Tu regarde autour de toi, la bouche grande ouverte et un air ébahi sur le visage. T'es limite en état de choc en fait. Tu viens de rentrer d'une nuit de garde à l'hôpital et tu retrouve l'appartement dans un état ... nickel ! Oui oui nickel. Tous les cartons ont été vidé et l'appartement rangé, tout est propre et lumineux et ça sent bon et ... Ok Genesis est probablement passé par là. Ce mec, dès que tu le croise ... j'sais pas tu l'embrasse. Tu le bénis. Tu ... Ok keep calm. Tu respire un bon coup, ravie et tu vas prendre une méga douche pour t'enlever toutes ces odeurs d'antiseptique, de maladie et de mort qui s'accroche à tes vêtements. T'a horreur de cette horreur. T'a horreur de croiser des Sidhs dans tous les coins de l'hôpital. Et t'a horreur de bosser dans un hosto. Oui bien sûr ça semble débile dis comme ça vu que c'est un peu toi qui a choisi d'être doc, mais tu préfère nettement être sur le terrain à suivre les militaires quitte à être menacée par une bombe ou des terroristes plutôt que de rester là, l'air impuissante à regarder des hommes et des femmes qui n'avaient rien demandé, mourir parce qu'un dieu quelconque a décidé que c'était leur heure. T'aime pas te sentir inutile. T'a rien pu faire pour cette adolescente tout à l'heure. Trop moquée, trop humiliée par ses camarades, elle a décidé de s'avaler des boîtes entières de cachets plutôt que de continuer. Quand elle a ouvert les yeux avant de mourir et qu'elle t'a regardé, t'a vu les signes. T'a eu le même regard des années plus tôt. - Je veux qu'ils sachent ce qu'ils m'ont fait; Je veux qu'ils souffrent le restant de leur vie, d'avoir ma mort sur la conscience. Peut-être alors que tout ça finira par s'arrêter, avait-elle murmuré avant de s'éteindre. T'a pleuré. Tu l'a montré à personne mais quand t'es sorti de la chambre, tu t'es réfugiée dans l'arrière salle de stockage et t'a pleuré un long moment. Toi aussi t'aurais pu finir comme ça. Mais toi t'avais préféré tuer tes bourreaux plutôt que de t'ôter la vie.

La douche a un effet apaisant sur toi, tu te calme, tu te détend enfin un peu. Une fois sorti, une serviette autour de la taille et une dans les cheveux, tu sors et tu vas te servir un grand verre de jus de fruits pendant que ton café se fait. Tu grignote un ou deux biscuits. T'a pas une grande faim. T'a pas non plus envie de dormir, t'a l'image de cette gamine qui tourne encore et encore dans ta tête. Tu finis par laisser tomber l'idée de te reposer pour le moment. Tu passes un jean et un pull en cachemire, tu attache négligemment des longs cheveux bruns et bouclés puis tu te décide à sortir. Clés, portable, sac, c'est bon t'a tout. Tu passe rapidement des ballerines et tu pars te balader. L'autre jour t'es allée au niveau sept, dans le magnifique jardin des Faes dans lequel Kieran t'a rejointe. Ses paroles tournent dans ta tête. T'es un peu perdue. Tu décide de pas trop y penser. T'arrive au niveau des restaurants, bars, cafés et boîtes en tout genre. T'a bien envie de t'asseoir à une terrasse et de regarder le monde évoluer sous tes yeux. Et puis alors que tu te dirige vers un café, tu aperçois une crinière brune que tu reconnaîtrais entre mille. Un grand sourire barre ton visage. Elle est toute seule alors tu t'approche doucement et tu mets tes mains sur ses yeux avec douceur. - Surprise, tu glisse à son oreille. Quand elle se tourne, un sourire magnifique s'étale sur ton visage et tu la serre dans tes bras. Bon dieu ce qu'elle t'a manqué ! Tu sais que les garçons sont allés la voir en début de semaine mais toi t'a pas eu le temps avec tes heures à l'hôpital. T'avais prévu de le faire d'ailleurs. La vie t'a fait un cadeau en t'arrangeant le coup ! - Tu m'a manquée, tu souffle dans les bras de Zohra. Elle est la Maji des Jumeaux mais elle est un peu ton pilier à toi aussi. Personne ne t'a jamais aussi bien comprise qu'elle. Pas même ta propre mère. C'est bon de te voir Zoh'. Comment tu vas ? Tu la regarde, tu vois son ventre arrondi et tu souris encore plus. C'est vrai ! T'avais oublié ! Félicitations ! tu lance le regard pétillant.  

