C'est une araignée. Ou ton imagination. C'est l'une de tes deux options, mais tu préfères la première, car tu n'aurais pas l'impression de devenir complètement folle. Ça doit bien faire deux ou trois heures que tu fixes ce point mouvant sur ton plafond, incapable de trouver le sommeil. Les bras croisés sous ta poitrine, tu soupires de temps en temps en évaluant les diverses solutions qui s'offrent à toi. T'assommer? Rapide, mais douloureux et surtout très peu discret vu la force que tu devrais utiliser afin de perdre conscience. Boire?  Tu ne sais jamais si tu vas avoir des effets. Attendre ici sans bouger? C'est une option que tu testes depuis quelques heures et les résultats ne viennent pas. Sortir te balader? Pourquoi pas. Ce n'est pas toi qui vas craindre les ténèbres des rues d'Ottawa. De toute façon, tu dois être la créature la plus dangereuse du coin dès que tu vas poser ton pied sur le trottoir. Enfin, ça, c'est ce que tu aimes te faire croire, surtout que ton espèce est dans la ligne de mire des autres. Le pire là-dedans, c'est que tu n'as rien à voir avec cette histoire d'attentat ou dieu sait quoi d'autre. Oui, te dégourdir les jambes te semble la meilleure option pour le reste de la nuit. Heureusement que tu ne travailles pas tout à l'heure, sinon tu aurais eu droit à une sale tête de zombie toute la journée. Ni une ni deux, tu bondis de ton lit, enfile une paire de jeans, un t-shirt, puis un sweat-shirt même si ton corps n'est plus aussi sensible aux diverses températures depuis que tu n'es plus humaine. Un cadavre vivant. Voilà ta nature. Un joli cadavre tout de même.

À peine as-tu enfilé ta paire de chaussures que tu t'empresses de quitter ton appartement en prenant soin de verrouiller ta porte même si tu ne détiens pas grand-chose d'intéressant à subtiliser pendant ton absence. Cette nuit, tu n'as pas fait dans la dentelle, pas de vêtements qui mettent réellement tes courbes en valeur et encore moins de maquillage sur ton visage. En fait, tu as seulement mis tes lentilles bleues  pour ne pas paraître si «commune» aux autres asiatiques. Quoique, ta chevelure blonde fait déjà une partie du boulot... Une fois dans la rue, tu mets la capuche de ton sweat-shirt sur ta tête, masquant du même coup ta longue chevelure ainsi que tes traits, puis tu enfonces tes mains dans la poche centrale de ton haut. Te voilà en train d'errer dans les rues de la ville telle une ombre  sans avoir un réel but en tête, sauf celui de t'épuiser assez pour retrouver le sommeil, quitte à retourner chez toi à cinq heure du matin. Après un coup d’œil à ton téléphone portable, tu te rends compte qu'il est bientôt trois heure du matin. Lorsque tu veux le ranger, une idée te traverse l'esprit en un claquement de doigts. Aux dernières nouvelles, tu dois refaire le plein de tes diverses drogues , puis tu sais très bien que celui qui te fournit tes précieux «produits» n'est pas le «p'tit gars sage» du coin qui bosse le jour et qui dort ses huit heures de sommeil la nuit en évitant de trop boire les jours de semaine. Tête baissée vers l'écran de ton portable, tu commences à taper ton message à ton fameux contact jusqu'à ce que l'objet disparaisse d'entre tes mains. Tu clignes des yeux, un air ahuri collé à ton visage. C'était quoi ça?! Tu as juste le temps de lever la tête pour voir une silhouette certainement humaine tourner le coin de la rue en courant. Est-ce qu'un crétin suicidaire vient de te voler ton portable? Le sang dans tes veines ne fait qu'un tour. T'as toujours été du genre à démarrer au quart de tour.

