Ta journée a été longue. Beaucoup trop longue au point où tu as eu une folle envie de péter les plombs sans véritable raison. De toute façon, depuis quand te faut-il une raison crédible pour laisser éclater ta propre fureur sur le reste du monde? Tu n'as jamais vraiment connu les joies du contrôle de tes émotions, du moins, le contrôle de ta colère. Aussi loin que tu peux te souvenir, tu as toujours été un petit volcan sur deux pattes. Vivante comme morte. Ne dit-on pas qu'un volcan ne s'éteint jamais? Il se contente simplement de s'endormir pendant un moment pour mieux se réveiller afin de faire régner le chaos. Sauf que ton propre chaos est surtout plus présent après une grande quantité d'alcool ou encore de drogue dans les veines. Parfois, tu te demandes comment tu réussis à t'en sortir sans attraper au passage un sympathique dossier criminel et aussi accessoirement perdre ton boulot. Au fond, tu as peut-être une énorme dose de chance.

Donc, après cette longue journée à voir défilé ton lot habituel de déchets humains dans ton bureau, certains d'entre eux s'étaient probablement passé le mot afin de te rendre dingue. Entre un qui avait un tantinet abusé d'une quelconque poudre blanche - le crétin avait laissé des résidus de poudre autour de sa narine - au point où tu as eu l'impression qu'il allait se mettre à se rouler au sol comme un possédé et un autre type qui te draguait ouvertement avec la plus grande classe du monde - une classe inexistante en réalité -, tu as eu de quoi grincer des dents toute la journée. À chaque mot qui sortait de leurs bouches, tu te retenais pour ne pas de lancer par-dessus ton propre bureau dans le but de leur arracher la tête. À la place, tu te restreignais à serrer tes poings et à te mordre la langue pour éviter de leur cracher des paroles acides. Quelle merveilleuse journée. Dès que tu as pu quitter ton boulot, tu as foncée chez toi sans traîner en chemin. Ni une ni deux, tu te retrouvais sous un jet d'eau bouillant, mais cela ne suffisait pas à apaiser ton agacement. Il te fallait un verre de toute urgence. Non, plusieurs. À l'infini s'il le faut. Ça pourra te calmer.

Te voilà maintenant devant la façade d'un bar que tu connais plutôt bien. Tu ne te fais pas prier pour pénétrer à l'intérieur et à scruter les lieux à la recherche d'une place disponible. À l'instant où tu vois cette silhouette masculine qui est loin d'être inconnu, tu te diriges droit vers cette dernière sans la moindre hésitation. Puis, une fois à sa hauteur, tu glisses ta main sur son épaule jusqu'à l'autre pendant que tu avances vers le siège libre à ses côtés avec un sourire en coin collé à tes lèvres. Ash'... Non, tu ne prends même pas la peine de lui demander si tu peux t'installer à ses côtés. D'un côté, tu t'en fous totalement et de l'autre, depuis quand refuse-t-il ta compagnie? Vous partagez un point commun extrêmement important. L'alcool. Mon immortel préféré. Ton sourire s'élargit un peu plus pendant que tu retires ta veste de cuir de sur tes épaules. Tu dois avouer que tu es heureuse de tomber sur quelqu'un que tu connais, de cette manière, tu n'auras pas besoin de boire seule et à supporter de nouvelles avances toutes plus déplacées les unes que les autres. Je mentirais si je disais que je suis surprise de te voir ici. J'espère que je n'ai pas un énorme retard à rattraper. Du menton, tu pointes l'alcool derrière le bar. Ce soir, tu espères que les effets de l'alcool vont pointer le bout de leur nez et non te laisser avec cette horrible sensation d'être sobre. Pendant que tu attends sa réponse, ton regard bleuté coule sur les différents clients présents dans le bar. Quelques-uns ne te sont pas inconnus, car tu vois un certain nombre de ces visages passer à ton lieu de travail afin de rencontrer tes autres collègues. C'est bien, il ne manque pas de rebut de la société dans le coin.

