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Let's Have a Drink [Heathcliff & Diane] +18

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Heathcliff A. Lovecraft
I'm Not an Artist I'm a Fucking Work of Art
Heathcliff A. Lovecraft
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Messages : 283 Je suis arrivé(e) le : 14/03/2016 Sous les traits de : Marilyn Manson Je me dédouble : Jahaal J. Sepehr & Aldous B. Koch & Archibald S. Rosier Pseudo : Yuki Shuhime Crédits : @SWAN Points : 3578 Couleurs RP : #660000 Let's Have a Drink [Heathcliff & Diane] +18 Tumblr_mxzcjiCoY31rk4sq3o1_250

J'ai : 44 ans Je travaille comme : Artiste peintre & Professeur aux Beaux Arts Actuellement, je suis : Follement amoureux d'une Ombre, mais c'est un secret Pouvoir : Manipulation du son Niveau social : D'anciennes richesses familiales
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Let's Have a Drink [Heathcliff & Diane] +18 EmptyVen 1 Juil - 17:58
Let's Have a Drink



14 Juillet 2016 - 22h - Heathciff & Diane


Il tenait fermement ce futile objet de technologie entre ses longs doigts gantés de velours. La bouteille de Gin qui lui faisait face semblait l'accabler de reproches à mesure que son niveau baissait. Dans sa main droite, danse un verre ballon à moitié vide. Une nouvelle gorgée, une nouvelle vague de poison qu'il ingère pour panser les plaies de son âme. Une nouvelle gorgée et un nouveau brasier ravivé plutôt que de s'éteindre. Il pose un regard blasé, presque ahuri sur ce téléphone mobile. Il scintille. Il n'aurait pas espérer de réponse si précoce. Il n'en attendait aucune. S'il avait voulu contacter Diane, il n'aurait jamais pu imaginé qu'elle partagerait son envie de le revoir.  Et pourtant ... Sa vue n'est pas encore trouble, mais ses gestes sont peu assurés quand il lui répond simplement l'adresse du manoir. Il n'avait pas envie de sortir. Un bip sonore lui informe que le message a été remis à son destinataire et un rictus fend son visage meurtris. D'ailleurs, depuis une semaine, il ne sortait plus que par nécessité absolue. La dernière fois, il avait échangé son corps avec une Stryge blonde insupportable et il avait rencontré Diane. Un mal pour un bien, sans doute.

Mélancolique, il incline doucement la tête en remuant les doigts, amplifiant la discrète mélodie qui s'échappe du tourne-disque en sourdine. Les premières notes d'un requiem s'intensifient et pendant quelques minutes, il ferme les yeux et s'abandonne à la musique. Pourtant, dès que ses paupières se closent, dès que son esprit s'évade, c'est pour plonger dans un enfer à la peau laiteuse et aux cheveux roux. Alors il ne bouge plus, la musique meurt au bout de ses doigts et le silence se glisse partout autour de lui, rampe à l'intérieur de lui, le pénètre et l'immobilise, le paralyse. Nu dans les ténèbres, soumis à l'étreinte de la fange, il sombre davantage à chaque instant. Une nouvelle rasade servit approximativement par une main qui tremble déjà. Une nouvelle gorgée qui tapisse sa gorge et la brûle. Une nouvelle façon d'essayer de l'oublier. Il ne devrait pas boire autant, Diane arriverait d'une minute à l'autre. Il devrait se lever, ranger le désordre qui règne dans le Manoir, s'apprêter pour être présentable. Il devrait faire bonne figure, faire honneur à ses parents et à ses origines anglaises, à son titre de Lord, faire semblant que tout allait, faire comme si il ne s'était rien passé, faire comme s'il ne savait pas qui elle était pour elle.

Mais il était beaucoup trop faible pour y parvenir. Sa chemise blanche jaunit par les jours successifs à être portée, absorbant la sueur alcoolisée et le sang frais d'un torse pourvu de nombreuses entailles. Son pantalon de cuir toujours plus ajusté qui ceignait ses jambes pour se couler la circulation du sang. Ses pieds nus où il creusait encore les entailles du miroir de l'Immortelle, saupoudrant de gros sel les plaies pour qu'elles ne cicatrisent pas, derniers souvenirs d'elle qu'il gardait en sa chair. Ses mains gantées de velours, aux ongles trop longs, au doigt maculé de pigments et d'huiles qu'il refusait de laver. Ses cheveux rabattus en arrière, lui donnant l'air d'un corbeau brutalement attrapé à la gorge par un chat affamé. Son visage sans le moindre artifice, sa peau nue, ses lèvres ternes, ses yeux asymétriques et terriblement vide. Il avait l'air d'un spectre, identique à celui qui avait quitté Mara à la morgue. Parfois il reprenait courage, il allait mieux. Quelques rails de poudre le faisait fonctionner pour un jour ou trois. Et puis il redevenait le même, aussi apathique, aussi mou, sans la moindre vitalité, attendant avec une patience déguisée que le temps passe. Parfois il retournait dans son atelier, s'allongeait au milieu des toiles inachevées d'elle, où il cherchait à reproduire son essence, sa quintessence, sans jamais y parvenir. Et puis il lacérait le papier effaçant sa présence comme son absence. Et puis l lacérait sa chair, le sang coulait et se mêlait à l'huile et aux poudres de couleur dans une fresque anarchique.

Malgré ses beaux discours, malgré ses promesses chevaleresques, il se laissait grignoter par les abysses qui tendaient les bras pour le happer vers les profondeurs, pour le pousser à choir et à s'abandonner aux méandres de son esprit dérangé. Des souvenirs du passé le hantaient sans cesse, et chaque jour les ténèbres gagnaient du terrain sur l'opale et il s'abandonnait à la débauche et au stupre qui seuls pouvaient panser ses blessures autrefois. Dans sa chambre à coucher, ses draps souillées des différentes femmes qui étaient venus atténuer son tourment, semblaient un test de Rorschach formant son visage. Toutes des rousses, grandes, cadavériques, blanches comme la mort, toutes strictes, en tailleur de masque et escarpins de luxe, toutes avec cette odeur de formol et d'eau de parfum, toutes portant ce même rouge à lèvre gras. La soie sentait le foutre et la sueur, maculée de traces carmines et de nectar vermeil coagulé. Aucune n'était si belle, aucune si cruelle. Il ne retrouvait dans aucun corps l'étincelle morbide de Mara. Ce qu'il faisait n'avait aucun sens, il en avait conscience. Pourtant il n'avait plus aucune volonté. Un rire cynique rompt le silence alors que ses dents grincent et que sa mâchoire se contracte. Un verre. Un autre. Comme s'il suffisait de boire pour l'oublier ...



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Dernière édition par Heathcliff A. Lovecraft le Mar 12 Juil - 12:14, édité 2 fois
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LET'S HAVE A DRINK

The world is just illusion trying to change you


Elle tourne en rond. Elle n'est plus qu'un animal en cage. Les heures s'égrènent inlassablement mais ne lui promettent aucune rédemption. Alors, elle se noie chaque jours un peu plus dans quelques chimères. Elle s'anesthésie sous ces litres de liqueur qui semblent vouloir tout annihiler sur leur passage sans réellement y parvenir. Mais il ne reste plus que cela désormais. Il ne lui reste plus que le vide et ce néant béant qui se creuse toujours plus entre ses côtes. Elle aimerait disparaître, enfin. Elle aimerait ne plus être. Alors, elle se recroqueville toujours plus entre les parois de son cloître qui cherchent à l'écraser. Mara. Elle en rêve jusqu'à l'indigestion. Elle l'appelle jusqu'à en dégueuler toute l'amertume que cause son absence. Elle l'effleure dans ses aspirations les plus intimes, se fond en elle dans quelques délires extatiques. Mara. Le manque lui fracasse l'âme, ou du moins ce qu'il en reste. Et elle en hurle son nom dans ses nuits sans paupières. Elle en réclame cette chaleur qui n'était propre qu'à elles. Mara. Elle aimerait s'arracher les yeux pour ne plus voir sa silhouette, se lacérer la peau pour ne plus éprouver encore et encore ses mains sur elle. Mara. C'est une malédiction qui ne cesse de la hanter, comme une ombre sépulcrale, un glas lointain qui, lui rappellerait sans cesse qu'elle n'est plus sans elle. Parce qu'elle n'est plus qu'une carcasse dénuée de sens, qu'une carcasse dénuée de tout intérêts sans les souffles de sa rousse. Elle n'est plus qu'un triste mausolée, que les jours ravageraient inexorablement. Et elle la déteste pour cela, pour l'importance qu'elle s'est donnée insidieusement. Elle la déteste, et cette colère n'est plus qu'une bile écœurante dans le creux de sa gorge.

