Pourquoi ? Pourquoi c'était à ce moment-là que mes sentiments décidaient de me jouer un tour ? Je respirais fort, mon cœur battait la chamade. J'avais cette impression que mon thorax allait exploser... que mon corps tout entier allait exploser. J'étais submergé. Pourquoi avais-je été aussi stupide ? Passer des vacances ensemble ? Et puis quoi encore ? « Viens Sonja, on devient un couple et on emménage ensemble ». J'étais tellement stupide. Ce n'était pas pour moi tout ça. Je n'avais pas le droit de vivre ça. L'amour, c'était une putain de plaie. Une plaie que j'avais vu gangrener ma propre mère. Doucement elle était plongée dans la dépression, l'alcool et puis tout cela c'était fini par un suicide. J'avais retrouvé le corps inanimé de ma mère. Nos autres berserkers étions forts, résistants, nous guérissions de beaucoup de blessures rapidement. Mais guérir d'une balle dans le crane, c'était compliqué. Il ne fallait pas non plus demander l'impossible hein. Tout cela à cause de cet homme – mon père – que je n'avais jamais connu. Parti avant même que je sois né, un égoïste qui n'avait pas de nom, ni de visage pour moi. Depuis ce jour, je m'étais promise de ne pas faire la même erreur. Ne jamais tomber amoureuse était devenu mon crédo. Crédo que je respectais encore à la lettre. Je n'avais jamais connu de relation amoureuse. J'avais eu des aventures, des relations, mais jamais d'amour.

En me confrontant à mon reflet déformé par la bête dans le miroir, j'explosai la surface réfléchissante d'un énorme coup de poing haineux. La douleur fut comme un éclair qui me traversa et me ramena du... bon coté. Je sentais que mon souffle se stabilisai, comme mon palpitant d'ailleurs. Je fis pas attention à la douleur, ça c'était gérable. Soudainement le monde extérieur était comme complètement inaccessible, j'avais l'impression d'être enfermée dans une bulle. Je me fichais de qui verrait se spectacle. Assise sur le sol, le carrelage de la pièce sur mon dos me donnait froid. Ça n'était pas désagréable. Pourtant une petite voix se fit entendre, mais elle me semblait si lointaine. Aux paroles virent se joindre des gestes. On attrapait ma main, on m'embrassait sur le front. Maman ? Non, ce n'était pas elle. Il n'y avait pas son odeur, son parfum qui m'avait toujours fait penser aux pancakes du matin. Je laissais la femme me manipuler sans pour autant réagir. Je ressemblais à une loque. J'allais finir comme elle, comme ma mère. Non. Quand je sentis une pair des lèvre frôler le coin des miennes, je me tournais vers elle. Elle était là. Sonja était là. Je la fixai, je me levai. Se faire pardonner ? Je l'observais, sans pour autant rien dire. Elle s'affairait à laver la plaie sur ma main. Pourquoi faisait-elle ça ? Alors sans prévenir je posais mes lèvres sur les siennes. Je me mis à l'embrasser pendant que je la poussai contre le lavabo. Ce baiser était à la fois brutal et doux. A cet instant, la seule que je voulais c'était lui faire des choses pas catholiques.

Non, justement, ce n'était pas la chose à faire. Juste quelques secondes après je mis fin à ce contact. Je m'écartai d'elle. Je ne pouvais pas penser quand Sonja était là. Je sentais que je voulais être avec elle. Je sentais que je voulais qu'il y ai plus entre nous. Mais non. Non. Non. NON. Alors qu'elle essayait de revenir vers moi, je tendis ma main pour lui dire de ne pas approcher. Ne.... ne me touche pas, dis-je en reprenant ma respiration difficilement. Je la regardais.... juste avant de baisser les yeux. Non, je ne pouvais même pas la regarder en face sans dériver. C'était plus fort que moi putain. Je... je suis désolée. C'est pas ta faute, c'est la mienne. Je continuai à regarder le sol, je manquais tellement de courage. Je voulais rester avec elle, je voulais dire à tout le monde qu'elle était à moi. J'aimais choquer les regards, et surtout.... je l'aimais elle. C'était ça le problème. Je ne veux plus te voir Sonja. C'est fini. N'assumant pas ce que je venais de dire je lui tournai le dos et commença à sortir. Mais avant de pousser la porte je m'arrêtai quelques instants pour rajouter: Ne me suis pas s'il-te-plait. Laisse moi tranquille. Les dernières paroles avaient été sèches, par réflexe je m'étais mise à courir pour sortir de cet endroit, ignorant que ma main saignais encore. Ce que je venais de faire.... je me détestais. Le premier réflexe que j'eus fut de fuir chez moi et prendre une bouteille de whisky. J'étais horrible, je n'étais qu'un monstre.