« La colère, ça fait vivre. Quand t’es plus en colère, t’es foutu. » [Ft. Avalon ♫]

“La colère, ça fait vivre. Quand t’es plus en colère, t’es foutu.”« Bordel. »

Un millier de tintements très désagréables résonne contre le sol. La multitude d’aiguilles, auparavant bien rangée dans la boite, est maintenant étalée à terre, toutes tailles confondues. Et merde ! Croyez-moi, il n’y a rien de pire que manipuler ces foutues pointes. Elles finissent toujours par rejoindre le sol, comme animées d’une force attractive. Chose qui n’a rien à voir avec la gravité. Je pense surtout qu’il s’agit là d’un phénomène inconnu répondant au nom de surnaturel.

Depuis que je sais qu’un monde excluant toute forme de réalisme cohabite avec le mien, j’en deviens presque parano. Une personne à l’allure louche entre au Moonlight ? Mon esprit l’assimile immédiatement à une sorcière. Il fait grand soleil, et une goutte de pluie me tombe soudainement sur le visage ? Certainement une créature volante qui vient de me cracher dessus. Aucun doute que mon sixième sens est en train de se développer avec toutes les anecdotes que j’obtiens de Selen sur son univers.

Reportant mon attention sur le désastre survenu quelques instants plus tôt, je jure une fois de plus et m’accroupis pour commencer le dur labeur qu’implique le ramassage. Je me pique de nombreuses fois les doigts, tremble d’impatience en grattant le parquet pour tenter de récupérer les aiguilles coincées dans le bois, m’arrache les cheveux en voyant que je mets près de dix minutes à en retrouver une dizaine… Et termine finalement le travail avec un cri de victoire, les genoux appuyés au bois et les bras tendus vers le plafond. Même si je me contrefiche de l’avis de toute la populace, heureusement qu’il n’y a personne dans la pièce. Je dois vraiment faire flipper comme gars, surtout en ce moment.

En voulant me lever, mon poids m’entraine à nouveau vers le bas. J’aurais pu simplement me rattraper à temps, souffler et me redresser une bonne fois pour toutes. J’aurais pu, si ma main droite n’avait pas tenu cette fichue boite. Préférant préserver son contenu d’une nouvelle chute, je n’ai pas pu utiliser mes mains pour stopper l’élan. Et mon front percute le sol alors que je tente à tout prix de sauver les aiguilles. Par chance, elles restent bien sagement dans leur habitable. Mais j’ai mal au front. En passant mes doigts dessus, je constate un petit écoulement de sang provenant d’une égratignure. Rien de bien alarmant. Mais ça me fait quand-même bien chier. Soufflant d’agacement, je remets la boite à sa place et prends un mouchoir pour stopper tant bien que mal cette ridicule hémorragie. Quelques secondes plus tard, celui-ci rejoint la corbeille sous le comptoir.

Parfois, la vie c’est vraiment de la merde. Surtout durant ces journées où rien ne va. Quand le moindre son devient insupportable à l’oreille, la moindre présence exaspérante, le moindre geste accablant… Quand tout ce que l’on souhaite, c’est se laisser choir dans un lit, reposer sa tête trop lourde sur un oreiller, et fermer ses paupières qui ont trop vu. Ou bien, gueuler un bon coup tout son mécontentement en envoyant des vases au sol. Je pense que je devrais me contenter de la première proposition pour aujourd’hui, ne souhaitant pas subir la foudre du patron pour une histoire de fleurs et de morceaux de verre éclaté. De plus, les clients risqueraient de ne pas vraiment apprécier.

