« Ma santé n'est pas spécialement au rendez-vous, disons que comme je suis là, c'est grâce à des anti-douleurs et une bonne dose de médicaments. » OOOOOK LA GROSSE BOULETTE ! Putain donc là elle venait juste d’enfoncer son doigt en plein dans le sujet le plus tabou du siècle. Pourtant les conneries de ce genre, les maladresses, ce n’était pas vraiment son genre. Enfin à bien y réfléchir, c’était surtout qu’elle ne parlait pas beaucoup. Dans ces cas-là difficile de dire des conneries… du coup. M’enfin là, Sygrid avait quand même fait fort et fermait donc sa mouille avec application, tout en hochant la tête et observant les autres convives, l’air de rien… Histoire de faire genre, elle n’était pas gênée… « Mais bon, il n'y a pas grand-chose à faire pour l'instant, à part attendre, subir et continuer à vivre. »

« C’est … ballot. »

Putain mais l’angoiiiiiisse cette conversation ! Sygrid était juste venue dans l’optique de faire plaisir à Avalon et non d’apprendre que le marié était sur le point… plus ou moins… de canner. Elle n’en avait pas grand-chose à faire, même si c’était triste. Non, malheureusement peu de chose pouvait la toucher, on ne la trouvait pas faite de glace pour rien. Et c’était la vie, de faire aussi avec la mort. Elle se tourna pourtant d’instinct vers Avalon, qui était enfin sortie de sa béatitude devant l’annonce d’une Sygrid mariée. « Non attends Mathis je pense à quelque chose. Sygrid tu es bien une phœnix non ? » La tronche d’Avalon ne lui disait rien qui vaille… cet espoir qu’elle pouvait y lire, cette petite lueur dans son regard. C’était très… très mauvais. Et Sygrid n’était pas stupide. Son mari venait de parler d’une maladie qui l’épuisait et le faisait souffrir, qui semblait le mener vers la mort. Et soudainement, l’Alchimiste évoquait l’espèce de Sygi. Bien sûr, elle avait immédiatement deviné de quoi il s’agissait là… Aussi le sourire de la Faë vint à disparaitre, alors qu’elle fixait pourtant bravement la mariée devant elle :

« Ooooh non ne me regarde pas comme ça. Une vie… ça ne figure pas sur la liste des cadeaux de mariage. »

« C’est … ballot. » Ouai, comme elle pouvait le dire, c'était franchement ballot. Sa manière de dire ça ne me fit ni chaud ni froid, elle était comme ça et ça se voyait dans son regard. Bon, d'autres auraient pu être vexé, personnellement, je préférais une femme comme sygrid qu'une autre qui viendrait à tenter de me réconforter. Je n'avais pas besoin de ça. Non, j'avais le soutiens de ma femme ce qui m’allait amplement. « Non attends Mathis je pense à quelque chose. Sygrid tu es bien une phœnix non ? » Une quoi ? Non de dieu, je pensais qu'elle avait comprit que je ne voulais plus parler des créatures surnaturelles pour l'instant. Je pousse un soupire désespéré. Et voilà, Avalon venait tout simplement de briser mon rêve de tranquillité durant quelques instants. En plus, elle venait également de me dire que cette femme que j'avais en face de moi n'était pas humaine. Putain, mais tous nos invités étaient des créatures surnaturelles ou quoi. Je commence même à douter de mon propre personnel...Et si eux aussi n'étaient pas humains ? Et si j'étais le seul humain à avoir sa gueule ici. Ça serait franchement étrange. Mais soit, je devais faire avec. Depuis les attentats j'avais plongé tête baissée dans un univers que je comprenais que très peux.

« Chérie. Ce n'est pas le lieu pour penser à ça. »

Je me frotte légèrement le front du bout des doigts. Elle ne lâcherait jamais l'affaire. C'était honorable de sa part, mais j'aurais aimé qu'elle n'y pense pas lors de notre mariage. « Ooooh non ne me regarde pas comme ça. Une vie… ça ne figure pas sur la liste des cadeaux de mariage. » Une quoi ? Mais de quoi elles parlaient là toutes les deux. Je vois un serveur passer et j’attrape une coupe de champagne au passage, l'engloutissant avec une rapidité étonnante.

« Je peux savoir de quoi vous parlez toutes les deux ? Parce que, au risque de paraître peut intelligent, certes je suis un simple humain, mais j'aimerais quand même bien comprendre ! »

La frustration s'entendait clairement dans ma voix.