- Je meurs de faim... Tu ne parles pas ici de bouffe normal, mais plutôt d'un liquide carmin très précieux qui coule dans les veines des mortels. Oui, ce soir tu dois absolument te nourrir, mais ta «pseudo» dépendance à l'alcool à largement pris le dessus sur ton estomac. Quand tu auras avalé quelques verres, tu pourras te mettre en chasse. Quelle chance, tu pourras profiter de la compagnie d'une autre Stryge. Enfin, ça c'est ce que tu crois. Tu ne te doutes pas encore que tu vas devoir jouer au prof.

- crooner curves

Je regardais mon téléphone, celui qui était flambant neuf. Oui, non parce que j'avais explosé mon dernier portable en le serrant un peu trop fort. Ben quoi ? Non sérieusement, meme si je commençais doucement à m'habituer à ma nouvelle force, il m'arrivait d'avoir des accidents. Bon ok, j'avais beaucoup d'accidents en fait. Je ne comptais plus le nombre de choses que j'avais explosé dans ma main sans vraiment faire exprès. C'était relativement chiant. Je guérissais vite, j'étais solide, mais putain, mon budget vaisselle avait littéralement explosé..... ahaha très bon jeu de mot, t'as compris ? Bref, je regardais donc ce nouveau portable et je constatai que j'avais reçu un nombre.... impressionnant de sms. Des coups de fils. Il fallait dire que j'avais joué au mort depuis plusieurs mois. Et quand j'y pensais, j'aurais très bien pu être véritablement mort. Même si j'étais devenu immortel, la plupart des gens qui ignoraient mon changement de race étaient persuadés que j'étais encore... moi ? Le petit humain, atteint d'une maladie fatale, alors ouais j'aurais très bien pu être mort dans un coin de rue à l'heure actuelle. Il allait bien falloir qu'un jour j'aille voir mes parents, que je les confrontent à la réalité... Après tout, ils savaient bien que le surnaturel existait. Ma seule crainte ? De les bouffer. J'avais encore des difficultés à me maitriser et ma faim était loin d'être stable . J'étais devenu mon pire ennemi. Mes nouveaux instincts étaient franchement capricieux.

Je rangeais mon portable alors que je rentrais dans le bar et m'accoudais automatiquement au comptoir. Ouais par contre ça, c'était une habitude que j'avais gardé. J'étais loin d'être un alcoolique notoire, mais j'aimais fréquenter ces établissements. On pouvait toujours passer inaperçu. Je commandais mon premier verre, une simple vodka, sans rien. Ouais non, je n'avais pas vraiment l'humour suffisant pour me commander un bloody mary. Je bus alors que mon ventre était en train de râler. C'était sans compter sur le monde qu'il y avait dans le bar. J'avais faim. Mais pour le moment ma seule alimentation serait éthylique. Je devais me concentrer, ça allait passer. J'allais finir mon verre quand je sentis une main se poser sur mon épaule. Je manquais sursauter. Mes sens n'étaient pas encore totalement fiables. Je souris en reconnaissant instantanément Katniss, consœur stryge que je connaissais depuis que j'avais moi-même changé de race. Je ris légèrement alors qu'elle me nommait comme étant son « immortel préféré ». Le préféré ? Rien que ça ? Trop d'honneur pour moi Kat. Je souris alors que je commandais un autre verre de vodka. Deux s'il vous plait. Ben quoi ? Ça m'arrivait d'être galant, fallait pas déconner quand même. Je souris alors que j'attendais les consommations. Non, ça va, un seul verre. On est quasi au même niveau.

Sa phrase d'après me fit légèrement frissonner. Faim. Bordel, ce n'était pas vraiment le moment d'en parler. Rien que d'y penser, je pouvais sentir cette impression de vide dans mon ventre. Je voulais sentir le sang chaud le long de ma gorge, sur mon menton. Bordel. Je serrai les dents alors que je dis automatiquement en regardant les personnes présentes : Et moi donc. J'ai l'impression de rien avoir avalé depuis une éternité. Je soupirai alors que les verres venaient d'arriver. Je bus d'une traite mon verre d'alcool avant de regarder à nouveau le peuple présent dans le bar. Il fallait que je me contrôle. Ce n'était pas le moment de perdre pied dans mes instincts de merde. Je tuerai pour un peu de sang chaud dans mon verre de vodka.