Combien d'heures se sont écoulées depuis la dernière fois ? Diane ne le sait plus. Elle a perdu la notion de l'univers. Recroquevillée dans un coin de la chambre, elle enserre ses membres contre sa poitrine, espérant vainement taire ce tiraillement accablant qui lui broie la cage-thoracique. Les cadavres de verre s'amoncellent autour d'elle. Elle a cessé de compter les gorgées. De toute évidence, il ne lui reste que cela. Elle observe son reflet qui, face à elle, lui renvoie une image pitoyable. Un rictus railleur s'esquisse sur ses lèvres pâles. Là, dans l'obscurité pesante de son appartement, Diane n'est plus qu'une funèbre apparition. Elle a perdu de sa superbe. Elle a perdu de son essence. Elle lui a tout laissé. Elle s'est mise à nue. Et, il ne reste plus rien à prendre. Diane se saisit d'une charogne à ses pieds, la jette contre le miroir qui se brise en quelques éclats désolés. Elle maudit cette Noirceur qui lui gangrène l'existence. Elle maudit cette allégorie cinglante des Ténèbres. Elle maudit l’Ébène qui ne sait que l'étouffer toujours plus. Le sol se dérobe sous elle, et l'avale de sa gueule béante. L'iode a séché depuis longtemps sur ses pommettes creuses mais continue de lui brûler perfidement la rétine. Mara. Elle en meurt chaque jours.

Le cellulaire s'égosille au loin. Mais Diane ne remue pas d'un pouce. Elle reste suspendue au plafond, à contempler un ciel qu'elle ne reverra jamais. Elle joue à faire la morte, comme cette fois où, d'un battement d'aile, elle avait percuté le sol auprès de Mara, dans un délire presque enfantin, alors que le train s'élançait sans broncher dans l'obscurité. Elle joue à faire la morte, là, étendue sur la moquette, les yeux à peine ouverts et les membres inertes. Et elle attend. Elle attend désespérément que la Fin l'emporte. Mais rien ne vient, si ce n'est le jour qui se substitue inexorablement à la nuit. Elle papillonne des cils, inspire profondément une goulée d'air. L'attente se transforme rapidement en profonde agonie. N'était-ce pas ce qu'elle cherchait ? La douleur dans la Mort ? Mais si elle exècre sa non-vie, Diane redoute davantage la vie qui s'en vient pour mieux repartir. Et, c'est Mara qui l'a emporté avec elle en se détournant sans un seul regard en arrière. Une plainte désarmante vibre dans sa gorge. Mara. Elle est partout, mais nul part à la fois. Elle est partout, mais pas à ses côtés. Elle est partout, mais pas en elle.

Dans un élan qui la surprend, Diane récupère le téléphone dans les replis de ses draps. Heathcliff. Un sourire, fragile, mais sincère se peint sur son visage mort. Et elle ignore d'où lui vient cette caresse chimérique, mais elle s'en gorge secrètement dans un frémissement presque frénétique. Il y a toujours ce sentiment réconfortant lorsqu'elle songe à cet homme dont elle a habité le corps l'espace d'un instant. Une symbiose quasi-parfaite s'est installée entre eux, une évidence déroutante que Diane n'a pas essayé de repousser. Il y a cette douceur latente entre eux, cette reconnaissance silencieuse, comme un secret qui les lierait indubitablement. Elle hésite, une seconde à peine, avant de répondre positivement à son invitation. Elle a besoin de cette tendresse illusoire qui la submerge chaque fois qu'elle pense à Heathcliff.

Dans un simple souffle, telle une brise, Diane s'évapore. Les paupières closes, elle se laisse dévorer par sa propre nature qu'elle bride souvent. Elle se laisse fondre dans l'atmosphère céleste qui la transporte par delà le tangible. Lorsqu'elle reprend enfin conscience, la Sidh se trouve face à l'échine courbée du brun. Elle reste là, quelques minutes, à l'observer à la dérobée. Les vapeurs d'alcool planent au dessus d'elle et viennent faire écho aux siennes. Prudemment, elle s'approche puis, dépose sa paume entre ses omoplates.
- Heathcliff, chuchote-t-elle afin de ne pas le surprendre.
Elle se penche vers son visage, ancre un regard bienveillant dans le sien: plein de vide et d'aigreur. Ses doigts effleurent sa joue creuse, alors qu'elle lui offre, à son tour, un rictus douloureux.
- Je suis là...
Ça n'a aucun sens. Et, Diane ne sait pas pour quelles raisons, justement, elle se trouve . Mais, sans qu'elle ne sache véritablement pour quoi, elle sait que sa place est ici.




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Let's Have a Drink [Heathcliff & Diane] +18 EmptySam 2 Juil - 19:34
Let's Have a Drink



14 Juillet 2016 - 22h - Heathciff & Diane


Une paume au creux de son dos. Un souffle qui caresse sa nuque. Une voix douce qui l'apaise une seconde. Et l'apparition d'un spectre encore plus détruit que lui. Diane n'est pas belle. Ses traits sont marqués, ses yeux délavés et son air complètement hagard. Sa pâleur dangereuse, ses lippes pleines à la moue boudeuse, son regard triste. Elle était comme son reflet dans le miroir, comme son double. Il voyait sa propre monstruosité et sa propre souffrance en elle, il contemplait sa déchéance et sa descente aux enfers. Elle était belle pourtant, belle dans cette mélancolie corrosive qu'elle dégageait, belle dans cette constante auto-destruction qu'elle désirait, belle dans cette vulnérabilité qui la cajolait dans son épais cocon, belle dans sa faiblesse et son odeur d'alcool qui imbibait sa peau. Il la respire, un moment sans lui répondre, appréciant seulement les accents de son timbre un peu rauque pour une femme, enroué, et le ton d'une douceur incomparable. Son prénom est une symphonie à lui seul ainsi articulé entre les pétales de satin de la brune et la caresse aérienne de sa main tremblante sur sa joue est plus douce que le velours. Il sourit. Cette grimace presque perfide rend son visage encore plus laid, encore plus difforme, encore plus effrayant.

Alors elle passe devant lui, vaporeuse comme le spectre qu'elle est. Heathcliff est ravi de la regarder dans son propre corps, et de ne plus voir son imposant et troublant reflet. Cette expérience avait été désastreuse pour le peintre qui n'avait pas remis un pied dehors depuis, de peur qu'on lui retire à nouveau sa carcasse par un quelconque maléfice. La terreur de cette soif sourde et l'apaisement après avoir bu son propre sang l'avait tourmenté plus que de raison. Il lève la tête. Un regard lourd et très sombre qu'ils partagent, un sourire pourtant sincère qui dévoile à l'autre toute leur souffrance. Il n'a pas la moindre idée de ce qui rend Diane si malheureuse, et sans doute ignore-t-elle tout de son propre supplice. Son corps suinte le gin et elle semble appeler autant que lui la noyade intérieure et l'étouffement de ses propres alvéoles. Il la comprend. Il la comprend parce qu'il vit la même chose et qu'il n'y a que son opiniâtreté qui le rattache à une existence matérielle. Que cette conviction profonde qu'il ne vaudra rien tant qu'il n'aura pas accompli la Grande Oeuvre. Quitte à souffrir jusqu'au bout une existence solitaire vautrée dans le stupre. Pourvu qu'il y parvienne. Pourvu qu'il n'échoue pas. Il ne supporterait pas un nouvel échec, ni une nouvelle humiliation. Alors il payait. Il payait pour l'ivresse jusqu'au vertige. Il payait pour l'extase jusqu'à l'épuisement. Il payait pour planer jusqu'au délire. Il payait pour que son corps ait aussi mal que son âme. Il payait pour que ses sens assouvissent ses désirs et que ses sensations noient ses sentiments.