Suite à un imposant soupir, je me laisse tomber sur l’un des fauteuils du salon, tel une misérable masse. La pièce est vidée de toute présence. Seul le lointain vacarme de la rue atteint mes oreilles, m’apportant une vague berceuse qui me mène peu à peu vers les méandres du sommeil. Selen s’occupe tranquillement du seul rendez-vous de l’après-midi dans l’arrière-salle. Il m’a donné pour unique mission de ranger les dessins préalablement sortis pour laisser le jeune homme faire son choix. Je le ferai plus tard. Après tout, j’ai toute la vie devant moi. Une petite sieste ne peut faire de mal à personne…

***

Le claquement caractéristique de la porte claquant contre le battant me sort brusquement de ma rêverie. Ou de mon sommeil, je ne sais plus. Dans tous les cas, je sursaute et manque tomber de mon perchoir. « Qui a ouvert cette putain de porte ?! » marmonné-je, encore ensommeillé. Difficilement, je quitte la douceur du tissu qui a accueilli mes rêves et m’avance lentement vers le comptoir en frottant mes yeux à demi-fermés. Devant l’entrée, se trouve une dame. L’état dans lequel je me trouve ne me permet pas de l’analyser en détails, mais mon cerveau retient une chose en particulier ; ses cheveux sont noirs et longs. Et son expression n’est en rien rassurante. Je me serais d’ailleurs inquiété si je n’étais pas si énervé d’avoir été dérangé en pleine sieste. « Vous n’avez pas pris rendez-vous. Vous savez, on a d’autres clients, alors faut appeler pour réserver. On n’est pas chez mémé ici, hein ! » Non mais pour qui elle se prend elle, à débarquer au salon sans permission ? Si encore elle avait un pistolet laser et disait s’appeler Princesse Leia, j’veux bien. Parce qu’elle aurait la classe dans ce cas. Mais là, non. Je ne suis pas d’accord.
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Je suis arrivé(e) le : 09/12/2015

La colère, ça fait vivre. Quand t'es plus en colère, t'es foutu.Avalon avait froid, désagréablement froid. Elle détestait ça, son corps c'était beaucoup trop habitué aux chaleurs du Moyen Orient, et rien à faire il ne voulait pas s'habituer au froid du Canada. En plus elle détestait trop se couvrir, sa chemise en soie rouge laissait clairement voir ses seins entre lesquels pendaient un grand collier et elle n'avait qu'un trench pour se couvrir. Pas question de se couvrir plus et de s'étouffer sous les épaisseurs. D'habitude son sang lui tenait chaud, avec le nombre de poisons qui brûlaient dans ses veines il était rare qu'elle ai froid. Mais ce matin elle avait porter une grande attention à prendre tout les antidotes nécessaires, pas question qu'elle se mette à saigner du nez ou qu'on découvre qu'elle se consumait de l’intérieur. Elle avisa une plaque de verglas, l'évita avec grâce malgré ses hauts talons et avisa l’intérieur de son sac, vérifiant encore une fois que la feuille de papier méticuleusement plié en quatre était toujours dedans.

Elle frissonna une nouvelle fois, claque de la langue contre son palais et traversa la rue. Avalon s'arrêta devant une enseigne lumineuse qui grésillait sa lumière crue et projetait un halo sur la façade pas très attrayante « Moonlight Tatoos ». C'est clair que la devanture ne payait pas de mine mais on lui en avait dit le plus grand bien, ça l'emmerdait que cet établissement soit tenu par un faë mais elle n'avait pas le choix elle ne voulait pas se faire tatouer par n'importe quel charlatan et apparemment ce n'était pas le moins doué. Évidemment elle c'était renseigné avant, hors de question qu'elle débarque dans le bouiboui ragoutant d'un stryge, et puis quoi encore, autant s'arracher les yeux que de se laisser toucher par un être de leur espèce. A choisir entre une grippe et la peste elle prenait la grippe.

Ça faisait déjà un moment qu'elle voulait se faire tatouer et il était temps de passer le pas. C'est en tombant sur le motif parfait dans un très ancien grimoire qu'elle c'était décider. Elle avait recopier le motif de transmutation à la perfection, y ajoutant des nuances particulières, incluant de nombreuses variations concernant le poison et les antidotes pour qu'enfin il soit exactement comme elle le voulait. Le motif de transmutation ne serait jamais actif, elle avait fait exprès de briser une ligne pour qu'il soit inutilisable, pas question de sa tatouer quelque chose qui pouvait lui sucer son énergie vitale et donner la possibilité à un autre alchimiste de l'utiliser contre elle.

