Take a break, break time • Sygrid.

You start running, every day ...

... every night you wanna ride...

L'alcool n'aide pas. Il ne s'insinue pas dans ses veines. L'ivresse ne le gagne pas. Le stryge fixe longuement sa bouteille d'un air contrarié. L'un des nombreux désavantages, lorsqu'on est mort, c'est que plus rien d'humain ne vous transporte et vous emporte.. L'immortel enrage et bouille de l'intérieur, sous son masque parfait d'indifférence. Il n'a pas d'os à broyer pour se défouler, pas de victime à martyriser et pas de petite chose à énerver. Le blond s'élève de son fauteuil de cuir, agrippe une veste plaquée contre une chaise et enfourne ses bras dans les deux fourreaux de tissu. Soit, il trouvera une nouvelle distraction. Un petit jeu qu'il adore et auquel il s'adonne souvent.

Les femmes.

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Le lookout bar est certainement l'un des derniers endroits où on penserait voir Alaric Rousseau. Et pourtant, c'est bien vêtu des apparats les plus décontractés, dérogeant à ses habituels costumes trois pièces, qu'il fait irruption à l'intérieur de sanctuaire d'alcool. C’est là que la sale bestiole infâme laisse traîner ses iris. Fouillant entre les carcasses pittoresques des soûlards embrumés. Jusqu’à ce que ses prunelles se posent sur les courbes graciles d’une rousse aux couleurs parfaitement prononcés. Des joues aussi roses que ses lèvres pleines. Bien qu’un peu trop fournie de la poitrine, elle n’en reste pas moins délicieuse à regarder. Quelque chose vibre en elle. Une puissance flamboyante. Phoenix. La raison le pousserait à s’éloigner d’elle instantanément, mais le fossile est bien au contraire attiré en direction de la curieuse chose échauffée. Il le sent en elle, l’alcool qui grouille et danse dans ses veines.

« - Vous devriez vous calmer sur les verres, beaucoup de ces ivrognes risquent de se faire mal en vous approchant. Et le bar avec. » se présente-t-il en étirant ses babines en un sourire malin. Son ton se fait aussi grave que mielleux, tandis qu’il prend place à ses côtés.

La plupart des hommes lui proposeraient un verre, et lui proposeraient de se méfier des autres hommes. La considèrent ainsi comme une pauvre chose fragile. Exactement tout que le stryge ne fait pas.

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Je n'ai jamais abusé de l'alcool ...

il a toujours été consentant.

Qu'il était difficile... très difficile de résister ! Qu'on lui file une potence, et Sygrid aurait eu moins de mal à y monter qu'à rester devant un bar sans y entrer. Il n'y avait que deux ans qu'elle était tombée véritablement dans l'alcool, à son retour à la vie civile. Deux années, ce n’était pas bien long pour un Phoenix à la vie plus allongée qu'un simple humain. Mais pour un corps qui s'imbibait tout de même de l'alcool, même s'il l'éliminait vite (ce qui fatalement l'amenait à boire plus héhé) c'était largement suffisant pour devenir dépendant et accro. Certes, elle avait promis. Juré à Gabriel qu'elle ne boirait plus. Mais l'épreuve était tout de même vachement plus difficile que prévue, même pour un esprit aussi volontaire et décidé que le sien. Sa l'appelait... Sa la relançait sans cesse. C'était là, en permanence au premier plan dans son esprit. Boire boire boire... Ses mains en tremblaient, sa gorge sèche ne semblait jamais comblée par autre chose qu'une boisson qui la brûlerait de l’intérieur. Et les rares fois où elle parvenait à compenser le manque, ne suffisaient pas à la tranquilliser.

Alors voilà, les vieilles habitudes revenaient au galop et après sa journée de travail et en l'absence de Gabriel ce soir-là, Sygrid avait craqué. Lamentablement échouée sur le comptoir, elle avait cessé de compter les verres, contrairement au barman qui lui laissait gentiment son ardoise s'agrandir. Ducon va... il lui avait même pas prit ses clés de bagnole ! Mais alors qu'elle s’apprêtait à lui faire une morale incompréhensible sur les dangers des ivrognes au volant, Alcoogrid fut tragiquement arrêtée dans son élan par un grand type dont elle ne voyait presque pas le visage. Sa vision flou était en mode objectif d'appareil photo... ça voulait pas faire la mise au point cette merde ! Elle cligna lentement des yeux, l'air béat, en l'écoutant parler. « Vous devriez vous calmer sur les verres, beaucoup de ces ivrognes risquent de se faire mal en vous approchant. Et le bar avec. » La moitié des mots n'étaient pas passée mais... cela n’empêcha pas le Phoenix de planter son index entre les deux mirettes de l’inconnu pour capter son attention qu’elle avait pourtant déjà. Puisque ce qu'elle allait dire semblait alors tout à fait vital.