Il reste toujours coi car il sait que s'il parle, une avalanche immonde de paroles creuses et vaseuses sortira de sa gorge et qu'il parlerait d'elle. Il s'y refuse. Il veut d'abord que Diane sache qu'il la connait. Il veut comprendre ce qu'elle est pour Mara. Pour qu'elle le repousse. Un prétexte ? Une excuse ? Une invention de toute pièce ? La vérité ? Il avait besoin de savoir, besoin pour pouvoir oublier. Ou au moins essayer car il ne parvenait pas à échapper à la possession démoniaque de Mara. Cette putain rousse qui tordait son coeur et y plongeait ses ongles sans même se soucier de son existence. Celle qui avait réduit son art à néant en une soirée. Un exorcisme, voila ce dont il aurait besoin, l'hypnose d'un puissant médium ou la léthargie suivant une séance d'électrochoc. N'importe quoi pour qu'elle sorte de sa tête, n'importe quoi pour balayer sa présence et redevenir ce qu'il était avant qu'elle ne s'évanouisse au milieu de sa galerie. Il ne peut soustraire son regard à Diane. Elle a l'air si chétive, si innocente, si pleine d'une touchante naïveté. Il voulait connaître la cause de sa douleur, il voulait comprendre pourquoi elle avait si mal. Peut être laisserait-il le temps cicatrisé ses plaies s'il pansait celles de Diane. S'il léchait ses blessures sanguinolentes pour en extraire le poison et l'avaler à son tour.

"Je suis heureux que tu sois là, Diane. J'ai souvent pensé à toi. Je pense que je ne te remercierais jamais assez pour l'autre jour. Tu es une femme exceptionnelle ... Je t'en pris, assied-toi où tu veux."

Ils étaient dans le grand salon du manoir. Heathcliff se tenait vautré dans son fauteuil de cuir noir, ses jambes pendant dans le vide, s'étendant de tout leur long sous une table basse où s'amassait les bouteilles et un seul verre. En face de lui, un piano à queue entièrement recouvert de nacre bleu nuit. A côté, un tourne-disque à l'ancienne mode et sa collection de vinyles rangée presque obsessionnellement. Une âtre vide dans laquelle il ne faisait jamais de feu. Un sofa recouvert de brocard vert émeraude où il ne s'asseyait jamais. Une immense bibliothèque dont les rayonnages montaient jusqu'au plafond et une échelle coulissante dont il n'avait pas besoin. Les tentures, larges et épaisses, en velours pourpre, qui obscurcissait les fenêtres hautes jour et nuit. Et partout aux murs, ses propres toiles. Les plus sombres, les plus sinistres. Pour garder l'oeil sur ses démons ou pour ne pas leur échapper, il ne saurait dire.

Le parquet de bois ciré est presque partout recouvert de tapis de perse, le plus souvent bordeaux ou amarante. Les tapisseries que l'on voit à peine n'égayent pas l'endroit. Pourtant, cette pièce du Manoir est celle où il passe le plus clair de son temps. S'oubliant parfois au piano. S'endormant en boule sur son fauteuil trop petit pour se réveiller fourbu de courbatures, les muscles endoloris. Sa chambre ne servait qu'à soulager ses plus bas instinct et il n'y dormait que rarement, comme s'il ressentait encore la présence de son ex-femme et qu'il ne pouvait s'y abandonner au sommeil mais seulement à jouir impunément de la croupe d'autres femmes. Son atelier de peinture, il ne s'y rendait en ce moment qu'une fois ses sens complètement anesthésiés par l'alcool, pour se faire du mal en essayant de se faire du bien. Et l'atelier d'alchimie, il n'y allait plus. Tout le reste du Manoir n'était qu'une immense coquille aussi vide que son coeur et aussi sinistre que son âme. Il renifle un peu. Son corps se déplie comme une araignée immense, les articulations de ses genoux craquant pour supporter son poids. Sa stature vacille, sa tête dodeline, son pas n'est pas assuré lorsqu'il se rend près du tourne-disque, dans un petit meuble en ébène où il garde sous clef ses plus sombres désirs, ses vices les plus déliquescents.

La clef trouve péniblement la serrure qui cède dans un claquement. Le meuble est incrusté de détail en ivoire. Pâle et blanc comme la peau de Mara. A l'intérieur, il attrape un verre ballon en cristal, réplique parfaite du sien, qui n'existe qu'en deux exemplaires. Et il tâtonne un peu au fond pour attraper un écrin recouvert de satin et deux billets de 500 dollars. Il refaire le secrétaire sans verrouiller à nouveau, la clef pendant autour de son cou autour d'une chaîne fine et discrète qu'il ne rentre pas sous sa chemise où trois boutons étaient ouverts, dévoilant le haut de son torse d'albâtre. Il revient comme un automate, enjambant coussin de soie et cadavre de bouteilles jusqu'à retrouver Diane. Ses doigts s'agitent pour amplifier le requiem. Sans doute plaira-t-il à la douce brune et il meublera le silence qu'il fuit autant qu'il le réclame. Heathcliff dépose finalement ses trouvailles sur la table de bois poli recouverte d'une nappe en soie. Le verre étincelle de propreté et il semble bruisser de contentement alors que le liquide translucide le remplit. Car le peintre ne sert pas la dose de bar conventionnelle, ça ne servirait à rien, il préfère le remplir à ras. Comme il cherchait à remplir son âme de cette ivresse salvatrice. Comme il savait que cela prendrait toujours plus de temps à mesure que, tel le Mithridatiseur, il s'habituait à ce poison délicieux. Il tend son verre à Diane et choque doucement avec le sien pour faire tinter le cristal. Il éclate d'un rire aviné et passablement effrayant. Il ouvre l'écrin contenant un sachet de poudre fine et blanche, et déplie les deux billets de 500 dollars pour les montrer à Diane.

"Tu vois, ça, ce sont les deux verres avec lesquels mes parents se sont suicidés. Il n'y en a que deux, puisqu'ils les ont fondu ensemble, avec leur Alchimie, à partir du sable de la plage où ils ont passés leur lune de miel, à Bali. Ils y sont retournés soit disant pour leurs vingt ans de mariage. Ils ont choisi la digitaline. Mélangé à un très bon cognac français que ma mère faisait importé de son village natal, et après un délicieux dîné romantique, ici-même, dans ce salon. Ce sont les domestiques qui ont retrouvés les corps. Il n'y avait sur eux que un billet de 500 dollars chacun, ceux que tu vois là.  Vieille tradition qui veut qu'on laisse sur son cadavre l'argent pour payer le passeur dans le monde des morts ..."

Le requiem entame sa variation la plus mortifère. Et Heathcliff descend son verre plein qu'il lève une seconde vers le ciel, les yeux partiellement clos, la bouche entrouverte, la langue entre ses lèvres blêmes qui portent encore des cicatrices, des marques de dents. La lave coule dans sa gorge et il gémit presque de contentement de se sentir peu à peu partir à la dérive, à la débauche. Il repose son regard aux pupilles étrangement dilatées sur Diane.

"Tu connais Mara, n'est-ce pas ? Qu'est-elle pour toi ? Et surtout ... qu'es-tu pour elle ?"



