La mort a toujours tort. - feat. Ava'

Ava & Sygi

Pardonne moi de devenir ainsi,

l'oiseau de mauvaise augure

Bien évidemment, sa question laissa place à une réflexion terrible chez Avalon. Cette dernière devait évaluer les forces qu'il lui restait, et malheureusement après une annonces pareilles, elles devaient être moindres. Sygrid elle, n'avait pas eut le tact de lui proposer de s'appuyer sur elle. Non seulement parce qu'elle avait apprit à ne pas donner de sa personne excepté lorsqu'il s'agissait d'une vie qui partageait directement la sienne, mais aussi parce qu'elle avait rarement envie de le faire. La vie l'avait bien trop broyé dans ses serres, elle l'avait tant malmené qu'à présent, Sygrid avait toutes les peines du monde à trouver un équilibre émotionnel qui lui permettrait d'agir avec altruisme. Quand bien même, elle était là. Le Phoenix n'avait pas fuit ses responsabilités et se tenait debout, la lettre entre les mains, prête à la lire si Avalon le désirait. Patiente, elle attendit en observant l'Achimiste qui tentait de ne pas perdre pied. Une douleur telle que celle qui la détruisait devait être apprivoisées et soumises. En aucun cas, Sygrid ne devait intervenir. C'était le deuil d'Avalon, et la jeune femme devait l'affronter seule.

« Vas y. » Immédiatement, les yeux de la Phoenix passèrent d'Avalon à la lettre de Mathis. Elle lu rapidement les premiers mots dans sa tête, puis prit une grande inspiration... et elle commença à lire, non sans jeter un œil de temps en temps à l'Alchimiste qui encaisserait autant que faire ce peu.

"Mon ange,

si tu reçois cette lettre c'est que Sygrid a accepter ma demande, qu'aujourd'hui, je ne suis plus. Une lettre...Oui, c'est misérable de ma part de m'en aller en ne te laissant qu'une simple feuille de papier pour adieux. Mais avais-je seulement le choix ? Tu ne m'aurais pas laissée faire. Ces derniers temps ma santé ne cessais de se dégrader, je ne pouvais plus le supporter. Ton regard se posant sur moi, tes peurs, ta peine. Il faut que tu saches que tu as été la plus belle chose qui ce soit passée dans ma misérable existence, avant toi, je n'avais pas vécu, je n'avais pas aimé. Je suis parti pour que tu puisse garder l'image d'une homme « normal » comme souvenirs, que tu puisses parler à notre enfant sans revoir les pires moments de cette cruelle maladie. Je ne vais pas te faire un roman, cela ne changera pas les choses. Je suis mort, tu vas m'en vouloir, tu vas souffrir. Tu m'as tout apporté dans la vie. Amour, bonheur, joie, réconfort. Pourtant, jamais je ne t'ai menti sur la destination final de notre mariage, l'heure était venue, malgré la violence de mes sentiments envers toi. Je t'aime. Dieu seul sait à quel point je t'aime toi et cet enfant qui grandit chaque jour. Il est une partie de moi, de toi, un mélange subtile entre le miracle et l'amour. Prend soin de lui, aime le comme tu m'as aimé. Accroche -toi pour notre bébé mon amour. Et n'oublies pas. Tu dois continuer à avancer, tu dois réapprendre à aimer, c'est ce que je souhaite. Au final, il y a peut-être quelque chose qui m'attend là haut, mais ce qui est sûr, c'est qu'on se retrouvera. Pas maintenant, fais moi le plaisir d'attendre tes 90 ans, même avec des rides tu resteras aussi jolies.

Je t'aime Avalon, j'espère juste que tu me pardonneras.
Mathis."

Elle avait lu d'une traite, sans s'interrompre. Parce qu'elle se doutait qu'émettre la moindre pause, la moindre fluctuation de la voix pourrait permettre à Avalon de lâcher prise et de craquer. Et maintenant que la lettre était fini, que les mots avaient atteins la jeune épouse de Mathis, Sygrid se contenta de baisser les mains qui tenaient le manuscrit pour observer la future maman. Maintenant que son devoir était accomplit, elle ignorait quoi faire... Et pourtant elle restait encore, alors que partir, elle en avait le droit à présent.