« J'vais t'dire un truc important le moche. » déclara-t-elle le plus sérieusement du monde avant de continuer sur sa lancée, d'une voix pâteuse. « Le feu ... ça brûle. Et puis l'eau, ça mouille. »

Sygrid retira son doigt, se redressant ostensiblement alors qu'elle hochait la tête avec vigueur pour ajouter du crédit à ses paroles. La vérité la plus absolue venait de sortir de sa bouche à l’haleine vodka. Ouais pour le coup, elle était super certaine d'elle hein ! Et puis, d'un seul coup, elle s'écria :

« Touuuuuus les oiseaux !! VOLENT DANS LE CIEL ! »

Les yeux fermés, les bras écartés vers le ciel, elle éclata de rire. Putain que c'était bon ! Dans deux heures, il ne resterait plus aucune trace d'alcool dans son organisme... les joies de la régénération. Mais en attendant, la légèreté de son état semblait lui faire du bien. Aaaaah l'illusion de la picole !

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HJ:

You start running, every day ...

... every night you wanna ride...

L’alcool imbibe les sens de la flamboyante. Le Rousseau étire ses babines fines en un sourire narquois, haussant ses arques tout en considérant la rouquine qui déraille. Elle a une case en moins. Ses paupières papillonnent, si plissées qu’il la soupçonne de ne plus rien distinguer. C’est surtout ses propres pieds qu’elle doit avoir du mal à discerner, à force de remuer et vibrionner. Tiens, il est tombé sur la bonne on dirait … Pourquoi diable tombe-t-il toujours des plus cinglées ? Son rapport aux femmes est chaotique, voilà pourquoi il n’a plus d’autres intérêts que l’intérieure de leurs cuisses. Ses dents tranchantes se crispent, alors qu’elle lui assène de stupides répliques en pleines esgourdes. L’alcool n’aidant pas, il est difficile de juger le niveau d’intellect de la rouquine par la quantité du breuvage qu’elle a englouti par son gosier bien trop loquace. Mais un Phoenix aussi … Hm. Diantre. Le challenge est bien trop tentant pour qu’il fasse marche arrière. Il a vu pire. Il côtoie même bien pire. Comme une petite blonde survoltée. Le brun aux reflets acajous lâche un rire cynique, avant de se tourner vers le barman.

« - Je veux la même chose qu’elle.

Pour toute réponse, ce dernier soupire en haussant les épaules. Encore un qui doit voir sa soirée s’éterniser. Quant à la rousse, c’est un Phoenix, l’alcool ne tiendra pas bien longtemps dans ses veines. Elle aussi, subit cette effroyable calomnie. Mais quelque chose lui dit qu’elle a l’habitude de s’enivrer. Le français agrippe son verre, vidant ce dernier d’une traite avant de se diriger vers la rouquine. Elle continue de faire l’oiseau, et le brun soupire longuement tout en se tournant vers les clients du bar. Aux regards tantôt langoureux, tantôt foncièrement agacés.

- Et si on sortait dehors quelques minutes ? propose-t-il d’un ton plus sérieux, plongeant son regard dans le sien. Quitte à faire marcher tout son charme de Stryge. Ses deux prunelles polaires sont presque identiques aux siennes. Je connais un endroit où l’alcool est bien meilleur. »

Regard assassin de la part du barman.

Rien à foutre. Lui veut juste planter là où ça fait mal. Un vilain petit hameçon pour ce poisson hors de l’eau.

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Je n'ai jamais abusé de l'alcool ...

il a toujours été consentant.

