Je me passais une main sur le visage. Ahhhh putain, c'était officiel, il fallait que j'arrête la bière. Définitivement, je n'étais pas vraiment à une partie glorieuse de ma vie. J'avais l'impression que tout s'appliquait à partir en vrille en ce moment. Et vous saviez ce qu'était le pire dans tout ça ? C'était que j'étais la cause principale de tout ce merdier sans nom. La seule chose intelligente que je trouvais à faire c'était de me réfugier dans ce fameux liquide. Définitivement, je n'étais pas mieux que ma mère. J'aurai pu me dire que c'était assez, que je devais reprendre ma vie en main. Après tout ce n'était pas dur d'envier un message à Sonja, lui dire que je me sentais mal sans elle et que je l'aimais plus que de raison. Mais voilà, à chaque je venais à y penser, une conclusion inébranlable s'imposait à moi : elle était morte, j'étais en vie. Je devais me répéter sans cesse que je ne devais pas, je n'avais pas le droit de ressentir ça. No woman, no cry. Pas d'amour, pas de problèmes. Maintenant je devais me le répéter un sacré bon nombre de fois avant de m'en auto-persaudé. Je soupirais avant de tremper mes lèvres dans la mousse du latte tout en levant mes yeux sur Piotr. J'avais vraiment besoin de ça pour me tirer de ma catatonie. Par chance, j'avais beaucoup de choses qui me faisaient penser à tout, sauf à Sonja. Mes études, les sorties, les rares amis sur lesquels je pouvais compter. Enfin bref j'avais appris à m'occuper l'esprit, je n'avais plus une seconde pour penser à la banshee. Enfin sauf maintenant. Bordel.

Je jetai un coup d'œil à ma montre. Puis je jetai un regard à Piotr, je devais vraiment avoir l'air d'une gamine. T'es sûr qu'on va pas être en retard ? Il était clairement hors de question que je sois en retard pour ce grand rendez-vous. Car oui, j'avais un grand rendez-vous. Non, bien sûr ce n'était pas vraiment un rendez-vous galant, loin de là même ! Je m'étais arrangé pour pouvoir une de mes star préférée d'Ottawa. C'était une loooongue histoire. Il fallait savoir que j'étais une grand fan de sport. Depuis petite je faisais du hockey sur glace, et c'était ma seconde nature que d'aimer me dépenser. J'avais développé un amour particulier pour tout ce qui était particulièrement brutal. J'étais immédiatement tombé sous le charme du catch. Ces type qui se battaient, sans se battre. C'était un combat parfaitement orchestrer avec les notions de bien et de mal. C'était tellement plus que de se battre comme deux grosses brutes. C'était un véritable show. Et Ottawa était le berceau d'une jeune catcheuse que j'admirais énormément. Indiana Fly, c'était le pseudonyme sous lequel elle répondait. Évidemment, elle n'était pas incroyablement connue, bien qu'elle commençait à avoir sa petite réputation en ville. Et le hasard des choses avait fait que j'avais une connaissance en commun avec ma star préférée ! Alors quand Piotr m'avait proposé de rencontrer la fameuse Indiana Fly, autant dire que j'avais sauté sur l'occasion. J'avais tellement de chose à lui demander. Comment elle préparait ses combats ? Si elle avait un entrainement particulier ? Si elle avait des trucs avant de commencer un show ? ET PUIS ! Il fallait absolument qu'elle me dédicace un tee-shirt ! Obligatoirement ! OBLIGATOIREMENT !

Nous avions fini par nous lever. J'étais tellement pressée que j'avais attrapé la main de Piotr pour le tirer avec moi. Le pauvre, me subir dans cet état, il avait décidément une patience d'ange. Enfin, vous alliez mes dire, vu les cours de maitrise de soi qu'il me donnait, il m'avait vu dans des état pires... enfin je supposais. Mon excitation était à son comble alors que je me dirigeais vers la salle dans laquelle la fameuse Indiana Fly était en train de s'entrainer. A cet instant, je ne sentais plus ma fatigue de ma cuite de la veille. Je me sentais comme une gamine qui allait rencontre le Père Noël en personne. Bon certes, j'enjolivais peut-être un peu la chose, mais à cet instant c'était comme ça que je me sentais. J'étais derrière les portes de salle de l'université qui servait pour divers entrainements, je me demandais si j'étais présentable. Je passais rapidement mes doigts dans mes cheveux histoire d'y remettre de l'ordre. Je tapotai mon sweat qui portait le blason de l'université. Je finis par me tourner vers mon ami avec un petit sourire crispé. Ça va, je suis présentable tu penses ?Ouais je savais bien que c'était stupide, mais c'était plus fort que moi. Désolée, je dois être ridicule. Je suis la pire fangirl du monde ! Je riais toujours aussi tendue cependant. Je respirais un grand coup avant de pousser les portes. Elle était là, au centre, je distinguai une silhouette masquée. Oh mon dieu ! Mais alors que je m'approchai doucement, ma star enleva son masque... et une chevelure rousse apparut. Quand elle se retourna vers moi.... mon esprit explosa. Merde mais je la connaissais ! C'était Riley ! Ma bouche s'ouvrit et... non je trouvais rien à dire sauf... Je me tournais vers Piotr et lui fis des yeux énormes d'étonnements. Ok. Est-ce que c'est une blague ? Je continuais de regarder Piotr, Indiana Fly c'était vraiment.... ELLE ?! Pitié Piotr, c'était le moment de dire que non.... c'était la fille cachée ailleurs.