Je suis arrivé(e) le : 09/12/2015

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Le temps passe

Et la mort vient

Est ce que c'était une bonne idée d'avoir demander à Sygrid, la meurtrière de son mari, de lire la lettre que ce dernier lui avait laisser ? Loin de là, c'était même la plus mauvaise idée de l'année. Mais elle n'avait aucune force, elle n'arriverait pas à supporter de voir les mots tracés par Mathis, c'était au delà de ses forces de réussir à comprendre, à assembler les mots qu'ils lui avaient écrits. Elle ne savait même pas comment elle allait faire son deuil, comment elle allait assumer une fois que Sygrid serait partie, comment elle allait faire pour se retrouver seule.

La faë se mit à lire d'un ton monocorde, sans émettre de jugement ou d’intonations particulières. Avalon essaya, oh bon dieu oui elle essaya d'encaisser mais chaque mot était comme un coup de poignard en plein cœur. Ça lui imposait la réalité de la situation. Elle ferma les yeux et se laissa emporter par les paroles de Sygrid, la voix de la femme se transforma en celle de Mathis et la jeune femme sentit que les larmes s’accumulaient au ras de ses cils. Elle comprenait le choix de Mathis, elle comprenait qu'il avait voulu l'épargner mais la douleur de l’absence la tuerait. Elle posa la main sur son ventre quand il mentionna leur bébé. Puis la lettre pris fin. Sygrid repris consistance dans l'esprit d'Avalon. La bulle autour de la jeune mariée creva, elle ouvrit les yeux et les larmes se mirent à dévaler ses joues. Silencieusement elle sentit son âme se brisée.

Elle regarda Sygrid dans les yeux sans vraiment la voir. Avalon tenta tant bien que mal d'endiguer la crise qui montait en elle mais c'était aussi irrépressible que la marée monte sur la plage. Elle se mit à trembler de la tête aux pieds, elle avait envie de hurler. Secouée de sanglots elle aggrippa le bras du fauteuil sur lequel elle était assise.

« Comment je vais faire sans lui Sygrid ? »

Elle s’effondrait devant une femme froide comme la glace qui n'aurait surement aucune compassion pour sa douleur. Elle avait envie d'être seule mais à la fois elle avait peur de se retrouver sans plus personne près d'elle.

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Pardonne moi de devenir ainsi,

l'oiseau de mauvaise augure

Sygrid s'était attendu à voir Avalon pleurer. A ce qu'elle craque suite à la lecture de cette lettre qui demeurerait à ses yeux le dernier acte, la dernière pensée de son mari aujourd'hui défunt. Si elle devait faire un état des lieux de la situation, le Phoenix aurait volontiers admit que les choses se passaient beaucoup mieux que ce à quoi elle s'était attendue. Pas beaucoup de cris, pas de violence... Avalon avait été choqué, elle avait été abattu d'apprendre cette nouvelle mais... puisqu'elle s'y attendait, sans doute était elle aussi très résignée. L'état dans lequel l'avait plongé la lecture de la lettre était cependant un spectacle difficile à observer. La douleur qui lui brisait le cœur filtrait à travers chacune de ses expressions, le moindre de ses regards. Et Sygrid secoua doucement la tête. Maintenant, que devait-elle faire ? Son objectif avait été de transmettre la nouvelle et le manuscrit de Mathis... c'était fait. Sygrid avait désormais le droit de se retirer... sa mission était accomplie. Pourtant elle ne bougeait pas. « Comment je vais faire sans lui Sygrid ? »

Jusque-là, Sygrid avait soutenu le regard d'Avalon. Mais après cette question, la Faë sembla le fuir, en proie elle-même à une certaine réflexion. Et surtout, cette interrogation la gênait. Elle la ramenait des années en arrière, alors que Gabriel la tirait d'une baignoire à l'eau écarlate... "Comme survivre sans elle ?" Survivre sans leur fille... Impossible. Et pourtant, Sygrid avait alors posé la question à son époux, avant de le quitter quelques semaines plus tard. Une bien triste époque, qui malgré 15 années passées depuis, restait trop présente, trop douloureuse. Mais le Phoenix espérait pour Avalon, qu'elle ne soit pas hantée si longtemps... Qu'elle se relève, et puise sa force et ses espoirs dans la vie qu'elle portait désormais dans son ventre.

