Depuis le départ, cette histoire sentait la vieille frite. Mais qu’est-ce qu’il lui avait pris encore d’accepter une telle invitation ? Parce que non seulement Siam n’avait pas pu s’empêcher d’être en tourment la moitié de ses journées dans la perspective de sortir avec Selen, mais parce qu’en plus, Gabriel n’avait pas cessé de la pousser à le faire… quand il n’avait pas été en détresse devant la présence de Stryges à cette fête. Il l’avait aussi bien couverte de conseils quant à sa tenue, qu’abreuvé de recommandations en la suppliant à genoux d’être prudente… et elle n’exagérait pas. En vérité, elle avait juste eut l’impression de jouer sa vie sur ce bal. Siam ignorait ce qui avait poussé Selen à l’invité… la courtoisie sans doute, l’affection qu’il avait pour elle… d’accord. Mais de l’affection, c’était tout. Elle ne pouvait pas compter sur plus et c’était ce qui la minait alors qu’elle s’observait dans le miroir. Une robe noir et or, sobre, un chignon, un léger maquillage… Gabriel en avait eu les larmes aux yeux et l’avait même obligé à râler pour qu’il lui lâche la grappe. On aurait dit un mauvais film Américain ou le père latino regarde sa fifille partir au bal de promo… lamentable.

Le trajet quant à lui avait été … long, et silencieux. Du moins du côté de Siam qui n’arrivait ni à calmer ses doutes, et encore moins la trouille qu’elle ressentait à l’idée de passer une soirée entière, dans une ambiance si ‘magique’ aux côtés du Qilin. Cela allait être pénible… Mais elle avait dit oui, c’était trop tard, maintenant il n’y avait plus qu’à assumer. L’arrivée quant à elle, fut un véritable enchantement et eut même le don de lui rendre le sourire ! Cette fois, Siam s’était accrochée au bras de Selen après qu’on ait prit leur vestiaire et sans attendre, le nez en l’air et le sourire aux lèvres, la Berserker sembla enfin plus détendue.

« Tu ne m’avais pas dit que la Cour des Faës était si magnifique ! »

Selen avait d'abord pensé à un costume traditionnel japonais, datant de l'ère de sa naissance. C'était ainsi que l'on fêtait les évènements les plus importants sur sa terre natal. Mais avec le recul, et plusieurs recherches sur ce monde fabuleux qu'était internet et qu'il avait découvert très récemment, il jugea cela inapproprié. Faut dire qu'il était nerveux, monsieur Dragon. Peut-être plus qu'il ne l'aurait cru en invitant Siam à sortir ce soir. Ce n'était pas une soirée comme les autres, bien sûr que non... C'était le bal de Noël de la cour des faës. Et à ce titre, il s'agissait de quelque chose de spécial. Ainsi... c'était avec quelqu'un de spécial pour lui qu'il avait décidé de le vivre.

Vêtu d'une chemise grise et d'un pantalon sombre, il avait tenté de rattacher ses cheveux trop longs, sans vraiment de succès, avant d'abandonner. Pour être honnête, ses idées tonitruaient dans tout les sens contre les parois de sa tête, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Il jeta un coup d'oeil à son reflet dans un miroir en pied dans un recoin de son salon, et spécula quelques secondes, avant de s'encourager du mieux qu'il pouvait. Bon, allez, il était top moumoutte... maintenant c'était go go go !

D'un pas rapide et déterminé, il traversa le monde magique pour rejoindre la surface. Il sentait déjà l'effervescence des festivités, croisa beaucoup de couples, de groupes d'amis, qui se rendaient vers la salle de réception tandis qu'il progressait dans le sens contraire. Il fit le plus vite possible pour rejoindre l'appartement de Siam pour venir la chercher, et malheureusement... ne put pas vraiment parler durant le trajet. Elle l'avait éblouie, sa Blondie. Quelle idée d'être aussi resplendissante...
De nouveau à la Cour, il la fit donc entrer dans son univers, nouveau pour elle. Quand elle prit son bras... il se sentit véritablement à l'aise, bien qu'il sentait chez elle encore et toujours une réticence. Pourtant, il tenta de l'ignorer. Et son exclamation lui décocha un large et sincère sourire, tandis qu'à son tour, il se débarrassa de son manteau :

"Ouais hein ? Faut dire que ce soir, ils ont mis les p'tits plats dans les grands ! T'as vu toute cette déco ? Et tout ce monde ?"