Elle souffle de la buée blanche et rentre enfin dans la boutique, faisant volontairement bien claquer la porte. Elle fronce les sourcils alors qu'un grognement lui parviens de l'arrière boutique, elle ne comprends pas ce qui est dit mais le ton ne lui plaît guère. Un gamin apparaît derrière le comptoir, les cheveux dressés sur la tête comme s'il venait de se réveiller, une éraflure écarlate marque son front. Avalon se crispe quand il lui parle sur un ton absolument irrespectueux, elle serre les poings alors que son sang se met de nouveau à bouillir. Avalon s'avance, faisant claquer ses talons sur le parquet, elle penche la tête sur le côté, un rictus aux lèvres.

« Un peu de politesse gamin, je ne suis pas n'importe qui. »

Cet insipide humain ne sait pas à qui il s'adresse mais il va finir par l'apprendre, et le plus douloureusement possible. Avalon ne déteste pas foncièrement les simples humains, mais ceux qui se permettent de la prendre de haut comme cet avorton lui donne envie d'exterminer la race entière. Même si ça nécessite de ne garder qu'un dixième de la population mondiale.

« Apprends à tenir ta langue, on ne sait jamais sur qui tu peux tomber, ni quels dommages – irréversibles – ils peuvent t'infliger. »

La jeune femme se recula un peu et fit quelques pas dans la boutique, retirant ses gants avec lenteur, jetant un regard aux tatouages encadrés sur les murs. Elle aimait jouer avec ses futures proies. Faisant volte face et rangeant ses gants dans son sac elle pris un magazine qu'elle feuilleta avec nonchalance.

« Sait tu ce qu'est un Black Mamba avorton? » © 2981 12289 0

“La colère, ça fait vivre. Quand t’es plus en colère, t’es foutu.”Un picotement fort désagréable me ronge au niveau de mon front. Soupirant, je passe une main sur l’éraflure, pour constater que celle-ci a recommencé à saigner. Génial, je suis en train de me vider de mon sang. Mais, comme par hasard, personne ne s’en soucie. Ne prêtant strictement aucune attention à l’incruste, je m’éloigne du comptoir pour vider un paquet de mouchoir. Maladroitement, j’applique le tas sur la blessure, appuyant pour stopper l’hémorragie. Je croyais que c’était ce qu’il fallait faire, mais apparemment non, puisque le sang ne cesse de couler. Et en plus, ça fait encore plus mal. « Putain ! » Rageusement, je jette les kleenex usagés dans la petite poubelle bientôt remplie. Je suis mal barré si je ne sais même pas comment soigner une simple égratignure. Tout ça à cause de fichues aiguilles !

C’est le bruit des talons de l’inconnue claquant sur le sol qui me fait lever la tête. A vrai dire, j’avais complètement oublié sa présence à celle-là. « Un peu de politesse gamin, je ne suis pas n'importe qui. » Son rictus devient bientôt mien. « Vous oubliez de suite le gamin, sinon j’vous appelle la vieille. » Bah oui, elle doit avoir quoi, la trentaine ? Excusez-moi, mais c’est déjà bien âgé. Soudain, mon regard s’attarde un peu plus sur la personne qui se trouve dans le salon depuis déjà quelques minutes, et que je n’ai pas encore vraiment observée. Sans surprise, mes yeux se fixent automatiquement sur un point non négligeable ; sa poitrine. Son décolleté offre un plaisant spectacle de son principal atout. Quelle idée de s’habiller ainsi face à un jeune homme plein d’ardeur ? Elle ne doit pas être très fute-fute…

Comme elle ne se décide pas à agir, je me déplace à nouveau, posant mes fesses sur une chaise. Quel intérêt de rester debout ? De quoi se fatiguer les jambes inutilement. « Apprends à tenir ta langue, on ne sait jamais sur qui tu peux tomber, ni quels dommages – irréversibles – ils peuvent t'infliger. » Apprendre à tenir ma langue ? Qu’est-ce que ça veut dire ? « C’est vrai que vous pouvez faire penser à une sorcière, comme ça. Mais bon, je ne m’inquiète pas trop, tant que vous ne me proposez pas de pomme empoisonnée, ça devrait aller. » Après tout, Blanche-Neige n’était pas morte, au final. L’amour triomphe toujours ! Hm… Je vais vomir, vous permettez ?