- Hey! C'est peine perdue, il ne t'entendra pas à cette distance. Tu te mets à courir et au moment où tu empruntes le même chemin que ton voleur, tu peux le voir à seulement quelques mètres devant toi. Reviens ici petite ordure! Ce n'est pas ça qui va le faire s'arrêter aussi facilement, car le voilà encore en train de tourner au coin d'une nouvelle rue sans jeter un coup d’œil derrière lui. Bien entendu, tu sais que tu vas mettre la main dessus sans faire d'efforts surhumains, mais tu hésites encore à tes actes. Est-ce que tu vas te contenter de lui briser un seul membre? De lui fracasser le crâne contre le bitume ou encore le mur le plus proche? Sinon, tu peux toujours lui arracher la tête à mains nues pour ton propre plaisir. Tu as encore quelques secondes pour prendre une décision. Quoique, son sort ne dépendra peut-être pas seulement de toi...

Stupide code d'honneur qui t'empêche de tuer n'importe qui. Dans ce cas-ci, tu devrais faire une entorse à la règle, car tu n'acceptes pas l'idée qu'un crétin de petit humain vienne te dérober quelque chose juste sous ton nez en toute impunité. Quoique, ta morale a toujours été douteuse et elle peut surtout être remise en question. Plus tu cours après lui, plus ton envie de lui tordre le cou se fait envahissante. Personne n'a le droit de faire de toi une victime quel que soit le motif. Personne et encore moins un vulgaire mortel. Au moment où tu prends la décision de déployer tes ailes dans le but de rattraper ton voleur, tu as tout juste le temps de voir des phares quelques mètres plus loin, d'entendre un crissement de pneus, puis un bruit sourd comme si un objet venait d'en percuter un autre. Surprise par cette scène improbable, tu ne peux pas faire autrement que de hausser les sourcils quand tu vois la silhouette masculine qui s'extirpe du véhicule. Lui? Ici? Drôle de hasard.

Alors que tu arrives à sa hauteur au bout d'une dizaine de secondes à le fixer bêtement, tu lèves ta main droite afin d'abaisser ta capuche et aussi pour prendre ton téléphone portable pendant qu'il te fait la conversation sur un ton presque normal. Tu marmonnes un merci plus ou moins compréhensible avant de jeter un coup d’œil vers la pauvre jaguar. Désolé pour ta voiture. Là-dessus, tu es capable d'être sincère, car Heathcliff est bien la dernière personne à qui tu veux que des malheurs s'abattent sur lui. Oui, tu es en mesure d'être sincère avec certaines personnes. J'espère que tu as des assurances. C'est que tu arrives même à laisser voir sur ton visage une véritable expression qui se veut compatissante. Si toi-même tu possèdes ta propre voiture que tu utilises rarement, toujours en train de t'attendre sagement dans ton parking, tu accordes très peu d'intérêt aux boîtes métalliques roulantes. Il ne faut pas oublier que tu as des ailes, c'est-à-dire le moyen de transport le plus rapide dans cette ville. Comme ça, tu évites les bouchons à l'heure de pointe et tu n'es jamais en retard.

Est-ce que tu oublies quelque chose? Ah oui! Le pauvre déchet inconscient à tes pieds que tu t'empresses d'attraper par le col comme un vulgaire jouet et que tu soulèves sans faire le moindre effort un peu au-dessus de ta taille. Pour un simple mortel qui aurait passé dans le coin, celui-ci aurait été bouche bée, car vu son gabarit et le tien, il y a une nette différence de taille ainsi que de poids. En fait, je n'avais pas l'intention de manger cet idiot. Je marchais tranquillement avec mon portable dans les mains quand il a décidé de s'en prendre à la mauvaise personne. C'est son jour de chance, je n'ai pas faim... Comme à ton habitude, tu maquilles légèrement la vérité à ton avantage. Non, tu n'as pas tout de suite envie de dire à Heathcliff que tu étais en train d'écrire un sms à ton fournisseur afin d'acheter tes doses. Étrangement, tu n'as pas envie de passer pour l'espèce de toxico qui est encore debout à cette heure-ci pour simplement acheter ses trucs. Bien entendu, tu lui en glisseras un mot au cours du reste de la nuit, mais pour l'instant, tu préfères ne pas aborder le sujet immédiatement et tu n'es pas contre de passer du temps avec l'Alchimiste.