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Let's Have a Drink [Heathcliff & Diane] +18 EmptyDim 10 Juil - 15:28


LET'S HAVE A DRINK

The world is just illusion trying to change you


Les vapeurs d'alcool gravitent autour d'eux. Diane inspire profondément pour s'en imprégner. Un délicieux sursaut d'envie lui prend l'abdomen, mais elle le chasse d'un battement de cil. Cela faisait des jours qu'elle n'avait plus les idées claires, des jours qu'elle se laissait choir sous les litres d'alcool sans une once de remord. Elle faisait tout, n'importe quoi pour occulter l'image de cet Ange aux ailes ébènes qui ne cesse de la hanter à chaque seconde. Mais, rien est suffisamment puissant pour ternir le manque qui lacère toujours plus son myocarde. Elle qui, finalement, pensait avoir vécu le pire, se trouve face à un néant qu'elle ne parvient toujours pas à apprivoiser. Il l'avale chaque jour un peu plus, lui lacère l'âme jusqu'à la déraison. Elle ne retrouve plus de raison à harponner dans son éternelle errance, elle ne retrouve plus d'espérances, même chimériques dans cette sempiternelle marche vers rien. Sa main tremble contre l'échine de Heathcliff. La soif la taraude. Bien qu'elle ne sache plus, véritablement, s'il s'agit d'un besoin réel ou d'une simple habitude désormais. Son visage s'est creusé dans le masque des condamnées. Et, c'est Mara qui a jeté la sentence. Mara. La nausée lui monte aux lippes, mais elle se fait violence pour ne pas dégueuler toute l'amertume qui la broie, pour ne pas dégueuler toute la douleur qui l'accable. Et, ce qu'elle éprouve lorsque Avalon laisse son alchimie lui dévorer l'organisme est bien peu de chose en comparaison des abysses dans lesquelles elle s'immerge loin de Mara.

Son regard se perd un long moment dans le sien. Il y a dans ses prunelles cette lueur douloureuse qui fait écho à la sienne. Sa souffrance lui renvoie la sienne. Et, elle est contrainte de baisser les yeux un bref instant. Cela faisait des jours qu'elle évitait toutes surfaces capables de lui rendre son image. Elle n'est pas en mesure de supporter la déchéance latente qu'elle sent vibrer dans chacune de ses cellules. Mais, là, face à Heathcliff, Diane ne peut que constater avec désarroi sa propre décadence. Seraient-ils du même moule, pour qu'elle se sente, à cet instant, si proche de lui ? Elle passe sa main contre sa joue pâle dans un geste tendre et maternel. Elle ne dit rien. Elle le regarde simplement avec toute la douceur dont elle est capable. Depuis cette première fois où ils avaient échangé d'apparence, Diane se sent étroitement lié à ce dernier. Pour quelles raisons ? Elle l'ignore. C'est seulement une sensation étrange, un picotement familier sur sa nuque, lorsqu'elle se trouve non loin de lui. Parfois, elle a l'impression que toutes ses alvéoles le reconnaissent et lui répondent. Un rictus réconfortant étire ses lèvres pâles. Elle n'est pas douée pour ce genre de gestes. Elle ne connaît que les caresses déliquescentes d'Avalon, que les étreintes mortifères de Mara. Pourtant, elle effleure doucement sa pommette de son pouce, comme s'il s'agissait-là de son propre fils. Peut-être pourrait-elle panser les blessures de ce dernier et, avec elles, les siennes ? Après tout, elle avait été lui l'espace de quelques heures. Alors, le soigner, ne soignerait-il pas ses propres plaies ?
- Je suis... heureuse de te voir, moi aussi.
Et, elle l'est. Se retrouver face à Heathcliff a quelque chose d'incroyablement doux.
- Je n'allais pas te laisser mourir de faim...
Elle ne dirait pas que la douleur éprouvée ce jour-là l'avait grisé jusqu'à la pointe de ses cheveux. Au lieu de cela, elle glousse bêtement en prenant place face à lui.
- En revanche, tu as été patient, malgré tout. 'Mina n'est pas... facile, lorsqu'on ne la connaît pas. Mais, ce n'est pas une mauvaise personne. Elle est juste... un peu cassée, à sa manière, je présume.

Diane suit chacun de ses mouvements d'un œil attentif. Force est de constater qu'il a bien plus d'aisance dans son enveloppe qu'elle n'en avait eu dans la sienne à leur rencontre. Et, elle sourit un peu naïvement, en le voyant se mouvoir à travers la pièce. Il a cette poésie dans son attitude, ces quelques vers de Baudelaire qui reviennent comme un leitmotiv lorsqu'il traverse à grandes enjambées le salon. Elle prend quelques minutes pour observer la pièce dans laquelle elle se trouve présentement. Tout est d'un luxe qui lui est totalement étranger. Mais, la solitude qui émane de chaque meuble, chaque bibelot la met étrangement à son aise. Mais sa demeure transpire l'isolement et la désolation. Elle se pelotonne davantage contre l'assise du fauteuil. Elle aurait pu, non sans mal, être ce spectre mystérieux et inquiétant que l'on attribue à ce genre de Manoir. Errer entre ces murs ne l'aurait pas dérangé. Au moins, elle aurait pu veiller sur Lui. Il le mérite plus qu'un autre. Elle n'a pas besoin d'en savoir davantage sur lui pour l'affirmer. Elle n'a qu'à, là encore, plonger dans l'océan noir de ses pupilles pour le comprendre. De toute évidence, depuis leur rencontre, il n'y a jamais eu véritablement besoin de paroles. Un échange visuel suffit. Elle écoute avec attention l'histoire qu'il lui conte et, se surprend à baisser honteusement la tête. Comme ses parents, Diane avait soufflé son existence de son propre chef.
- Je suis... désolée pour tes parents, commence-t-elle, moi aussi, je... c'est moi qui... je suis morte parce que je l'ai voulu.
Pourquoi lui dit-elle cela aussi facilement ? Nul le sait. Pas même elle.

Mara. Ce prénom lui arrache une grimace douloureuse. Son myocarde se serre dans sa poitrine, l'incitant à venir presser ses doigts contre sa poitrine. Mara. Comment la connait-il ? Comment poser des mots sur ce qui la relie indubitablement à elle ? Elle détourne la tête, papillonne des cils pour chasser l'iode qui lui brûle présentement la rétine.
- Je...
Elle se relève promptement, agitée par cette interrogation saugrenue à laquelle elle ne s'attendait pas. Elle lui fait dos, légèrement voûtée par le poids de cette absence, par le poids de cette honte qu'elle éprouve face à lui sans la comprendre.
- Je l'aime, avoue-t-elle platement, d'une voix blanche.
Elle passe une main tremblante dans sa chevelure brune.
- Je suis... je ne sais pas. Beaucoup. Ou pas grand chose. La dernière fois que je l'ai vu... elle nous a jeté d'un train en marche... la fois d'avant, elle me... prenait brutalement contre le carrelage de son salon...
Elle baisse ses yeux humides vers le sol.
- J'ignore ce que je suis pour elle mais... moi, je l'aime.



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Heathcliff A. Lovecraft
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Messages : 283 Je suis arrivé(e) le : 14/03/2016 Sous les traits de : Marilyn Manson Je me dédouble : Jahaal J. Sepehr & Aldous B. Koch & Archibald S. Rosier Pseudo : Yuki Shuhime Crédits : @SWAN Points : 3578 Couleurs RP : #660000 Let's Have a Drink [Heathcliff & Diane] +18 Tumblr_mxzcjiCoY31rk4sq3o1_250

J'ai : 44 ans Je travaille comme : Artiste peintre & Professeur aux Beaux Arts Actuellement, je suis : Follement amoureux d'une Ombre, mais c'est un secret Pouvoir : Manipulation du son Niveau social : D'anciennes richesses familiales
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Let's Have a Drink



