La douleur la submergeait alors que Magyar frottait son dos, c'était trop difficile à supporter. C'était trop difficile de recevoir de la compassion alors qu'elle portait ce deuil seule depuis le départ de Mathis. Elle qui ne craquait jamais venait de le faire dans les bras d'un parfait inconnu, bon il allait l'accompagner dans sa grossesse et sans aucun doute l'accoucher donc ils allaient sans aucun doute devenir assez intime mais tout de même pour l'instant ils se connaissait à peine. Mais le réconfort de Magyar fit voler en éclats son contrôle. Finalement il la lâche et elle reprit contenance, la douleur reflua sans jamais s'en aller. Elle restait bien là tapie dans le noir à attendre son heure pour pouvoir planter ses sales griffes de nouveau dans son cœur. Elle plante ses grands yeux bleus dans ceux du médecin qui semble vraiment toucher par sa détresse. Il s’assoit carrément à côté d'elle, la place qu'aurait du avoir Mathis. Ça lui fait du bien de ne pas avoir le bureau entre eux, qu'il soit un peu d'une autre planète, elle n'aurait surement pas supporter d'affronter un médecin froid et distant. Pas maintenant en tout cas.

Elle s'obligea à faire le vide comme elle avait pris l'habitude de le faire pendant sa formation militaire, pour se recentrer et ne plus laisser paraître les faiblesses. Elle respira doucement par le nez et repris contenance, enfin à peu près quoi. « Ça me parait être une très bonne base ! Je suis d’ailleurs très curieux, donc… Vous n’aurez pas forcément de répit quand à vos particularités ! Il faut tout dire à son obstétricien. » Elle sourit doucement, juste le coin de ses lèvres qui se relève, c'est qu'il était curieux ce pixie, et enjouée. Ça lui fait du bien, depuis le départ de Mathis elle est entourée par les regrets, le noir et la tristesse, un peu de fraîcheur ne devrait pas lui faire trop de mal.

« Je vous dirais tout mais certaines choses doivent être tues, les secrets des alchimistes sont comme des boites de pandore, méfiez vous. »

Voila ça c'était la Avalon que tout le monde connaissait, taquine et menaçante pour faire dresser les poils et que l'autre en face se demande si elle plaisantait ou si elle était sérieuse. Son demi sourire prouvait qu'elle n'était en rien menaçante que c'était seulement pour laisser la conversation prendre un tour moins morbide. Il se tourne vers elle comme si ils étaient amis depuis longtemps et en grande conversation sur un sujet d'une importance capitale. Enfin c'était un peu le cas là quand même. « Donc c’est votre premier enfant ? Vous avez déjà été voir un spécialiste pour confirmer la grossesse et savoir depuis combien de temps ça grandit là-dedans ? » La dedans ... Euh c'était de son corps dont il parlait quand même ! Elle ne s'en offusqua pas, enfin elle ne le montra pas en tout cas.

« Oh oui c'est mon premier enfant, je ne pensait même pas être capable d'en avoir à cause de mon sang pourri jusqu'à la moelle. J'ai simplement fait un test de grossesse, avec tout les derniers événements, le mariage, et tout le reste je n'ai pas eu le temps de penser vraiment à ce bébé. Ni même à moi même pour être honnête ... Je vais devenir une planète, ça me désespère.  »

