Quelle épreuve ! Je dois admettre que ce n'est pas tout à fait évident à comprendre… Sygrid et moi avons reçu une invitation pour un mariage, dont je ne connaissais absolument pas les mariés. Mais elle, elle m'avait affirmé qu'elle connaissait la mariée, mais qu'elle ne s'attendait pas du tout à recevoir une invitation à son mariage… C'était assez étonnant venant de la part d'une simple ‘connaissance'. En tout cas, c'est ce qu'elle m'avait dit. Je dois admettre que l'idée d'aller à un mariage ne me plaisait guère. Déjà, parce qu'il y aura plein de monde et que ma dernière expérience en foule, c'était avérée plutôt… chaotique ! Et puis parce que je ne connais personne ! J'avais boudé quelques heures à cette idée d'ailleurs… De plus, j'avais du travail à faire à l'université donc bon. Toutes les bonnes excuses du monde, pour ne pas y aller, je les avais toutes employées ! J'avais autre chose à faire que de m'extasier à une cérémonie où il y aura trop de monde ! Mais au-delà de ce fameux peuple, il y avait une chose à laquelle je ne m'y attendais pas – et pourtant, ma nature fait que j'y suis plutôt sensible – c'était le nombre important d'espèces différentes dans cet endroit… Seigneur ! Pourquoi m'as-tu fais ça ?!

J'étais entrée seule dans le lieu de cérémonie. Accompagnée de ma rancœur et de mon malaise. Sygie' m'avait prévenue qu'elle y allait avec quelqu'un. J'étais plutôt contente d'entendre cette nouvelle, mais ceci dit, je ne m'attendais absolument pas à ce que ça soit avec Gabriel !
D'ailleurs, une fois dans le lieu de cérémonie, j'eus mal au ventre. J'avais gardé ma main sur mes entrailles pendant toute la durée du mariage et je fus l'une des premières à sortir de cet endroit pour prendre l'air. Mon Dieu… Tant d'êtres de natures différentes ! C'était difficile… Heureusement, dans ma robe cuivrée, j'avais réussi à planquer un paquet de cigarettes. Accompagné des accrocs humains parfois solitaires, à la nicotine, nous étions les premiers à s'empresser de s'allumer ces petits bâtonnets de tabacs qui font soi-disant du bien. En fait, c'était surtout pour moi, un prétexte valable et crédible aux yeux des autres pour sortir !  

Une fois la bouffée vitale d'oxygène prise, il fallut que je prévienne ma sœur que je voulais rentrer chez nous. J'avais fait l'effort pour elle, de venir ici. Il fallait donc que je montre ma bouille ! Mais en même temps, ce sera l'occasion de lui dire au revoir. Je ne tenais vraiment pas à rester. Il y avait trop de sensations différentes… C'était encore trop complexe à gérer pour moi.
J'entrai donc dans la salle de réception, en prenant soin de me concentrer sur mon souffle et surtout, en affichant un faible sourire. Ma main était restée sur mon bas-ventre, montrant bien aux gens, inconsciemment, que je n'étais pas totalement à mon aise ici.

Par surprise, j'aperçus Gabriel au loin. Étonnée, je partis dans sa direction et c'est là que je vis Sygrid et Flynn à ses côtés. Alors comme ça, elle m'avait cachée qu'elle était venue avec eux ?! Ah ben sympa la grande sœur… !
Arrivée à leur hauteur, je passai ma main dans les cheveux de Flynn, comme à mon habitude, pour lui dire bonjour, l'ébouriffant un peu. Mais comme il était bien coiffé aujourd'hui, je préférai ne pas trop exploser sa coiffure ! « Salut Flynn ! » lui adressais-je, amusée. Puis, regardant ma sœur et Gabriel, je décidai de saluer Gaby' pour directement m'adresser à ma sœur par la suite : « Salut Gaby' » dis-je, sur un ton plutôt familier, sans penser ni estimer la probabilité que Sygrid n'était pas encore au courant que je l'avais déjà rencontré. « Dis Sygie', je crois que je vais m'en aller. Je ne me sens pas bien ici… » Lui dis-je en espérant qu'elle comprenne de quoi je voulais parler….

Si seulement je m’attendais à ça… Gabriel s’envola sans même me saluer. Bon, j’avoue, je lui porte plutôt malheur en ce moment, mais ce n’est pas de ma faute ! Du coup, je pouvais comprendre qu’il me fuyait comme la peste. Mais  je devais bien admettre avoir fait la pire bourde de l’année ! Je n’étais pas concentrée, je n’étais pas bien. J’aurais dû garder le secret, mais ça m’avait échappé. Réellement. Je m’en voulu lorsque je vie le visage de Sygie’ se transformer littéralement. Rouge de rage, elle me fusilla du regard en se raccrochant assez intensément à Flynn… Et merde.

Elle se pencha vers moi pour me chuchoter : « Oh non ma cocotte, tu vas rester encore un peu… C’est quoi cette histoire, tu connais Gabriel ? Tu as … eut une histoire avec ? S’il se tire comme ça c’est qu’il a quelques choses à se reprocher… Et je te jure que si tu me mens, tu risques de te recevoir une bonne partie du buffet en travers de la gueule… » Je fus plutôt choquée par ses propos. Je répliquai alors sur le même volume qu’elle :  « Mais ça ne va pas ?! T’es pas bien ou quoi ?!!... Alors c’est comme ça que tu me vois ?!!... » Dis-je en plissant à mon tour les yeux et en ayant un regard noir. Je n’en revenais pas. Alors elle me voyait comme une trainée qui se faisait des relations sociales en couchant ?! J’étais choquée qu’elle pensa ça de moi. Cette partie sombre de ma vie était loin derrière moi... D’ailleurs, dans la mort, j’avais pris de bonnes résolutions, et éviter de m’emballer sur les personnes qui m’attiraient physiquement en faisait partie. Bon, j’admets qu’à part les histoires avec Artémis et Mathis sénior, elles, elles faisaient exception… mais j’évitais tout de même de trop m’en venter.

Je fis en pas en arrière, pour prendre de la distance vis-à-vis de ma sœur, outrée par ce qu’elle venait de me dire. Au moins, j’étais sur que Gabriel n’avait pas craché le morceau, quant à mes intentions envers ce couple un peu déchiré par le deuil de leur enfant, comme Sygrid me l’avais déjà annoncé, dans un état second, entre plusieurs verres. J’étais réellement sur le point de partir… D’ailleurs, je lui fis volte-face, sans même adresser un regard à Flynn qui, le pauvre, n’avais strictement rien avoir dans l’histoire. En plus, piquer une crise ainsi à une cérémonie, il valait mieux pour l’évènement qu’une de nous deux quitte les lieux avant que cette situation s’envenime et attirer tous les regards vers nous.  « Je rentre. » Lui affirmai-je sur un ton sec et décidé.