AVENGEDINCHAINS

Contrairement à Requiem, je n'étais pas vraiment du genre à rester les fesses collées sur mon canapé pour regarder le plafond. Il fallait dire que les derniers mois avaient été relativement pénibles pour lui. Faire preuve de patience était nécessaire aussi bien pour le comprendre que l'aimer. Mais c'était ainsi que je concevais ma vie avec lui, maintenant que je perçais le mystère de ses pensées et que j'arrivais de plus en plus à retourner les situations à mon avantage. J'adorais ça, cette complicité qui nous unissait, le petit cocon douillet que je partageais maintenant avec lui et la douceur de mon existence désormais satisfaite de voir mon amour partagé. Véritablement je n'avais jamais menti, sans Requiem, il me semblait que la vie n'aurait plus aucun sens. C'était cela alors, le grand amour ? Peut-être... Mais quand bien même, après deux jours enfermés chez nous, je n'en pouvais plus. J'avais besoin d'air ! De lumière et de vie ! Surtout que le rituel des courses et des quelques promenades qu'il m'accordait de temps à autre n’étaient pas suffisants. Requiem était un vrai petit vieux, confiné dans une existence de solitaire qui avait longtemps repoussé les gens pour rester dans son coin, et attendre que les années ne passent. Identiques les unes après les autres. Je comptais bien changer ça... Mais pas aujourd'hui !

Non aujourd'hui j'allais prendre un peu de temps pour moi. J'avais donc attrapé une veste et un bookin puis étais sortie après lui avoir embrassé le coin des lèvres. Ce qui lui tira un certain... grognement... mais je me contentais de rire et l'abreuver de paroles quand à ce que j'allais faire. Je n'étais pas dupe, s'il n'avait pas exactement su ce que je partais faire, il se serait fait un sang d'encre jusqu'à mon retour. Je filais donc pour une longue balade matinale avant de suivre un groupe de joyeux lurons, sans doute des Pixies ! Leur bonne humeur me força à calquer mes pas sur les leurs, jusqu'à ce qu'ils prennent le chemin des niveaux supérieurs, et que les terrasses ne m’intéressent davantage. J'avais l'air de flâner sans but jusque-là, et puis soudain la perspective d'un chocolat chaud me fit m’assoir directement là, sans réfléchir. Il faisait doux, il faisait beau ! La lumière et le soleil, le vent même... tout cela avait beau être artificiels et le fruit d'une brassée d’alchimistes experts, on se croyait vraiment à l'extérieur. Et les oiseaux eux, qui se disputaient quelques miettes et piaillaient dans les arbres non loin de là, n'étaient pas des chimères. L'endroit idéal pour lire un peu. J'ouvris donc mon livre après avoir commandé un viennois. Rien de très romanesque, puisqu'il s'agissait des écrits d'un génie civil... La plupart des gens auraient grimacé rien qu'à voir le titre... Mais pas moi, surtout que malgré ma grossesse, je commençais sérieusement à retrouver ma place dans le domaine d'expertise que j'avais quitté deux ans auparavant. Et puis, Requiem ne souhaitait pas retrouver son cabinet après ce qu'il s'y était passé. Il faudrait donc bientôt penser à nourrir notre petite famille. Surtout que les jumeaux étaient aussi de retour, et que j'allais certainement bientôt recommencer à les gâter comme j'en avais l'habitude... Hum.

- Surprise.