« Je vous dirais tout mais certaines choses doivent être tues, les secrets des alchimistes sont comme des boites de pandore, méfiez vous. » Le Pixie avait secoué la tête à cette remarque, et émit un petit rire presque enfantin. Loin de lui l'idée de vouloir trahir les secrets des Alchimistes ! De toute manière que pourrait il en faire ? Non, il avait bien parlé en sa qualité de médecin. Mais il ne répondit aucunement à la phrase d'Avalon, gardant un sourire aux lèvres et son regard bienveillant. Parce qu'elle semblait un peu retrouver de sa lumière et s'éloignait de son deuil au moins quelques instants. Souffler un peu ne lui ferait sans doute pas de mal ! Aussi continua t'il à gratter le papier pour prendre quelques notes, avant de la regarder à nouveau, attentif à sa réponse. « Oh oui c'est mon premier enfant, je ne pensait même pas être capable d'en avoir à cause de mon sang pourri jusqu'à la moelle. J'ai simplement fait un test de grossesse, avec tout les derniers événements, le mariage, et tout le reste je n'ai pas eu le temps de penser vraiment à ce bébé. Ni même à moi même pour être honnête ... Je vais devenir une planète, ça me désespère.  »

Cette fois, Magyar éclata d'un rire franc devant les paroles d'Avalon. Il en lâcha son stylo qui roula sur la table pour tomber par terre, et tenta de le récupérer alors qu'il riait encore. Quand il remonta pour se réinstaller sur le siège, il s'adressa à sa patiente avec bonhommie :

« Une planète, rien que cela ! J'aurais plutôt donné l'image d'une bouée nautique... »

Il se permit un clin d’œil gentiment taquin, avant d'ajouter sans attendre :

« Rassurez-vous, il n'y aura ni planète ni galaxie. Peut être un peu de peau d'orange mais quelque chose me dis que vous n'aurez de cesse de lui faire passer un sale quart d'heure ! Je ne me fais pas de souci pour vous... Mais maintenant, essayez de penser à vous, et à votre enfant qui va avoir besoin de toute votre attention. »

Il avait légèrement reprit son sérieux mais continuait de se montrer joyeux et très confiant. S'il y avait bien un seul aspect de sa vie dans lequel Magyar pouvait se montrer plein d'assurance, c'était dans son travail ! En dehors, c'était un homme bien peu sûr de lui, timide et effacé. Il se leva alors pour préparer la table d'examen et lui fit ensuite signe de le rejoindre.

« Allez, on se dévêtis ! ... si je peux me permettre ! C'est l'heure des examens de routine pour vous Avalon. Je peux vous appeler Avalon ? ... »

Cette histoire de bouée avait toujours de quoi mettre de l’ambiance ! Enfin surtout, de faire réagir les futures mamans ! C’était assez amusant d’ailleurs car la plupart réagissaient de la même manière, comme Avalon venait de le faire. L’air outré, la petite tape, puis se montrer amusé. C’était un peu le mode d’emploi, il fallait croire ! Alors par reflexe, Magyar se frotta le bras qu’elle avait doucement tapé d’un air un peu penaud et s’en alla préparer notes et matériels pour le tout premier examen de grossesse de sa nouvelle patiente qui semblait retrouver le sourire. « Seulement si je peux vous appeler Magyar et que l'on puisse se tutoyer. Après tout je vais me déshabiller devant vous. » Tout joyeux, le Pixie se tourna vers Avalon pour acquiescer vivement.

« Dans ce cas, oui je pense que c’est juste et équilibré ! »

N’étant pas vraiment le genre de médecin à se placer au-dessus de ses patients, Magyar appréciait au contraire les échanges simples et dénués de contraintes. Plus c’était naturel, et plus il se sentait à l’aise… ce qui souvent était aussi le cas pour ses patients. Il chantonnait, comme à son habitude après lui avoir demandé de se dévêtir, tout en vérifiant que l’échographe était toujours allumé. Et alors qu’il s’occupait un peu de préparer le terrain, virevoltant un peu de-ci de-là dans le cabinet, il ne s’aperçût pas le moins de monde de la gène qu’affichait Avalon et de l’hésitation qui la prenait soudainement. Il fallut pour cela qu’elle lui en touche un mot pour que Magyar revienne vers elle avec plus de lucidité sur la situation. « C'est assez … Gênant. » Il l’observa de ses grands yeux étonnés, avant de sourire de toutes ses dents.