Très lentement, Sygrid était allé la rejoindre. Comme si elle avançait sur la pointe des pieds, ses quelques pas ne firent aucun bruit et après une certaine hésitation, elle s'installa sur le canapé à une distance respectable d'Avalon. Alors qu'elle observait ses mains posées sur ses genoux, Sygi ouvrit la bouche pour parler. D'abord, rien n'en sortit. Puis enfin, après encore quelques secondes à chercher ses mots, elle tenta à demi-mots :

« Tu avais fait le choix de partager ta vie avec un homme malade, et tu as donné le maximum pour le sauver. C'est très honorable... Le mieux que tu puisses faire maintenant c'est d'accepter. »

Foutue évidence... Ouais mais à penser, c'était différent. L'entendre était souvent plus fort... car cela prenait forme de manière presque tangible, cela impactait la réalité. Avalon avait beau sans doute le savoir, et se le dire, s'en convaincre, l'entendre lui ferait peut être prendre conscience des choses d'une autre façon. Étrangement, la voix de Sygrid s'était faite un peu moins abrupte. Si elle ne voulait pas non plus prendre part au deuil d'Avalon en l'aidant avec assiduité... elle n'était pas sans cœur. Relevant le visage qu'elle avait pourtant toujours aussi neutre, Sygi' fixa l'Alchimiste et ajouta d'un air déterminé.

« Pour ton enfant au moins. Tu es forte, tu te relèveras. »

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Et la mort vient

Avalon avait posé la question autant pour Sygrid que pour elle même. Elle avait l'impression de s'effondrer sur elle même, que les fondations de son corps et de son cœur étaient en mousse et s’effritaient au fil des secondes. Elle n'allait jamais pouvoir se relever d'une telle perte. Ses études de psychiatres auraient du lui être utiles pour faire son deuil, pour lui permettre de passer les cinq étapes du deuil, la déni, la colère, le marchandage, la tristesse et enfin l'acceptation. Mais là rien n'y faisait elle n'arrivait pas à se remettre du choc, à accepter, à marchander, à refuser. Non elle était juste la comme une coquille vide à se demander comment elle allait faire. Est ce que le fantôme de Mathis allait la suivre partout où elle irait ? Oh elle en était persuadée, elle lui avait dit qu'elle essayerait de refaire sa vie sans lui une fois qu'il aurait disparut mais c'était comme lui demander d'avancer dans le noir alors qu'elle avait toujours connu la lumière. Avalon avait littéralement l'impression qu'elle se noyait dans un verre d'eau et elle se demandait comment elle faisait pour retenir ses larmes.

Le mouvement lent de la faë lui permit de tenir ses pleurs un peu plus longtemps, sa dignité sous jas-cente l'empêchait de craquer. Plus tard elle le ferait, avec violence, ça lui déchirerait le ventre et la gorge mais pas maintenant. La rousse s'assit, raisonnablement loin d'Avalon qui la fixait presque avidement, attendant la délivrance par sa bouche, attendant qu'elle trouve la solution à ses maux qui lui semblait à présent sans échappatoire.

La réponse de Sygrid ne la satisfait pas du tout. Accepter ? Accepter qu'on lui ai arracher la seule chose qui lui donnait du bonheur, la seule personne qu'elle n 'avait jamais aimé ? Non elle avait lamentablement échouer à le sauver. Quand Sygrid fait doucement référence à son enfant à naître la jeune femme pose une main sur son ventre. C'est cet enfant qui la sauvera en fait. Elle soupire, ça lui fait un mal de chien car elle continue de retenir ses larmes. Elle relève les yeux sur la rousse, le menton et les mains tremblantes pour se contenir.

« Je ne te remercierais pas Sygrid, tu comprendra bien pourquoi. Laisse la lettre sur la table en partant. »

Oui elle la congédie comme une employée mais c'est au delà de ses forces de paraître un tant soit peu aimable.

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Il y avait tellement de choses qu’elle aurait pu dire. Tellement de mots adéquates, empathiques… des gestes réconfortants, ou simplement, la présence apaisante qu’elle aurait pu devenir pour Avalon. Il y avait, oui, beaucoup plus à faire dans ces circonstances. Même si ces dernières étaient pires que complexes et que Sygrid se sentait prise dans un sac de nœud, elle savait que ses réactions n’étaient pas les bonnes. Pourtant, elle n’avait pas toujours été ainsi. Autrefois, peut-être qu’elle aurait réagi autrement… elle s’en rendait compte à présent, à quel point la mort de sa fille avait anesthésié ses sentiments. Où plutôt, du fait que la Mort avait laissé bien plus que la douleur et le regret. Bien plus que le désir d’ôter sa propre vie ou de laisser le temps passer sans vivre réellement les années qui défilaient avec une vitesse effrayante. Ça lui avait arraché une partie d’elle, si bien qu’elle avait quitté celle qu’il lui restait : Gabriel. Sygrid était longtemps restée une marionnette, un carcan sans flamme et sans désir, juste… une ombre. Celui d’une flamme pourtant autrefois si vive. Et son regard éteint qu’elle croisait depuis plus de 15 ans dans les éclats de miroirs, la Phoenix semblait le reconnaitre, terne et douloureux dans les yeux d’Avalon. La blessure d’un deuil était insupportable, Sygrid le savait. Et s’était peut être aussi pour cette raison qu’elle se sentait incapable d’aller vers Avalon pour la soutenir. Parce qu’elle savait que rien ne la soulagerait…