14 Juillet 2016 - 22h - Heathciff & Diane


Son regard est doux. Sa paume sur sa joue, une caresse tendre et maternelle. Sa voix vibre d'un ton presque apaisé par cette souffrance qu'ils partagent à demi-mots. Il est le seul à savoir que leurs destins sont liés par une âme morte, à la pâleur d'albâtre et à la noirceur si profonde qu'elle n'est qu'un gouffre sans fond où ils aimeraient se jeter. L'entendre évoquer la morue blonde dont il avait pris le corps l'espace d'une matinée lui tire presque un rictus ironique. Seule la sensation de soif revient en lui avec une douleur qui crispe ses traits un instant. Il boit une gorgée qui lui arrache une grimace et un soupir mêlé, comme si le gin changeait le goût du sang qu'il avait bu, son propre sang qui battait pour Diane. Lorsqu'il se lève pour chercher dans le secrétaire, il sent son regard sur lui. Un regard empreint d'empathie, plein d'attention, comme si elle le voyait pour la première fois. Puis son visage triste se tourne, détaille la pièce, regarde les tapisseries aux murs, les tapis au sol, le marbre glacé en dessous, le bois sombre autour. Elle est là, silencieuse, presque contemplative, perdu dans une abysse où ses pensées se fondent dans ses doutes, ses peurs, ses tourments, sa silhouette doucement coulée contre le dossier de son fauteuil. Il y a de la bienveillance dans ses prunelles, et ça lui fait du bien, même s'il ne le montre pas, même si elle ne se doute pas forcément qu'il sait. Quand il retourne s'asseoir, il a envie de prendre sa main, comme on étreint une mère pour s'apaiser. Mais il ne le fait pas, occupant ses paumes recouvertes de ses gants de velours à manipuler le cristal, le satin, le gin et la poudre. Sa voix résonne dans le grand salon vide seulement d'eux, les spectres toisant la nuit de leurs solitudes accouplées à la pénombre, bercés par la mélopée sourde du gin qui coule paresseusement dans leurs veines. Elle baisse la tête et elle n'a pas besoin de parler pour qu'il sache ce qu'elle allait dire. Il y avait dans son regard de martyr toute la culpabilité de celle qui a choisi de mourir et la déception de ne pas avoir pleinement réussi.

"Ne t'en fais pas. Ils ont choisi de ne jamais être séparés. J'aimerais trouver celui ou celle avec qui je voudrais mourir pour ne jamais se perdre l'un l'autre. Je trouve cela magnifique. Si je n'avais été leur fils, j'aurais loué leur geste. S'ils ne m'avaient pas abandonné, j'aurais compris."

Sa voix meurt dans un murmure à peine audible. Le gin coule à nouveau de la bouteille tangente et glisse du cristal à la large bouche du peintre. La vague est moins dévastatrice, à chaque déferlante, moins apaisante aussi. Le Mithridatiseur s'immunisant au poison qu'il veut salvateur. Un rictus désabusé, un haussement de sourcil sardonique et il pousse l'autre vers près de Diane. Il connait le regard qu'elle pose sur la bouteille, et l'appétence de ses lèvres ourlées pour la liqueur de déchéance. Sa sueur féminine en porte l'empreinte, plus forte que n'importe quel parfum. Et à l'évocation de Mara, il voit qu'elle se décompose. Son trouble est palpable, comme s'il sentait battre son coeur dans le creux de sa paume gantée. Car ses doigts remuent imperceptiblement et les bruits étouffés du muscle erratique éclatent dans le silence, frappant une mesure effrénée en rythme avec le requiem. Ses yeux se remplissent, s'embuent et elle tourne la tête, comme pour fuir son regard, comme pour échapper à son jugement. Mais il ne la juge pas, non, il attend simplement sa réponse. Il comprend instinctivement combien elle souffre, il se doute que Mara n'est pas étrangère à son désarroi. Il déglutit à nouveau et avale une longue gorgée qui brûle un instant sa gorge. Il la sent vulnérable, et terriblement seule. Ce n'est pas l'image d'une femme épanouie, amoureuse, avec une vie de couple comblée, comme l'avait suggéré la flamboyante rousse pour l'éconduire. Diane semblait la mort dans l'âme, esclave d'une histoire qui la dépasse, de sensations extatiques trop intenses et de sentiments trop forts. Elle se lève avec une brusquerie qui l'angoisse, l'inquiète, le tourmente. Il ne bouge pas. Pas tout de suite. Elle est fuyante, courbée, anéantie quand enfin sa voix rendue rauque par sa consommation abusive d'alcool, meurt dans un aveu déchirant. Heathcliff a mal. Le vertige le prend, lui tourne la tête, lui donne la nausée. Il a mal pour elle, mal pour lui. Il comprend sa douleur car il partage son sentiment.

Sa main tremble lorsqu'elle se perd dans ses mèches brunes, et sa tête baissée voûte son dos. Le peintre se lève sans un bruit, se glisse contre elle et l'enlace de ses bras trop longs. Il enserre sa taille et niche son visage blafard contre sa gorge. Il la respire, lentement, profondément, cherchant à se faire tourner la tête, mêlant l'aigreur d'une sueur alcoolisée avec un parfum féminin rendu différent par la mort. L'histoire de Diane l'anéantit autant qu'elle la dévaste. L'incompréhension est partagée. La souffrance aussi. Si la brune a pu posséder ce qu'Heathcliff n'avait que désiré, elle semblait encore plus ravagée par ces échanges en pointillés qui rendait toute cette relation incertaine, destructrice, mortifère. Comme Mara. La Stryge apportait la désolation avec ses escarpins affûtés comme des lames, son apparence aussi trompeuse que son coeur était noir. Le souffle de Heathcliff se perd dans la chevelure de Diane, il fouine de son grand nez contre sa peau, cherchant à la bercer, la rassurer par ce geste tendre. Comme s'il exorcisait sa propre douleur en pansant ses plaies. Comme s'il bandait son cœur meurtris en amplifiant les battements du sien. L'amour pour Mara était aussi destructeur pour lui que pour elle et ils partageaient la même détresse face à la déesse des ténèbres. Lorsqu'elle avoue à demi-mots combien elle l'aime, le peintre l'avait déjà deviné et il la retourne doucement, coulant une paume gantée contre sa joue, la forçant à le regarder en la cajolant tendrement. Du plat de son pouce, il coupe la chute d'une perle salée qui mouille le tissu. Diane ne mérite pas la souffrance que lui inflige son bourreau. La colère l'emplit, comme une bouffée de rage, impuissant pour apaiser sa peine, aussi faible et démuni que lorsqu'il s'agit de lui. Il se plonge dans ses orbes voilées, et essaye un sourire triste.

"Je sais, Diane. Je sais ce que tu vis ..."

Que lui dire ? Que faire pour l'apaiser ? Lui raconter son histoire ne soulagerait personne, si ce n'est lui-même qui étouffe dans sa souffrance, oppressé par les mains fantomatiques qui l'étranglent à distance. La douceur des plumes de ses ailes, la moiteur de sa peau sous la soie trempée quand il l'a berçait dans la baignoire, la morsure de la gifle sur sa joue alors qu'il goûtait encore la violence d'un baiser non partagé, les lèvres rougis du même carmin gras, la douleur de son départ et de ses pieds lacérés par les éclats du miroir. Les souvenirs se bousculent et le détruisent à petit feu. Et la honte s'empare de lui. Il avait été éconduit avec vigueur, par les raisons les plus désarmantes à ses yeux. Il voyait en Diane, désemparée, la même essence que Mara lorsqu'elle s'était échappée de la galerie. La victime face à son bourreau. Ne s'était-elle pas abandonné à lui car c'était elle qui se plaisait à dominer et non à se soumettre ? Était-elle dans la relation qui l'unissait à Diane, le chef d'orchestre d'une symphonie qu'elle dirigeait d'une main de fer ? Refusait-elle les hommes parce qu'elle ne pourrait avoir sur eux l'ascendant qu'elle avait sur les femmes ? Mille interrogations se bousculaient dans sa tête, aucune ayant de réponses. Si la tortionnaire s'était sentie faible entre ses longs bras, cela expliquait-il qu'elle l'ait fui ? Il aimerait croire que tout n'était pas vain, mais sa dernière visite et son refus cuisant étaient tombés comme le couperet d'une guillotine. Sans appel. Sans retour. Heathcliff n'avait aucune violence en lui pour autrui. Sa violence, il ne la dirigeait que contre lui même. La passion qui flamboyait dans ses reins, il ne la maîtrisait pas aussi bien. Pour cela qu'il couchait avec des putains, les soumettant sans scrupules à ses avilissants fantasmes. Pour cela qu'il croupissait dans la fange, se noyait dans le gin, et faisait tout pour perdre la mémoire. Cherche-t-il une femme comme Mara, qui pourrait faire de lui une petite chose vulnérable, soumise à sa volonté, incapable de protester ou de contester ? S'était-elle sentie puissante, vengée, quand elle l'avait humilié, réduit à néant quand il lui avait dit qu'il l'aimait ? Le faisant payer pour le baiser qu'il lui avait arraché ?

