28 janvier 2016 – Les travaux avaient bien avancé dans sa future boutique. La sienne déjà, techniquement parlant, mais Lily n’arrivait pas à considérer l’endroit comme une boutique, en tous cas pas tant que l’inauguration ne serait pas passée. Concrètement, il ne lui restait pas grand-chose à faire. Elle avait investit dans les meubles de rangements, caisse et accessoires. Ils avaient été livrés bien à temps, elle les avait installés correctement. Les travaux en soit dans la boutique n’avaient pas pris trop de temps. En fait, si. Elle les avait terminés à peine cette semaine, en tous cas pour l’extérieur, il avait fait plutôt doux pour un mois de Janvier, aussi elle n’avait pas hésité à en profiter. Mais même pour les travaux, étant donné que l’ancien propriétaire avait laissé les lieux en plutôt bon état, elle n’y avait pas passé un temps excessif. Non vraiment, en fait elle n’avait plus qu’à s’occuper de tout le stock qu’elle avait reçu de ses fournisseurs. Des kilos et des kilos de cartons remplis et gonflés de vêtements en tous genre. La salle de pause en était pleine, de ce genre de cartons. L’ouverture était programmée trois jours plus tard. Ça ne laissait à Lily que jusqu’au 30 au soir pour tout bien finaliser et présenter quelque chose de correct. Oui sauf que voilà. Elle avait travaillé comme une acharnée toute la semaine, elle était même partie une autre semaine, en plein mois de décembre, avec son matelas gonflable pour directement s’installer dans sa futur boutique et ainsi être plus à disposition pour les travaux… maintenant elle voulait du calme et du repos. Elle savait que sinon, elle n’en aurait pas avant un bon moment. Et quand elle repensait à la montagne de bouts de tissus qui l’attendaient pour être déballés, étiquetés, antivolés, pliés ou rangés, elle préférait juste se faufiler au fin fond de son lit et fermer les yeux. Elle s’accordait son premier jour de repos, en tant que future bonne patronne qu’elle était.

Ce matin-là, c’était donc le premier depuis belle lurette que Lily traînait. Aujourd’hui, elle avait prévu de faire du rien, de se prélasser et juste de voir le temps passer sans trop s’en inquiéter. Elle remettait toutes ses corvées au lendemain. Il était midi passé lorsqu’elle avait ouvert les yeux. Elle venait de passer plus d’un tour de cadran à dormir. Comme quoi, elle en avait vraiment besoin. Mais ce n’était pas son réveil, qui la sortit du lit, non. Bien au contraire. Plus elle s’éveillait, plus elle se disait qu’elle était trop bien dans ces draps, dans ce matelas bien plus confortable que celui qu’elle avait installé au magasin, où l’air jouait à chaque mouvement. Non, ce qui avait véritablement fini par la sortir de sous les draps, c’était la soif. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas fait de véritable repas, de son genre de repas, et ses besoins se rappelaient à elle alors qu’elle avait enfin le temps de s’en préoccuper. Il y avait bien sa colocataire dans l’appartement, mais si elle pouvait éviter de la bouffer alors que ça faisait à peine quelques mois qu’elles partageaient le même toit… Lily avait encore besoin d’elle pour alléger ses dépenses et partager les frais du logement. Pas qu’elle se trouvait à la rue, mais de temps en temps elle pouvait bien faire le sacrifice d’une vie solitaire en appartement pour ne pas avoir à trop taper dans sa tirelire. Elle pensait toujours à une meilleure façon de placer son argent, et elle espérait ne pas avoir à revoir ses plans pour un simple repas.
C’était donc la faim, finalement, qui la motiva à sortir ses pieds de sous le plaid rouge, celui qu’elle aimait bien parce qu’il était incroyablement doux au toucher. Et cher, aussi.

À la cuisine, plusieurs choix dans les placards. Mais c’était le réfrigérateur qu’elle ouvrit d’abord. Elle avait soif, et c’était quelque chose de liquide qui pourrait mieux l’apaiser. Le yaourt à boire à la fraise, par exemple ? Celui qui avait l’air d’avoir disparut. « Putain je jure que je vais la buter, » commençait-elle à marmonner. La vie en colocation. Si beau sur le papier, si terrible dès le moment où elle débutait. « FAIS CHIER ! » elle finit par crier.
« Oh la blonde, tu ramènes ton joli cul ici, que je t’apprenne comment ça se passe… » Elle avait soif, et la seule boisson que Lily arrivait à tolérer, en tous cas la seule qui avait plus ou moins du goût pour ses papilles, n’était plus. Et clairement, ce n’était pas elle qui l’avait bue dans son sommeil.

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