 Mer 24 Aoû - 10:22 | |  HORMONAL BREAKING Don't be so hard with him, child. Le pire, pendant la grossesse, ce ne sont ni les nausées, ni les crampes, ni même les contractions. Le pire, c'est bel et bien l'inquiétude. La peur de perdre l'enfant que l'on attendait pas, et que l'on attend finalement. La peur de ne pas être une bonne mère, de lui offrir, en héritage, qu'une éducation partiellement acceptable. La peur de ne pas donner le meilleur. La peur, toujours, à chaque minute, la peur. Circé se souvient de sa propre grossesse, pourtant lointaine. Lorsqu'elle a vu son ventre s'arrondir, et que la prêtresse du village est venue pour contempler son corps mutilé, elle a eu la terreur de sa vie. Elle ne peut le nier, pas même aujourd'hui. Les violences de ses geôliers n'étaient rien, face à l'idée de porter un enfant, de le mettre au monde, de l'élever dans cet univers sanglant. Si Artémis a aujourd'hui peur de voir sa progéniture rejetée par son père, Circé sait que l'absence de celui-ci ne sera pas un tare, ni même un poids. Certes, elle n'a jamais connu l'amour, et elle ignore la perte que cela engendre, mais elle sait que son enfant, comme Angelica autrefois, grandirait sans lui, et s'épanouirait malgré cela. Circé n'a pas mal vécu l'absence d'une figure paternelle. Si elle en avait eu une, elle aurait certainement tout fait pour la faire fuir, de peur, surtout, qu'elle ne se retourne contre elle. Bien que leurs histoires soient très différentes, elles parviennent toutes deux à convaincre intérieurement la Dame Noire de la sécurité d'Artémis, et de son enfant à naître.
Le pire, finalement, ce n'est pas la peur, c'est la perte. Les Hommes le disent eux-mêmes, personne ne devrait avoir à enterrer son enfant. Circé n'en a enterré que trop. Angelica, Hadjan, ses enfants, et leurs enfants après eux. Chacun d'entre eux, elle les a connu, et chacun d'entre eux, elle les a vu mourir. Un jour, Artémis mourra. Son enfant, également. Et Circé prie pour que cela soit dans bien longtemps. Car sa dernière descendante mérite plus que quiconque d'être mère, et de l'être jusqu'à ce que sa vie s'échappe de son corps. Elle mérite d'être aimée, et d'aimer. Elle mérite cette vie-là, celle qui lui fait peur et qui, pourtant, serait peut-être celle qui lui offrirait le paradis. Un morceau, seulement, un fragment dans le cœur d'un enfant. Un merci lui étant adressé lui fait légèrement hocher la tête. Elle sait qu'elle n'est ni sa mère, ni une réelle entité faisant partie de cette famille. Elle est un spectre ancestral, ou est-ce ainsi qu'elle se voit elle-même, elle l'ignore. Le fait est qu'elle n'a ni porté, ni élevé Artémis, et que, pourtant, elle se sent proche d'elle. Un instinct maternel qui s'est forgé alors que l'enfant devenait adulte, et qu'il s'attardait soudain sur la difficulté de ce monde.
Mais Artémis n'est plus une enfant désormais, au contraire, c'est elle qui va avoir un enfant à son tour. Circé n'aura pas la chance de le rencontrer, mais elle sait qu'il sera magnifique. Un bébé est toujours magnifique. Ce ne sont que les années qui ternissent son corps et son âme. Devant la scène qui s'étire devant elle, la Dame Noire se contente d'un léger sourire nerveux. Elle n'a jamais été habituée à ceci. Même avec celles et ceux qu'elle protégeait, aucun rapport de ce genre ne se créa. Comment pourrait-elle remplacer une mère pour un enfant ? Personne ne le peut vraiment. Même l'Orphelin recherche un jour son identité propre, alors qu'on l'a élevé avec tout l'amour du monde. Circé n'est pas accoutumée à un tel comportement. Les rares fois où elle s'est laissée aller à une accolade avec Diane, elle les a écourtées. Pas qu'elle n'apprécie pas les gestes affectueux, non, mais elle est loin d'être une femme qui dévoile ce qu'elle ressent.
Lorsque Flynn entre dans la pièce, Circé l'observe avec attention. Elle ne l'a jamais vu, ou plutôt de loin, alors qu'elle contemplait le quotidien d'Artémis, s'assurant ainsi qu'elle allait bien. Elle se souvient de quelques instants partagés entre eux, brides d'un passé commun les réunissant finalement par amour. Il ne lui a pas semblé étrange. Et même s'il l'eut été, Circé s'en serait rendu compte bien avant cet événement. Elle est la première à s'avancer vers lui pour pencher légèrement la tête. L'Ombre, la grande Noirceur, derrière elle, flotte et se cache dans la tête de la dame, contemplant, elle aussi, Flynn avec attention. Elle ne lui dit pas un mot, en premier lieu, le regarde au fond des yeux, comme pour y déceler quelque chose. « Ne me déçois pas, mon garçon. » Qui d'elle ou de Noirceur parlait, personne ne pouvait le savoir, pas même elle. Mais cette menace sourde n'était pas une corde à son cou, non. Elle pourrait le devenir, s'il agissait comme un idiot. Et c'était tout. Elle s'écarte pour le laisser approcher. De toute évidence, il a compris le message.© fiche par Ell, optimisée par Superno√A pour ASN
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