Nom : Warren Prénom(s) : Margareth Âge : 343 ans Date de naissance : 20 mars  1674, Salem Nationalité : anglaise, les Etats Unis n'existaient pas encore à sa naissance et la colonie dans laquelle elle est née était anglaise. Origine(s) : anglaises Âge d'apparence : 18 ans environ Date de la mort : 22 septembre 1692 Sous-espèce : Ombre Métier (études) : étudiante en histoire des arts, élève en chant lyrique au conservatoire Niveau social : modeste mais confortable, elle vit d'économies amassées sur plus de trois siècles Statut marital : veuve depuis des siècles (littéralement) Orientation sexuelle : homosexuelle Avatar: Elle Fanning Crédits: fassylover, tumblr Personnage: Inventé Petites curiosités Famille et proches - La famille de Margareth n'a rien d'extraordinaire. Mais pour affirmer cela, il est nécessaire de se mettre à la norme du XVIIème siècle, dans les débuts de la colonisation de l'Amérique par l'Angleterre. Les relations de Margareth avec ses parents ont toujours été polies et respectueuses, la jeune femme ne sortant jamais du rang et restant toujours à la place qui lui est dû. Ses frères et soeurs, sept au total, ont toujours été source de réconfort pour elle dans la vie. Elle a pratiquement élevé les plus jeunes alors que sa mère se remettait difficilement des accouchements à répétition dans un confort plus que rudimentaire. Elle ne sait pas ce qu'ils sont devenus, même si elle a déjà entrepris de retrouver leur trace dans des documents d'archives, de traquer ses descendants, sans jamais vraiment y arriver, les traces de son histoire familiale se diluant rapidement au fil des siècles. Circonstance de la mort - Margareth a été accusée de sorcellerie le 1er mars 1692, tout comme de nombreuses personnes après elle. Très pieuse, elle a toujours clamée son innocence, sans pour autant réussir à ôter complètement le doute de ses accusateurs, lancés à pleine vitesse dans la chasse à la sorcière. Emprisonnée pendant de longs mois, elle a été longuement torturée par ses joailliers pour lui faire avouer ses crimes bien qu'elle ne cède jamais à ce qu'elle estimait être une solution de facilité pour abréger ses souffrances. On la déclara coupable après le témoignage d'une fille de son âge, l'ayant accusé de l'avoir ensorcelé avec un filtre d'amour et de l'avoir poussé à commettre un des pires péchés de l'époque. Margareth n'a jamais trouvé la force de réfuter cette accusation. Pas parce qu'elle avait créé un filtre d'amour mais bien parce qu'elle avait embrassé cette fille et qu'elle se pensait amoureuse et aimée en retour. Face à cet ajout conséquent dans son dossier, Margareth a été rapidement exécutée sur le bûcher, aux yeux de tous, après avoir été aspergée d'eau bénite pour laver ses nombreux péchés et tuer le diable qui sévissait en elle. Les restes de son corps ont été jetés à la mer, de peur que sa tombe ne devienne un repère et un lieu de culte pour d'autres sorcières. Alignement moral - En naissant à nouveau, Margareth n'avait qu'une idée en tête, inscrite au fer rouge dans son esprit, à savoir dévaster Salem, n'en faire qu'un vaste tas de cendres, sans aucune pitié. Pourtant, c'est auprès d'une Banshee qu'elle est revenue à elle. On lui a expliqué son nouveau rôle à présent, celui de protéger les humains, de veiller sur eux et pendant quelques années, elle a essayé. De toutes ses forces, elle a voulu y croire, tenté de se persuader que Dieu avait eu de plus grands projets pour elle. Mais les violences, la cruauté des hommes, toujours et encore, l'ont fait basculer peu à peu, laissant grandir l'obscurité en elle jusqu'à ce qu'elle ne l'engloutisse complètement. Margareth a l'impression de rendre justice, à sa façon, en rayant de la surface de la Terre des êtres profondément mauvais, des pervers ou des créatures malsaines, les poussant dans leurs plus sombres retranchements, les