« Il n’y a rien de gênant ! Je suis votre… je suis ton médecin. J’ai un regard médical sur toi… pas de jugement, pas de convoitise ! Alors tu n’as pas à avoir honte d’accord ? »

Il désigna alors un paravent coloré dans un coin de la pièce pour qu’elle puisse y passer sans s’inquiéter.

« Garde tes sous-vêtements, et reviens me voir… c’est l’heure de la terrible pesée !! »

Après un haussement de sourcil se voulant diabolique, il éclata de rire et reprit son bloc note non sans heurter le coin de son bureau et couiner légèrement en se frottant la cuisse toute endolorie… La honte.

« Ah bah ça ! C’est le karma monsieur ! »

Que ses yeux dérives ? Et puis quoi encore ! A cette réflexion, Magyar s'était contenté de rire très légèrement... Après tout, il était professionnel contrairement à ce que l'on pouvait croire au premier coup d’œil... Il prenait soin de ses patientes et surtout, il les respectait. Aussi ne considérait il pas ce qu'il pouvait voir dans son cabinet comme quelque chose de nécessairement 'plaisant'. Et puis, son regard d'homme même en dehors de son travail était nettement amoindrit, pour différentes raisons. Il était rare que Mag' observe une femme avec une pensée déplacée (c'était bien le problème parfois d'ailleurs, CF - Roxanne), alors Avalon pouvait se rassurer, il ne la materait certainement pas comme un gros pervers des familles.

Il se frottait toujours la cuisse endolorie quand il vit la tête d'Avalon apparaitre de derrière le paravent. « Tu goutte à mon super pouvoir de vengeance. » Il en resta bouche-bée... Sérieusement ils pouvaient faire ça les Alchimistes ? Genre ... un peu comme les Pixies ? Mag' eut alors l'air un peu flippé, avant de papillonner un peu du regard. Non. Non non non il s'était juste encore une fois planté, il avait fait preuve de maladresse et voila ! Avalon n'avait rien à voir avec ça, hein ? Hum ... Dans le doute, il tenta de prendre un regard plus assuré et boitilla à moitié en travers de la pièce pour préparer le matos. L'air de rien, c'est important ! Il tapait à moitié sur l'échographe qui rechignait à la tâche quand sa patiente reprit la parole d'un air plus sérieux. « Les marques sur mes bras et mes jambes sont dues à mon alchimie, ce n'est en rien contagieux ni médical. » Il se tourna alors lentement vers elle, pour constater qu'effectivement ... elle avait sacrément l'air d'avoir des problèmes veineux d'envergure ! Il fronça légèrement les sourcils, mais garda le silence alors qu'elle approchait pudiquement de la table. Il fallait dire que c'était quand même très impressionnant. Mais après quelques secondes, le sourire lui revint et il lui fit signe que non, c'était pas le moment de s'avachir ainsi ! La curiosité pourtant l'emporta, alors qu'il lui faisait signe de prendre place sur la balance, tout en griffonnant des notes sur le dossier d'Avalon.

« Oula... J'aurais peut être pas dû proposer de gâteau d'entrée de jeu !  »

Il éclata de rire, mais puisqu'il savait que la menace de s'en prendre une était maintenant plus que proche, il enchaina en se protégeant avec le dossier d'Avalon :

« JE PLAISANTE ! Ne m'esquinte pas ! Je suis le seul obstétricien à la Cour qui soit vraiment cool ! C'est parfait de chez parfait, bien sûr. Le poids idéal, vraiment ! Va t’installer maintenant, et ne te stresse pas ainsi d'accord ? Je suis pas là pour te juger... »

La pauvre avait l'air sur les nerfs ! En attendant, il s'en alla un peu plus loin préparer la prise de sang routinière du premier examen de grossesse... Seulement, cette fois il se doutait que la donne ne serait pas la même. Et même s'il ne le montrait pas, Mag' était un peu inquiet. Faire face à l'inconnu dans son métier n'était pas 'normal'. Du moins, même les urgences, les catastrophes... le pire des cas de figure n'avaient pas de quoi l’apeurer parce qu'il connaissait son métier. Mais avec Avalon les choses prenaient une ampleur différente qui allait le pousser à rechercher plus loin... Sa patiente allait vraiment demander une attention particulière. Sans attendre, il revint vers cette dernière pour effectuer la prise de sang, le sourire aux lèvres, l’encourageant ainsi comme il le pouvait.