Cette journée resplendissait, littéralement ! Plus les jours passaient, et plus je trouvais que cette ville devenait très agréable à vivre. Non seulement ma situation financière s'améliorait de plus en plus grâce à mes payes du studio de danse, mais les quelques rencontres que j'avais faites m'avaient... plutôt plu. Les canadiens étaient un peuple plus accueillant que je ne l'aurais cru ! En tout cas, cela me changeait de mon pays natal. Le froid, ici, étonnamment... réchauffait les cœurs ! Du moins le mien...

Une après-midi de repos, et c'était celle-ci que j'avais mise à profit pour passer du temps avec une élève en particulier. Celle-ci n'avait rien à voir avec le monde de la danse, bien qu'à y réfléchir, je ne l'avais encore jamais vu se déhancher. La jeune Artémis était faite du même bois que moi : elle aussi abritait une entité animale en elle, et elle avait peine à la maîtriser. Je ne sais quel chemin cette idée avait emprunté dans mon esprit, mais j'avais spontanément proposé mon aide à cette demoiselle en difficulté. Sans doute parce que je savais à quel point il était difficile d'entrer en parfaite symbiose avec cette bête qui dormait en nous...
Quoiqu'il en soit, ce jour-là, je souhaitais la récompenser pour tout les efforts qu'elle avait fourni au cours de nos séances. Ça, et aussi la prouesse avec laquelle elle avait su comprendre mes explications, car la langue de ce pays avait encore bien trop de mystères pour moi. Mes mots se mélangeaient tant que même moi, je me perdais dans ce que je voulais lui transmettre. Mais je jugeais qu'au fil du temps, elle était parvenue à de sacrés progrès.
Nous avions un peu discuté, lors de nos entrevues. J'avais notamment appris que le sport lui plaisait, particulièrement le catch. Un sourire était apparu sur mon visage quand elle nomma cette discipline, puisque je m'y étais essayé moi aussi en arrivant à Ottawa.
Et qu'elle ne fût pas ma surprise d'apprendre que son idole n'était autre qu'Indiana Fly. Cette catcheuse, je la connaissais sous un autre nom, celui de Riley Jones. Elle et moi... quand j'y repense, notre rencontre fût des plus drôles. Je m'étais tout simplement trompé d'horaires, et en lieu et place d'un cours de catch pour homme, je m'étais retrouvé entouré de jeunes femmes pratiquant cette discipline. Étonnamment, ça n'a pas eu l'air de les déranger outre-mesure... et c'est donc Indiana-Riley qui se chargea de me montrer toutes les ficelles de ce hobby. Non sans me donner quelques bleus au passage... cette discipline, bien que proche de la danse dans son aspect chorégraphique, n'était pas sans douleur !

Ni une, ni deux, je proposais une rencontre entre elles. Le sourire d'Artémis était pour moi un vrai bonheur, et j'étais ravi de pouvoir lui offrir cette chance. Même si, le jour J, la jeune Berserker transpirait de stress, la pauvre enfant ! « Toi ne pas t'inquiéter, je n'être jamais en retard. », lui avais-je intimé, accompagné d'un regard sincère. Je ne mentais pas. Pour moi, la ponctualité était source de savoir-vivre, et je ne supportais pas ne dépasser ne serait-ce qu'une minute sur un horaire imposé.
Ainsi elle me tirait le bras, et semblait être toute émoustillée par cette chance de voir son idole. Elle me faisait rire, ses longs cheveux bruns flottant dans le vent froid, alors que nous arrivions près de la porte du gymnase. Je ne pouvais m'empêcher de la couver d'un regard tendre alors qu'elle me demandait si elle était assez bien pour ce moment. « Toi être parfaite. Détente, détente ! », lui dis-je, tout en tapotant son épaule.
Alors que nous entrâmes dans le gymnase, je remarquais immédiatement la jeune rousse sur le ring, la saluant comme à mon habitude. « Priviet, Riley ! Regarde, je te présenter Artémis, jeune fille dont je te parler autre jour ! »

Mais à la vue de leur expression respectives... quelque chose ne tournait pas rond. Je rebondissais sur la réplique d'Artémis avec incompréhension, tandis qu'elle se regardait en chien de faïence.