"Moi aussi, je l'aime."


Fallait-il vraiment s'expliquer ? Heathcliff ne devait rien à Diane, il se devait tout à lui-même. Sa seule chance de rédemption. Son seul espoir de guérison. Détruire le mal par le mal. Se confronter à celle pour qui Mara l'avait éconduit. Celle qu'il chérissait plus que de raisons, sans vraiment se l'expliquer ni le comprendre, comme si un lien intense s'était tissé rapidement entre eux. Il ne savait que faire. Le gin ne répondra pas à cette question là. Lentement, il se défait de son étreinte, entraîne le corps de Diane contre le sien et s'assoit à ses côtés, à même le sol, sur le tapis épais qui recouvre le marbre froid. Il se tient contre elle, ou elle contre lui, se soutenant mutuellement. Dans des gestes lents, précis, malgré l'importante quantité d'alcool qu'il avait déjà ingurgité, Heathcliff retire ses gants, dévoilant ses doigts longs, arachnéens, maculés d'un mélange d'huile et de pigments minéraux, d'une pâleur de mort. Il s'empare de l'écrin de satin, remue quelques phalanges pour faire éclater les dernières notes du requiem. Il sort le petit sachet de plastique, l'ouvre précautionneusement et répand sur la table de verre, la dose pour deux. Puis, refermant la précieuse boîte, attrape l'un des deux billets. Il divise le tas en deux et s'applique à former une ligne. Son rituel est long, comme le chemin de croix avant l'expiation. Il mâche les mots qu'il vomira après en laissant son esprit danser, tourner au son du vieux tourne-disque. Enfin, il roule le billet et l'applique à sa narine. Il se penche, se casse en deux pour s'approcher de la table et inspire. Inspire longuement, profondément, sentant la cocaïne tapissée ses parois nasales. Le vertige s'empare de lui et il le dissipe d'une dernière gorgée de gin. C'est à son tour d'éviter le regard de Diane alors que sa langue déliée par la drogue, entame sa propre confession.

"Elle est venue un soir à la galerie. Je l'ai trouvé à moitié morte, sur le sol, inconsciente, en proie à une crise de délire. J'ai pris peur, je l'ai porté jusqu'à la salle de bain, je l'ai glissé dans la baignoire pour qu'elle réveille. Elle a paniqué, elle s'est envolée un peu plus loin. Nous avons échangé quelques paroles, quelques regards aussi. Et j'ai ressenti ce que jamais je n'avais ressenti auparavant. L'équilibre parfait du désir charnel, de l'amour spirituel et de l'inspiration artistique. Elle fut à la fois la putain, l'épouse et la muse. L'espace d'un moment suspendu dans le temps, j'ai fais son portrait, d'un bâton de rouge à lèvre -le sien- sur le miroir. J'avais une telle frénésie en moi qu'au moment de lui dévoiler mon oeuvre, je l'ai embrassé. Elle m'a giflé, et elle est partie. Quand j'ai fini par la retrouver, je me suis rendu à son travail, pour m'excuser, et pour lui avouer mes sentiments. Elle m'a ... fait comprendre que je la dégoûtais et que les hommes la révulsaient. Que je n'avais qu'à renoncer à elle car elle ne voudrait jamais de moi. Qu'elle n'était pas disponible, qu'elle était en couple ... avec une femme ... Et elle m'a montré ta photo."

C'est à son tour de sentir les larmes lui monter au yeux. Le requiem s'achève sur la seule perle salée qu'il n'a pu retenir et qui dévale sa joue anguleuse dans une course effrénée qui se soldera par une chute abyssale, sans espoir d'avenir que de se noyer dans le tissu d'une chemise maculée de ses vices. Quand il se retourne vers Diane, ses yeux sont presque révulsés, ses pupilles si rétractées qu'on ne voit plus qu'une fente malgré la pénombre. Son coeur s'emballe et il l'amplifie de ses doigts nus pour qu'il batte à l’unisson avec celui de la brune. Le tourne-disque se tait. Le temps est suspendu. Et il croise alors son regard.



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LET'S HAVE A DRINK

The world is just illusion trying to change you


Mara. Faut-il toujours qu'elle soit là ? Faut-il qu'elle s'évertue à hanter ses heures de la sorte ? Diane enlace sa propre silhouette de ses bras tremblants. Elle n'est plus qu'une petite chose chétive qui essaierait toujours plus de disparaître. Mara. Elle est partout, même dans la bouche de ceux qu'elle côtoie. Et cela la flingue. Alors elle reste dos à Heathcliff pour ne pas voir cette chevelure rousse danser dans ses prunelles désolées. Elle est partout dans cette maison. Elle n'a pas besoin d'en savoir davantage pour sentir sa présence. Elle dégouline des murs comme ces fuites que l'on ne parvient pas à étancher l'hiver. Elle est le sang même de cette demeure et de ce propriétaire désenchanté. Elle songe à partir. Ça lui prend les tripes l'espace d'une seconde. Mais il y a quelque chose de réconfortant dans cette mélancolie latente qui suinte autour d'eux. Et, elle se laisse bercer par ces échos lancinants qui trouvent refuge entre ses côtes. Mara. Elle la devine partout en lui, comme ce parasite dont elle subit, elle-aussi, les frasques dévastatrices. Et elle sourit tristement derrière ses quelques perles iodées. Peut-être peuvent-ils réparer les ravages qu'elle a causé sur son passage ? Peut-être peuvent-ils boire tour-à-tour leur douleur jusqu'à l'indigestion ? Peut-être sont-ils leur propre rédemption ? Diane secoue péniblement sa petite tête bien trop lourde. Elle exècre cette femme autant que ses reins réclament sa fougue. Elle est faible et implorante lorsqu'il s'agit de Mara. Elle est minable et suppliante. L'eau s'épanche sur ses pommettes creuses. Mara. Ça fait mal partout: dans la tête et sous la peau.

L'accolade est chaude. Elle répand quelques étincelles qu'elle pensait essoufflées dans la totalité de ses membres. Et cela lui arrache un rictus qui peine à s'esquisser sur ses lèvres pâles. Elle s'affaisse imperceptiblement contre son torse, tel un animal quémandeur et craintif. Elle s'immerge dans cette étreinte saugrenue. Elle se fond contre lui, cherche à se confondre dans ce corps qu'elle a habité quelques heures par le passé. Ses paupières se ferment. Et, elle se surprend à inspirer profondément, presque de soulagement. Il y a quelque chose d'incroyablement doux dans cet échange. Et, si l'on oublie ce qui pousse ces deux êtres à se raccrocher l'un à l'autre, l'on pourrait presque songer à deux amants qui se retrouveraient enfin après des semaines d'absences. Diane recouvre délicatement ses mains des siennes, en caresse le cuir sans sourciller une seule seconde. Elle savoure cette plénitude qu'elle sait éphémère, bien entendu.
- Je l'aime et ça me tue, souffle-t-elle presque sans voix.
Elle l'aime, et elle préférerait crever mille fois plutôt que d'éprouver une minute de plus ce qui l'accable inexorablement. Prudemment, elle se mouve entre les bras de l'Alchimiste pour ancrer enfin son regard dans le sien. Elle a mal de voir ses propres tourments vriller dans l'océan noir de ses pupilles. Il y a Mara dans sa tête, sous sa peau diaphane. Elle le sait. Et le fait qu'il sache les méandres dans lesquels elle s'engouffre indubitablement ne fait que la conforter dans ses soupçons. Il n'y aucune jalousie entre eux, seulement cette tristesse partagée qui les malmène. Le gant éveille délicieusement son épiderme, lui arrache quelques frémissements déliquescents qu'elle n'assimile pas. Elle le regarde et, elle sait qu'il n'y aurait rien qu'elle puisse lui refuser.