Avec un manque de douceur flagrant, tu laisses tomber ton pseudo voleur sur le bitume, son corps frappant violemment le sol dans un curieux craquement. Tiens, il aura peut-être une côte ou deux de brisées au réveil. Tant pis pour lui. L'esquisse d'un sourire apparaît sur ton visage pendant que tu te penches au-dessus du type afin de fouiller dans ses poches afin d'en extraire son portefeuille. Mentalement tu notes son nom ainsi que son adresse dans un coin de ton crâne, puis tu prends grâce à ton portable une photo de son visage histoire de ne pas oublier ses traits. Ensuite, comme si de rien était, tu te redresses en lançant un sourire amical à ton ami. Mais je le garde en réserve. On ne sait jamais quand tu vas avoir une fringale ou une furieuse envie de boire le sang d'un de ces déchets humains. Plus ta liste est longue et moins tu perds du temps à te mettre en chasse quand il est temps de te nourrir. Ton boulot est nettement le meilleur pour différencier qui est un humain méritant de respirer et qui doit bouffer des pissenlits par la racine. Un excellent moyen de nettoyer les rues de la ville.

Maintenant que tu as réglé ton «petit souci», tu t'approches enfin de ton ami afin de le serrer contre toi dans une accolade amicale. Tu lui embrasserais bien la joue, mais vu votre différence de taille et sans une paire de talons hauts vertigineuses, tu n'es pas vraiment en mesure d'attendre aisément son visage. Je veux bien aller boire ce fameux verre où tu voudras. Certes, tu n'es pas habillée en mode «soirée dans un bar ou tout autre lieu public», mais ça, tu t'en fous complètement puisque ton but pour cette nuit n'est pas d'attirer les regards sur toi. J'imagine que tu ne peux pas laisser ta voiture là. Ton regard glisse une fraction de seconde vers la voiture. Tant qu'elle démarre pour que vous puissiez partir d'ici, c'est bon signe, non?

Il faut avouer que toi et la mécanique, c'est deux univers totalement différent l'un de l'autre. Certes, tu es capable de faire un changement d'huile et de vérifier deux trois trucs sur une voiture pour éviter qu'elle explose en cours de route, mais en règle générale, tu n'es pas celle qui est qualifiée pour toucher à la mécanique d'une voiture. De toute façon, tu as l'éternité devant toi pour apprendre des choses dans ce domaine. Ce n'est pas comme si tu étais vraiment pressée par le temps. Il t'arrive parfois de bénir le jour où tu es morte grâce au «cadeau» de ta génitrice, mais ça, jamais tu vas lui dire de vive voix. Tu es beaucoup trop fière pour formuler quelque chose qui sonnerait comme si tu devais quelque chose à quelqu'un. Pire encore quand cela concerne des excuses. Là, n'importe qui a le temps de mourir trois fois avant d'entendre le mot «pardon» ou «désolé» sortir de ta bouche. Ta fierté te perdra un jour ou l'autre Katniss.

Tu ne peux pas t'empêcher de laisser s'échapper un petit rire lorsque tu l'entends décrire le pauvre homme inconscient comme s'il se révélait être un vulgaire déchet bon pour la poubelle. Quoique, qui sait s'il ne possède pas réellement une date de péremption, mais si c'est le cas pour lui, c'est certainement le cas de tes «clients» puisque tu les considèrent presque tous au même niveau des déchets qui jonchent le sol de cette ville... Alors que tu soupires de contentement face à son signe d'affection envers ta petite personne, sa question t'arrache un léger sourire. Si tu n'as pas l'intention de lui dire tout de suite pourquoi tu traînes dans les rues aussi tard, tu comptes quand même lui dire la vérité sur ce qui te pousse à être encore éveillée à cette heure aussi tardive. Ouais, j'crois que j'ai fixé le plafond pendant deux ou trois heures avant de me décider à sortir. C'était ça ou tourner en rond dans mon salon. C'est aussi ton cas?. Comme quoi l'insomnie doit être quelque chose de courant dans cette ville. Pire qu'une maladie ou un virus qui se transmet en un claquement de doigts. Tu n'oses pas imaginer le nombre de prescriptions de somnifères qui sont refilés aux humains afin qu'ils puissent dormir quelques heures sans se faire réveiller par une crise d'angoisse ou toute autre attaque aussi joyeuse.