« … Blague ? Non, elle être vraiment Indiana Fly ! Je t'assurer qu'elles deux être même personne ! Mais vous deux... vous connaître ? »

La fatigue ces dernier temps avait tendance à grignoter mon enthousiasme comme du moisi sur une vieille croûte de fromage (oui je commence vraiment le rp avec une telle métaphore.). J’étais donc, une vieille croûte desséchée et solitaire au fond du frigo vide de ma vie, et pour être sincère j’en avais l’énergie et le bagou. A croire que je commençais à céder sous le poids de mes activités. Pourtant je n’avais jamais vraiment eut de baisse de moral comme ça, en tout cas pas depuis mon entrée à l’école Hôtelière. Au contraire j’étais depuis, plutôt reboostée ! J’avais mon appart’ et donc, le moyen de m’éloigner un peu de ma mère pour mener ma propre vie. Techniquement… Parce que je me sentais plus encore responsable d’elle depuis que j’étais plus là quotidiennement pour elle.

En gros, j’avais besoin de vacances. Besoin de prendre un peu l’air. Et quelques jours de congés successifs étaient maintenant les bienvenus ! D’ordinaire, j’étais en surtensions pendant les jours de liberté que j’obtenais. J’avais tendance à filer partout, plus les week-ends que la semaine. Mais là j’étais fatiguée. Et pour une fois, j’adoptais un rythme plutôt ‘normal’, plus apaisant. Et je pouvais consacrer des heures à mon sport favori, ce qui n’était pas une mauvaise chose car apparemment, Indiana Fly avait le vent en poupe ces derniers mois !

Et puis là, voilà une journée, qui allait être bonne ! Depuis que Piotr m’avait contacté pour organiser une rencontre un peu spéciale, j’étais comme une gosse. J’avais beau faire ma grande et raconter cette histoire avec un détachement feint, intérieurement j’en pouvais plus. Une fan… j’avais une fan !! UNE VRAIE PUTAIN ! Genre une nana qui voulait rencontrer Indiana Fly. Bon, pour être honnête, ce n’était pas la première fois. J’avais déjà quelques groupies (notamment des hommes d’ailleurs mais leur donner le nom de ‘fangirls’ c’etait quand même super swag !) qui m’attendaient parfois à la fin des matchs pour me faire signer deux trois conneries. Rien de bien méchant, ni de bien palpitant ! Et je restais détachée, parce que c’était des gens lambdas. Mais là… c’était une connaissance de Piotr, et du coup, cette histoire prenait une dimension très réelle. C’était vraiment quelqu’un qui voulait voir Indiana Fly … Oh mon dieu… j’étais fébrile !

Après deux bonnes heures d’entrainement en tenue, pour une prochaine prestation, je retirais enfin ce foutu masque pour respirer un peu. Et c’est à ce moment-là que le p’tit danseur débarqua avec … oh putain. Bug !

- Et merde ! Mais non quoi, j’suis pas d’accord ! Pour une fois qu’il m’arrivait un truc cool là !

J’arrivais pas à le croire… ma fan, c’était elle ? Mais nan. NAN !! A Ottawa, Piotr n’avait pas réussi à tomber sur quelqu’un d’autre que cette petite peste là ? Sur Artémis ? Mais bon sang … Moi qui souhaitais vraiment kiffer la vibe et profiter de ma popularité pour pécho un peu… Bah là c’était grave mort de chez mort. Je fronçais les sourcils en les observant d’un air clairement dégouté. Merci le hasard, t’es vraiment qu’un gros crevard ! Mais loin de me dégonfler, et ce même si j’en avais vraiment très envie… je descendis du ring pour rejoindre Piotr qui me saluait. J’évitais de lâcher qu’Artémis n’était pas la personne que j’attendais… me contentant de lui faire une bise sur la joue, puis de dévisager la jeune brune en répondant au Russe :

- Ouais on se connait, et pas qu’un peu ! Cette foutue teigne me colle aux basques depuis le lycée. Pas moyen de se débarrasser des pots d’glue hein, comme on dit !

