Il croit ? C'est vraiment pas une bonne idée de dire ça à Avalon, si il croit et qu'il n'est pas sur à cent pour cent elle va paniquer. Faut vraiment que les hommes apprennent à parler et surtout à réfléchir avant de parler parce que là c'est pas rassurant du tout. C'est pour ça aussi qu'elle se presse à rebrancher ce fichu fil. Bon au moins elle aura appris quelques trucs grâce à ce changement de corps, comment fonctionne les pouvoir d'un djinn, comment fonctionne vaguement le corps d'un homme et un ascenseur et surtout qu'elle n'a pas du tout envie d'être un homme ! Enfin surtout un aussi imposant que Jahaal. Parce que c'est quand même pas du tout pratique.

Enfin elle peux redescendre de la boite et retrouver le sol de la cabine, elle se maîtrise pour ne pas lever les yeux au ciel quand elle voit son corps se baisser avec autant de grâce d'une planche à repasser. Heureusement qu'ils ne sont que deux à se voir ainsi. Bon récupérer sa taille c'est quand même plus facile que tout ce qu'elle a fait avant donc c'est presque avec nonchalance qu'elle récupère sa grande taille et le vertige qui va avec.

« Je préfère tout de même être alchimiste et il me tarde de retrouver mon corps. Le tien n'est vraiment pas pratique du tout. Ah puis ce machin entre les jambes mais comment vous faites pour marcher avec ça. »

Elle se dandine un instant avant d'essayer de retrouver un minimum de dignité. Finalement l’ascenseur s'ouvre sur le hall principal, qui est désert ce qui est extrêmement rare et pas du tout rassurant. Elle sort de ce maudit ascenseur et réfléchit un instant avant de répondre à son compagnon d'infortune.

« Je sais pas j'ai jamais vu ou entendu parler d'un truc comme ça. Mais je connais une boutique où on trouve pas mal de grimoire d'alchimiste peut être que ça pourrais nous renseigner. Et si vraiment on trouve rien tu utilisera mon alchimie. Mais ce sera en dernier recours, le fluide est tellement instable que tu risquerais de nous tuer si tu n'es pas assez concentré. Allez on y va, et n'oublie pas mes chaussures ! »

Tu éclates de rire. A la voir si mal à l'aise dans ton corps et si empêtrée avec ton service trois pièces, c'était hilarant. C'est vrai que tu ne t'étais jamais vraiment demandé ce que ça pouvait faire d'être une femme. Tu étais bien content d'être toi. Pas que cette expérience t'ait réellement renseigné, parce qu'au final, tu sais comment est une femme enceinte, mais pas une femme tout court. Et vu le bordel avec les gargouillis dans le bide, les seins tendus, les chevilles gonflées et tout le reste, tu ne savoures pas vraiment l'expérience comme tu l'aurais fais en tombant sur une fille sans l'option têtard. Tu ne te fais pas à la voix plus aiguë qui sort de ta bouche en lui rétorquant :

"Tu comprends mieux pourquoi on s'la remonte en permanence et qu'on marche les jambes arquées !"

Finalement, vous arrivez dans le hall principal et c'est le désert. Mais pas le désert familier qui te donne envie de te prélasser la couenne dans le sable chaud. Non. Le désert façon glauque. Tu hoches doucement la tête. Avalon avait raison, utiliser l'alchimie -bien que tu sois du genre très très curieux- n'était pas une bonne idée. Sauf si vraiment vous n'aviez plus le choix. La possibilité de la boutique était une bonne idée en soi. Tu renifles un peu, te baisse aussi gracieusement que possible -autant dire comme un pingouin attiré par un sceau de sardines- et attrape les escarpins hors de prix que tu ne remettras aux pieds pour rien au monde.

"Bien madame. Je te suis."

Tu la suis bêtement, de toute façon, tu n'as pas la moindre idée de où vous alliez. Tu te surprends à cambrer un peu le dos et à poser une main sur ton ventre. C'est effrayant comme ce genre de réflexes s'installent vite. Vous marchiez depuis quelques pas à peine, que tu te permets une remarque que tu trouves hilarante, mais qui ne sera surement pas du goût de l'alchimiste qui occupe ton corps. Tu t'arrêtes, à moitié hilare, et exhibes les chaussures sous ton propre nez. Avec un ton minaudant, tu chantonnes en pouffant de rire :

"Dis donc, un peu de galanterie, je croyais qu'on portait les paquets aux jolies jeunes filles comme moi !"