Alors que tu restes là sans bouger pendant que Heathcliff s'occupe de démarrer sa voiture, ton attention se tourne vers l'homme toujours inconscient au sol. Celui-ci ne semble pas prêt de se réveiller de si tôt. Parfait... Puis, quand une voix masculine te tire de tes pensées, ton regard bleuté se tourne dans sa direction. Avec un large sourire, tu adresses un léger signe de tête à ton ami avant de t'installer confortablement dans sa voiture. Merci monsieur Lovecraft!. Au bout de plusieurs secondes, ton regard se perd par la fenêtre côté passager. Pendant que l'alchimiste roule au milieu des rues éclairées, ton attention se tourne vers les différentes façades des bâtiments afin de repérer un bar intéressant. Bien entendu, tu ne choisirais pas un bar haut de gamme avec comme clientèle des gens superficiels qui traînent dans tous les coins. Aussi, il ne faut pas oublier que tu n'es pas du tout habillée pour ces circonstances. Sans vêtement chic ni maquillage, tu serais vite fait recaler sans la moindre hésitation. À la base, tu aimes bien t'afficher à ton avantage, mais tu n'es pas non plus le genre de femme qui ne peut pas sortir de chez elle si son apparence physique n'est pas totalement adéquate. À quoi bon se compliquer les choses.

- On peut aller boire un verre là si tu veux. On sera tranquille.. Une fois la voiture garée, tu sors de la voiture et tu rejoins Heathcliff afin de t'accrocher à son bras sans lui demander son avis. De toute façon, tu sais très bien qu'il ne te repousserait jamais sans avoir une excellente raison. Je suis contente d'être tombée sur toi. Comment vas-tu depuis la dernière fois que l'on s'est vus? Je ne me souviens même pas de quand date notre dernière rencontre! Un sourire presque enfantin orne tes lèvres tandis que ta petite tête blonde trouve appui sur le bras du géant. Tu crois réellement que vous allez passer inaperçu dans ce bar? Malgré que tu ne portes pas de vêtements extravagants qui risquent d'attirer l'attention des autres clients, à vous deux, vous formez un «drôle de couple» à des kilomètres à la ronde d'être compatible. Sauf que ça, tu laisses ce genre de conversation aux mauvaises langues.

Cette capacité peut être une véritable bénédiction dans un lieu public au milieu d'une poignée de clients. Ne plus entendre les diverses conversations autour de toi te permet de ne pas hausser inutilement la voix. Oui bon, tu possèdes une grande gueule et tu es pire qu'une machine puisque tu ne brises jamais, mais ce n'est que deux minuscules détails sans importance... Pendant que vous prenez place à une table éloignée des autres clients, tu ne prends pas la peine d'observer les lieux. Cette nuit, vu ton état physique qui comprend des habits qui ne te ressemblent pas vraiment, une absence totale de maquillage et en bonus une chevelure blonde plus ou moins en bataille - ta capuche n'a pas aidé leur sort -, tu n'as rien à voir avec la Katniss sauvage ainsi que volcanique que tu es d'habitude. C'est à se demander si tout va bien. Tout comme pour Heath' d'ailleurs.

- Ça me va. Tu te contentes d'une réponse courte concernant le contenu de ton verre. En vérité, tu t'en fous complètement de ce qu'on te sert ce soir. Tant que ton breuvage contient de l'alcool, le reste n'est que détail. Depuis que tu es une immortelle, tu ne te caches pas de consommer drogue et alcool aux yeux de ceux qui te sont proches. La seule exception c'est pour ton boulot, car une agente conditionnelle qui est atteinte de ce genre de dépendance n'est pas vraiment un très bon modèle et pire encore, tu risques de perdre ton boulot. La dernière chose que tu souhaites, c'est de te retrouver avec un casier judiciaire sur le dos pour les prochaines années à venir. Quand tu frôleras un âge qui laissera voir aux mortels naïfs que tu côtoies presque tous les jours, c'est-à-dire les humains, que tu as arrêté de vieillir il y a de ça une décennie, tu changeras de ville histoire de ne pas te faire trop remarquer. Au final, tu ne considères aucun endroit dans le monde comme ta «maison».  Tu partiras le moment venue sans te retourner. Si tu as pu le faire avec ta propre famille, tu peux le faire avec n'importe qui et n'importe quand.