Par provocation, je passais alors un bras autour des épaules de cette gamine insupportable qui décidément, finissait toujours dans mon sillage d’une manière ou d’une autre. Mais vu sa tronche à chaque fois, c’était jamais prémédité et surtout pas cette fois ! Sans lui laisser le temps de réagir, je lui ébouriffais méchamment la tignasse en lâchant relativement fort :

- Alors comme ça Artémis, tu es faaaaaaaaaaaan de mon cooooorps ! Je savais que tu étais dingue de moi… C’est ça le truc en fait ! Tu l’assumes pas ma grognasse ? Tu veux un autographe sur les nichons ??!

Heureusement que Piotr était là. Je devais avouer que je m'étais rapidement prise d'affection pour mon ainé. Il avait ce côté reposant qui me manquait cruellement. Être avec lui était une vrai bouffée d'oxygène. Puis il fallait dire que son petit accent et sa manière de parler étaient tout à fait charmants. Personnellement ça me faisait totalement craquer, c'était adorable ! Je ne le remercierai jamais assez pour la chance qu'il m'avait donné de rencontrer mon idole. J'avais tellement de chose à lui dire je savais pas pas où commencer, je devais avouer que j'étais vraiment surexcitée. Je me réjouissais de cette rencontre, j'étais vraiment comme une gamine dans un magasin de bonbons. C'était sans compter sur le fait que je me disais que voir mon héroïne était un peu la seule chose qui allait me remonter le moral. Entre mes premières de fêtes de fin d'années en solo et sur ma « vraie-fausse » rupture avec Sonja, il n'y avait pas grand chose qui était en bon état dans ma vie. Alors pour une fois, tout allait bien se passer. J'étais stressée, par réflexe je demandais à mon ami et professeur si j'étais présentable. Je souris quand il me dit que j'étais parfaite etq eu je devais me détendre. Bon, il ne l'avait pas dit comme ça. Je respirais longuement avant d'entrer dans le gymnase. Comme l'avait si bien remarqué mon confrère berserker, « détente, détente ». Ouais, détente détente. Quand nous arrivâmes et que Piotr prononça le prénom que je connaissais très bien, mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines. QUOI ? Non pas elle, ça ne pouvait pas être elle MA star préférée. Non, pas Riley Insupportable Jones. Je demandais du tac-o-ac au brun s'il s'agissait d'une blague. Non parce qu'entre nous: c'était forcément une putain de blague pas drôle ! Riley n'était pas Indiana Fly, c'était impossible, pas elle. Elle me pourrissait assez la vie comme ça. Je déglutis difficilement quand il me confirma ma crainte. Et merde. C'est bizarre, j'allais dire exactement la même chose. Toi Indiana Fly ? Non, tu seras toujours pour moi Riley IndominusRex Jones. Ouais, pour une fois qu'il m'arrivait quelque chose de cool, il fallait que la chevlure rousse de Riley vienne s'en mêler. Riley était mon poil de cul roux sur mon potage, ça me faisait bien chier.

La rousse répondit directement à mon ami. Tu m'étonnais qu'on se connaissait. Je l'aimais autant que je pouvais la détester en même temps. Quand elle me fit la bise je ne savais pas si je devais etre surexcitée d'avoir embrassé Indiana Fly, ou pleurer parce que c'était Riley. Non vraiment je n'étais pas décidée et clairement, je n'étais pas en l'état de prendre une décision. Détente détente de mes fesses oui ! Je pris une mine faussement choquée quand les qualificatifs de teigne et pot de glue tombèrent sur la table. Juste avant de rire légèrement quand elle passa le bras autour de mes épaules. Je te collais aux basques parce que j'étais trop occupée à regarder tes fesses. La seule chose bien faite chez toi. Je levais les yeux en l'air, histoire de faire genre. Juste avant de laisser échapper et rire franc. Et sans que je n'ai eu le temps de réagir elle avait glissé ses doigts dans ma tignasse et m'avait fait un shampoing. Je laissais échappé un petit cri hystérique et m'éloignais. Mince pour une fois que j'avais fait un effort pour me coiffer. Je finis par rire en essayant de corriger les conneries de la rousse. Ouais Piotr, on se connait depuis un sacré moment. Trop longtemps même si tu veux mon avis. Je pensais que ce n'étais pas de ton age de sauter par dessus la troisième corde Riley. Quand on passe les cent ans ce n'est plus raisonnable tu sais ! Provocation ? Petites piques ? Ouais à force c'était devenu la base de toutes mes conversation avec mon ainée. C'était notre manière de communiquer, à baser de taquineries et de sarcasmes bien placés.