laissant se dévorer eux-mêmes de l'intérieur. Mais il lui arrive bien souvent de tirer des conclusions hâtives ou de ne pas avoir envie d'admettre qu'elle s'est trompée sur une personne, détruisant sa vie et la poussant vers la Grande Faucheuse en usant et abusant de manipulation malgré tout, sans ciller. Points faibles -  Le fantôme hanté : Margareth n'a jamais totalement digéré ce qu'il lui est arrivé dans le passé et n'a jamais pu pardonner son massacre. Sa colère envers les hommes est toujours aussi vive qu'au premier jour et elle a bien souvent l'impression qu'elle ne trouvera jamais le repos, ce qui est d'ailleurs le cas puisqu'elle est immortelle. Tout fragment de son passé devient source d'obsession, capable de faire n'importe quoi pour assouvir sa vengeance sans visage, privée de ses rêves de carnage alors qu'elle n'était qu'une très jeune Sidh, quitte à s'en prendre à la descendance lointaine de ses bourreaux. Mais si cette obsession est bien souvent source de colère et de haine, elle peut être aussi la cause d'une profonde mélancolie, bien plus douloureuse que la lumière d'une Banshee quand cela vient toucher sa famille à qui elle n'a jamais pu dire au revoir. Aquaphobie : Depuis sa renaissance, Margareth a une peur panique de l'eau. Si ses instincts de Sidh la poussent à fuir le feu, son histoire personnelle et ses conditions de vie les mois ayant précédé sa mort ne l'amènent pas à chérir l'élément opposé. Il lui est impossible de rester un long moment sur une plage, l'eau à perte de vue étant bien trop anxiogène. Mais il en va de même pour les lacs, les rivières, et même les bains. Un film dans lequel on survole la mer suffira à déclencher chez elle de fortes crises d'angoisse incontrôlables, la ramenant violemment à ses peurs très humaines finalement.

 


 qualités
 sensible
 douce
 fleur bleue
 rêveuse
 enfantine
  défauts
 impulsive
 méfiante
 rancunière
 froide
 manipulatrice
 

Deux visages se côtoient chez Margareth. L'ombre et la lumière, matérialisées dans un caractère ambivalent et changeant, passant du chaud au froid sans prévenir. Dans sa non-vie, Margareth s'est révélée méfiante envers les hommes, particulièrement envers leurs croyances et leurs convictions qui les poussent bien souvent à des actes de folie. Elle n'oublie jamais quand on lui fait du tord, même si parfois, des événements peu marquants pour le commun des mortels prennent des dimensions disproportionnées dans son esprit. Et quand on a l'éternité pour ressasser les rancoeurs, elles ont tendance à être tenace. Margareth a tendance à en faire des histoires très personnelles, au point d'aller bien souvent jusqu'à la vengeance pour apaiser son esprit torturé. Ses plans vengeurs sont construits, terriblement redoutables, jouant de son apparence angélique ou de son apparence de Sidh pour arriver à ses fins, pousser sa victime dans ses retranchements les plus sombres et obtenir enfin le semblant de justice qu'elle cherchait dans son acte de vengeance. Pourtant, sous cette façade froide, sombre et manipulatrice, se cache toujours la jeune fille d'à peine 18 ans qui se satisfaisait de la culture des champs et d'une vie simple et modeste. Particulièrement sensible, elle sait aussi l'exprimer sur le plan de la douceur quand elle ne part pas dans la violence et dans l'obscurité. Margareth s'émerveille aujourd'hui encore de choses simples dont elle ne se lasse pas, malgré plus de 300 ans d'existence. Les premières neiges, les levers de soleil, l'odeur des embruns marins. Profondément fleur bleue, elle veut croire que le grand amour existe toujours quelque part même si son vieux coeur est aujourd'hui dur comme la roche. Elle peut même se montrer naïve quand quelques étincelles viennent l'éveiller, le retour à la réalité d'une brutalité renforçant sa solitude d'expériences désastreuses en expériences désastreuses..