Ton sourire ne te quitte pas alors qu'il te souligne que tu restes la bienvenue à ses yeux et qu'il t'annonce dormir peu ces temps-ci. Tu es bien placé pour le comprendre, car c'est aussi ton cas. Au départ, tu ne croyais pas que cela se remarquerait, mais lorsqu'il te pose la fameuse question pour savoir comment tu vas suite à ton aspect physique, tu hausses vaguement les épaules l'air de dire que tout va bien et qu'il n'y a rien de grave à signaler.
Oh la routine, le boulot, à croire que c'est la saison des criminels qui récidivent, les fêtes un peu partout en ville, ma consommation qui ne change pas. De toute façon, ça ne peut plus me tuer. Je suis dans la même situation que toi, je dors peu et je trouve difficilement le sommeil. Eh il y a aussi... Si tu as commencé ta phrase sur un ton presque joyeux, voire un tantinet candide, les derniers mots que tu as laissé échapper entre tes lèvres te font vite revenir à la dure réalité. Pendant une fraction de seconde, tes yeux s’assombrissent comme si une ombre passait sur ton visage alors que les deux autres mots se forment dans ta bouche sans que tu puisses les arrêter. La guerre. Le ton est dur et glacial. Tu aurais dû dire «cette stupide guerre», mais au final, cela n'y changerait rien. Une grande majorité des créatures surnaturelles ne t'aime pas pour la simple raison que tu es une Stryge. Certes, tu te fiches depuis toujours de ce que les autres peuvent penser de toi ou s'ils te jugent pour mille et une raison - à moins de venir directement t'insulter, dans ces moments-là tu deviens particulièrement violente autant verbalement que physiquement -, mais tu n'apprécies pas l'idée que l'on puisse t'attaquer dans le but de te tuer à cause de ta nature. À l'époque de ta vie humaine, tout comme aujourd'hui d'ailleurs, tu n'as jamais voulu te mêler aux choses qui te semblaient pas distrayantes ou qui risquaient de t'apporter un sympathique lot d'ennuis. La politique, la guerre, les finances et autres ne t'ont jamais passionné au point de conserver tes distances avec ces sujets. Maintenant, tu n'as plus ce luxe puisqu'on s'attaque directement à ta petite personne sans la moindre hésitation comme si tu venais de te transformer en une dangereuse criminelle. Bien entendu, tu bouffes des mortels afin de te nourrir, mais tu es tout de même sélective sur le choix de tes victimes, mais ça, personne ne le prend en compte, car tu conserves ton étiquette de «Stryge dangereuse» sur ton front. Pire qu'un tatouage ce truc.

Avant de te perdre dans tes propres pensées, tu t'obliges à secouer légèrement ta tête au moment même où le serveur vous apporte vos deux verres. C'est qu'il tombe à pic celui-là et en plus il t'évite d'aborder un sujet dès le départ. Une fois le garçon à quelques mètres de distance - à croire qu'il veut s'enfuir le plus vite possible de votre table comme si vous étiez deux psychopathes à la recherche d'une future victime à découper -, tu retournes ton regard bleuté vers celui que tu considères comme ton ami de longue date. Tu parlais d'un nouveau projet! Est-ce que tu peux m'en dire un peu plus? Oui, tu ne te caches même pas de changer de sujet, mais depuis le temps, il doit en avoir l'habitude avec toi. De toute façon, ton état d'esprit reviendra sur le tapi au courant de soirée que tu le veuilles ou non. D'un autre côté, tu ne lui poses pas cette question par simple politesse, car au fond, tu attends réellement une réponse de sa part. Certes, tu n'es pas une grande référence en ce qui concerne l'art, mais tu fais un effort pour Heath'. Il est une de ces rares personnes à te supporter depuis plusieurs années et qui n'a jamais voulu prendre ses jambes à son cou lors de potentielles crises de ta part. Avant de lui laisser le loisir de répondre, tu attrapes enfin ton verre pour le lever environ à la hauteur de ton visage. À nous deux! Tu lèves ton verre avec un petit sourire aux coins de tes lèvres avant de le porter à ta bouche. C'est que tu ne te lasses jamais de ce précieux liquide qu'est l'alcool.