Un jour, tu vas devoir apprendre à la fermer, et ce, pour une simple question de survie. Quoique ça, ce n'est pas vraiment dans le domaine du possible, surtout avec ta nature qui se trouve à être bavarde et aussi impulsive. Quand tu es en colère, ta bouche et ton cerveau ne semblent plus connectés l'un à l'autre. C'est que tu es capable de débiter de véritables horreurs... Sinon, tu peux toujours apprendre à choisir convenablement tes mots, mais ça aussi, c'est peine perdue. Tu trouveras un moyen de dire une connerie qui va te mettre dans la merde. Comme en ce moment. Ouais, il faut vraiment que tu apprennes à te contrôler, car un jour ou l'autre, c'est au fond d'une tombe que tu vas finir le reste de ton existence. Il n'y a pas de quoi être fier.

La seule chose dont tu peux être certaine, c'est que tu as salement mal au crâne et à l'une de tes jambes. La droite pour être plus précise. Pendant que tu clignes des yeux, tu tentes d'habituer ta vision à la pseudo noirceur environnante. Non, tu n'es pas dehors au beau milieu de la nuit, mais plutôt dans une espèce de cabane abandonnée si tu en juges par les murs ainsi que le plafond. Qu'est-ce que tu fous là? Aux dernières nouvelles, tu te baladais tranquillement en ville, mais la raison de ta sortie t'échappe. Tant pis, ça reviendra sans doute un peu plus tard. Lentement et sûrement, tu essaies de te remettre sur pied, mais dès que tu mets du poids sur ta jambe droite, celle-ci se dérobe à cause de la douleur. Dans un bruit sourd, tu chutes sur le sol sans pouvoir te rattraper à quoique ce soit. C'est la mâchoire serrée que tu laisses entendre un grognement de frustration. Te voilà réduite à l'état de pauvre petite créature faible incapable de se déplacer. Merveilleux. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant? Par réflexe, ta main glisse dans la poche de ton jeans. Ouf! Ton téléphone portable est toujours là et en un seul morceau! D'abord, tu actives l'option gps histoire de savoir où tu es. Quand tu vois le petit point rouge clignoté, tes sourcils se froncent automatiquement. Qu'est-ce que tu fais au milieu de nulle part à quelques kilomètres de la ville? Puis, ça te revient dans un flash douloureux. Un Berserker - il faut dire merci à ta nature de Stryge pour reconnaître les autres surnaturels - que tu n'as jamais croisé de ta vie s'est approché de toi pour te débiter tu ne sais plus quelle stupidité, tu te rappelles de l'avoir traité de tapis sur lequel tu t’essuierais les pieds - enfin, ça, c'est la version polie -, d'un violent coup donné sur ta tête, ensuite, c'est le trou noir. Certes, ça n'explique pas grand-chose, ni la vive douleur à ta jambe, mais c'est un début.

Faire une liste mentale de tes ennemis qui seraient susceptibles de demander à quelqu'un d'autre de faire le sale boulot à sa place prendrait trop de temps. Déjà, il faudrait tous les noms de tes «clients», enfin, de tes déchets de l'humanité qui sont sous ta «garde», ce qui fait une liste bien trop longue. Pour l'instant, autant laisser tomber cette idée et passer à la prochaine étape. La vérification des lieux. Sans chercher à regarder les quelques pièces de la cabane, tu te contentes de ramper jusqu'à la fenêtre, recouverte de quatre planches, la plus proche. Bonne nouvelle, vu le soleil à l'extérieur, c'est probablement l'après-midi. La bonne nouvelle, tu te retrouves au milieu d'un champ avec trois bâtiments en ruine ressemblant à des granges. La mauvaise nouvelle, la route te semble loin, très loin même au point où tu ne peux pas ramper jusqu'à là-bas sans savoir s'il n'y a personne dans ces espèces de granges. Malgré que tu as une capacité de régénération assez rapide, ta guérison ne va pas se faire en un simple claquement de doigts. Oh, il te reste une option, une qui te déplaît au plus au point, mais tu n'as pas le luxe de la négliger. Dans un soupir résigné, tes mains pianotent sur l'écran de ton portable. Tu tentes de te concentrer afin de trouver le bon contact dans ta liste, mais la fanfare qui tape du pied dans ton crâne te met des bâtons dans les roues. Puis, ô grande joie, tu sélectionnes ton potentiel «sauveur».

Après quelques secondes, on décroche à l'autre bout de la ligne. Ead'? Ta voix n'est qu'un murmure pour une question de prudence. J'suis dans la merde. Tiens, ça devrait être ta phrase d'approche comme celle d'une pub. Chez toi, être dans la merde, ce n'est pas quelque chose de nouveau, mais jusqu'à ce point, tu mérites largement une médaille. J'ai besoin de toi. Ces quelques mots te roulent dans la bouche, te laissant un arrière-goût à la fois amer et acide. Ça te donne presque envie de vomir. Toi, Katniss, demander de l'aide à quelqu'un de ton plein gré. C'est bel et bien une première et tu souhaites intérieurement que ce soit la dernière. Demander à une Faë Phoenix de venir te secourir est presque touchant au lieu d'un membre de ta famille. En réalité, tu préférerais crever une deuxième fois, et ce pour de bon, plutôt que l'un d'eux te voit dans une position de faiblesse. Autant te tourner vers quelqu'un où ton orgueil n'en prendra pas un sacré coup. Bien entendu, tu sais pertinemment que ton ami va revenir sur ce sujet durant les prochaines années ou jusqu'à son deux-cent cinquantième anniversaire, mais ton instinct de survie est plus fort que le reste. Tant pis, tu vivras avec tes conneries pour le reste de l'éternité. Eh maintenant? Il te reste plus qu'à attendre et à prier pour ne pas que cette mauvaise aventure soit un piège stupide.

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