There were four Horsemen
And Pestilence, and Plague was among them
L'air était chargé du chant de la guerre. Un murmure d'acier et de fer cliquetant, de tissu froissé et de la pierre contre le métal. L'homme était assis à même le sol, en face de l'autel qui supportait le Livre Saint aux reliures dorées et à la fine calligraphie. D'une main, il passait un étrange objet composite sur les tranchants d'une longue lame avec une garde en croix. L'arme n'avait aucune fioriture si ce n'est le cuir de bonne qualité qui enveloppait la poignée, et son propriétaire caressait maintenant le plat à la recherche de cassures quelconques. Satisfait par son inspection, il s'agenouilla lentement, levant l'épée bâtarde horizontalement, à plat sur ses paumes, et de sa bouche sortit une prière murmurée. Lorsqu'il se releva, la lame avait rejoint son fourreau, à la taille du templier, et la maille cliqueta alors qu'il se relevait lentement.
Purefoy était entièrement vêtu de son tabard blanc et son immense croix rouge peinte sur le torse. Sous le fin tissu, une épaisse côte de maille protégeait l'intégralité de son corps et un heaume ceignait sa tête, deux minces fentes lui permettant une vision partielle. Ses mains étaient recouvertes de gants d'écailles en métal, et ses bottes elles-mêmes comportaient des pièces d'acier mouvantes au niveau des articulations. Jamais assez de prudence quand il était question de s'introduire chez une alchimiste particulièrement belliqueuse, surtout lorsque celle-ci révélait sa nature et celle de son pouvoir sans peur aucune, sans effroi des représailles, sans se douter que son interlocuteur irait après elle et la tuerait si il le faut. Son visage était maintenant figé en un masque neutre, les pensées parasites s'échappant lentement pour ne laisser qu'une rage sourde et contrôlée, l'adrénaline du combat.
En un clin d’œil, la pièce disparut et avec elle les vitrines, la Bible, le mur couvert de croix. A la place, une grande et longue rue. Ses bottes cliquetèrent sur l'asphalte de la route alors qu'il dégainait son épée d'un mouvement fluide, la pointe contre le sol et ses mains sur la garde en une position détendue. La maison devant lui tenait plus de la villa, à l'instar de ces maisons de banlieues que l'on voyait dans les magasines, avec leur jardin tondu au centimètre près, le chien gambadant dans l'herbe avec les enfants, sous l’œil souriant des parents. Les lourds rideaux laissaient filtrer la lumière par les fenêtres, une version de plastique couvrant cette fois les grandes baies vitrées. La porte était déjà ouverte alors qu'un homme en sortait. Insignifiant, son mètre 70 n'inquiétant pas la lourde carrure du Sidh qui le laissa passer sans l'alerter de sa présence. Les lampadaires s'étaient éteints à son approche, comme privés de leur lumière et la rue était plongé dans l'ombre. Battement de cœur, et le voilà dans la maison, alors même que la porte se refermait sur une silhouette féminine. Le templier se trouvait maintenant dans un large salon, toujours dans la même position et la pointe de sa lame mordant cette fois le parquet sous ses pieds. Et alors que l'alchimiste se retourna, un filet de voix glacial s'échappa de sous son heaume.
Sorceresse. Vous respondrez de vos actes devant le Seigneur, mais en cette nuit, c'est de moi que vous devriez craindre le courroux. Parlons. De la main, il indiqua les fauteuils disposés dans la pièce. Son ton, teinté d'un accent français et d'un étrange vocabulaire, ne laissait pas de place à la désobéissance. Il n'était pas venu pour se battre, ou tuer, mais pour obtenir des réponses. Des réponses qui engageaient la vie de la jeune femme. De lui, elle ne voyait que ses yeux et leur feu bleu, rayonnant même dans la pièce déjà lumineuse.