Elle avait pourtant essayé de faire un geste et de convaincre, avec des mots certes bien peu réconfortants, l’Alchimiste qui sombrait à vue d’œil dans le désespoir. Avalon avait envie de craquer, mais elle se retenait. Elle encaissait encore … mais bientôt enfin elle ouvrit la bouche pour parler. « Je ne te remercierais pas Sygrid, tu comprendras bien pourquoi. Laisse la lettre sur la table en partant. » Sygrid baissa la tête quelques secondes avant de se relever en silence. Que dire de plus… elles n’étaient pas amies et le Phoenix semblait incapable de l’aider … malgré un cheminement de pensées qui pourtant, pouvait s’accorder. Deux femmes, deux créatures de caractères, de poignes… avec des parcours très différents et qui pourtant finissaient par se rassembler dans une même épreuve. Parce que même si celle de Sygrid datait de nombreuses années, elle était pourtant toujours aussi présente en son cœur. Autant que la mort de Mathis dans celui d’Avalon qu’elle venait pourtant d’apprendre. Mais … elle ne fit aucun commentaire. Sygrid se contenta de faire ce qu’Avalon demanda, et déposa simplement la lettre un peu plus loin en prenant soin de la coincer avec un vase. Puis elle se tourna vers l’Alchimiste, une dernière fois.

« Je ne sais m’exprimer, et je m’en excuse. Mais je partage ton malheur… et le comprends. J’espère que tu trouveras la force de te relever et des gens sincères pour t’aider à le faire. »

Son cœur se serra à ses mots, alors qu’elle tournait le dos à une femme dont elle venait de briser la vie. Si Sygrid était persuadée d’avoir bien agit… elle doutait tout de même de certaines choses. Et encore, elle ignorait toujours que Mathis, toujours ‘en vie’, se tenait chez elle en compagnie de sa sœur Sonja…

Ainsi, Sygrid laissa Avalon à son deuil et à sa solitude… sans pour autant se sentir libérée (délivrée) du poids d’avoir accomplie la dernière volonté de Mathis Mathew.

Je suis arrivé(e) le : 09/12/2015

Ava & Sygi

Le temps passe

Et la mort vient

Est ce qu'elle avait besoin de gestes, de mots réconfortants? Avalon regardait Sygrid sans vraiment la voir, sans vraiment prendre en compte sa présence. Elle était là mais Avalon n'arrivait pas à se dire qu'elle pouvait l'aider. Qui voudrait de la meurtrière de son mari pour la soutenir dans l'épreuve du deuil ? Avalon savait que la colère serait plus facile à gérer, que ce serait la simplicité même de s'en prendre à Sygrid, que ça lui ferait oublier sa douleur quelques instants. Mais au final à quoi bon ? Puisque de toute façon elle allait sombrer dans la peine à un moment ou a un autre. Elle avait l'impression qu'on venait d'ouvrir une plaie à même son cœur, que quelqu'un fouillait dedans avec ses doigts crochus et coupants.

Avalon avait envie de se laisser aller, elle qui avait toujours maîtriser ses émotions, qui était une véritable meneuse, elle laissait ses sentiments la submerger. Elle c'était tellement attaché à Mathis, elle c'était tellement livrée et ouverte à lui que son départ la laissait exsangue et vide, elle n'arrivait pas à ramasser les morceaux de sa carapace qu'il avait fait tomber.

Elle suivit les gestes de Sygrid d'un œil absent, elle tentait encore et toujours d'endiguer ses larmes, se maîtrisant à grand peine pour ne pas craquer devant la faë. Avalon entendit ses mots mais ils n'atteignirent pas son cerveau, elle entendait le ton désolée, les mots réconfortants mais ils ne la touchaient pas. Elle ne comprenait plus rien, elle contenait encore et encore attendant l'instant fatidique où elle se retrouverait seule.

Avalon leva les yeux vers le plafond, comptant les pas de Sygrid, écoutant ses talons claquer. La porte qui s'ouvre et se referme dans un chuintement discret. Cette fois le cœur d'Avalon de disloqua en millier de morceaux et elle s’effondra, les larmes ravageant son visage.

ZI HAINDEUH

La mort a toujours tort. - feat. Ava'

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