurent hors de sa chair, elle se redressa tout en soulevant Adin avec elle. Sa prise sur son col se resserre encore alors qu'un rire infernal la prend. Plus de pitié, une bête ne ressent que la faim. Elle dévoila ses crocs, avant de les planter sauvagement dans le cou du faë. Avalant tout le sang qui se dégageait de la plaie, le corps de la stryge frissonnait de plaisir. Le sang de faë.. C'était presque le Graal. Malgré toute sa volonté, Astrid avait cédé bien facilement. Quelques secondes plus tard, elle le lâcha en le poussant pour qu'il tombe plus loin. Elle ne l'avait pas complètement vidé, non. Juste assez pour qu'il en chie dans les prochains jours. Haletante, elle lécha la précieuse sève vermeil qui coulait encore de sa bouche. Elle se tourna et commença à partir. Avant que ses ailes ne l'emportent loin, elle ricana.

À plus, Orsini.