Avalon ne savait pas pourquoi mais elle sentait qu'elle pouvait lui confier beaucoup de choses, peut être même tout. Cependant les mots ne sortaient pas de sa bouche, elle ne pouvait pas dire à voix haute que Mathis allait mourir, elle n'était pas prête, elle ne le serait sûrement jamais. Mais la présence de l'artiste la rassurait, lui donnais assez de force pour tenir debout et ne pas s'effondrer alors qu'elle lui annonçait que son mari était perdu. Il lui fit une promesse qui lui donnera l'impression de respirer de nouveau, elle qui ne faisait jamais confiance savait qu'elle pourrait compter sur Heathcliff comme il lui jurait en cet instant.

Ne cherchant pas à se défaire de sa main elle le suivit jusqu'à l'arrière de la boutique où elle s'installa. Avalon suivit du regard tout le rituel qu'Heatchliff accomplit, on aurait dit un véritable rituel sacré, des gestes calculés, elle avait déjà vu ça quand elle avait été quelques temps au Japon. C'était fascinant et à la fois apaisant. Quand il revint elle fut étonné de toutes les variétés de thé qu'il avait, elle fut même touchée qu'il lui parle de sa mère.

« J'envie la façon dont vous parlez de votre mère. Je vais donc lui faire honneur et prendre celui – ci. »

Elle vit que Heathcliff partait dans ses pensées et se permis de se servir une madeleine, elle avait l'impression que son bébé avait constamment faim. Repenser à sa mère lui donna des nausées, elle ne repensait jamais à sa mère, ni à sa famille en général. Même Mathis avait essayer d'aborder le sujet et elle l'avait envoyer gentiment sur les roses en lui faisant comprendre que ce n'était pas quelque chose dont elle voulait parler. L'artiste lui sert son thé et elle se laisse envahir par l'odeur délicieuse qui s'échappe des tasses. Elle va pour saisir sa tasse mais la confession de Heathcliff la fige dans son geste. Elle sent son ventre se serrer, comment une mère peut – elle empêcher le père de son enfant de le voir ? La jeune femme se penche et saisit la main de l'homme en face d'elle.

« Comment peut – on vous avoir arracher votre enfant ? Je suis sure que votre enfant se demande qui est son père et j'espère pour elle qu'elle à hérité de votre don, de votre noblesse. »

Avalon l'écoute religieusement alors qu'elle touille son thé et qu'elle y ajoute un peu de miel. Elle sent la douce saveur du thé qui se diffuse et lui donne un sentiment de protection, comme si elle était dans un cocon familial. Elle trouvait l'histoire des parents de Heathcliff horriblement triste et romantiques, des amants maudits s'aimant au point de mourir ensemble. Laissant cependant un garçon meurtri par leur geste derrière eux. La jeune femme pose son menton dans sa paume, partant dans les souvenirs chaotiques de son enfance. Elle soupire et regarde son thé ambré, se concentrant sur l'alchimie elle sent le fluide pulser dans ses veines, elle est tellement paisible en la présence de l'artiste qu'elle maîtrise sans aucun difficulté son art. Le thé se lève soudain, délicatement il se met à tourbillonner en volute liquide pour former une petite danseuse dont la robe serait la vapeur de la boisson. Avalon avait toujours été extrêmement doué pour maîtriser le fluide et la manipulation de la matière.

« Ma mère ne m'a jamais protégée de la tyrannie de mon père, elle l'as toujours laisser tout faire, elle préférait protéger Sillar et Diogène, mes frères, et me laisser me battre seule contre lui. »

Les doigts toujours en contact avec la tasse le thé forme deux silhouette d'enfant jouant au ballon, un léger bruissement d'eau contre les parois de la tasse se fait entendre. Elle à les yeux fixer sur ce qu'elle crée, emportée par la confession qu'elle n'a jamais faite à personne d'autre.