Avalon était habituée au manque de compassion notoire de Sygrid et à son apparence et ses émotions pour le moins froide mais là quand même elle atteignait des sommets avec son « c'est ballot ... ». Après elle connaissait assez Mathis pour savoir qu'il n'aurait pas apprécier qu'elle s’apitoie sur son sort et la jeune mariée n'aurait pas supporter que Sygrid demande trop de détails sur sa maladie. Du coup même si c'était quand même assez limite comme réaction c'était surement la meilleure qu'aurait pu avoir la phœnix.

C'est là que son petit cerveau fait tilt et qu'elle met le doigt sur quelque chose. Mais évidemment bordel ce qu'elle peux être con de ne pas avoir penser à cette solution avant. Comme à son habitude Avalon s'emballe tout de suite, elle sait que ça met Mathis mal à l'aise de parler du monde surnaturel mais là c'est plus fort qu'elle. Bordel elle à peut être une solution à sa maladie. Mais Sygrid ne semblait pas du tout encline à l'écouter. Mathis interviens alors avant qu'Avalon ne puisse argumenter, il est clairement énervé de ne pas comprendre. Avalon attrape son bras, faisant fit de la  précédente protestation de Sygrid.

« Mathis je sais que tu ne veux pas en parler, que ce n'est pas le moment, ni l'endroit mais les faës Phoenix ont plusieurs vies à leur disposition et peuvent en faire cadeau d'une si je ne me trompe pas. »

Elle savait qu'elle parlait de quelque chose qu'elle connaissait à peine, de quelque chose de très particulier de surement très intime pour une phœnix mais elle n'en avait que faire. Là il était question de la survie de son mari, de la survie de leur couple, de leur vie à trois. Alors tant pis si elle blessait un peu quelqu'un dans l'opération. C'était inespéré. Sauf qu'elle ne se rendait pas vraiment compte de l'énormité de la chose qu'elle demandait.

« Oh Sygrid je t'en supplie, je sais que c'est beaucoup demander mais la maladie de Mathis empire et je ne ... »

Sa voix se cassa. Bordel ce n'était pas le moment, ni l'endroit, ni la personne devant qui pleurer. Saloperie d'hormones, de mariage, de maladie.

« Chérie. Ce n'est pas le lieu pour penser à ça. Je peux savoir de quoi vous parlez toutes les deux ? Parce que, au risque de paraître peut intelligent, certes je suis un simple humain, mais j'aimerais quand même bien comprendre ! » Non seulement Avalon se mariait, mais avec un humain… Non pas que les amourettes inter-espèces la dérangeait, loin de là… elle était plutôt mal placé pour ça ! Non, c’était plutôt qu’elle voyait Avalon bien moins ouverte justement. Elle avait toujours eut l’air d’une femme animée par l’ambition de l’excellence dans chaque domaine de son existence. Et Sygrid avait pensé jusque-là, que Mathis n’était autre qu’un Alchimiste d’envergure. Finalement, Avalon se pliait elle aussi aux impératifs de l’amour, sans concessions, et la Faë devait bien avoué l’avoir jugé un peu hâtivement sur le sujet. Mais elle ne s’y étendit pas, et observait simplement la mariée avec fermeté. « Mathis je sais que tu ne veux pas en parler, que ce n'est pas le moment, ni l'endroit mais les faës Phoenix ont plusieurs vies à leur disposition et peuvent en faire cadeau d'une si je ne me trompe pas. »

Non, elle ne se trompait pas. Mais ce n’était pas pour cette raison que Sygrid allait s’incliner et offrir l’une de ses vies à un Humain, qu’il soit l’époux d’Avalon ou non. « Oh Sygrid je t'en supplie, je sais que c'est beaucoup demander mais la maladie de Mathis empire et je ne ... » Si Sygrid gardait un semblant de sourire pour les apparences, elle était aussi droite qu’un I et ne bougeait pas. Même les émotions très visibles d’Avalon, le désespoir qu’elle venait de laisser filtrer semblaient se heurter à un mur. Au fond, bien sûr que Sygrid était touchée par sa détresse… Mais la sienne, personne ne la voyait. Pas même l’Alchimiste qui pourtant avec un regard acéré. Elle n’avait jamais rien vu, ignorait les épreuves qu’avaient traversées le Phoenix, les vies qu’elle avait brûlé pour s’éteindre définitivement… Et justement, le fait qu’elle ignorait encore si elle usait en ce moment même la dernière qu’il lui restait. Elle continua d’observer Avalon de ses yeux bleu froid et sans émois apparents, avant de se tourner vers Mathis.