Faire l'oiseau lui fit du bien un temps, mais c'était aussi très fatigant. Son poto habituel de bar aurait été épuisé rien qu'à la voir. Détendue, Sygrid revient alors à son verre pour lui faire sa fête une bonne fois pour toute. Pas la peine d'être cruelle, autant l'achever immédiatement. « Je veux la même chose qu’elle. » BAH TIENS ! Ce mec n'a donc aucune personnalité, comme le couscous (??? moi-même je ne comprends pas là…). L’être de feu observa le serveur blasé d'un air qui l'était tout autant. Sa lèvre supérieure se souleva à gauche, alors qu'un fil invisible semblait la suspendre. Bien sûr, elle avait la sensation d’être de connivence avec le barman qu’elle fixait alors, mais ce n’était absolument pas le cas... Fort heureusement, elle n'eut pas le temps d'activer le mécanisme de réflexion de son cerveau dans le but de faire une réflexion quelconque. Le type s'était rapproché ostensiblement, lui filant limite le tournis alors qu'elle le matait avec des yeux ronds. Il voulait se greffer à elle ou quoi ? Pourquoi qu'il était si prêt ? Personne n'allait vérifier son haleine hein ! « Et si on sortait dehors quelques minutes ? Je connais un endroit où l’alcool est bien meilleur. » Alors là, le Phoenix éclata à nouveau de rire. L'argument étron.

« Non mais l'alcool en vérité c'est dégneugnasse. T'aime ça toi ? Bah tu as des goûts d'chiotte. Son effet est cool ti vois, mais on peut pas dire que ce soit meilleur qu'ici là qu'où tu veux me m'nez ! M'aurais dit moins cher... D'ACCORD ! Mais là non et puis si j'décolle mon cul du tabouret je dis bonjour au sol... »

Ce qui n'était pas faux, parce que sa tête tournait vraiment très fort. Elle vint même à la saisir entre ses mains, pour vérifier si physiquement son crâne ne vrillait pas avec fureur. Apparemment non... Une fois un peu calmée, la Faë poussa un soupire alcoolisé et observa encore un peu le type. Puis ses yeux se plissèrent, et encore une fois une expression de superbe illumination se peignit sur son visage. Elle voyait un peu mieux son nouveau compagnon de beuverie, et il avait un air un peu suspect.

« Mais qu'est qui m'veux le flou ? Avec ton air de fouinasse, t'es pas clair. J'vais pas avec toi moi, t'es fous ! »

Voilà, problème réglé. Qu'on lui foute la paix elle voulait juste picoler, s'imbiber monstrueusement et qu'on la plie dans un coin le temps de décuver.

« Allez vas-y mon conno t'y mets le p'tit frère et pis l'orphelinat pour les keupins ! »

L'ardoise allait grandement s'allonger cette fois. Une exclamation joyeuse embrasa le bar devant l'annonce de cette tournée générale fort gracieuse et Sygrid manqua presque de se renverser en arrière et jetant à nouveau ses bras en l'air pour particulier à l'ovation. C'est dommage... puisque ce geste brusque la força à s'agripper à quelque chose pour ne pas céder à la graviter, et qu'il s'agissait justement de la tignasse de Monsieur Flou...

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Le Rousseau s’agace rapidement du manque de coopération de la rouquine. Ce n’est dans un état pareil qu’il risque d’arriver à ses fins. Tant qu’elle sera ivre morte, il sera dans l’incapacité d’obtenir quoi que ce soit de sa part. Bien qu’il ne s’agisse que d’un stupide défi personnel fort peu utile pour ses affaires. Il s’agit bien évidemment d’un petit jeu social auquel il s’adonne de temps à autre. Se confronter à d’autres, interagir … Ne pas oublier. Ne jamais se défaire des mœurs de la communication. Même avec les plus antisociaux ou ... les plus enivrées. Même si la réflexion peut sembler complètement fantasque, pour un Stryge qui se coupe radicalement du monde en temps normaux. L’isolement le handicap, et pour progresser avec ses clients, il se doit de contempler de temps à autre les clowneries du monde extérieur. Ce Phoenix est encore jeune, moins d’un siècle. Il peut le sentir. La gargouille étire ses longues serres, fusillant la rousse du regard, puis le barman.

« - Elle fait tout le temps ça, assure-t-il d’un ton pincé.

Maintenant, c’est l’heure de sortir les griffes. Pour son propre intérêt, bien entendu. Certainement pas pour celui de cette femme. Enfin … Quoique.

- Vraiment, vous la connaissez ? s’exclame le type à qui le rouge monte aux joues. Alors pourquoi vous l’avez pas dit plus vite, ramenez-là chez elle, c’est pas la première fois qu’elle vient et j’en ai marre de cette poivrot.

Faut pas lui dire deux fois.

