Il faisait froid. Incroyablement froid. Tu avais courus, et le coeur battant à tout rompre, tu n'étais pas prête de t'arrêter. Ce n'était plus une question de vie ou de mort, puisque désormais, tu savais ton trépas certain. Il ne fallait pas fuir Andréas. Il fallait l'épouser, l'aimer, le vénérer. C'est ainsi que tu savais ses sept autre femmes heureuses et en bonnes santé. Elles avaient compris le stratagème depuis un moment, prouvant de la sorte qu'elles étaient les femmes les moins bêtes de la Secte. Pourtant, c'était une chose que tu ne pourrais jamais accepter. Partager la nuit et la vie d'un homme qui tu exècre plus que tout au monde. Tu en serais tout bonnement incapable et tu préfère de loin pousser ton dernier soupire que de t'y abaisser. Trop fière, Nina, tu es trop fière. Cependant, une part de toi même te hurle que c'est certainement la meilleure décision que tu ais jamais prise de ta vie. Toi qui avais vu les cadavres décomposés de tes proches, toi qui avait sentis le fer brûler ton épiderme un nombres incalculables de fois, toi qui t'étais sentis rejeter par quelque famille que ce soit. C'était effectivement le cas. Tu étais la batarde, le vilain petit canard, celle dont personne ne souhaite la naissance mais qu'on se force à aimer malgré tout. Tu es cette personne. Autrefois, cette petite fille insouciante et joyeuse. Aujourd'hui, cette jeune femme trop réaliste pour absoudre qui que ce soit de ses erreurs. Mais là, à ce moment précis, plus rien de tout cela ne t'inquiète. Tu es radicalement frigorifié. Toi qui pensais que sentir le bout de ton nez se refroidir et ne plus percevoir le bout de tes orteils était le pire qui puisse t'arriver lors de ta fuite, tu te trompais. Tu n'avais pas imaginer un seul instant que cela pouvait être si horrible. Eprouver ces picotements tout le longs de tes jambes jusqu'à les endolorirent complètement. Cette sensation se propagant petit à petit sur chacun de tes membres. Respirer un air si froid que tu pouvais sentir celui ci entrer par ton nez, glisser dans ton pharynx, ouvrir tes poumons pour sortir par le même chemin. Le vent mordait tes joues, te faisait plisser les yeux tandis que tu replaçais tes longs cheveux roux correctement de sorte à ce qu'il couvre au maximum ton cou. Il était loin le temps où tu vivais au soleil. C'était il y a plus de dix ans, et depuis ton entrée forcé à la secte, tu étais resté captive dans les dédales sous - terrains. Pourtant, tu n'avais pas souvenir que la météo soit aussi désastreuse, pas à cette époque de l'année en tout cas. Malgré le fait que ton instinct te criait de courir dans la direction opposé à ce froid intempestif, tu poursuivais ta route. Théoriquement parlant, si tu continuais par là, le froid serait une bonne raison pour tes poursuiveurs de rentrer et de t'abandonner pour de bon. Théoriquement parlant, si tu survivais bien évidemment.
Tu t'étais réveillé en sursaut. Un rêve. Ce n'était rien qu'un rêve. Un cauchemars. Une chimère. Un bref désir. Oui, si tu n'avais pas été jusqu'au bout de ton ébauche machiavélique, tu ne serais sans doute pas morte ce soir là. Tu ne serais sans doute jamais devenu une Banshee. Tu aurais pus vivre une vie humaine tout ce qu'il y avait de plus banal. Te trouver un mari, lui faire quelques enfants, les élever, les marier à leurs tour, et mourir. Vieille, très vieille. Mais c'est bien une aspiration qui restera à jamais qu'une fantaisie de ton esprit. Doucement, alors que tu avais pour but de plonger à nouveau dans les bras de morphée, une petite langue rappeuse vint humidifier ta joue. Plusieurs glapissements ne tardèrent pas à se faire entendre tandis que tu ne montrais aucune réaction. Un léger sourire vint illuminer ton visage alors que tu prenais tendrement la petite boule de poile contre toi. Ses petites boucles beige te chatouillaient le cou, t'arrachant un éclat de rire. Tu finis enfin par te lever, pousser par ton petit chiot. Abraham était un adorable canidé que tu avais choisis d'adopter un soir qu'il dormait sur ton paillasson. C'était un véritable amour. Il n'était pas bien grand, mais il débordait d'amour et te montrait une affection sans condition. Il lui arrivait même de se montrer incroyablement protecteur envers toi, chose qui malgré sa petite taille, t'avait toujours étonné. Evidemment, ce petit bout de chou réclamait autant d'attention que de sortis. Il débordait d'énergie et malgré la maison et le jardin que tu possédais, cela ne semblait pas lui suffire. Comme quoi, il te ressemblait un peu. Tu n'avais jamais eux assez des limites d'un pays. En huit cent ans, tu avais abattus les frontières des nations pour n'en faire qu'un vaste terrain de jeu. Rien ne te semblait plus beau que de te sentir aussi libre. Même la mort ne pouvait plus t'atteindre. Pourtant, à chaque nouveau lien que tu créais sur cette terre, comme avec ce petit Abraham, tu le ressentais comme un nouveau poids, une nouvelle chaine, t'arrachant à la sérénité de ta liberté. Malgré tout, tu ne regrettais en aucun cas le choix que tu avais pris de le prendre sous ton aile. C'était une part de la mission qui t'avait été offerte et que tu assumais pleinement sans jamais faillir à ta tâche.