« Mon père était un faible, un couard incapable de maîtriser nos dons, inaptes à porter le nom des Blackfield, il s'est vengé sur moi parce que j'avais des capacités exceptionnelles et ma mère le voyait et ne faisait rien. Dès que je l'ai pu j'ai donc remédier au problèmes que me posait mon père. »

Un petit homme liquide se créa dans le thé, il sembla s'étouffer et tout le thé retomba dans la tasse dans un « ploc » sonore. Elle soupira et elle va serrer la main d'Heathcliff pleine de compassion, elle serre ses doigts au fur et à mesure qu'elle lui raconte l'histoire de son mariage, de son secret révélé. Avalon est profondément triste pour lui et en colère, il ne devrais pas cacher sa nature, ni être trompé, haï, délaissé parce qu'il était né ainsi sans pouvoir décider.

« Je ne comprends pas qu'elle n'a pas vu qu'elle chose fabuleuse est l'alchimie, et qu'elle vous ai ainsi délaissé et abandonné sans nouvelles de votre fille, c'est monstrueux d'arracher un enfant à son père. Mon mari n'est qu'un humain mais il comprends partiellement ma nature et je le remercie chaque jour de m'accepter et de m'aimer ainsi. »

Avalon aimait rendre les choses belles et poétiques grâce à son alchimie, là où son don détruisait et pourrissait tout elle aimait compenser en créant des choses délicates et douces. D'où ce petit écart avec le thé, cette danse un peu mélancolique de liquide. C'est pour ça que sa maison était pleine de plantes, elle les faisait pousser avec amour, c'est pour ça qu'elle prenait le temps de modeler la matière pour en faire des suspensions délicates pour les plantes tombantes. Elle essayait de compenser un peu la violence de son don. Le contact rassurant du velours sur sa peau lui permet de revenir à la réalité et de ne pas se sentir stupide ni gênée d'avoir fait une telle confession. Elle n'avait jamais avouer le meurtre de son paternel à personne, c'était beaucoup trop dangereux mais pourtant avec Heatchliff elle savait qu'elle pouvait se le permettre. Elle écoute religieusement l'artiste lui confirmer que leur mère ont toutes deux été défaillantes.

« Je ne serais jamais une mère aussi lâche pour mon enfant, jamais je ne lui infligerait une telle chose. Il n'aura surement pas de père alors je ne lui infligerais pas une double peine. »

Elle se crispe un peu quand il mentionne ses frères mais immédiatement il la rassure, elle croit en ses mots. Il serait venu de quelqu'un d'autre elle n'y aurai pas cru une seule seconde, elle se serait méfié et n'aurait accorder aucun crédit à de telle promesse mais elle savait, elle sentait Heathcliff sincère. C'était réconfortant de ne plus se savoir abandonnée.

« Diogène mon plus jeune frère est mort par ma faute, quand mon don s'est révélé en fait. Je .. Elle déglutit en finissant sa tasse. Je lui ai fait du mal en voulant le sauver et j'ai perdu Sillar quand Diogène est mort, il ne m'a jamais pardonné mon erreur. Je n'ai plus aucun contact avec lui depuis que j'ai quitté l'Irlande. »

Elle pensait souvent à Diogène, ce qu'il serait devenu, ce que Sillar devenait. Elle avait encore beaucoup de ressentiment envers son frère, il l'avait toujours traité comme un monstre parce qu'elle avait accès à l'alchimie alors qu'il en était privé. Mais il n'avait pas vécu ce que leur père lui avait fait subir. Le sujet retourne sur Heathcliff, et Avalon se sent blessée pour lui, en colère aussi qu'une femme ose arracher à un père son enfant, ose faire du mal à un père qui ne demandait qu'a l'être. Cette blessure intime devait faire souffrir le peintre chaque jour. Elle serra plus fort sa main alors qu'il lui faisait une promesse. Elle sent ses yeux s’humidifier alors qu'il lui promet tout ce qui va bientôt lui faire défaut, quand Mathis ne sera plus.

« Je serais toujours là pour vous Heathcliff, qu'elle que soit la situation, je n'aurais de cesse de vous aider, d'être à vos côtés dans les bons comme dans les mauvais moments. Je serais là. »

Elle fixe son regard asymétrique qui ne l'intimide pas du tout, qui la rassure d'une certaine façon. Finalement elle lâche sa main et regarde son téléphone, l'heure est bien avancée, le temps est passé très vite.

« Je m'excuse mais je dois rentrer, Mathis doit se demander où je suis passée et .. J'espère que vous le comprendrez mais j'aimerais profiter le plus possible de ces instants avec lui. »