Non non non mais qu'avait-il fait ?! Dans le reflet d'une vitrine, Magyar s'observait en pleurant. Littéralement. Les larmes dégoulinaient sur son visage alors qu'il ne parvenait pas à décrocher son regard de cette image transparente sur fond de lingerie féminine. La boutique devant laquelle il se trouvait avait une vitrine des plus coquines. Mais ce n'était pas la beauté des sous-vêtements mit en valeur par les mannequins en tissus qui rendaient Magyar ruisselant, contrairement à ce que les passants devaient croire. On lui jetait d'ailleurs des regards moqueurs ou scandalisés, mais le Pixie n'y était cette fois pas du tout sensible. Il était au contraire, déjà absorbé par un sentiment très fort : Le regret. Car pour être honnête, le Pixie ne comprenait pas  ce qui lui était passé par la tête et s’en lamentait puissamment. Dans un élan d'optimisme et de romantisme, poussé par son cœur d’artichaut et surtout par la volonté de plaire le plus possible à Athénaïs, le couillon s'était auto-jeté entre les mains d'un coiffeur. Un coiffeur talentueux, et Mag' était passé aussi bien sous ses ciseaux que sous le fil du rasoir. Adieu, 20 ans de cheveux longs, de barbe soigneusement taillée ! Bonjour gros traumatisme des familles...

Et qu'est-ce qu'il allait faire à présent ? Il se sentait tout nu, tout froid dans ses poils et ses tifs ! Bon ... Il retrouvait aussi un peu de fraicheur, et sa première réaction avait été de se trouver rajeunit après avoir dit bonjour à un menton qu'il n'avait pas observé depuis bien longtemps. Il était sorti guilleret et allégé d’une sacrée somme du coiffeur qui lui avait en plus vendu pour 50 dollars de produit pour les cheveux ... qu'il n'avait plus du coup... Lolade. Magyar se ferait sans doute doublement engueuler par Lorcàn. Et c'est à cette réflexion que le Pixie s'était tourné vers la vitrine pour constater qu'il avait commis l'irréparable. Ses cheveux, il y tenait comme à la prunelle de ses yeux... car comme un bon yorkshire Emo timide à 200% qui se respecte, ses poils lui permettaient de se planquer des regards. Hors là, c'était mort ! Tout le monde pouvait le voir et on se dévisageait avec des expressions si différentes que ça le faisait flipper monstrueusement. Mais qu'ils cessent tous de le mater avec leurs ... yeux ! Outre le fait qu'il était parfaitement choqué de sa coupe (qui pourtant le mettait pas mal en valeur !), Magyar se sentait terriblement mal à l'aise. Aussi essuya-t-il ses larmes de rages et de désespoirs (dramaqueen) pour fuir les lieux. Il était au Glebe, et donc très loin de chez lui. Et comme un con, il avait laissé sa mobylette pétaradante chez lui parce que d'après Athénaïs 'elle puait trop du cul'. Pauvre Titine ! Du coup, il allait falloir affronter les transports...

« Oh par le ciel NON !! »

Le cri lui avait échappé alors qu'il se plaquait au mur en fermant les yeux devant une troupe de jeune femme gloussant qu'il était mignon tout plein... qu'on y croquerait bien dedans. Non non pas ça ! NAAAN ! Et alors, une idée lui traversa l'esprit : Adin ! Adin habitait non loin d'ici ! En tout cas dans le quartier et s'était peut être une chance d’échapper à cette angoisse qui le prenait à la gorge. Immédiatement, il se planqua dans un coin pour demander son adresse exacte au Djinn, par sms. Et la réponse tomba si vite que Magyar fut pris d'une crise de rire particulièrement nerveuse... par soulagement. Psychopathe sans le vouloir. En moins de 10 minutes, il avait rasé les murs jusqu'à la rue d'Adin, et piqua un sprint effréné jusqu'au numéro indiqué. Par miracle, il ne s'était pas péter la gueule... Miracle, ou alors, parce qu'il n'avait plus de cheveux dans les yeux, devenait-il moins maladroit ? Pas le temps d'y penser, il galopa tel un émeu particulièrement leste et ne prit même pas la peine de sonner avant d'entrer, et refermer la porte avec son propre corps, rouge à cause de l'effort. Le Pixie aurait été poursuivit par une bande de Stryges, qu'il n'aurait pas agi autrement. Mais les femmes, s'était pire encore que les prédateurs aux crocs luisants.

