Ça, il n’y avait bien qu’elle pour le savoir autant. Quoi qu’un peu vexée, l’intéressée lança un regard amusé à sa nièce et la nargua encore un peu dans le haut qu’elle venait de lui voler avant d’attraper son sac et de mettre un manteau. Elle irait l’accompagner à la fac, comme d’habitude, et irait se promener dans Otawa pour passer le temps. Meiko poussa un long soupir d’exaspération, mais connaissant Jun, elle savait parfaitement qu’elle n’aurait jamais le dernier mot.
La trajet dura bien un bon quart d’heure sans que ni l’une ni l’autre ne rompt le silence de plomb qui s’était installé dès leur départ. Jun lançait parfois des regards désintéressés à la devanture des boutiques devant lesquels elles passaient, mais ne s’y attardait guère plus de deux secondes. Une fois arrivées, la jeune femme prit congé de sa nièce, et repartit fissa dans la direction inverse.
S’arrêtant à la terrasse d’un café, elle entra à l’intérieur, frigorifiée, et s’installa au fond, à l’ombre, là où il y avait le moins de monde. Déposant son sac sur la table, elle feuilleta un livre, braquant parfois son regard de glace sur un mot ou sur un autre, lisant en diagonale les lignes qui se présentaient sous ses yeux, et ce jusqu’à ce qu’un serveur arrive lui demander ce qu’elle désirait commander. Un chocolat chaud ferait l’affaire.
Alors qu’elle attendait avec la plus grande patiente sa boisson favorite, un homme, peut-être la trentaine l’aborda : blond, imberbe, le visage foutrement niais que Jun avait envie de frapper à sa simple vue. S’installant à la table sans demander son avis à la jeune femme, il lui offrit un sourire qui se voulut charmeur mais dont Jun y vit la tête la plus idiote qu’il lui fut donné de voir.
« - Heu … Oui ? » Demanda-t-elle avec un pointe d’agacement.
« - Dis donc, c’est triste pour une aussi jolie fille de boire toute seule ! C’est quoi ton p’tit nom ? »
Elle le foudroya aussitôt du regard, dérangée par la présence de l’opportun. Non mais de quoi il se mêlait, celui-là ? Elle lui en foutrait, elle, des p’tits noms. Elle ne lui répondrait pas, il pouvait toujours allez se faire voir ailleurs par la première crétine venue.
« - T’es pas bavarde toi ... »
Non, en effet, elle ne l’était pas, surtout avec des beaufs de ce genre.
« - T’as prévu quelque chose pour ce soir ? »
Oui. Dormir.
« - Allez, fais moi un joli sourire, tu serais vachement plus adorable. »
Cette fois, c’en était trop, et elle leva les yeux de son livre, et lui fit un doigt. Un beau. Armé, d’une bague très élégante.
« - Bon, écoute mon gros, t’es bien gentil, mais là, tu me fais chier. Allez, bouge de là, je voudrais éviter de passer une mauvaise journée à cause de toi. »
L’autre, en revanche, ne semblait pas très apprécier le manque d’enthousiasme de la jeune femme, et se releva, furieux.
« - Nan mais quelle tarée … » Et il s’en alla aussi vite qu’il était venu.
La plus vexée, dans l’histoire, restait Jun qui n’avait pas vraiment digéré le fait de faire insulter alors que c’était cet inconnu qui était venu l’aborder de la manière la plus grossière qu’il soit. Aussi, pour soigner son égo, elle se tourna vers le client le plus proche et lui envoya un très aimable : « - Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Vous voulez ma photo peut-être ? »