Mais pour le coup, Riley était mieux placée que moi, c'était elle en position de force. Je croisais les bras et lui tirais la langue. Je ne comptais pas me laisser faire. N'empêche, que c'est plutôt toi la sacré grognasse, tu aurais pu me dire ! Je levais les sourcils avant de rajouter avec un sourire carnassier. Je ne savais pas que les combinaisons en latex et les masques c'était ton truc. Je lui accordais un clin d'œil amusé. La riposte contre l'envahisseur venait déjà de commencer. Puis pour contrer sa remarquer sur mes seins.... je remontais mon tee-shirt pour afficher ma poitrine. Je fis un grand sourire et sortis mes plus grands yeux de biches – oui ce n'était pas vraiment crédible quand on savait que j'étais un coyote. S'il vous plait, Indiana Fly, une petite signature sur mes lolos. Même pas cap de le faire. C'était sûr je lui avais cloué le bec sur ce coup-là. J'avais presque oublié que Piotr était à côté. Bon il avait vu mes seins... j'espérais juste qu'il n'allait pas être choqué. Bon hein, ce n'était pas un drame, c'était juste une paire de seins, pas le fils du Diable ! Oui, la nudité ne me gênais pas... Existait-il quelque chose qui me gênait dans le monde.... Hmm pas vraiment. Surtout quand il s'agissait de scotcher Riley.

Alors que j'observais les deux jeunes filles, je n'étais plus aussi certain de mon choix quant à la venue d'Artémis auprès de Riley. Vu leur manière de s'adresser la parole, quelque chose semblait clocher entre elles. Comme si, sans que je le sache, ces deux jeunes femmes possédaient un passif commun dont je n'avais aucune idée. Non, vraiment ? Le monde était-il aussi petit que ça ? Ou tout du moins... le Canada ? Le hasard était décidément une drôle de chose, si bien que je n'arrivais pas à savoir si je devais trouver ça drôle ou non. Tout au plus, d'une ironie certaine...

Je les écoutais donc débattre à deux sur laquelle des deux étaient la plus insupportable, ou laquelle des deux méritaient le plus de jurons envoyés sur leurs beaux visages de jeunes filles en fleurs. Les bras croisés, j'avais l'impression formelle d'assister à un match de catch verbal entre elles. Une phrase de la rousse qui ricochait contre la brune, mais qui ripostait avec détermination face à l'assaut. Elle reprenait l'avantage avant que oui, oui Riley Jones ne contre-attaque avec de solides arguments ! Un léger sourire para mes traits tandis que je comprenais la moitié de ce qu'elles débitaient dans un anglais bien trop... adolescent pour moi ? Je ne comprenais pas vraiment toutes les subtilités de cette langue, mon niveau proche d'un nouveau-né ne m'aidant guère à savoir pourquoi elles piaillaient ainsi. J'avais vaguement compris une histoire de lycée et de traque du côté de Riley, et de cent ans pour Artémis. A croire qu'elles ne pouvaient pas faire autrement que de se parler en hurlant l'une sur l'autre... Étrange, pour de vieilles amies d'école.

Je haussais légèrement les épaules, lorsque le plus inattendu se produisit. Mes yeux clairs s'ouvrir aussi subitement que des soucoupes quand je vis le plus impensable se produire devant mes yeux : Artémis, soulevant son tee-shirt pour montrer au reste de la population combien son soutien-gorge était des plus gracieux. En tout cas, c'était ainsi que je l'avais interpréter, car pour quelle autre raison sinon celle-ci ?! C'était un acte des plus déplacés dans ce genre de lieu... ou même dans tout autre lieu public, d'ailleurs ! « Artémis ?! », ne puis-je m'empêcher d'étouffer subitement, mon accent russe ressortant bien plus qu'auparavant devant cette surprise. Je n'étais même pas sûr d'avoir prononcer son nom correctement, d'ailleurs. A la manière d'un grand frère protecteur – ce que j'étais, d'une certaine façon, de part ma position de mentor en maîtrise d'alter-ego -, je rabaissais d'un seul coup le tee-shirt de la jeune femme au moment même où un tas de muscles huileux sifflait d'un air des plus machos devant l'apparition des seins. Je me tourna vers lui pour lui lancer un regard des plus noirs, m'évertuant à faire fonctionner le hibou interne pour lui vriller les pupilles. Ce qui, étonnement, le fit se taire, non sans me faire un doigt d'honneur au passage. Tssk. Les canadiens pouvaient vraiment être rustres... Mais bon. Je n'allais quand même pas le laisser mater impunément ma protégée, aussi flamboyante soit-elle !