1690 La chaleur accablante rougit ses joues. Les cloques sous ses doigts lui font à peine mal finalement après tant de mois de travail acharné. Il faudra encore beaucoup de temps et d'acharnement pour que leur ferme fournisse de quoi nourrir leur famille et leur permette de vendre le fruit de leurs récoltes sur le marché. Mais pourtant, la jeune femme reste optimiste. Lincoln n'est pas l'homme dont elle a rêvé. Il est petit, les épaules trapues, à peine plus vieux qu'elle et on attend d'eux qu'ils mettent rapidement un héritier en route. Pourtant, il ne l'a jamais touché et ils ne partagent le même lit que pour plaire aux apparences. Pourtant Lincoln est gentil. Il fera un bon mari, elle n'a aucun doute à ce sujet. Et elle sera une bonne femme puisque c'est ce qu'on attend d'elle. C'est ce qu'on lui a toujours dit. La religion, le mariage, le travail. Les piliers sur lesquels sa vie s'organise sans laisser la place à l'amour. Et pourtant, de l'autre côté du champs, des cheveux flamboyants font battre son coeur à la chamade. Elle échange un sourire timide en s'épongeant le front sur son tablier. Les mots sont inutiles face à l'évidence. Elles s'aiment et n'ont pas besoin de se le dire. Pas besoin de se toucher non plus, surtout dans ce monde où les interdits sont légions. L'amour charnel est à proscrire, sauf dans le projet de donner la vie, et aimer quelqu'un du même sexe ... Il n'y a même pas de mot pour qualifier ce péché. Et pourtant, elle ne peut s'empêcher de rougir en sa présence, de bafouiller et d'avoir les mains moites, la chaire de poule dès que leurs mains s'effleurent. C'est mal et pourtant, l'amour peut-il vraiment être un péché ?

1692 Elle m'a ensorcelé. J'ai bien senti que l'eau avait un goût bizarre. Les mots résonnent encore dans son esprit, aussi clairs qu'ils ne l'étaient le jour de son procès, quand on avait appelé la rousse à la barre. Et pourtant, tout ce qu'elle espérait, c'était croisé une dernière fois son regard cristallin alors que celle qu'elle avait aimé la condamnait pour toujours. Mais rien. Pas un regard, pas un regret. Seulement sa voix légèrement tremblante quand elle évoquait ce baiser échangé derrière le silo à grains. Un seul baiser du bout des lèvres qui avait suffi à déclencher une tornade dans e corps frêle de la blonde. Rien à voir avec la façon dont Lincoln la touchait, la regardait ou venait quérir ses lèvres. Les sensations étaient nouvelles, délicieuses malgré l'interdit. Mais aujourd'hui, tout s'arrêtait. Bientôt on annoncerait la sentence et il n'y avait rien à faire. Elle aurait beau continuer à clamer son innocence, ce témoignage venait de donner une trop belle occasion de boucler son affaire. Les longues semaines à résister à la torture, aux noyades à répétition qui ponctuaient les interrogatoires sans qu'elle ne change jamais sa version de l'histoire. Elle allait mourir. Ses pensées auraient peut-être dues se porter ailleurs. Sur sa famille qu'elle ne verrait plus. Sur ses petites soeurs et ses petits frères, ses parents. Peut-être devrait-elle se tourner vers Dieu une dernière fois, implorer son pardon et espérer qu'on l'attende encore aux portes du paradis. Et pourtant, ce sont les mots du témoignage qui tournent dans sa tête, cette scène sordide où tout s'était effondré d'un seul coup. Elle revient à la réalité, regardant ses pieds nus cherchant difficilement l'équilibre sur le bûcher qu'on a construit pour elle. Les cordes scient sa peau diaphane et elle frissonne sans pouvoir s'arrêter, la robe de lin grossièrement taillée dégoulinante d'eau bénite dont on l'arrose depuis de longues minutes. Bientôt les flammes viendront lécher ses jambes et tout s'éteindrait dans la souffrance. Son regard clair se relève lentement, les mèches de ses cheveux blonds collant à ses joues dans un mélange d'eau et de sueur froide. "Maleus malefica cum malefi. Maleus malefica cum malefi." Elle répète encore et encore la phrase entendue tant de fois prononcée par sa voisine de cellule. D'abord simple chuchotement, ses mots se transforment bientôt en cris, scandant toujours plus fort pour couvrir les prières du prêtre, hurlant à s'époumoner jusqu'à ce que les flammes ne les remplacent par des cris de douleur.