Plongée dans ma lecture, j'avais sursauté avant de me tourner. Cette petite voix claire, je crois que j'aurais pu la reconnaitre entre mille autres ! Mais je n'osais y croire... Bien que, inséparables comme ils l'étaient, Genesis et Kieran devaient bien sur avoir apporté leur meilleure amie dans leurs cartons !

- Saty !

Le bonheur de revoir Satine me submergea sans perdre une seconde et je me levais au moment où elle bondissait spontanément dans mes bras. Mon livre en était tombé à terre mais sincèrement c'était bien la moindre de mes préoccupations !

- Tu m'a manquée !

Oh, ce qu'elle m'avait manqué aussi ! Je connaissais presque toute son histoire, toutes ses failles et ses souffrances, j'avais longtemps été la seule à pouvoir l'entendre et à l'aider à s'en délester. Mais quand le malheur s'était abattu sur moi, je n'avais pas été aussi forte qu'elle. Mais même si je n'avais pas eu le courage de lui prouver par la suite, j'avais très régulièrement pensé à elle. Un sourire immense creusait des fossettes sur mes joues alors que je la serrais aussi contre moi avant de la repousser lentement par les épaules. Je pouvais ainsi l'observer des pieds à la tête, et constater à quel point Satine était devenue belle.

- Je suis tellement heureuse de te savoir ici, toi aussi ! J'ai réclamé des nouvelles aux jumeaux, mais comme toujours ils n'ont pas été capable de me donner des informations dans l'ordre ! J'ai rien compris !

Un voile humide humecta mes yeux, mais cette fois je me retins ! Je n'allais pas me mettre à pleurer sans cesse ! Même si les hormones n'aidaient pas beaucoup à me rendre moins émotive...

- C'est bon de te voir Zoh'. Comment tu vas ? Félicitations !

Je passais un doigt sous mon œil droit qui malgré ma soit disant volonté, semblait persister à couler. Puis je pinçais malicieusement le nez de Satine pour ensuite la pousser sur une chaise à ma table.

- Merci mon Ange ! C'est très étrange tu sais, d'être enceinte pour la première fois alors que j'ai la sensation d'avoir déjà porté moi-même les jumeaux... enfin, à vrai dire je les porte toujours... ces glues !

Je riais de bon cœur avant de laisser mes doigts glisser dans les longs cheveux de Satine, pour les rejeter sur ses épaules. Un geste maternelle, que j'aimais bien lui réserver, à elle qui semblait ne pas avoir reçu beaucoup d'affection de la part de sa génitrice.

- Je ne savais pas que tu étais là toi aussi ! J'aurais dû me douter, mais c'est vraiment une excellente surprise ! Tu es jolie comme un cœur ... Oh j'ai tellement de chose à te demander ! Alors ... qu'est-ce que tu fais maintenant, où habites-tu ? Tu veux ... un café quelque chose ? Commande ce qui te chante et raconte-moi tout !

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De la voir là, comme ça, vraiment présente en chair et en os, t'arrives presque pas à y croire. Ca fait si longtemps et elle t'as tellement manqué, limite t'espérais plus. En plus avec ce boulot de dingue que tu te tapes, t'a même pas encore eu le temps de visiter la ville. Quelle idée t'a eu de passer médecin urgentiste aussi. T'es un peu barrée comme nana. Quand elle t'as reconnu, Zohra a lâché son livre et t'as serré contre elle. T'as respiré son parfum en fermant les yeux et tout ton être s'est apaisée instantanément. Zohra avait cet effet là sur toi. Tu pouvais tout lui dire. Tu lui avais tout dit d'ailleurs, des choses que même tes propres parents ne savaient pas, des choses que tu ne confiais qu'aux jumeaux ou à tes grands-parents. Elle, elle sait tout de toi et elle t'as aimé quand même, presque plus que ta propre mère. Elle ne t'as jamais jugée, ne t'as jamais rabaissée plus bas que terre, pas comme ta propre soeur. - Je suis tellement heureuse de te savoir ici, toi aussi ! J'ai réclamé des nouvelles aux jumeaux, mais comme toujours ils n'ont pas été capable de me donner des informations dans l'ordre ! J'ai rien compris ! Tu te mets à rire, t'imagines bien la scène. Parfois tu les appelle Tweedle Dee et Tweedle Dum ces deux là, toujours à parler en même temps, à se couper, s'engueuler, se taper dessus, faut un dico spécial pour les comprendre ils ont leur propre langage. - Ca ne m'étonne pas d'eux tient ! Mais bon tu sais bien que j'peux pas les abandonner à leur propre sort, ça déclencherait une nouvelle guerre mondiale ! Tu lui fais un clin d'oeil. C'est pas totalement vrai même si c'est pas totalement faux. T'a autant besoin d'eux que d'eux de toi. T'a même plus besoin d'eux, qu'eux de toi, même. C'est toi qui les suit, toi qui a peur de ne pas pouvoir vivre si ils ne sont plus à côté, toi qui n'imagine pas ta vie sans eux. Mais c'est un peu réciproque, sans toi, ils seraient un peu dans la merde les deux terreurs la.