Le grand français se détourne vers la rousse, lui lançant son plus beau sourire de requin avant de lâcher entre ses dents.

- Aller, viens maintenant. Tout le monde s’inquiète pour toi.

De toute façon, à en juger par ses clignements de paupières et son regard vague, il est pratiquement certain qu’elle n’a même pas vraiment vu son visage. Ses pupilles sont si dilatées qu’elles sont sur le point d’exploser. Ni une ni deux, il l’agrippe gentiment par la taille après avoir déposé un billet de cent sur le bar, entraînant la rouquine au nom encore inconnu dehors. Elle peut tenter de le brûler ou de l’incendier verbalement, il n’est pas né avec cette peur de son espèce. Pas lui, il ne pourra jamais s’en angoisser.

- Du calme où je vous fous la tête sous l’eau pour vous refroidir, la prévient le Stryge en l’éloignant du bar. Pourquoi vous vous mettez dans un état pareil ? Vous et moi savons parfaitement que ça ne durera pas plus d’une heure. »

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Je n'ai jamais abusé de l'alcool ...

il a toujours été consentant.

Le léger dialogue s'instaurant entre le barman et l'autre à côté, Sygrid n'en a que faire. Ses yeux vairons s'ouvraient pourtant comme deux soucoupes alors qu'elle se redressait non sans une certaine stupéfaction. Dans sa presque chute, agripper les cheveux du brun lui avait semblé être une bonne idée mais... elle s'attendait quand même à une réaction un peu plus badass qu'une indifférence totale. Mais il était fait en quoi le mec ? Il n'avait même pas couiné ! Ou alors, c'était un Anglais, et il hurlait sa douleur capillaire en interne... Élémentaire mon cher Watsou ! C'était forcément un British, avé la batte de cricket qui va dans le derrière s'il vous plait. Mais alors qu'elle le dévisageait, Sygrid s’aperçut qu'elle voyait toujours un peu flou... Aaaah encore une fois l'alcool lui avait brûlé la rétine. Boire jusqu'à en devenir aveugle, c'était pire que lamentable. Mais voila, son jeton "2 mois sans alcool !" n'avait pas été assez fort pour cette fois. Et puis, bientôt le Phoenix se régénérerait ... Il n'y avait pas de quoi tomber par terre. Enfin pas pour ça !

« Aller, viens maintenant. Tout le monde s’inquiète pour toi. » Sans déconner, c'était qui "tout le monde" ? Car son monde à elle n'était pas bien étendu. Et alors qu'il l'emportait, se mettre debout lui fila un tournis d'enfer et Sygi' porta instinctivement une main à son estomac.

« Oooooh putain je crois que je vais gerber ... attention à tes chaussures copain. »

C'était qu'il en avait de belles en plus, d'après ce qu'elle pouvait apercevoir de là haut. Mais à trop fixer le sol, sa vision se brouilla à nouveau et elle s'accrocha au type, prise encore une fois d'un vertige relativement violent. La main de son estomac remonta jusqu'à sa bouche, mais fort heureusement, rien n'en sortie. C'était qu'elle était solide à présent... il en fallait plus pour la terrasser. Juste un tout petit peu plus, pas grand chose hein ! Une gorginette, et elle convulserait sans doute par terre. Mais en attendant, Sygi ne réalisait pas encore qu'un parfait inconnu était en train de la sortir du bistrot. « Du calme où je vous fous la tête sous l’eau pour vous refroidir. Pourquoi vous vous mettez dans un état pareil ? Vous et moi savons parfaitement que ça ne durera pas plus d’une heure. » L'eau froide... non merci. Elle se souvenait avoir infligé le supplice de la cuvette des chiottes à beaucoup de ses gars, mais l'expérience sur sa personne ne lui disait rien. Les yeux demi-clos, elle médita ensuite les paroles du type. Enfin méditer était un bien grand mot ! Parce qu'une fois encore elle ricana avant de lâcher :

« Ça dureront... durerait... fait chier. Ça durit (??) pas plus que l'heure mais... Ça fait du bien à l'âme, d'oublier un peu t'sais. Tu comprends toi ? T'es gentil comme un matou... T'es comme mon mari. Il est gentil mon mari... même si c'est plus mon mari. »

Elle ralentit alors le pas, visiblement en proie à une réflexion intense. Elle même ne comprenait rien à la situation. Balosité. Mais elle se tourna bientôt vers l'inconnu pour lui demander très sérieusement :