Oui, la Cour était magnifique... mais elle n'était pas la seule.

Siam n’avait pas réussi à décrocher un mot après sa tirade. La Berserker semblait trop occupée à laisser ses yeux traquer chaque détail et s’émerveiller des tenues de ces gens si élégants qui l’entouraient. Elle se trouvait maintenant bien peu gracieuses face à toutes les robes magnifiques qu’abordaient les femmes. L’impression de côtoyer du beau monde la rendit alors un peu craintive et elle ralentit le pas alors que Selen attirait son attention justement sur ce qui lui foutait maintenant la trouille. "Ouais hein ? Faut dire que ce soir, ils ont mis les p'tits plats dans les grands ! T'as vu toute cette déco ? Et tout ce monde ?" L’air soudainement plus soucieux, elle eut pour reflexe de se rapprocher de lui, resserrant un peu sa prise sur son bras. Comme toujours, il était un peu son point de repère, aussi prenait elle soin de ne pas le lâcher une seule seconde. Et même si elle avait demandé à Gabriel de renforcer le sort de son talisman, le Carcajou lui, fou de joie, ne la laissait pas tranquille pour autant. Son influence restait donc relativement forte.

« Je dois dire que je suis très impressionnée… »

Oui, c’était le moins que l’on puisse dire ! Une multitude de questions lui venait, partagée entre ce qu’elle voulait demander à Selen sur la Cour des Faës qu’il semblait bien connaitre, et les doutes qu’elle cultivait quant à sa présence ici. Un peu paumé, elle demanda timidement, les yeux braqués sur une dame qui portait une robe moirée incroyable.

« Tu crois que l’on va croiser la Reine ? J’aurais sans doute dû porter autre chose… Ce n’est pas très élégant, si ? J’ai l’impression d’être négligée. »

Et si Gabriel lui avait assuré le contraire en se mouchant bruyamment, Siam doutait un peu de son objectivité.

Il avançait à son tour parmi les plus riches des tenues qui composaient l'amoncellement d'invités. Il faut dire que cette année, beaucoup plus de personnes avaient répondu à l'appel de la Reine, sans doute appâtés par une nouveauté plus que notables : l'arrivée des Stryges au sein des terres magiques de la Cour. Selen ne savait pas vraiment quoi penser de ce coup de poker que leur leprechaun de souveraine avait tenté, mais dans tout les cas... il serait là pour protéger sa cavalière, comme il l'avait promis à Gabriel, si jamais les choses venaient à déborder.

Son regard se posa un instant sur un groupe d'hommes discutant près d'une décoration florale (fleurs qui, empotées dans une terre de qualité, respiraient la joie de vivre), et s'attarda sur leur tenue. Leurs costumes devaient probablement coûter l'équivalent de deux mois de salaire que le patron du Moonlight Tattoos s'accordait. En comparaison, sa propre tenue semblait sortir de la première friperie du coin. Il ne savait pas vraiment ce qu'il fallait porter pour ce genre d'occasion, mais quelque part, il n'en avait pas grand-chose à faire. Qui sait ce que ces hommes auraient pu faire avec tout cet argent, plutôt que le dépenser en ornements...

Mais il entendit cependant Siam douter de sa propre apparence, et il s'en retrouva plutôt confus. Comment ça ? Elle se trouvait moins belle que ces autres créatures, uniquement parées d'atouts que l'on pouvait trouver dans des magasins de luxe ? Il secoua la tête, désolé d'entendre pareilles sottises venant de sa protégée.