Après quelques heures courir à traves toute ta demeure, tu finis enfin par sortir, direction de Lac Ontario. Tu l'avais toujours trouvé magnifique. La ligne parfaite de l'eau cristalline à l'horizon, le spectacle dansant des feuilles au dessus de celui ci, l'animation d'allégresse caractérisé par des groupes de type humanoïdes. C'était un endroit que tu appréciais pour l’accalmie temporelle qu'il représentait. Tu avais l'impression que tout ce qui pouvait se passer ici, resterait ici comme dans un écrin d'or et de soie. Que cette petite bulle de paix t'enveloppait pour te rendre plus sereine. Aussi étrange que cela puisse paraître, tu avais aussi l'impression qu'Abraham était plus calme lorsqu'il rentrait après sa balade au lac. Il aurait pus simplement etre fatigué de courir partout, ceci dit. Mais tu avais cette intime conviction, qu'il partageait le même sentiment vis - à - vis de ce lieu que toi. Comme une sorte de connexion entre l'animal et la Sidh. Etrange n'est ce pas ? Enfin, toujours est - il que tu l'avais laisser gambader sur la petite berge tandis que tu admirais calmement le paysage. Lorsque le grognement déconcertant de ton chiot te rappela à la réalité. Tu fronce les sourcils, cherchant des yeux la petite boule de poile. Tu le vois non loin de l'eau, mordillant violemment une casquette. Tu lache un soupire, avalant rapidement les mètres qui vous sépare. Le petit animal ne semblait pas t'attendre puisqu'il sursauta brusquement en t'entendant. " - Abraham Jym Berlioz, qu'est ce que tu es en train de faire comme bétise? " t'exclame tu presque trop durement à ton gout. Le petit chiot lache la casquette pour s’aplatir contre le sol, sachant pertinemment son erreur. Tu ramassa le morceau de tissu déjà bien déchiré, cherchant son propriétaire. Celui ci ne mit pas longtemps à faire son apparition, grand bien lui en face. C'était un homme à peine plus grand que toi, mais tout de même imposant. Il devait avoir cinquante ans et ne semblait pas très content de l'état de son bien. Compréhensible, au vue des énormes trous qui tordait la forme du chapeau. Cependant, l'homme en question, malgré tes excuses les plus plates, ne semblait pas vouloir lacher l'affaire. Il s'obstinait à crier à qui bon voulait bien l'entendre que c'était inadmissible. Que ce genre de monstruosité devrait être en cage. La rage ne montait aux joues tandis qu'Abraham se cachait derrière tes jambes. Reste zen Nina, respire, R.E.S.P.I.R.E. " - Primo, pour la continuité de votre bonne santé, actuelle comme futur, je vous conseil fortement de baisser le son de votre grande bouche. Laissez moi vous dire, monsieur, avec tout le respect que je vous dois, et encore, à peine, que vous débitez un nombre de connerie à la minute, impressionnante. Secondo, si vous poursuivez un instant de plus d'insultez mon bébé, je ne donne pas cher de votre peau, et encore moins de celle de votre catin de chatte, je me suis bien faite comprendre ? Et tertio, si vous teniez tant que ça à votre couvre - calvitie, pauvre benêt que vous êtes, vous ne l'auriez pas laisser plus de temps qu'il ne l'était ainsi abandonner sur la berge. Sur ces explications, je vous souhaite, une agréable fin de journée! " débita tu d'une traite, prenant à peine le temps de respirer. Tu saisissais ton petit chien tandis que ton interlocuteur restait bouche béat de ta tirade. Tu rajusta ton sac à dos avant de lui jeter au visage sa saleté de casquette et de tourner les talons, remontant le tour du lac. |