« Il m’emmène où copain ? »

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Il l’embarque à l’extérieur comme on s’empare d’un animal. Trop ivre pour s’en rendre compte, l’enflammée jure et se tortille. Le « copain », comme elle ose le surnommer, la lâche rapidement en reculant. Hors de question de se prendre ses déjections acides sur son costume hors de prix. Ne parlons pas de l’odeur insipide. La bête retient un grognement, ses rétines grimpant jusqu’au ciel. Il a de ces idées, parfois. Mais derrière le poivron, il aimerait étudier la femme. Il retient presque un éclat de rire bref alors qu’elle l’assène de divers sobriquets. Lui, gentil. Mais ses lippes fines et plissées s’étirent à peine alors qu’il opine du chef. Elle peut s’évertuer à parlementer, tant qu’elle sera dans cet état, elle ne l’intéresse qu’à moitié. Et certainement pas assez pour lui donner envie de converser. Son niveau de dialecte est effarant. Prodigieux d’analphabétisme.

« - Hun hun …

C’est tout ce qu’il grogne entre ses lippes. Il recule encore, ayant plus qu’assez de la voir s’accrocher à n’importe quoi. Elle a bien failli lui crever un œil dans le bar.

- Tu comptes vomir ? demande-t-il simplement en haussant un sourcil.

Il l’observe comme on scrute une bombe. Excepté que ce qu’elle compte s’extraire de sa carcasse joliment courbée sentira très mauvais. Mais elle semble se reprendre, redresser sa silhouette et inspirer longuement. Ah, il commence à voir une étincelle d’intelligence. La créature qui se planque sous ce grossier personnage risque d’éclore dans peu de temps.

- Prendre l’air, pour commencer.

Et diantre, qu’elle cesse de l’accabler de ces «copain » à chaque fin de phrase.

- Mais avant, t’as clairement besoin de te rafraîchir les méninges.. »

Y avait pas une fontaine, dans les parages ? Son visage s’illumine presque alors qu’il approche d’elle, plaçant sa main sous le coude de la belle. Sans la toucher, il lui indique le chemin jusqu’à la rue principale.

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Je n'ai jamais abusé de l'alcool ...

il a toujours été consentant.

La question était foutrement intéressante : où est-ce qu’il l’emmenait le gars ? Quelque part dans le fond de son esprit embrouillé le Phoenix avait bel et bien l’impression d’être en train de se faire arnaquer quelque part. Déjà parce qu’ils avaient quitté le bar et qu’à la base, ce n’était pas dans ses intentions mais qu’en plus le grand type étrange qui grognait et ne lâchait que des phrases courtes semblaient la diriger sans peine. Mais son estomac retourné et son cerveau qui l’était tout autant l’empêchait de réfléchir et d’examiner la situation. Cela n’aurait pourtant pas été dommage tiens ! Parce qu’effectivement quelque chose clochait un peu beaucoup fort… « Prendre l’air, pour commencer. Mais avant, t’as clairement besoin de te rafraîchir les méninges.. »

Mouais… alors comme ça le type était un sauveur ? Grand bien lui fasse… ! Sygrid tituba encore un peu alors qu’elle semblait d’elle-même prendre le chemin de la rue principale. Sous les effluves d’alcool qui l’embuaient, elle ne voyait toujours rien et l’obscurité du soir réduisait encore son champ de vision aux abords flous, comme paré d’œillères. Elle passa une main sur son visage, partant sur la gauche alors qu’un vertige la saisissait. Mais marcher lui faisait du bien, l’air frais de la nuit envahissait ses poumons et semblait dissiper un peu les vapeurs de vodka. Au moins, son estomac s’accrochait, c’était déjà pas mal… Mais alors qu’elle reprenait d’un pas un peu plus assuré, elle se tourna alors vers le type.

« J’ai b’soin de rien tu sais… je peux me démerder seule. Tu fais partis des alcooliques anonymes c’est ça ? Ou alors, tu es un pervers qui chope les filles ivres dans les bars parce que tu ne sais pas y faire quand elles sont sobres ? »

Elle parut alors étrangement sérieuse… du moins l’espace de quelques secondes. Après quoi, elle pencha la tête en arrière (ce qui la fit partir encore de travers…) et éclata d’un rire un peu désaccorder. Un pervers… et puis quoi encore ?

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Take a break, break time • Sygrid.

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