« Les filles... vous vous calmer, d'accord ? Je croire que ça ne pas être endroit pour ça... », dis-je, du mieux que je le pus, alors que je m'approchais d'elles pour les séparer, gardant une main sur l'épaule de chacune pour les maintenir à distance. Mon ton était plutôt doux, malgré l'animosité presque palpable. « Et personne ne signer poitrine de personne ! Ce n'est que malentendu, j'ignorais que vous vous détester à ce point, alors... peut-être que nous devoir repartir, non ? » Je dirigeais mon regard vers Riley pour chercher son approbation, sans véritablement savoir si elle désirait rester seule par aversion envers la Berserker ou si tout cela n'était qu'une sorte d'amour vache entre elles. En tout cas... je voulais à tout prix éviter les bains de sang, si cela était possible...

IndominusRex, j’allais lui montrer qui était l’Indominus ! Rex, il n’allait pas se laisser faire comme ça. Raison de plus de lui faire un shampoo maison, histoire de décoiffer sa tignasse brune à la con qui était bien trop mise à mon goût ! Quand on catchait, une coupe d’enfer excitait les troupes, et la platitude d’Artémis était déjà une lacune à combler. J’allais certainement pas la faire monter sur un ring avec des petits seins ET des cheveux tout ramollo ! Dans ce cas-là, ça aurait clairement été la défaite assurée. Parce que niveau plat j’avais déjà Piotr, donc… fallait pas déconner !

- Passer les cent ans, mais meuf t’as bouffé un clown attardé ou quoi ? J’t’ai connu vachement plus efficace en matière de vannes fracassantes ! Par contre j’apprécie le compliment sur mon cul, tu as donc l’autorisation de le regarder encore…

Sur ce, je dandinais mon popotin, lâchant la jeune femme et lui permettant de me traiter de grognasse et insinuer quelques petites choses forts sympathiques à propos de masques et de combi en latex… Cette petite était tellement loin de la vérité ! A vrai dire on se connaissait pas tant que ça. Même si les années passaient et que malgré tout, le hasard nous forçait toujours à nous revoir, la p’tite Artémis ne pouvait pas savoir grand-chose sur moi. Et s’était bien réciproque ! En vérité, Arté, je savais pas vraiment qui elle était, à part cette espèce de petite chieuse qui me collait aux basques. Au lycée d’abord, puis chez Oreste… Et maintenant dans mon antre de sexy Indiana Fly aux côtés de Pipio. La fille cherchait. Mais en vrai, peut-être que c’était elle, qui appréciait les combinaisons de cuire et les accessoires… Brrrr ! C’était effroyable de l’imaginer ainsi, la gamine ! En attendant, j’allais répliquer à un niveau sonore presque insupportable quand soudain… des seins. Des p’tits seins d’accord mais quand même ! Les boobs !! Artémis venait de soulever son t-shirt en braillant comme une midinette qu’elle voulait vraiment avoir sa dédicace sur ses lolos ! Qu’à cela ne tienne ! Même si à côté, Piotr semblait défaillir, aussi blanc qu’un linge sortant d’un bain d’eau de javel et couinait que c’était pas correct gnahgnahgnah ! Les Russes, ces petites natures ! Il eut même la décadence de baisser le t-shirt d’Artémis alors que je louchais sur les nénés en sortant un feutre noir de mon soutif (bah oui j’avais prévu le coup, merde !). Mais c’est vrai que ça sifflait pas mal derrière ! Je me tournais donc vers les quelques gros bras totalement dépourvus de neurones, sans doute à force de se prendre des taules, et hurlais d’une voix provoquante :

- Hey les gars ! Vous voulez voir un truc que vous ne ferez jamais ?  

J’amorçais alors un geste vers Artémis mais Piotr n’était pas ouvert à toutes propositions comme le disait l’expression. Il semblait même très important pour lui de nous séparer… Putain mais j’allais pas lui foutre ma mains dans la tronche ! Il lui prenait quoi ? Il ne comprenait pas encore le principe de l’amour vache sans doute, mais on semblait quand même bien loin de vouloir se battre comme des lopette, non ? Enfin, j’avais pas trop idée de l’image que l’on devait donner toutes les deux, mais sa réaction me laissa un peu pantoise. Cependant, j’allais pas me laissé abattre. Surtout pas après avoir provoqué les gorilles crétins qui je le pensais, nous regardait en attendant d’avoir une démonstration de ce que justement ils ne feraient jamais… et que je semblais ne jamais faire non plus. #looseuseducanada. Ma crédibilité était en jeu ! Je me dégageais alors de la prise de Piotr, non sans un sourire se voulant rassurant mais qui devait surtout tirer vers le pervers…

- Non mais t’inquiète je vais pas lui faire du mal… au contraire ! Héhé !