« Je suis navrée par votre situation, à tous les deux. Mais je ne peux certainement pas céder à la requête d’Avalon. »

Elle avait presque murmuré, sur un ton monocorde. C’était plus difficile qu’elle ne le laissait entendre… Mais pas question de montrer une seule faille, autrement l’Alchimiste se serait fait un plaisir de s’y engouffrer.

« Mathis je sais que tu ne veux pas en parler, que ce n'est pas le moment, ni l'endroit mais les faës Phoenix ont plusieurs vies à leur disposition et peuvent en faire cadeau d'une si je ne me trompe pas. » Ma femme m'avait attrapée le bras et je pose mon regard sur elle, alors que j'écoute sagement ses paroles. Je n'étais pas à l'aise avec l'idée qu'on me donne quoi que ce soit, encore moins quand le mot « vie » y est assimilé. Néanmoins, Avalon, elle, était carrément train de devenir folle à force de chercher des solutions et dans son état de futur maternité ce n'était pas recommandé. J'avais beau la supplier de limiter les recherches, de se concentrer sur notre enfant, elle n'en faisait cas sa tête. Je l'aimais pour ça aussi. Cette façon qu'elle a de tenir bon, de se vouer corps et âme à ses décisions, ses envies. J'étais comme elle, néanmoins, j'avais appris à baisser les armes quand je m'y sentais près ou encore trop fatigué pour continuer à combattre.

« Je ne comprends toujours rien. Enfin, la moitié, passablement. »

« Oh Sygrid je t'en supplie, je sais que c'est beaucoup demander mais la maladie de Mathis empire et je ne ... » Je soupire en l'observant. Décidément, cette maladie la touchait autant elle que moi. Je faisais bonne figure tout en entendant la voix de ma femme se briser sous l'émotion. Néanmoins, je ne supportais pas le fait qu'elle avoue que ma maladie prenait du terrain, que j'allais bientôt me retrouver six pieds sous terre...Non, elle ne devait pas voir les choses ainsi. Bordel, je tentais de la préparer au pire depuis que nous étions ensemble, ne lui cachant rien de ce que je portais en moi. Elle devait se faire une raison, moi, je m'en étais faite une. « Je suis navrée par votre situation, à tous les deux. Mais je ne peux certainement pas céder à la requête d’Avalon. » Sygrid me faisait de nouveau face et je n'ai aucune honte à planter mon regard dans le sien. Je ne lui en veux pas, d'ailleurs, je comprend à peine ce qu'il se passe ici.

« Je peux comprendre. »

Je me tourne vers ma femme, posant une main sur son épaule.

« Il faut que tu arrête avec ça Avalon, s'il te plait... »

Quand Avalon avait une idée en tête il était difficile de lui enlever. En plus depuis qu'elle avait vraiment appris pour la maladie de Mathis elle c'était mis en quête d'une solution pour vaincre ce fléau mais elle n'avait jamais rien trouver, elle avait pourtant fouiller son grimoire de fond en comble, retourner sa bibliothèque, discuter avec quelques sidh, il n'y a que les stryges à qui elle n'avait pas parler. En même temps depuis l'incident de l’hôpital et de la mairie il en était hors de question. Mais bon dieu pourquoi n'avait – elle pas penser au Phoenix plus tôt ? C'était logique.

Mathis avoue qu'il ne comprends pas et c'est vrai qu'il n'a pas vraiment les tenants et les aboutissants de ce qu'est une faë et un phoenix qui plus est. Mais ce n'est pas important pour le moment, Avalon sait les phoenix assez rare elle se doit donc de convaincre Sygrid. Qui évidemment refuse catégoriquement, Avalon fronçe les sourcils. Elle ne se rends même pas compte qu'elle demande un sacrifice énorme que personne n'accepterait. Mais elle ne veux pas comprendre parce que tout ce qui compte à ses yeux c'est de sauver Mathis. Sygrid s'excuse et Mathis fait comme si ce n'était pas grave, elle se tends comme un arc alors qu'il pose sa main sur son épaule, non elle ne veux pas accepter de baisser les bras alors que la solution est là. Elle serre les poings alors que son mari lui demande d'arrêter.

« Il est hors de question que je me résigne à cette situation ! »

Bon pour l'option garder son calme c'était un peu foutu, elle avait légèrement hausser la voix. Bon pas vraiment une esclandre comme elle savait si bien les faire mais assez pour heurter un peu les deux autre protagonistes.