 Tu la félicite pour le bébé. C'est un peu bizarre de voir Zohra enceinte, t'imaginais pas ça. Mais ça lui va bien. Elle est belle et rayonnante, un vrai soleil. Elle sera une super maman. Elle l'est déjà en fait. - Merci mon Ange ! C'est très étrange tu sais, d'être enceinte pour la première fois alors que j'ai la sensation d'avoir déjà porté moi-même les jumeaux... enfin, à vrai dire je les porte toujours... ces glues ! Tu ris. C'est pas faux. Vous êtes deux à les porter ces deux là. De vrais gosses. Mais c'est ce qui fait leur charme. - Dès qu'ils ont sût ils ont pas hésité. Dès qu'ils ont reçus la lettre ils ont commencés à préparer l'expédition. J'ai du cadrer un peu tout ça mais on s'en est bien sortis. Ils imaginaient même pas rester loin de toi après ça. Tu souris avec douceur. Tu aimes cet esprit familial qu'on les jumeaux et qu'ils te font ressentir aussi. Toi non plus t'a pas hésité avant de les suivre, pourtant toute ta vie et ta famille sont restés là bas. Mais à tes yeux, Zohra et les jumeaux sont presque plus importants que les autres. C'est eux qui t'on fait grandir. Les seules personnes que t'a regretter de quitter c'est tes grands-parents et les jumelles.- Je ne savais pas que tu étais là toi aussi ! J'aurais dû me douter, mais c'est vraiment une excellente surprise ! Tu es jolie comme un cœur ... Oh j'ai tellement de chose à te demander ! Alors ... qu'est-ce que tu fais maintenant, où habites-tu ? Tu veux ... un café quelque chose ? Commande ce qui te chante et raconte-moi tout ! Tu ris et tu t'assois de bon coeur, commandant un coca, ton soda préféré. - Genre j'allais les laisser partir seuls ! Ottawa n'aurait rien comprit de ce qui lui était tombée dessus avec ces deux bombes à retardement ! Tu te marres. Puis tu lui raconte un peu. J'habite avec les garçons, on partage un appart au niveau -7. Enfin j'suis encore un peu perdue mais pas loin. Tu souris. J'suis passée médecin urgentiste. A la base j'suis dans l'armée comme eux mais pour le moment j'ai proposé mon aide à l'hosto. C'est pour ça que j'ai pas pu passer te voir avant, on a des horaires de dingue là-bas j'ai pas l'habitude ! Tu lèves les yeux au ciel mais ils pétillent d'amusement. Et toi alors ? Raconte moi ! Comment tu t'es retrouvé ici ? Et surtout mariée et enceinte ? tu demandes à la fois curieuse et puis inquiète aussi. Ta ce côté tellement protecteur envers les gens que tu aimes. T'a pas eu de nouvelles de Zoh depuis longtemps mais tu sais qu'elle en a bavé. Et tu regrettes de ne pas avoir été là pour elle comme elle l'a été pour toi.

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