Sitôt dit et partant dans un rire plutôt gras, je relevais le t-shirt d’Artémis et retirait le capuchon du feutre à même les dents pour hurler en même temps que j’écrivais en travers de sa poitrine :

- ‘Indiana Fly te baise furieusement’… Petits keurs keurs keurs ! Eeeeet voilà c’est magnifique !

Je dessinais encore un petit cœur, puis une b*te, puis ce qui ressemblait à un hamburger (hors sujet, zéro à l’épreuve artistique au collège) avant de reboucher mon feutre et reculer pour observer d’un air satisfait, à la De Niro. J’osais même pas regarder du côté de Piotr… mais riait quand même lourdement en adressant des haussements de sourcils entendus aux mecs qui avaient sifflés et qui semblaient à leur tour, pantois. Puis je plaçais mes poings sur mes hanches pour hocher la tête, une expression de crooner sur le visage.

- Alors… heureuse ? Bon fais pas la gueule Piotr, tu as réussis à combler une femme de désir, et je pense pas que ça se reproduise un jour, alors Smile, Ok ?

Cette saleté de Riley. Pour moi elle était vraiment comme une épine dans mon pied. Elle avait décidé de me pourrir la vie ou bien. Voilà que cette fichue rouquine se révélait faire partie des personnes que j'admirais le plus au monde. Bordel. Il ne fallait vraiment pas que je lui fasse une telle confession, elle s'en serait réjouie pour le reste de sa vie de vieille peau. Autant dire que je préférais avoir un herpès facial que de subir ça. Mais je ne comptais pas me laisser faire. Je venais tout juste de soulever mon haut pour montrer ma poitrine à mon amie. J'avais pris ma plus belle voix mielleuse, autant dire que j'avais mis les bouchés double. J'avais complètement oublié la présence de mon ami et maitre jedi berserker, qu'était Piotr. Oui, je montrais mes lolos devant lui et oui, il pouvait ne pas apprécier le geste. Mais j'étais tellement emportée dans ma volonté d'en boucher un coin à ma rouquine d'amie, que tout ceci avait été relégué au plan de détail. Pourtant pour lui, c'était loin d'être un détail, au vu de son exclamation et de son visage. La réaction du russe ne se fit pas priée, il baissa  mon tee-shirt alors que derrière les sifflements de se faisaient entendre. Bon ok, peut-être qu'il avait eu raison dans le fond. Mais au lieu de l'admettre, je me retournais et envoyais un baiser très largement exagéré à ses messieurs.

Piotr tentait de calmer le jeu. Hein ? Non, il n'avait pas compris le petit gars. Je souris, il était tellement adorable. Il pensait qu'on se détestait. Décidément, ils manquaient de nuances dans les pays de l'est. Attend il était vraiment en train de se mettre entre nous. Non vraiment ça commençait à virer à la pièce de théâtre. Malgré moi, je levais les yeux en l'air et poussais un long soupir. Cependant la phrase de Riley me fit lever les sourcils, tiens, elle comptait répliquer. Je me demandais comment elle comptais faire. J'étais intriguée. J'étais prete à la recevoir, et ce malgré les principes ruskov de Piotr. D'ailleurs « Indie » prit le temps de le rassurer. Mais sa phrase piqua encore plus ma curiosité à vif. Bordel, elle avait un truc en tête. Alors quand elle rit, et souleva à nouveau mon tee-shirt. La sentence ne tarda pas à tomber. Alors qu'elle écrivait sa phrase pleine de poésie, je bombais le poitrine. Bon ok, elle avait gagné sur le coup. Je m'avouais presque vaincue. Par contre sa phrase à Piotr m'arracha un rire franc. Bordel, ça c'était bien envoyé. Riley dans toute sa splendeur. Alors que je pris le temps de baisser à nouveau mon tee-shirt alors que je riais. Je posais ma main sur l'épaule de la rouquine. C'est le plus beau jour de ma vie ! Je riais tellement que je commençai à avoir de larmes au coin des yeux. Je tentais de me calmer et regardais Piotr. T'inquiète pas... on est … amies. On aime juste beaucoup se taquiner. Je posais mes deux mains sur les épaules de mon mentor pour le rassurer. Puis sans crier gare je reportais mon attention sur les types qui m'avaient sifflés plus tôt. Hey les gars vous voulez voir un truc que vous n'aurez jamais les couilles de faire ?! Sans même attendre un réaction, je me retournai, avançai vers la rouquine et plaquai mes lèvres sur celles du terrible IndominusRex. Les sifflements se firent à nouveau entendre. Quelques secondes après je m'étais éloignée d'elle et j'affichais un sourire satisfait. Tu peux avouer que t'as kiffer. Je me remis à rire de plus belle. Bon sang, cette après-midi virait au gros n'importe quoi !