« Dis pas de conneries plus grosses que toi, Blondie. T'es magnifique. », lança-t-il le plus honnêtement du monde, un sourire doux aux lèvres. « T'as pas besoin de toutes leurs breloques pour resplendir de mille feux. Et ce soir, j'trouve que c'est toi la plus belle. »

C'était plutôt amusant. Selen était d'un naturel terriblement honnête et pourtant... il n'avait jamais vraiment prit le temps d'avouer à Siam combien il la trouvait jolie.

Après tout, elle n’avait pas menti… il y avait là des robes, des parures, des attitudes mille fois supérieurs à la sienne. Et dans ce décor, Siam doutait. Elle n’avait jamais été à l’aise en société, et n’avait certainement pas pensée à la conduite à suivre lors d’un Bal. Un Bal en présence d’une Reine qui plus est ! Il fallait dire que l’invitation de Selen l’avait tant bouleversé qu’elle n’avait pas été en mesure de prendre conscience de ce fait. Le Dragon avait un peu brouillé ses sens, et sa réflexion avait été bien peu efficace.

La Berserker observait encore une autre femme, les yeux écarquillés devant la lumière qu’elle dégageait naturellement… et sentit sa mâchoire se décrocher nette en apercevant une Indienne plus loin, dans une tenue traditionnelle qui en jetait vraiment. Bah voilà, ça c’était un costume de Bal… pas sa robe acheter dans une boutique de prêt-à-porter ridicule. Haha. « Dis pas de conneries plus grosses que toi, Blondie. T'es magnifique. T'as pas besoin de toutes leurs breloques pour resplendir de mille feux. Et ce soir, j'trouve que c'est toi la plus belle. » Si le Carcajou faisait raisonner ses hurlements de joie dans l’esprit de la jeune femme, la jeune femme en question elle piquait une rougeâtre du tonnerre. Gyrophare activé. Elle détourna le regard, voulut fuir mais là quand même, c’était gros. Aussi resta-t-elle à son bras quelques secondes encore avec de s’en séparer, sous prétexte de jeter un œil plus loin, sur la composition des tables. L’occasion pour la Carcajou de tripoter son talisman qui pour une fois était accroché à son poignet, et de calmer le feu qui ravageait ses joues et se rependait dangereusement dans tout son être.

« Oh bah… on va avoir du monde à table. »

Elle regrettait alors, de ne pas avoir réussi à convaincre Gabriel de l’accompagner. Il aurait été un élément plus que rassurant dans cet amoncellement d’émotions contradictoires. Et elle aurait certainement moins souffert de la présence du Dragon dont elle s’était imprégnée de l’odeur…

Il se tenait donc là, au milieu de la Cour, les sens agités par énormément de choses. Ses instincts aux aguets, il se sentait fin limier, dans la mesure où il essayait de deviner qui était présent ce soir. Bien qu'il y vive, il ne reconnaissait que peu d'habitants de l'univers magique en tant que convives. A bien y regarder... il ne connaissait finalement personne. Si ce n'était Siam à ses côtés, le Qilin solitaire gravitait dans un monde remplit d'inconnus. Et cette constatation eut un drôle d'effet sur son esprit. Non pas qu'il se sentait perdu... mais plus... déphasé ? Avec sa propre caste. C'était un comble.
Dés lors, il fût plus qu'heureux de la présence de la blonde auprès de lui. Pour ça, et pour bien d'autres choses, aussi. Déjà... Il n'aurait jamais cru qu'elle réponde favorablement à son invitation. Bien qu'il arborait des dehors optimistes, sa confiance en lui et ses convictions avaient tendance à s’égratigner un peu depuis que la blondinette était de retour dans sa vie. Bien sûr, il était terriblement heureux de la voir, de la savoir aussi vive et épanouie... mais restait encore un point d'ombre dans son attitude. Quelque chose qu'il ne comprenait pas. Un distance... infime, mais conséquente. Un peu comme une faille séparant deux morceaux de terre qui, inexorablement, allaient s'éloigner l'un de l'autre s'ils ne trouvaient pas un moyen de se rejoindre.
Et Selen allait le trouver.
Il en était persuadé.