Elle hurle encore quand elle se réveille, se débattant comme une lionne pour chasser les flammes invisibles qui dévorent son corps. Mais ce n'est pas la chaleur accablante qui la frappe. Ni la fumée qui emplit ses poumons, l'odeur de chaire brûlée qui lui lève le coeur. Rien de tout ça. Il n'y a que l'air frais, un vent léger et qui pourtant soulève les lambeaux de sa robe de lin. Elle se redresse sur les avant-bras timidement, observant la forêt qui se dessine autour d'elle, plissant les yeux sous la lumière du matin. Son rythme cardiaque est toujours rapide, sa respiration courte. A sa gauche, une silhouette s'éloigne. Elle semble flotter dans les airs dans sa longue robe blanche, sa chevelure ondulant dans le vent comme elle aurait pu le faire sous l'eau. "S'il-vous-plaît ...." Les sons sortent difficilement de sa gorge, la brûlant une nouvelle fois alors qu'elle tente de se redresser. L'endroit ne lui dit rien, elle est perdue et elle semble à mille lieux de toute habitation. Et la silhouette s'éloigne encore, sourde à ses appels. La jeune fille se relève difficilement, faisant quelques pas dans sa direction. La soif lui serre la gorge, ses lèvres sont sèches et craquelées. "S'il-vous-plaît .... attendez ...." Les arbres s'espacent pour bientôt céder la place à une grande vallée verdoyante. Mais plus aucune trace de la dame blanche. Au loin, quelques maisons lui redonnent espoir alors qu'elle se dirige vers ce qui semble être un petit village. Les personnes se figent en la voyant approcher. Certaines partent en courant sous les yeux plein d'incompréhension de Margareth. Pourquoi semblent-ils avoir peur ? Ils parlent une langue qu'elle ne comprend pas, la pointent du doigt avant de s'enfuir. Ses yeux se penchent lentement vers ses mains. Les tremblements s'accentuent de plus en plus en découvrant la peau grise à certains endroits, noire à d'autres, laissant entrapercevoir des lambeaux de muscles à vif rouge sang. Elle porte ses doigts à son visage, y découvrant des trous béants, un nez rongé jusqu'à l'os, la rugosité de sa peau craquelée, un crâne à vif. Ses longs cheveux blonds ont disparu. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même et bientôt, elle s'effondre au sol. Un hurlement strident lui échappe avant de disparaître dans la panique du village.

1941 Si vous aviez l'éternité devant vous, comment l'occuperiez-vous ? C'est la question que s'est longuement posée Margareth en comprenant qu'il n'était pas question de paradis ou d'enfer mais de rester sur cette Terre pour toujours. La Mort lui offrait une seconde chance, celle de servir les hommes, de les protéger. Mais elle avait refusé son rôle de Banshee, incapable d'aider les hommes après ce qu'on lui avait fait, trop poussée par ses besoins de vengeance à tout prix. Elle a erré longtemps, le fantôme à la peau craquelée, aux allures de cadavre mangé par le temps, bien loin des représentations pittoresques que l'on peut en faire. Sa route a croisé celle d'Hélène, martyre de son époque et dame blanche qu'elle avait vu pour la première fois en se réveillant dans la clairière. Elle avait embrassé le côté sombre des Sidhs à ses côtés, apprenant de leurs pouvoirs, de leur puissance à ses côtés. Les dons avaient été longs à maîtriser. Mais qu'est-ce que représente une centaine d'années quand on a l'éternité devant soi ? Plus grand chose. Et aujourd'hui, c'est sa chasse à la sorcière personnelle qu'elle mène. Ses pieds foulent les feuilles d'automne alors qu'elle s'arrête devant les portes de grillage surmontées de barbelés. L'air polonais est glaciale et pourtant, elle ne porte qu'une robe en lin, ses cheveux blonds flottant au vent, encadrant son visage diaphane et vide d'expression. Des mots fusent des tours de guet. On la menace de fusils dans une langue qu'elle ne maîtrise pas. Ca pourrait la faire rire si elle n'était pas ici pour rendre justice. A sa façon peut-être, mais cette guerre lui rappelait sur bien trop de points la chasse aux sorcières de Salem. Elle relève son regard clair sur un des gardes, s'évanouissant dans les airs pour réapparaître à l'intérieur du camp sous leurs regards incrédules. Ils pourront lui donner autant de noms qu'ils veulent. Dame