Bien. Je crois qu'au final, j'étais au milieu de quelque chose qui me dépassait quelque peu. Je ne savais de Riley et d'Artémis que le meilleur en terme de volonté et de spontanéité. Autrement dit, elles ne m'avaient jamais encore montré cette part d'elles-même, beaucoup plus libérée que ce à quoi je m'attendais. Déjà que la dédicace sur la poitrine était d'une drôle de nature relevant d'un étrange procédé... mais peut-être que c'était courant, chez les jeunes d'Ottawa. Peut-être que c'était moi qui était trop vieux jeu, à venir de ma Sibérie natale littéralement restée coincée à l'ère glaciaire, je ne sais pas... J'avais au moins dix ans d'écart avec elles. Il peut s'en bousculer des choses, en dix ans, au sein des mœurs.

Je les regardais avec deux ronds bleus à la place des yeux. Vu ce qu'elles s'envoyaient au visage, je ne me serais jamais attendu à un tel dénouement, surtout venant de la part d'Artémis. Bon, j'avais vaguement compris de sa part lors d'une conversation une attirance prononcée pour une rousse dont elle me taisait le nom... mais... je n'aurais jamais imaginé qu'il s'agissait de Riley ! C'était donc ça, « l'amour vache » dont elles me parlaient ? Et qu'est-ce que les vaches avaient à voir là-dedans ? Ça n'avait pas vraiment de sens... et étrangement, j'avais désormais en tête une image dérangeante de deux bovines se roulant allègrement une énorme pelle avant de se battre comme des chiffonnières. Merci pour l'image mentale... Décidément, ces deux gamines étaient pleines de surprises. Un peu trop peut-être, mais ça avait le mérite d'être distrayant. « Ah... bon... hum... d'accord. », lançais-je, véritablement surpris devant le baiser.

Pour être honnête, j'étais bien mal placé pour juger de la portée gay de cette embrassade. Avouez, ç'aurait été l'hôpital piétinant la charité en rigolant comme un psychopathe, à ce stade-là. Je révolutionnais moi-même la communauté des pinsons russes. Alors deux demoiselles fricotant ensemble, pensez-vous... ça me passait au dessus, malgré l’inattendu de la situation. Ce fût plutôt les réactions des autres personnes présentes qui me choqua. Surtout des tas de muscles de tout à l'heure, ces mêmes tas de muscles qui avaient sifflé devant le soutien-gorge apparent d'Artémis. Qu'est-ce que je pouvais détester ce genre de personnage... tout juste bon à jouer les beaufs primaires. Dés l'instant où Artémis posa ses lèvres sur Riley, certains sifflèrent à nouveau, sans doute amateurs de ce genre de tripes. Mais d'autres, plus virulent, s'empressèrent de lancer à leur encontre des mots tels que « goudous » ou « sales lesbos ». J'avais beau être très mauvais en anglais, l'intonation, et le ton agressif ne laissaient pas de doute. J'avais moi aussi subi pas mal de tracas de cet ordre-là, et quelque soit la langue, le message discriminant restait le même et avait le don de me rendre dingue. Je me tournais alors vers eux, grognant légèrement et ne pouvant m'empêcher de l'ouvrir : « Quoi ? Vous être jamais sorti de campagne profonde ? Espèce de gros fascistes ! Merde ! » Ça ne manqua pas des les énerver, évidemment. Leur expression changèrent, et certains allèrent jusqu'à me balance d'élégants « tarlouze » et autres « suce-teub » d'une finesse incroyable. Soupirant, me contenant, je préférais me tourner vers mes deux amies, les bras croisés, visiblement ennuyé. « Vous deux passer journée à vous embrasser ou nous pouvoir partir d'ici ? Je trouver trop d'hommes machos au kilomètre carré. Venez les filles. »

Voilà que mon humeur vrillait légèrement, et que je les entraînais vers la sortie... mais je n'y pouvais rien. Les homophobes et moi, c'était épidermique, une véritable guerre sans fin.