Il l'aime. Elle ne cille pas. Elle se perd simplement dans ses grandes prunelles affligées. Il l'aime. Et, Diane comprend alors la désolation que laisse Mara sur son passage. A son tour, elle encadre son visage de ses mains, comme le ferait une mère réconfortante. Son nez frôle doucement le sien, avant qu'elle ne vienne déposer un chaste baiser sur le bout de ses lèvres. Ce geste est naïf et, elle espère seulement balayer le désarroi qui lui fait courber l'échine. Elle espère seulement avaler toute la peine qui bouillonne insidieusement entre ses côtes. Elle appuie son front contre le sien. Il y a cette connexion étroite entre eux, cette alchimie évidente qui, cependant, ne porte pas uniquement le nom de la rousse. Il y a autre chose. Il y a ces similitudes que l'on ne peut nier lorsqu'ils se trouvent l'un auprès de l'autre. Ils forment un tout.
- Je l'ignorais, susurre-t-elle simplement.
Elle ne veut pas l'interroger sur la nature de leur rencontre, ni même sur ce qui le relie à la Stryge. Diane n'est pas de celle qui questionne impunément. Elle ne sait qu'écouter, qu'absorber ce que l'on veut bien lui délivrer.

Diane se laisse happer vers le sol. Son épaule se love contre la sienne. Elle a besoin d'une certaine proximité, comme si cela pouvait annihiler le vide dans lequel elle choit toujours plus. Elle ne dit rien. Elle observe attentivement ses gestes méthodiques, presque mélodieux, alors que quelques notes les chantent au loin. L'inspiration est bruyante, sans concession. Elle regarde alors la poudre qui l'attend sur la table de verre. Elle la regarde et sent son myocarde s'ébranler dans sa cage-thoracique. Leur restent-ils plus que cela ? Quelques paradis artificiels dont les lendemains ne promettent que migraines et aigreurs ? Elle lance une dernière œillade à Heathcliff et, sans réfléchir davantage, saisit le billet, légèrement voûtée au dessus de la drogue qu'elle inhale sans plus de cérémonie. L'intrusion se fait rude dans ses narines et lui étourdie rapidement l'esprit. Elle sourit bêtement, un peu gauche, alors qu'elle s'adosse contre le fauteuil derrière elle, la tête légèrement basculée vers l'arrière.
- Nous ne sommes pas un couple, articule-t-elle péniblement.
Elle tourne les yeux vers lui. Son cœur fait écho au sien dans une mélopée harmonieuse. Et, elle lui offre un sourire d'une douceur palpable. La drogue agite délicieusement ses alvéoles. Et, elle est contrainte de baisser la tête sous le trouble qu'elle sent poindre entre ses reins.
- Heathcliff, est-ce que tu...
Mais elle ne sait pas. Alors elle se tait. Elle ravale ce désir décadent qui, il faut l'admettre, n'a aucun sens.



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14 Juillet 2016 - 22h - Heathciff & Diane


Sa chaleur contre lui est d'une douceur sans fin. Elle s'abandonne un instant, laissant le poids de son tourment choir contre son torse. Ses paumes pleines recouvrent les gants et le velours caresse tendrement la pâleur moite des grandes mains de Diane. Un effleurement, la plume recouvrant le plomb pour ne faire plus qu'un. S'unir, s'absoudre, se fondre l'un dans l'autre pour s'oublier, dissiper la souffrance, panser les blessures, lécher le sang et le pus qui perlent des stigmates que Mara leur a infligé. Il se sent son souffle se libérer, progressivement, comme si elle exorcisait ses maux, crachant le poison dans ses expirations longues, presque des râles. Comme si elle cherchait à lui donner ce venin avant de le pendre à nouveau, dans cet air partagé par leurs bouches desséchées, avides, dansant entre eux comme une fumée immatérielle, les volutes de l'âme de Mara qui les possèdent tour à tour. Elle se retourne contre lui et plonge ses orbes de détresse dans les prunelles asymétriques qui la couvent, la découvrent, l'adorent comme l'idole païenne d'un culte démoniaque, prêtresse d'une déesse si sombre et cruelle qu'elle avait progressivement asservie son âme à la dévotion la plus pure. Et lui, archevêque de Lilith, prêt à s'agenouiller et baiser ses pieds pour un regard plein de dédain. Deux corps pliés, tordus, par le désir et la douleur mêlés. Deux esprits fous, perdus, éperdus, esclave d'un amour qui les dépassent, les absorbent, les dévorent, les annihilent.

Alors ils se fondent l'un dans l'autre, unissent leurs corps dans une étreinte chaste scellée par un baiser, effleurement de lèvres froides comme la mort, pâles comme la lune, seules et avides qui cherchent une réparation, une rédemption, un réconfort. Une assurance que le tourment s'apaisera en sachant pertinemment qu'il sera infini. Une illusion qui fait plus de mal que de bien, mais apaise leurs pulsions masochistes et leurs besoins de se faire autant de mal. Un instant suspendu, hors du temps, qu'ils partagent dans un silence lourd, oppressant et pourtant rassurant. Leurs yeux se répondent et chacun puise sa force dans la tristesse de l'autre, dans cette certitude de ne pas être seuls, de savoir qu'un autre être ressentait exactement la même chose et parvenait tant bien que mal à y survivre. Un frisson secoue la chair fantomatique de Diane, se répand sur celle d'Heathcliff comme s'il n'avait qu'un corps pour deux, que chaque membre trouvait son prolongement dans celui de l'autre. Elle a pris son visage en coupe, et il se sent secoué de spasmes profonds. Elle le bouleverse, surement autant qu'il l'émeut. Ils se bercent dans cette danse charnelle immobile, leurs corps s'oubliant l'un contre l'autre, unissant leur souffrance pour apaiser leurs tourments. L'alchimiste sent le fluide se répandre partout en lui, glisser dans ses veines, ses artères, électriser chaque nerf, bander chaque muscle. Comme s'il répondait à la douleur de Diane, échappant au contrôle d'Heath qui sent ses reins se tendre et son bassin ondulé imperceptiblement contre elle.

Et le temps reprend, la course effrénée que rien ne peut interrompre. Elle sombre avec lui, proche, tendre, leurs corps se lovant l'un dans l'autre contre le marbre. Il supporte son poids, elle absorbe le sien. Comme l'équilibre précaire de deux forces contraires qui se rencontrent. Elle le suit dans sa descente aux enfers, spectre mimétique qui reproduit ses gestes, presque mécaniquement. Le billet quitte sa paume nue pour la narine de Diane et la poudre pénètre son corps avec le même panache. Peu importe la détresse qu'ils partagent, peu importe la douleur qui ceint leurs coeurs, la poudre recouvre, dissimule, masque, disperse, et tout semble s'évanouir le temps d'une inspiration infernale. Son sourire est candide lorsqu'elle se déplie, se déploie, et se tient étrangement droite, appuyé contre le dossier du fauteuil, la tête en arrière, les yeux révulsées. Sa gorge est offerte, et Heathcliff sent une faim bien singulière s'emparer de lui alors que son esprit se voile. Sa vision se trouble sur tout ce qui n'est pas Diane et il ne voit plus qu'elle. Ses mouvements semblent saccadés, déformation kaléidoscopique comme sous la lueur vacillante d'un stroboscope. Ses paupières papillonnent, sa bouche entrouverte avale de longues goulées de l'air brûlant qu'ils s'échangent. Il s'abandonne à son côté, laisse son large dos se reposer contre sa poitrine ronde, ses cheveux corbeaux emmêlés cherchant la caresse tendre alors qu'il se pelotonne, ramassant ses jambes trop longues sous lui.