Alors que Miss-je-suis-plus-froide-que-la-glace-elle-même retire ses gants en observant les murs, je m’appuie un peu plus au dossier de mon siège, penchant la tête en arrière. Mon front est toujours douloureux, mais je me console en me disant que j’ai déjà vécu pire que ça en termes de bobo. Néanmoins, j’aurais dû me douter qu’il serait impossible de faire une nouvelle sieste en présence de cette dame. Se saisissant d’un catalogue, elle le feuillette en reprenant la parole. « Sais-tu ce qu'est un Black Mamba avorton? » Pff. « Avorton… On ne dit plus ça depuis combien de siècles déjà ? » demandé-je innocemment en l’observant une nouvelle fois. « Bien évidemment que je sais ce que c’est ! N’oubliez pas que vous parlez à un tatoueur Madame ! » Oups, il semblerait que j’ai oublié de placer le mot apprenti dans ma phrase. Mais à qui cela importe dîtes-moi ? Personne ? C’est bien ce qui me semblait…

Parce que je suis une pure boule d’énergie et que je ne peux pas rester assis trop longtemps sans m’endormir, je me lève brusquement, adressant un sourire jovial et moqueur à la cliente aux seins très apparents. « Bon, puisque vous êtes pas trop mal conservée, j’veux bien vous l’faire votre serpent méchant-pas-bô ! Même si vous n’avez pas pris rendez-vous. Avouez, j’suis top sympa, hein ! » Sur ce, je marche jusqu’à elle, lui indiquant d’un geste du bras un simple fauteuil où s’installer. Elle va avoir mal, mieux vaut qu’elle ait le cul posé quelque-part.
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La colère, ça fait vivre. Quand t'es plus en colère, t'es foutu. Avalon avait toujours été à cheval sur la politesse et la bienséance, elle avait été élevée dans une famille assez stricte et elle trouvait que c'était important de respecter les autres. Du moins en public, après ce que les gens pensaient en secret elle s'en fichait tant qu'on était poli dans les paroles. Et le gamin devant elle en semblait totalement dépourvu. Déjà il avait l'air complètement débraillé mais le fait qu'il soit irrespectueux en rajoutait une couche. Il a le toupet de la traiter de vieille, ce que ce gamin ne savait pas c'est qu'elle serait encore en vie quand lui serait déclinant, les alchimistes avaient une durée de vie bien supérieure à celle de simple humain comme lui. Avalon eut un rictus encore plus appuyé quand elle remarqua qu'en plus il avait le culot de mater son décolleté. Bombant ostensiblement la poitrine et le laisse regarder à loisir la vieille qu'elle est.

« Pas si vieille que ça apparemment hein. »

Il s’assoit sur une chaise alors qu'elle secoue un peu ses cheveux, elle n'as pas de temps à consacrer à son éducation elle aurait aimer tomber sur le patron mais apparemment quelqu'un avait décider de lui faire perdre sa journée en lui foutant le gamin dans les pattes. « C’est vrai que vous pouvez faire penser à une sorcière, comme ça. Mais bon, je ne m’inquiète pas trop, tant que vous ne me proposez pas de pomme empoisonnée, ça devrait aller. » Voila qu'il faisait référence à un dessin animé, c'était sur si elle lui appuyait sur le nez du lait allait lui sortit par les oreilles. Elle pivota sur ses talons et revint un peu vers le comptoir.