« MAIS MERDE J'AI CRU QUE J'ALLAIS CREVER ! »

Le dos contre la porte, Magyar ferma quelques instants les yeux pour calmer son cœur battant. C’était l’enfer ! Mais pourquoi est-ce qu’il avait décidé de sacrifier ses cheveux et sa barbe déjà ? Ah oui… pour Athénaïs. Bon allez, c’était une raison très honorable et il s’imaginait déjà le sourire de sa belle en le voyant ainsi plus soigné. Mais après… ce que cela allait engendrer n’était pas spécialement plaisant. Déjà il allait se faire gueuler dessus par un Lorcàn furieux de le voir dépoilé… et puis, pourquoi toutes les nanas c’étaient retournées comme ça sur lui ? C’était hyper flippant merde ! Pourtant lorsqu’il ouvrit à nouveau les yeux la vision qui s’imposa à lui arracha un hurlement si aigu à sa personne qu’il en sursauta deux fois de suite. La première à cause d’Alim… et son couteau à la main ! La deuxième à cause de son cri qui le glaça lui-même. Vive la virilité. Le Pixie porta la main sur son pauvre cœur alors qu’il manquait de défaillir. Non, il n’était pas DU TOUT à cran ! « Magyar ! Mais qu'est-ce qu'il se passe t'as couru un marathon ou quoi ? » Si Alan n’avait pas tenu un couteau, Mag’ se serait certainement précipité pour se jeter dans ses bras telle une princesse en détresse. Etrangement, il n’était pas frappé par le tablier rose… Hum.

« Non mais… y’a des filles qui … je ne sais pas c’était trop bizarre ! »

Il en frissonna. Il revoyait encore leurs regards avides… Brrrr… ! Heureusement, Adi(bou) sembla faire preuve d’un bon sens épatant. « Allez viens par ici, je vais te préparer un thé glacé ou un autre truc frais et racontera tout à Tonton Adin. » Le regard de Magyar pétilla alors qu’un léger sourire semblait retrouver sa place sur son visage. Il était rare de le voir avec une bouille défaite. Non attendez… il faisait des gueules pas possible dès qu’une connerie était sur le point d’être commise. Parce que généralement, il n’assumait pas du tout et se rendait compte de la bêtise à  venir… sans pouvoir l’empêcher. Donc finalement, ce n’était pas rare, surtout avec son frangin dans les parages. D’ailleurs, Lolo n’avait pas été là au réveil de Magyar, peut-être qu’il était chez Al… bon merde, chez le Djinns ! Oh ! ADIN ! Il venait de le dire ! Le Pixie sembla se concentrer intensément quelques secondes alors qu’il répétait en boucle dans sa tête ‘Adin Adin Adin Adin Adin’… Puis il quitta l’appui de la porte pour se diriger tout guilleret vers le Faë :

« Un thé glacé je veux bien ! »

Gourmand comme il était, ce n’était pas difficile de le mettre à l’aise malgré l’état lamentable qui l’avait amené ici. Alors il marcha, l’air pataud sans ses tifs, encore très mal à l’aise de ne plus les sentir sur ses épaules. Il dodelinait d’ailleurs la tête à la manière d’un chien en plastique à l’arrière d’une voiture, comme si ces mouvements allaient l’aider à retrouver la sensation de son crin soyeux contre son visage… Oh merde… voilà qui hoquetait déjà, prémisse à la chialade. Le Pixie ne voulait pas enquiquiner son ami, surtout pas avec des histoires si dérisoires, alors il pensa immédiatement à autre chose pour ne pas mettre Afin… ADIN dans l’embarra.

« Qu’est-ce que tu étais en train de faire ? Oh et il est là Lolo ? Je l’ai pas trouvé pour le p’tit dej ! »