Il se perd dans son regard, la contemplant à l'envers alors qu'il se tord, avec une drôle de grimace. Il se niche entre ses seins, y trouve un confort délicieux pourtant familier, mais à la saveur particulière, unique. Un bruissement s'échappe de ses lèvres, presque un feulement félin. Il est si bien. Une chaleur insidieuse naît dans son ventre, ses entrailles se nouent. Ce n'est ni la nausée, ni l'alcool qui lui monte à la tête, son vertige est bien plus trivial, bien plus intense, bien moins chaste. Sa paume nue coule encore contre la joue de Diane, son bras se tourne dans un angle étrange, surprenant, et glisse, glisse, pour se perdre contre son ventre, son flanc, sa hanche. Un effleurement, une caresse aérienne, quelques arabesques dessinées négligemment alors que son esprit s'évade dans le sourire de Diane. Il lui répond, son visage difforme se fendant d'un énorme rictus pourtant d'une tendresse infinie. Sa main continue sa caresse, recouvrant une cuisse frémissante de ses longs doigts arachnéens qui palpent la chair morte et pourtant presque brûlante sous sa pulpe. Il aime la sensation du tissu sur sa peau nue, lui qui la protège sans cesse. Il aime savoir que c'est Diane qu'il effleure, son oreille tout contre son coeur aux battements erratiques, ses cheveux ébouriffés qui lui recouvrent à moitié le visage, ses lèvres pleines et sèches qu'une langue mutine vient laper, plusieurs fois. Sa voix est presque un ronronnement, rauque, grave, suave.

"Est-ce que je quoi ? Hun ? Tu peux tout me dire, Diane. Tu sais que tu le peux. Je ferais tout ce que tu veux ..."



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LET'S HAVE A DRINK

The world is just illusion trying to change you


Sa place est ici. Elle le sent à la manière dont son épaule cherche naïvement la sienne. Sa place est tout simplement , auprès de cet être désarticulé par les frasques de l'existence. Ils ne forment plus qu'un seul et même songe. Ils se complètent et se répondent dans cette affliction démesurée. Diane n'éprouve aucune animosité face aux sentiments de son interlocuteur. Au contraire, cela apaise d'une certaine manière les tressauts de sa propre détresse. Et, elle s'en nourrie silencieusement, secrètement, lorsqu'elle s'immerge dans l'océan noir de ses pupilles. Elle se gorge de cette peine qui lui renvoie incessamment la sienne. Comme deux amants maudits, ils s'épousent à la perfection dans leur désarroi. Leur douleur est belle, poétique. Elle est pleine de cette douceur mélancolique digne des plus belles poésies. Diane envie la position de son compagnon car il n'a pas connu le manque qui survient après la passion. Et, peut-être qu'il aimerait la sienne pour avoir connu les bras évanescents de Mara. Ils sont un tout où les sentiments s'entremêlent sans ne jamais trouver de finalité. Il n'y a pas de rédemption possible pour eux. Il n'y a pas d'absolution à venir. Ils ne seront que ces deux âmes errantes que le temps accable indubitablement, sans repos. Ils sont bien là, même s'ils n'ont qu'un long râle douloureux à partager. Ils sont bien là, même si le jour ne viendra jamais après la nuit. L'espoir n'est qu'une fébrile chimère qui ne lacère plus qu'il n'élève. Peut-être peuvent-ils rester simplement là. Peut-être peuvent-ils simplement se mentir l'un à l'autre, se fondre et se confondre sans ne jamais plus se heurter à leur réalité. Peut-être que la solution réside ici, entre ces murs, loin de l'extérieur et des secondes qui s'égrainent incontestablement. Peut-être qu'ils n'auraient qu'à fermer les paupières pour ne plus voir, pour ne plus sentir le vide qui se creuse toujours plus. Oui, peut-être qu'ils pourraient juste rester là.

La drogue lui prend la tête et annihile toutes tentatives de cohérences. L'autour lui semble bien lointain désormais. Il n'y a plus que Heathcliff et cette proximité déroutante. Elle referme ses bras autour de lui lorsqu'il se courbe vers elle. Elle le berce contre son sein, comme le ferait une mère envers son enfant. Elle le protège derrière quelques remparts factices qu'elle se plaît à dresser rien que pour eux. Elle le cajole d'une main dans sa chevelure brune, murmure quelques mots qui n'appartiendront à jamais qu'à eux. Elle le serre fort, s'accroche désespérément à sa silhouette. Il comble un vide qu'elle pensait béant. Il s'immisce là où Mara ne laissait plus qu'un estomac famélique. Alors, elle effleure son cou gracile, respire ses parfums comme un camé en manque d'une simple dose. Elle a besoin de lui. Et elle sent son essence imprégner lentement chaque pore de son épiderme. Ils ne sont que deux âmes en peine réunies dans la déchéance. Mais la chute lui paraît magnifique, alors qu'il se love plus encore contre sa poitrine. Son myocarde, ce vieux coucou déréglé s'anime à son contact et elle en savoure les tic-tac illusoires. Elle a besoin de lui. Diane ne cherche pas à repousser cette soif intangible qui lui prend la gorge. Elle l'accueille comme l'on se réjouit de la venue d'un enfant à chérir. Que sont-ils finalement l'un pour l'autre ? Nul le sait. Pas même eux. Mais ils ne sont qu'une seule et même note de musique, en parfait accord. Ils sont splendides dans leur complainte funèbre. Ils bâtissent leur mausolée, du bout des doigts, tels deux enfants insouciants qui ne verraient plus le reste. Il n'y a plus qu'eux. Et, présentement, c'est la seule chose qui compte.

Sa main dessine ses courbes, découvre ce que Mara a caressé jadis. Diane ne s'insurge pas. Elle se délecte secrètement de ces gestes naïfs, presque enfantins. Il y a ce nœud entre ses reins qui, lui, se resserre perfidement. Mais, elle tente encore de le chasser. Elle n'a pas le droit d'éprouver cela. Elle n'a pas le droit de laisser cette sensation grisante lui lécher l'abdomen. Pourtant, elle ne peut réprimer ce souffle clandestin qui l'ébranle jusqu'à la pointe de ses cheveux. Ils ne sont que deux enfants, que le fils et la mère. Elle le materne contre son cœur féminin qui quémande davantage. Elle a besoin de le sentir, de sentir la déliquescence de ses émois. Alors Diane passe délicatement son pouce contre sa lèvre inférieur. La caresse est à la fois tendre et tendancieuse. Mais qu'importe. Ni l'un ni l'autre ne tend à poser de mots sur ce qui les rassemble en cette nuit. Ils ne savent tout simplement pas ce qu'ils sont. Mais ils s'accomplissent l'un dans l'autre, comme deux électrons qui s'apprivoiseraient enfin. Elle frémit lorsque sa poigne flatte sa cuisse, détourne les yeux dans un feulement inapproprié. Ils ne devraient pas. Ou peut-être que si. Sa tête lui tourne et l'oxygène lui manque même s'il ne lui sert plus à rien.
- J'aimerais que tu me...

Mais les mots s'engluent dans le fond de sa gorge. Alors, elle se saisit de son poignet, ramène doucement sa main vers l'intérieur de ses cuisses. Elle ne le regarde pas. Elle ne sait pas ce que tout ceci signifie. Mais elle a besoin de ne faire qu'un avec lui, dans toute cette passion qui les dévore de bas en haut. Elle ne veut pas qu'on l'aime. Elle l'incite seulement à débrider toute la fougue, toute la rage qu'il tente vainement de contenir. Elle a besoin de ça, de se sentir vivante avec lui, à travers cette souffrance commune qu'eux seuls peuvent réellement partager. Ils ont besoin de ça. Il a besoin de s'immerger là où Mara s'est perdue autrefois. Elle a besoin d'éprouver cette effusion qu'il éprouve, qu'elle éprouve elle aussi. Elle ancre finalement un regard emprunt d'obscurité dans le sien, serrant plus encore son bras entre la bulbe de ses doigts.
- S'il te plaît...
Tout ceci n'a aucun sens. Tout ceci n'a véritablement rien de sain. Mais elle en a besoin. Il n'y a même pas de vengeance dans cette demande saugrenue, il n'y a aucun ressentiment. Il n'y a qu'un désir intangible, qui fuse et se diffuse tel un parasite entre ses alvéoles. Elle n'est plus en mesure de raisonner. Elle n'est qu'un corps au bord de l'implosion, en attente de cette absolution que seul Heathcliff peut lui donner, et qu'elle-seule peut lui offrir.



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