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Ton sourire s'élargit un peu plus lorsqu'il commande un verre pour vous deux. Parfois, tu as l'impression que la galanterie disparaît à la vitesse de la lumière au milieu des humains. Bien entendu, tu ne demandes pas une montagne du genre un type qui balance sa veste sur une flaque d'eau afin d'éviter que tu marches dessus ou qui est toujours à tes pieds en acquiesçant à tout ce que tu dis à la manière d'un toutou bien dressé, mais simplement quelqu'un qui peut t'apporter un minimum d'attention. Grande gueule que tu es et qui est incapable de garder sa langue dans sa poche, tu as besoin d'attention ainsi qu'un public qui veut bien t'écouter. Qui sait, peut-être que tu demandes la lune sans le savoir. D'un autre côté, tu es loin d'être idiote, tu sais très bien que tu n'es pas facile à gérer et encore moins à supporter sur le long terme. Qui prendrait le risque de s'impliquer dans une relation sur le long terme? Probablement un autre immortel capable d'esquiver tes coups quand tu perds les pédales ou encore les objets volants plus moins identifiables. La grande classe.

Lorsqu'il t'annonce que tu n'as pratiquement pas de retard sur lui, tu hoches légèrement la tête tout en conservant ton sourire sur tes lèvres. Parfait! De cette façon, tu n'auras pas besoin de commander une bouteille à toi toute seule. Ça te fera ça en moins à dépenser ce soir même si tu ne comptes pas tout l'argent que tu balances par les fenêtres simplement pour ce genre de liquide ou encore pour tes diverses drogues. Dépendante aux courts effets, merci à ta nature de Stryge, que peuvent avoir ces produits sur toi, tu continues de t'enfoncer un peu plus dans ton souci de consommation en clamant haut et fort à qui veut l'entendre que tu n'as aucun problème, que tu ne risques absolument rien. Eh ton excuse là-dedans? Tu ne peux pas mourir d'une overdose. Ouais, ce n'est pas du tout pathétique, surtout que tu oublies le facteur «justice». Si tu te fais prendre un jour ou l'autre par un représentant de la loi, tu vas perdre bien plus que ton boulot. Se mettre la tête dans le sable c'est beaucoup plus amusant... Tu pourras t’apitoyer sur ton sort quand tu te retrouveras dans la merde.

Alors que tu attrapes ton verre tout en jetant un nouveau coup d’œil dans la direction des autres clients, ton regard se tourne à nouveau vers Asher au moment où il t'annonce qu'il n'a pas mangé depuis un bout de temps. Si tu crois d'abord à une blague, son expression beaucoup trop sérieuse te fait comprendre qu'il doit être plus ou moins dans le même état que toi. Sauf qu'à la différence de ta petite personne, tu n'as aucune idée que ton collègue Stryge évite le plus possible de se nourrir directement chez l'humain. Tu sais, ça peut s'arranger si tu as envie de sang frais. Ton sourire laisse entendre que tu dis cela à la blague, mais le ton de ta voix ferait comprendre à n'importe qui que cette option est totalement envisageable. Un petit verre de vodka avec une dose de sang chaud à l'intérieur... De quoi te faire saliver! Plus tu penses à ce liquide carmin qui coule dans les veines des divers clients, plus tu sens la faim te tordre l'estomac. Oui, tu vas manger et pas plus tard que ce soir.

- C'est quand la dernière fois que tu as mangé? On peut chasser à deux si tu en as envie,  je suis certaine que l'on peut trouver de bonnes proies dans ce bar. On peut boire quelques verres et tu pourras me montrer ta technique de chasse. C'est que tu es loin de t'imaginer que tu viens tout juste de lui demander un truc qui peut mettre une énorme pression sur ses pauvres épaules. À tes yeux, chasse, sang humain et Stryges vont tout bonnement ensemble sans causer le moindre souci. Dès ta transformation, ta créatrice a toujours été à tes côtés afin de t'apprendre les rudiments de ta nouvelle nature et surtout à te contrôler. Certes, c'est souvent la troisième guerre mondiale entre vous deux, mais il reste qu'elle a toujours été présente afin de te guider. Maintenant, ça va être à ton tour de jouer le rôle du guide avec quelqu'un de ton espèce. Curieusement, ce genre de phrase peut sonner comme une blague, surtout quand l'on connaît ton caractère un tantinet explosif et surtout aussi stable qu'une grenade dégoupillée.