« Est-ce que c'est douloureux ? Je veux dire, les marques... »

La bonne humeur de Magyar lorsqu'il exerçait était légendaire. Remarque, il semblait toujours souriant ! Naïf certes, mais peu important tant que sa bonne humeur pouvait gagner le cœur des gens. C'était à priori le cas de sa nouvelle patiente à la vie personnelle si difficile, si tristement tragique. Lui même était passé par un deuil similaire et n'avait pas eut la chance de tomber sur quelqu'un qui puisse l'aider à surmonter sa douleur en l'absence de Lorcàn. ... Si bien que cette douleur ne s'était pas effacée correctement, comme une veille blessure mal soignée qui n'aurait pas de mal à s'ouvrir à nouveau. Mais ce qui comptait à présent, c'était qu'Avalon se sente un peu mieux. Ce qui semblait être le cas car elle plaisantait volontiers avec lui, et que l'expression de son visage était désormais nettement plus lumineuse qu'à son arrivée. Et cela lui tirait une sacrée satisfaction, l'envie de sourire encore plus même si cela faisait ressortir ses pommettes et lui donnait l'air d'un farfadet après un bon gueuleton. « T'as de la chance que j'ai encore besoin de toi et que je ne t'ouvre pas la tête en deux avec mes dents. » Il se mit à rire de bon cœur, avant de s'occuper d'elle avec plus d'attention et de sérieux.

Il avait ensuite cédé à la curiosité de lui demander pour les marques violacés sous sa peau. C'était bien la première fois qu'il voyait une chose pareille, mais l'Alchimie était quelque chose de très nébuleux pour lui, même si en tant que Pixie... il raffolait des effluves surnaturelles qui marquaient les maisons des magiciens. « Non ce n'est pas douloureux c'est juste disgracieux. Comme je te l'ai dit avant j'ai la capacité de manipuler des poisons et qu'une partie de mon sang est composée de poisons, ce qui donne ce genre d'effets. Ainsi que d'autres, comme la peau brûlante et d'autres petites choses marrantes. Ah et j'ai absolument horreur des piqûres. »Et bien, les résultats de ses examens sanguins seraient sans doute plus qu'épique ! Mais il retirait déjà l'aiguille du bras d'Avalon alors qu'elle déclarait avoir la trouille... Il émit un rire plus doux que les précédents, avant de lui montrer les deux petites fioles qu'il venait de prélever avec aisance.

« Peut être mais voila c'est déjà fini ! Tu n'as rien senti tu vois ? ... Tiens prends une sucette pour la peine. »

Le con ne plaisantait pas... il offrit une sucette à Avalon, sans même se moquer d'elle. Puis il passa un coton sur le bras de la jeune femme, et trouva ensuite le moyen de lui appliquer un pansement Petit Poney... Bah oui il était pote avec un pédiatre, et alors ?! S'en allant ranger les fioles en chantonnant, il revint ensuite pour adresser un peu smile à Avalon alors qu'il s'installait sur un tabouret à côté d'elle.

« Tu es prête pour l'écho ? On vas voir à quoi ressemble ce brave petit haricot... Attention, ça risque de faire froid. »

Sans attendre, il étala le gel sur le ventre de la jeune femme et passa la sonde pour que sur l'écran juste en face d'Avalon, commence à se distinguer le petit fœtus qui grandissait désormais, fermement accroché à la vie ...