« Pas vraiment une sorcière petit mais t'en est pas loin. »

Elle le laisse déblatérer tout seul alors qu'elle continue de feuilleter le magazine sans vraiment l'écouter, il est un peu comme un moustique dérangeant dans son oreille. Elle aimerait vraiment avoir à faire à quelqu'un d'autre ça l'agace prodigieusement. Voila qu'il lui donne encore du madame et ça commence sérieusement à l'énerver mais elle s'oblige à garder son calme. Il se lève brutalement ce qui lui fait lever les yeux de sa lecture. Finalement elle le repose sur la table où il était et se rapproche du comptoir. « Bon, puisque vous êtes pas trop mal conservée, j’veux bien vous l’faire votre serpent méchant-pas-bô ! Même si vous n’avez pas pris rendez-vous. Avouez, j’suis top sympa, hein ! »

Il lui indique alors un fauteuil, il croit vraiment qu'elle va le laisser la toucher, encore pire, la tatouer ? Il se fou vraiment le doigt dans l’œil jusqu'au coude celui là. Elle lui fait un sourire presque amusé et le laisse s'approcher d'elle comme s'il allait la guider vers le fauteuil. Avalon secoue ses cheveux.

« C'est moi le serpent dans l'affaire gamin. »

Elle se saisit de son bras sans aucune douceur, le passant sous le sien comme si elle se laissait guider par un gentleman et lui insuffla sans aucun scrupules une nette dose de curare dans le corps. Pas de quoi le tuer mais assez puissant pour lui donner mal au cœur et une bonne sensation d'oppression respiratoire. Elle sort le dessin de son sac et le déplie devant lui comme si de rien n'était.

« C'est cela que je voudrais.»

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“La colère, ça fait vivre. Quand t’es plus en colère, t’es foutu.”Après avoir secoué ses cheveux –l’utilité, dites-moi ?– la dame prend une voix étrange. « C'est moi le serpent dans l'affaire gamin. » Euh… comment dire ? Voilà le moment où je commence légèrement à m’inquiéter. Après tout, même si cette vieille a de fortes tendances à se la raconter avec son décolleté, qu’est-ce qui l’empêcherait d’être en fait un être maléfique venu là pour m’achever ? Je suis complètement fasciné par les histoires que me raconte Selen sur son monde, inutile de le nier. Je peux donc affirmer avec certitude –c’est l’un des seuls moments où je suis attentif, quand il parle– que certaines créatures n’ont aucune once de morale. Même moi j’en ai plus qu’eux. Qui sait si cette brunette n’est pas en réalité un vampire assoiffé de sang et prêt à tout pour s’en délecter ?

Lorsqu’elle attrape mon bras sans aucune douceur, je ne peux m’empêcher de frissonner. Les poils sur mes bras se hérissent tandis qu’elle s’agrippe à moi. Elle est peut-être pas mal dans son genre, je ne me sens pas à l’aise. Inutile de préciser que c’est extrêmement rare. Mes paupières deviennent lourdes, comme si un morceau de scotch les tirait vers le bas. Hm, certainement la fatigue. La cliente farfouille un moment dans son sac. Pendant ce temps, je tente de chasser le semblant de migraine qui me vrille le crâne. Elle est quand-même gonflée celle-là, de rappliquer sans rendez-vous en se montrant si désagréable. Elle ne peut pas simplement se la boucler et se contenter d’être belle ? Cela faciliterait tellement les choses…