blanche, fantôme, apparition maléfique. Tout ça lui est égal. Elle marche, déterminée, se fichant des balles qui viennent soulever les feuilles mortes à quelques centimètres de ses pieds. Elle dépasse un cabanon et son apparence de Sidh a cédé la place à l'apparition angélique et inoffensive. La terreur par la terreur. Ce n'est pas la première fois qu'elle use de ses dons de l'après-vie pour régler des affaires personnelles. Amantes infidèles, pères violents, violeurs, tous avaient connus la même crise de folie avant de mettre fin à leurs jours pour abréger leur souffrance. Margareth ferme les yeux et réapparaît dans le cabanon des officiers, assis autour d'une table, un cigare à la bouche, brassard rouge autour du bras. Et le noir complet, toute source lumineuse étouffée par les ombres qu'elle déploie dans la pièce. Les cris d'incompréhension  fusent et c'est tranquillement qu'elle se glisse dans le dos d'un des hommes. Elle insuffle chez lui des visions de prisonniers, partout dans la salle. Leurs corps faméliques s'avancent vers lui à toute allure et elle n'a même pas besoin de le voir en pleine lumière pour sentir la peur qui transpire de chaque pore de sa peau. Sa main accompagne la sienne alors qu'il attrape le pistolet à sa ceinture. Les coups de feux éclairent par intermittence la pièce pour qu'elle puisse apprécier la terreur des officiers quand la vie s'échappe de leur corps. Et bientôt, il n'y a plus de corps à faire tomber. Les ténèbres se dissipent, laissant le tireur face à son propre carnage et aux cauchemars qui hanteront ses nuits jusqu'à ce qu'il se décide à mettre fin à ses jours.

2016 La vengeance ... Quel doux nom. Et pourtant, on finit par se lasser de tout. On finit par se lasser des guerres qui n'en finissent pas, des injustices qui reviennent sans cesse, de l'impression de n'être qu'une goutte d'eau perdue dans la mer. Margareth y pense encore, assise sur les bancs de la fac, écoutant d'une oreille distraite le cours qu'on lui donne sur l'art au temps de la révolution industrielle. Les récits d'histoire la font sourire. Tout est arrangé, les raccourcis sont grossiers. Elle voudrait pouvoir leur expliquer à quel point ils se trompent sur tant de points et pourtant se tait dans le désir de se fondre dans la masse. Elle est fatiguée de se battre pour une humanité qui n'en vaut pas la peine, se satisfaisant de plaisirs égoïstes. Celui d'étudier, de chanter, de faire ce que bon lui semble. Et parfois, elle revêt son apparence de Sidh pour terrifier ceux qui méritent de céder à leurs plus sombres penchants. Hélène l'avait prévenu. La vengeance est chose louable mais s'attacher au commun des mortels est un risque en restant si proche d'eux. La jeune fille n'a pas écouté, pleine de sa fougue et de l'innocence des dix-huit ans qu'elle ne dépassera jamais vraiment. A la libération du camp, elle a suivi une femme et sa fille pendant de longues années, écartant tous les obstacles autour d'elles. Parce qu'elle sentait quelque chose les rattacher à elles. Quelque chose de terriblement humain, de tellement bon dans le sentiment de faire ce qu'il faut. Ca a duré si longtemps et la petite fille aux cheveux blonds qui lui rappelait ses plus petites soeurs est devenue une vieille femme. Elle a eu une vie belle et pleine de joie, loin de l'horreur des camps de concentration. Mais les humains ne sont pas éternels et la vie lui a été prise. Margareth l'a senti, du plus profond de son être, réveillée par ses instincts de Sidh. Mais il n'y avait rien à faire. Le coeur a cessé de battre et sa mort a été douce, comme les traits de son visage ridé. Elle ignorait être capable de ressentir encore une telle blessure, la martelant jusqu'au plus profond de ses entrailles. Les larmes avaient coulé, pour la première fois depuis si longtemps. Et puis il y avait eu les cheveux flamboyants, comme un rappel violent du passé. De sa condition d'humaine, des sentiments les plus pures qu'elle avait pourtant mis tant d'énergie à étouffer au fond d'elle. L'amour, la peine. Elle a pris peur, comme un oiseau qu'on effraye en plein chant funèbre et a fui. Mais elle ne saurait oublier la douceur de ses traits et l'odeur de mort qu'elle traîne derrière elle comme un voile nuptial.