Alors qu'elle indiquait les tables, la leur vint rapidement dans la ligne de mire du dragon, et il put se détendre un peu plus. Ils seraient ensembles à table... en compagnie d'autres, histoire de connaître de nouvelles têtes. Quelque part, il était impatient de savoir qui allait épicer leur petite soirée de Noël.

« Allons voir ça. », déclara-t-il finalement à sa petite protégée.

Il prit la décision de marcher vers la table... suivant la jeune femme qui avait lâché son bras. Un instant, ses yeux se perdirent sur sa nuque. Ses épaules ; la forme de son dos dans cette robe... Et il ne put s'empêcher de sourire. Avant de secouer la tête, chassant ses pensées.
Cette nuit était spéciale pour eux. Il n'allait pas tout gâcher... même en vertu d'une hypothétique magie de noël.

[THE END ]

Selen ?

Aussitôt que sa voix retentit dans l'écho de la pièce carrelée, l'homme ne cessa pas de fixer son propre reflet. C'était difficile de la regarder sans penser à tout ces instants de silence... toutes ces secondes où il avait dû l'oublier en tant qu'alliée. Le Qilin avait beau faire le fier, avoir prétendu qu'il n'avait pas été blessé par son comportement autrefois... il lui sembla bien que ce soir, tapie au fond de son cœur et de ces années de verdure... de la souffrance se répartit entre les striures des feuilles.

« … Siam. »

Sa voix n'avait rien de chaleureux. Les bras de part et d'autre de l'évier, il ne faisait que fixer son propre regard dans la glace. Que devrait-il dire ? Quels mots devraient sortir de sa bouche pour que le moins de mal soit fait ? Il avait déjà énormément de difficultés à éloigner l'emprise que la Mort avait eu sur lui. Et alors qu'il tentait de retrouver un peu de force... Elle était venue. Pour l'achever ? Non, sans doute pas. Ou tout du moins... pas intentionnellement. En tout cas, il l'espérait.

« Ça va. Je vais bien. », mentit-il. Autant couvrir les apparences quand elles étaient trop difficiles à montrer... hein ? « Pour le peu que tu t'inquiètes, de toutes façons... tu ferais mieux de retourner à table. »

Sa réplique avait claqué entre ses dents comme un couperet. Déjà qu'il ne filtrait pratiquement jamais ses pensées et avait le don de les dire à haute-voix, il en était de même pour ses émotions. Il n'y avait qu'avec elle, et parfois d'autres proches, qu'il parvenait à se retenir pour les ménager et leur dire les mots justes, en toute objectivité. Mais pas ce soir. Certainement pas ce soir.

Ce satané Sidh...

Peste soit cette faiblesse si particulière. Il n'avait pourtant rien senti de néfaste chez Alan Holmes, rien de plus que la présence froide des disparus. Peut-être même, cachée, une certaine bienveillance. Mais Selen, lui, il avait été incapable de la voir. Tout comme il refusait de regarder Siam, même à travers le miroir. Ses yeux quittèrent finalement leur reflet. Il était devenu incapable d'assumer ce qu'il allait lui dire.

« Désolé… Laisse-moi tranquille, s'il te plaît. »

