« Un gentil? Ah vous n'avez pas du avoir beaucoup de chances dans vos rencontres avec les Stryges... J'avoue que c'est rare d'en croiser, quelques Stryges agréables à vivre. Ouais, je suis heureux de vous connaitre Willy. »
Et en effet, sans mentir, voir un visage souriant de temps en temps ça faisait vachement de bien. La plupart du temps on essuyait le gris des villes, du ciel, la tristesse ou la rancœur dans le visage d'autrui. Merde ils étaient de la même race! Meme si on essayait de faire un truc du style uniforme il y avait toujours cette amitié entre les gens de même espèce non? Ce n'était pas censé fonctionner ainsi? Grand dieu les choses avaient bien changées depuis le temps ou Nils s'appelait Alekseï et il labourait les champs pour les puissants. Les paysans s'aidaient entre eux a cette époque. Ils se mariaient entre eux. Des échanges de services, de bêtes, de peaux, de viandes... Ouais, ça ne marchait plus ainsi apparemment, et pour le plus grand désespoir de Nils. Il devait prendre l'habitude non? Ça marchait comme cela depuis un bon petit temps... Malheureusement d'ailleurs. Alors avoir droit au sourire d'une personne pourtant inconnue qui le vouvoyait et qui était pourtant extrêmement gentil pour lui... Voyez, c'était agreable a vivre un sourire. Et a vrai dire il lui rendait bien aussi.
« Je ne serais certainement pas venu si vous m'ennuyiez Willy... Je veux dire, un peu de compagnie, ça n'a jamais fais de mal à personne. La vôtre surement moins je pense. Vous m'avez l'air d'être une personne assez intéressante. Et ça aussi c'est assez rare. »
Nils lui lanca un petit sourire amuse en voyant les gestes de son congénère. Comment il s'asseyait. Comme un enfant peut-etre. En temps normal, enfin, en journée avec les jeunes du centre ils les auraient sûrement remit a leurs places. Parce que dans la jour été il fallait apprendre à se sociabiliser de manière ma ni rente et blablablablabla... Mais là il n'etait pas au travail. Et il ne desirait pas encore devoir se taper une terrible lecon de ce style. Vraiment, faire une remarque a Willy alors qu'il était treeees mignon dans cette position allait lui pourrir... La position. Autant ne rien dire tiens. En l'entendant tousser de nouveau presque a en mourir, Nils fronca les sourcils en secouant la tete, tapotant ses poches. Il doutait assez sur le fait d'avoir des antibiotiques sur lui... A vrai dire il doutait même sur l'efficacite des antibiotiques sur une Stryge. Oui oui Nils connaisait les antibiotiques sans jamais en avoir utilisé. Il fallait savoir se mettre à la page quand on datait de plusieurs centaines d'années...
« Ça fait longtemps que personnellement non je n'ai pas été malade. Ça doit être avec l'âge? » Nils rit doucement « Peut-être qu'on devient de plus en plus solide au fil des années. Je ne sais pas combien pour vous mais après mes 400 je peux assurer que j'ai pris l'habitude d'ignorer les maladies!»
Entendre autant de compliments, venant d'un être qui ne le laissait pas indifférent, si Willy avait pût, il se serait mit à rougir. Tout ce qu'il fit fut de se cacher un peu plus derrière son écharpe, après avoir bu un nouveau coup et reposa son regard sur Nils, se sentant encore plus heureux et excité en sachant que ce dernier le trouvait intéressant. Ce n'était pas souvent qu'il avait entendu ce genre de chose le concernant. Glissant ses mains entre la jointure de ses genoux, il se mordilla la lèvre en entendant l'âge de son congénère. Voilà pourquoi il émanait un aura quasi protectrice à ses yeux. Les années d'expérience, le vécu., tout ça amenait la sagesse. Pourtant, le "jeune" Stryge savait aussi que la plupart de leur espèce n'avait pas forcément beaucoup de sagesse, malgré leur longue existence. A commencer par sa créatrice. Enfin, ce n'était pas la question. N'empêche qu'avec lui, il se sentait en sécurité.
- J'ai cent vingt quatre ans... mais... mon éducation de Stryge laisse vraiment à désirer. Jusqu'à peu encore, je ne savais même pas comment me servir de mes ailes. C'est dire...
Il aurait très bien pût dire qu'il était tout simplement un boulet, mais le plus âgé aurait probablement jugé qu'il n'était plus si intéressant. Il n'avait pas envie de le faire fuir. Mais en comprenant que lui avait cette chance de ne pas ou plus tomber malade, Willy sentit une légère pointe de jalousie l'envahir. Mais en même temps, il avait presque envie de lui demander comment on faisait pour ne plus être atteint par les miasmes et les microbes. Certes, avec l'âge, mais Nils avait bien une technique pour chasser les maladies, non ?
- Dans ce cas, j'aimerais déjà être plus vieux pour ne plus être malade. En plus... y a rien qui me suis, c'est nul.
Conscient d'avoir l'air d'un enfant, surtout dans cette position assise, l'Amérindien se redressa pour se tenir correctement et commença à triturer son verre, préférant le fixer d'ailleurs plutôt que de relever les yeux sur son compagnon de la soirée et avoir idiot. C'était à cause de ça qu'il s'était retrouvé tout seul, il en était sûr. Si son clan n'était pas venu le chercher, c'était parce qu'il était un enfant inutile, un boulet. S'il savait se rendre utile, à part faire des câlins, peut-être qu'on ne l'aurait pas laisser en compagnie de Fall, la Faë détraquée...? Pour ne pas se retrouver dans ce genre de situation, Willy décida de se prendre en main et d'agir en homme et non pas en enfant. Sauf qu'à force, il ne savait plus vraiment comment se comporter un homme. Il l'avait été, pendant sept ans, quelque chose comme ça, jusqu'à sa transformation en Stryge. Ça l'avait ramené à un état infantile, dont il avait conscience, mais qu'il ne voulait et ne pouvait pas quitté. Peut-être que c'était sa façon de se protéger, de se mettre dans un cocon. Finalement, il se redressa en tirant sur les manches de son pull et se pinça les lèvres. Il avait envie de poser une question, de faire quelque chose, mais il avait tellement peur que Nils refuse qu'il sentait ses faibles résolutions s'envoler. Pour se donner du courage, il regarda à droite et à gauche, les gens ne leur portait strictement aucune attention, ils étaient tranquilles. Et puis, si des personnes les avaient écouté, ça ferait un moment qu'ils auraient été choqué par leurs propos. Il reposa enfin son attention sur son congénère et se lança finalement.
- Nils... j'aimerais vous demander quelque chose... euh... Je... je suis sérieusement en manque affectif, j'ai toujours besoin de donner et de recevoir des câlins... Est-ce... que ça vous embêterait que je vous en fasse un ?
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