La lune éclaire la ville encore mieux que ces lampadaires, peut être en suis-je pour quelque chose? Je m’avance d’allées en allées, marchais hâtivement, j’ai presque l’air de glisser sur le sol. Disparaissant là, apparaissant ici, ma forme de sidh reste toujours aussi irrégulière. Je m’habitue de plus en plus à cette forme spectrale, tout en essayant de ne pas sombrer dans la mélancolie et la nostalgie de ma vie passée. Transparent comme une sorte de verre, ces quelques gens encore dehors à cette heure sont incapable de me voir, invisible, je suis. Ils ne voient que cette étrange brume presque ‘’lumineuse’’, qui s’avance et s’éloigne, me suivant.

Fouet à la main, je me dirige vers mon destin. La faucheuse m’a confié cette tache il y a fort longtemps et je me suis toujours donné à 300% pour ne pas la décevoir. Ainsi, chaque nuit, je parcours les rues, incapable de m’endormir, hurlant la fin de certains, conseillant mystiquement d’autres. Ce soir, il est question de protection. Simple affaire à mon avis. L’adjoint au maire est sur le point de se faire faire la peau par des créatures. Que sont-elles ? Qui sont-elles ? Je ne sais pas. Cet instinct que nous possédons, nous les banshee, m’attire juste vers cet endroit. J’y suis presque.

Je le vois, il s’avance seul, mallette à la main. La rue est dégagée, bizarrement, les lampadaires ici sont éteins. Mais voyant aussi distinctement dans le noir qu’un chat, je distingue une ombre s’avancer à toute vitesse de lui. En un seul mouvement, mon arme est dégainée et son bout tissé vient s’enrouler autour du cou de la bête qui veut émettre un cri, mais qui est étouffé. Je tire d’un coup sec sur le fouet et la créature s’écrase sur le sol. Le bruit produit fait se retourner l’humain. J’arrive à sentir sa peur, son angoisse, je dois lutter contre ces sentiments pour ne pas qu’ils se mêlent au mien. Ce n’est plus vraiment difficile à mon niveau, mais la concentration sera ardue, sachant que je devrais également me battre.Mais lorsqu’il se retourne, il tombe instantanément, comme s’il s’évanouit. Qu’est ce qui se passe ?... De petits êtres apparaissent brusquement, téléportation… Des leprechauns. Je comprends, ils ont du l’hypnotiser, le faire voir des choses si horrible, son esprit n’a pas pu tenir. Le pauvre… Mais ils ne savent pas ce qu’il vienne de faire. En plus de s’attaquer au protégé d’une banshee, ils ont fait en sorte que cet humain ne se rendent pas compte du monde surnaturel, donc, que le show commence. Mais avant de m’y mettre sérieusement :

Nous ne sommes pas obligés de nous battre. Cet humain est mon protégé, il est de mon devoir de le tenir en vie jusqu’à ce que la faucheuse décide d’elle-même de sa mort. Je ne laisserais pas des énergumènes comme vous, toucher ne serait-ce qu’un seul de ses chev…

Ne m’ayant même pas laissé terminé ma phrase, une masse déboule et me déchire l’abdomen avec sa hache. Il se rend compte que je suis intangible, cette arme m’a traversé comme de l’eau. Un nuckelavee. Le fixant toujours droit dans les yeux, malgré ma petite taille comparée à lui, il essaie de prendre courage. Je ne lui laisserais pas ce luxe. Ouvrant la bouche, je dégage un cri assourdissant, aigu et perçant, se faisant surement entendre de très loin. Et d’encore plus loin pour des banshees. Ce cri, aussi fort que d’habitude, entraîne ma signature : les lampadaires s’allument d’eux-mêmes et je constate avec surprise que cette tache ne se montre pas aussi simple que cela. Il y a au moins une bonne douzaine de créatures, là, devant moi, me fixant. Ils savent surement qu’ils ne peuvent me tuer… Mais tuer ce pauvre humain sera beaucoup moins difficile. Je dois les en empêcher… Mais seul contre tout ce beau monde, vais-je vraiment y arriver ? ...