« Je peux comprendre. Il faut que tu arrête avec ça Avalon, s'il te plait... » Sygrid avait observé silencieusement le jeune marié se tourner vers son épouse. Elle venait de lui refuser une vie... et même si il ne comprenait pas nécessairement toute la portée de cette décision, l'importance probable d'une Phoenix pour un mourant, elle appréciait son calme et l'acceptation passive dont il faisait preuve. Enfin, ce n'était pas comme s'il avait le choix... Mais même Mathis ne semblait alors pas en mesure de calmer Avalon. Cette dernière se tenait raide dans sa belle robe blanche, les pommettes légèrement colorées sous l'effet de la colère. C'était désolant. Ce n'était pas le moment pour elle de se mettre dans un état pareil... c'était au contraire, sensé être l'un des jours les plus marquants de sa vie, dans le sens positif du terme. Ils étaient rares et précieux ces moments... surtout si Mathis était malade. Aussi Sygrid fit un effort assez important pour se tourner vers elle, et après avoir poussé un petit soupire désolé, parla d'un ton un peu bas pour que les invités qui passaient là n’entendent pas.

« Écoute Avalon, tu dois comprendre que je ne peux pas me permettre de donner une vie, peu importe ce que cela implique pour toi. Beaucoup de choses t’échappe, tu peux me croire. Mais je suis navrée qu'il s'agisse de ton époux... Passe à autre chose. »

C'était tellement simple à dire... et très ironique surtout, venant de Sygrid. Par chance Avalon ne connaissait rien de son histoire et si elle devait se fier uniquement à l'apparence de la Faë, alors l'Alchimiste la croirait sans aucun doute pleine d'assurance quand à ses mots. Mais en réalité, le Phoenix était certainement la plus déplorable des conseillères à ce sujet.

« Profite de ton mariage, de ton mari... tu auras le temps de t'inquiéter demain, mais maintenant il faut que tu retournes à la fête donnée en vôtre honneur. »

Autrement dit, y repenser plus tard, quand le Phoenix ne serait plus là ! Sygrid émit un léger sourire, avant de tapoter amicalement l'épaule de Mathis pour ajouter à son attention particulièrement :

« Je vous souhaites d'être heureux ensemble, peut importe le temps qui vous est imparti.. »

Puis elle adressa un dernier signe de tête à Avalon, signifiant qu'elle était sur le départ mais qu'elle ne voulait pas partir en mauvais terme.

Quand je pose ma main sur ma femme je sens qu'elle se crispe et je pousse un léger soupire. J'aurais aimé qu'elle oublie ma maladie l'espace d'un instant, d'une seule journée mais je savais que c'était trop lui demande. « Il est hors de question que je me résigne à cette situation ! » Elle avait légèrement haussé la voix, laissant entendre qu'elle était clairement mécontente. Heureusement j'étais son juste milieu, d'un calme olympien qui en déboussolerait plus d'un. C'était dans ma nature...Je m'énervais que rarement. D'ailleurs, ma femme avait eu le malheur de me voir en colère une fois et ça n'avait pas été joli à voir...le jour ou nous avions appris qu'elle était enceinte. Je presse un peux plus ma main sur son épaule, cherchant à la réconforter.

« Mon ange, tu n'as pas le choix...pas aujourd'hui, s'il te plaît. »

Une fois de plus j'avais parlé très calmement, essayant juste de tempérer les choses avant que ça ne tourne radicalement mal. « Écoute Avalon, tu dois comprendre que je ne peux pas me permettre de donner une vie, peu importe ce que cela implique pour toi. Beaucoup de choses t’échappe, tu peux me croire. Mais je suis navrée qu'il s'agisse de ton époux... Passe à autre chose. » Bon là elle en demandait beaucoup à Avalon. Passer à autre chose n'était pas imaginable, pas quand elle connaissait la fatalité de la chose. Cette cruelle finalité qu'était notre vie de couple. Je tourne mes yeux vers Sygrid lui exprimant clairement que ce n'était peut-être pas les meilleures paroles qui soient. « Profite de ton mariage, de ton mari... tu auras le temps de t'inquiéter demain, mais maintenant il faut que tu retournes à la fête donnée en vôtre honneur. » Par contre là j'étais d'accord avec elle sur le coup. Elle se retourne vers moi et me tapote amicalement l'épaule, je lui souris faiblement en étant désolé de la tournure actuelle des choses. « Je vous souhaites d'être heureux ensemble, peut importe le temps qui vous est imparti.. »

« Merci, on fera en sorte que tout ce passe pour le mieux. »

Je pose un baiser dans les cheveux de ma magnifique femme. Dieu que je l'aimais. Je l'aimais pour cette force de caractère qu'elle possédait, cette soif de me voir exister, de continuer à mes côtés...