« C'est cela que je voudrais. » Rouvrant mes yeux –que je ne me rappelle pas avoir fermés– je jette un coup d’œil à son dessin, sans vraiment le voir. De toute manière, je sais ce qu’est un mamba noir, c’est suffisant. Ce qui me préoccupe particulièrement, c’est cette drôle de sensation qui commence à envahir mes poumons. Comme une pince qui s’appliquerait à compresser mes voies respiratoires. Si au départ ce n’est pas trop dérangeant, ça devient vite ingérable. Ne prêtant plus aucune attention à la femme, je m’écarte brusquement en appuyant sur ma poitrine dans un geste vain pour libérer mes poumons. Seulement, ça ne fonctionne pas, et ma main vient brutalement s’appuyer sur le comptoir alors que je manque de perdre l’équilibre. Ma respiration s’accélère fortement, ma vision se brouille un peu plus et mon cœur s’emballe. Qu’est-ce qui se passe ? Bordel, je n’ai jamais eu de problèmes respiratoires ! Bien évidemment, l’intruse n’a pas l’intention de m’aider. Je suis au bord de l’évanouissement, mieux vaudrait songer à agir là. « Selen ! » Haletant et paniqué, je hurle autant que ma gorge me le permet. « Selen ! Au secours !! SELEN !! » Bon sang, cette oppression insoutenable dans ma poitrine, c’est certainement la pire sensation qu’il m’ait été donné d’expérimenter. Mon corps tombe au sol alors que je tente encore de libérer mon souffle. Dans un dernier effort, mes yeux se plissent en direction de la sorcière. J’en étais sûr ! Elle m’a lancé une malédiction sans aucun doute !
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La colère, ça fait vivre. Quand t'es plus en colère, t'es foutu. Le gamin devant elle lui rappelait un jeune homme qu'elle avait interrogé quelques années auparavant, un faiseur de bombes qui avait tué deux hommes de son unité. Il avait le même air arrogant. En repensant à ce qu'elle lui avait fait elle eu un frisson, elle ne regrettait pas ce qu'elle lui avait fait subir, non c'était un frisson de plaisir. Avalon eu une bouffée d'égo quand le regard de Sloan changea sur elle, quand elle aperçu l'éclat de peur que tout ceux qu'elle avait interrogé finissait par avoir. Ça y est il commençait à comprendre qu'il avait peut être mal jugée l'alchimiste et qu'il c'était peut être foutu dans un sacré pétrin. Vraiment Avalon ne comprenait pas pourquoi les hommes avaient tendance à toujours minorer la dangerosité d'une femme. Elle en connaissait beaucoup sur le fonctionnement de la psyché humaine mais cette question resterait toujours sans réponse apparemment.

Avalon se fait un malin plaisir de le toucher, de distiller son poison, certes à petite dose. Elle sent la réaction épidermique de tout son corps pour résister à la jeune femme. Le corps humain à tendance à savoir ce qui est mauvais pour lui, le corps réagit bien avant que la personne s'en rende vraiment compte. C'est pareil avec la mort comme avec le danger. Et Avalon représentait clairement un danger pour l'apprenti tatoueur. Alors qu'elle sort le papier avec le tatouage dessus elle sent un lâcher prise de la part du jeune homme et elle se retient de sourire, elle connais tout les signes de précurseur de chaque poison. La respiration de Sloan se fait soudain plus hachée et il s'écarte d'elle. Ça y est il a enfin compris. Elle penche un peu la tête, prenant un air inquiet alors que son rictus démens complètement sa fausse intention.

« Tout va bien gamin ? Tu ne te sent pas dans ton assiette ? »

Elle avance vers lui alors qu'il recule, une main sur sa poitrine, il blanchit et un peu de bave mousse sur ses lèvres sans qu'il semble s'en rendre compte. Avalon ne lui a pas donner une dose assez forte pour le tuer mais elle en à assez injecter pour lui foutre la pire trouille de sa vie. Passant sa langue sur ses lèvres, elle siffle entre ses dents, un peu comme un serpent. C'est divin de voir Sloan se débattre contre ce qui l'oppresse, elle revient plusieurs années en arrière pendant ses interrogatoires. Elle se sait cruelle, Mathis commence à adoucir cette facette d'elle même mais pas assez pour qu'elle ne se délecte pas de ce spectacle. C'est alors que le gamin se met à crier à l'aide après son patron. Il s'affaisse au sol et Avalon se crispe. Elle n'as pas du tout envie d'avoir le patron du gamin sur le dos, elle s'est assez renseigné pour savoir que ce fameux Selen est une faë. Les faës ne lui font pas peur, elle pourrait clairement s'occuper du cas du patron s'il venait à arriver mais Avalon n'est pas très encline à se prendre des remontrances par la Reine des volantes. Parce qu'elle sait que si elle s'en prends à l'un de ses congénères elle risque de se faire souffler dans les bronches.