Bon d’accord… Siam devait bien admettre que l’ambiance à table avait été plutôt tendue depuis le début du repas. Il planait au-dessus des convives, une atmosphère pas forcément très festive et la Berserker s’était donc concentrée sur Léonard avec qui la conversation se faisait bien plus aisé. Parce qu’avec Selen, les choses devenaient de plus en plus compliquées. Depuis qu’elle l’avait revu au salon de tatouages, puis à Halloween, ils passaient beaucoup de temps ensemble… trop sans doute. Et il n’était pas simple pour Siam de fréquenter si chastement un type qui peu à peu, avait ravivé en elle des sentiments qu’elle avait longtemps cru éteint. Loin des yeux, loin du cœur… pas vrai. Même si durant toutes ces années, elle n’avait plus pensé à lui comme quelqu’un qu’elle reverrait un jour, il semblait alors évident que son absence n’avait pas été source d’apaisement, bien au contraire. Et Siam avait honte. Selen avait été son tuteur, il l’avait connu enfant, vu grandir… Il avait assumé pour elle les responsabilités d’un père, même si le Faës n’avait pas su y faire avec la Berserker difficile qu’elle avait été. Et sans doute resterait-elle cette gamine, la p’tite blonde pleine de bleue, râleuse et peu docile qu’il trimbalait partout sur les routes. Alors à quoi bon se faire du mal ? C’était à cette conclusion que Siam était arrivée avant qu’il ne vienne la chercher pour le bal. De manière légère, mais qui prenait petit à petit de l’ampleur dans son esprit. A quoi bon… Comme si elle n’avait pas déjà souffert de ses sentiments pour lui autrefois, il fallait qu’elle retourne le couteau dans la plaie. Le carcajou lui, n’était pas d’accord… mais il n’avait pas son mot à dire.

Léonard ce soir-là, ne s’en était sans doute pas rendu compte mais avait été d’un grand réconfort pour elle. Elle avait beau ne pas connaitre encore ce Berserker là, il était parvenu à la distraire, et à lui faire un peu oublier la situation dans laquelle elle se tenait bien maladroitement. Quant au malaise de Selen, elle en avait eu conscience dès le début du repas mais c’était évertuée à ne pas y prendre garde malgré une inquiétude latente qui allait en grandissant. Et puis, quand il s’était levé… elle avait fait mine de ne pas le remarquer, tout simplement. L’indifférence la plus totale avait suivi sa sortie, du moins quelques minutes, et sans qu’elle ne puisse s’empêcher de suivre sa progression du coin de l’œil. Il se tenait étrangement… sa démarche était très inhabituel et pourtant, Siam n’était pas vraiment une fine observatrice. Mais ses attitudes à lui, chacune de ses postures, elle les connaissait… et celle-ci ne lui plaisait pas le moins du monde. Après quelques instants à feindre que tout allait bien dans le meilleur des mondes, Siam s’excusa à son tour auprès des convives de la table pour suivre les traces de Selen à travers la foule. Elle essayait de garder son calme, et par la même occasion la maitrise de son alter-ego qui lui tentait de prendre le contrôle de son esprit… pour le retrouver au plus vite. La présence de Selen lui manquait autant qu’à elle, mais l’angoisse elle, venait exclusivement du Carcajou qui avait regardé le Qilin s’éloigner avec une anxiété décuplée. Qu’il lui transmettait sans peine…

D’un pas rapide, Siam arriva devant la porte des WC Hommes… glamour. C’était vachement le moment de se faire remarquer tiens ! Elle savait qu’il était là, mais se contenta d’attendre qu’il sorte … Bien sûr. En toute objectivité, Siam se trouvait elle-même idiote de croire qu’elle tiendrait plus de quelques secondes avant d’entrer pour s’assurer de son état. Ce qu’elle fit donc, ignorant les regards désapprobateurs ou étonnés que l’on jette sur elle.

« Selen ? »

Si elle avait laissé échapper cet appel avec un léger tremblement d’inquiétude dans la voix, elle tenta de se reprendre vite dès qu’elle l’aperçu aux lavabos. Aussi s’arrêta t’elle nette pour l’observer, le cœur bondissant de sa poitrine en lui voyant un mine si basse… Pourtant elle réintégra vite son rôle légèrement insensible (beaucoup insensible) qui lui servait alors de protection.

« Bah alors qu’est-ce qu’il t’arrive encore ? Quitter la table comme ça, c’est pas super poli ! »

Siam ne se rendait peut être pas compte, mais ses paroles sonnaient réellement comme un reproche. Malgré tout, elle ne parvenait pas à le voir si mal en point. En quelques pas, Siam le rejoignit pour tourner le dos aux lavabos et s’appuyer contre eux, bras croisés.  

« Y’a un souci ? »