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Je souris en voyant Katniss. Je n'étais pas encore franchement habitué à fréquenter les personnes qui faisaient partie de mon espèce. C'était sans compter que de base, je n'avais jamais été vraiment doué pour les relations humaines. J'avais toujours répondu au cliché du petit geek antisocial. Il fallait dire que pendant longtemps mes seuls vrais contacts c'était ma famille et le personnel médial de l'hôpital qui s'étaient évertué à me tenir en vie malgré ma maladie. Mais avec Katniss les choses m'avaient semblé plus simple... comme pour Astrid vous alliez me dire. L'alcool devait bien aider je dois avouer. Alcool créateur de liens sociaux. J'avouais alors à celle que je considérais comme une amie que je n'avais pas encore bien eu le temps de boire. Nous n'avions qu'un seul et unique verre de différence. Une vodka de plus, quand on était immortel, ça ne signifiait rien du tout. Enfin, c'était que ma chère et tendre créatrice avait tendance à dire.

Quand elle me parla de sa faim je ne pu m'empêcher de frissonner. La faim. C'était encore un sujet incroyablement tabou pour moi. Se nourrir, je savais bien ce dont les nôtres se nourrissaient, je l'avais toujours su. Du sang, de la chair fraiche. On parlait de chasse comme si on parlait d'un sport normal. La chasse. Voilà un « sport » que je n'avais pas encore pratiqué. Je n'avais pas encore chassé par moi-même. Il fallait dire qu'avec Astrid, nous vivions surtout de poche de sang qui venaient de l'hôpital. Je ne savais pas du tout ce que ça faisait que de prélever du sang à même la carotide. Je me demandais si le sang dégusté à même la personne était meilleur... cette simple pensée suffit à me faire tordre mon estomac. J'entendis clairement ma panse râler. J'avais besoin de me nourrir, je ne pouvais plus l'éviter. A force de repousser l'échéance, j'étais presque en souffrance. Rectification, j'étais en souffrance. L'image de sang frais coulant sur mon menton était presque à deux doigt de mes faire saliver. Je confessais alors à mon amie que j'étais dans un état de faim extrême. Un peu de sang dans ce verre de vodka n'aurait pas été de refus. Je soupirais avant de prendre mon verre et de le boire d'une seule traite. Mais cela ne sembla en rien comblé la faim qui s'était installée.

Les questions arrières. Je serrai les dents. La dernière fois que j'avais mangé ? Putain si seulement je savais. Plusieurs jours je dirai.... minimum. Pour simple réponse à Kat, je haussais les épaules. Je n'en avais pas la moindre idée. M'alimenter de faisait pas du tout partie de mes nouvelles habitudes de vies. Enfin ma nouvelle alimentation n'était pas une habitude. Quand elle me parla de chasser, je me pu m'empêcher de me sentir mal à l'aise. Pourtant mon regard glissa sur les personnes de ce bar. Clairement il y avait une belle brochette, tant de personnes qui pouvaient servir de casse-croute. Tant de chair fraiche. C'était un buffet gratuit en fait. Je déglutis difficilement. Bordel... c'était trop dur à gérer tout ça. J'attendis que Katniss ait fini son verre pour faire un signe au barman pour nous remettre deux verre de vodka. En fait... je dois t'avouer une chose. je me tournais vers mon ainé avec un air légèrement gené... ce qui était assez rare venant de moi. Moi j'étais toujours sarcastique et souriant. Je me raclais la gorge avant de dire tout bas. Je... ne sais pas.... chasser. Je pris une grande inspiration après avoir dit cela. Comme j'étais libéré d'un poids sur mes épaules. En fait, ma créatrice me donne des poches et je n'ai jamais osé m'en prendre à quelqu'un... tu vois le genre ? Ouais enfin, je n'étais pas sur que ça soi la normale... mais bon. J'étais encore un jeun,e mais plus grosse hantise c'était de tuer des gens ou de devenir carnassière.... et avec cette faim que je ne savais pas encore gérer autant dire que c'était.... compliqué. J'ai un peu honte je dois avouer.

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