Avalon s'accroupit près du gamin qui lui jette un regard noir, elle sourit de plus belle et l'attrape par le cou pour qu'il évite de crier de nouveau.

« J'espère que cette leçon te suffira pour comprendre qu'il faut toujours traiter les autres avec respect. Gamin. »

Se plongeant rapidement dans le fluide elle laisse couler de la néostigmine dans les veines du jeune homme, l'antidote au curare qu'elle lui à injecter. Cependant elle ne lui envoie pas une dose complête, qu'il garde un peu cette oppression quelques jours, souvenir de son passage.

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“La colère, ça fait vivre. Quand t’es plus en colère, t’es foutu.”Est-ce possible que je meurs, là ? Que je rende déjà mon dernier souffle, à présent ? Alors que j’ai encore tellement de choses à faire, de personnes à rencontrer ? Alors que le garçon qui hante mes pensées depuis tant d’années est toujours porté disparu ? Alors que mon cœur ne s’est pas remis et que je commence enfin à comprendre le sens de la vie ? Cette sorcière va-t-elle vraiment m’achever, là ? Me regarder mourir à petit feu avec ce sourire satisfait ? Selen retrouvera-t-il mon corps alors qu’elle se trouvera encore là, prête à subir ses remontrances ? Qui remplira les caisses de la famille si je meurs, là ?

Alors que la douleur sourde dans ma poitrine poursuit son insoutenable tiraillement, je tente un nouvel appel désespéré ; « Selen… » Mais il n’y a toujours personne. Je suis complètement seul avec cette folle bientôt responsable du meurtre d’un innocent jeune homme. Putain, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Je n’ai pas été très poli, certes. Mais depuis quand tue-t-on des gens pour un petit manque d’amabilité ? Je suis né comme ça, merde !

Le rictus orgueilleux de la brune est la seule chose que mon esprit veut encore analyser. Elle est fière. Si c’est réellement elle, la cause de ce que je suis en train de subir, il y a de quoi. Mais comment aurait-elle pu faire ? Ma première impression lors de son entrée était-elle la bonne ? Se pourrait-il qu’elle soit en réalité une sorcière ? Ça ne m’étonnerait même pas ; elle en a bien la tête ; belle, arrogante, mais qui n’inspire aucune confiance. Et moi qui étais prêt à lui faire son foutu tatouage ! Ah, ma gentillesse me perdra un jour, sans aucun doute…

« Stop… » Mes forces sont en train de me quitter. Définitivement. Mes pensées se mélangent. Mes sens s’entremêlent. La confusion prend possession de mon esprit. Ma vision est trop brouillée. Je ne perçois plus que de vagues ombres. Une voix s’élève. Atteint mes oreilles. Mais pas mon cerveau. Puis, petit à petit, la douleur se fait moins vive. La mort approche, je le sens. Alors j’attends. Je patiente, résigné à mourir pour de bon, cette fois-ci. Pourtant, le temps s’écoule et je me sens vivant. Les contours de la pièce se dessinent à nouveau, le visage de la femme est plus net. Elle est désormais accroupie devant moi, une main sur ma gorge. Si la pression dans mes poumons a fortement diminué, à présent, je suis incapable de produire le moindre son. Elle appuie sur mes cordes vocales pendant que mon organisme semble se régénérer. Quand la douleur sur mon cou se fait trop intense, je recule d’un bond en toussant. Elle a dû m’injecter quelque chose pour soigner l’oppression de mes voies respiratoires, même si je ne me sens pas tout-à-fait rétabli. Le regard fou et terrifié, je me relève le plus rapidement possible, soudainement agité. « J’avais raison ! Vous êtes une putain de sorcière ! » Ma respiration se fait encore haletante, pas totalement remise du choc. « On est fermés ! » Sans attendre, je quitte précipitamment la pièce pour me réfugier auprès de Selen, dans l’arrière-salle. Il est hors de question que je reste plus longtemps en présence de cette dégénérée !

Terminé

« La colère, ça fait vivre. Quand t’es plus en colère, t’es foutu. » [Ft. Avalon ♫]

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