Avalon avait horreur de descendre chez les faës. Elle n'aimait pas être sous la ville, elle n'aimait pas particulièrement les faës et elle n'aimait pas les regards qu'on lui jetait. Oui elle était habillée en noir, oui son petit ventre commençait à se voir, oui elle était une alchimiste qui marchait la tête haute. Elle avait quoi ces faës clochette à la regarder ? Ces volantes avaient tendances à sentir le fluide alchimique du coup beaucoup se retournait sur son passage. Mais elle n'avait pas vraiment le choix elle avait fait une promesse à son mari et elle devait la tenir.

C'est pour ça qu'elle se trouvait dans la ville des faës, pour aller voir un obstétricien qu'on lui avait recommander. Puis elle n'avait pas le choix, vu ses particularité sanguines induites par son utilisation des poisons elle ne pouvait décemment pas aller voir un médecin humain il ne comprendrait pas et elle n'avait pas le temps d'expliquer. Elle n'en avait pas envie non plus. Et il suffisait que le médecin humain soit un peu stupide et elle ne prendrais pas la peine d'être patiente et le tuerait sur le champ. Ses hormones exacerbaient beaucoup trop ses mauvais penchant.

Avalon du traverser une partie du centre médical. Elle détestait les hôpitaux, autant à cause de sa mésaventure avec les stryges au Royal Hospital que parce que c'était un vrai repaire à maladie. Quelqu'un éternua sur son passage et elle fit un bond sur le côté avec un regard horrifié. Finalement elle arriva devant le cabinet du pixie qu'on lui avait conseillé, ça ne payait vraiment pas de mine. Soyons franc ça faisait carrément bouiboui de maraboutage. Soupirant à fendre l'âme elle remis un pli invisible sur sa chemise et entra. Elle patienta dans la salle d'attente, essayant de ne pas vomir sur les affiches prônant l'allaitement ou d'autres conneries. Avalon n'était franchement pas prête à tout ça, elle n'avais jamais porter d'attention aux enfants, ni aux conséquences et aux précautions à prendre pendant une grossesse. Elle avait toujours été tellement sure de ne jamais avoir d'enfant qu'elle ne s'en était pas inquiétée. Et Mathis avait débarquer et voilà PAF ça fait des chocapic ! Et un gosse en route. Merveilleux.

Les femmes qui attendaient la regardaient en biais, c'est sur qu'elle avait l'air tout sauf avenante. Quand la porte du cabinet de consultation s'ouvrit elle se leva en même qu'une faë qui lui fit un sourire absolument niais qui disait « non c'est mon tour. ». Mais Avalon n'en avait rien à faire, elle se moquait que ça choque. Elle passa devant la femme qui émit une protestation et Avalon leva la main devant le visage de la femme. Pas aimable avons nous dit ? Plutôt absolument détestable. Ce début de grossesse la rendait imbuvable. La mort de Mathis n'arrangeait rien. Stop ne pas penser à ça sinon elle va se mettre à pleurer.

Elle passe donc devant la femme sans même ressentir une once de honte et franchit la porte ouverte tenu par l'obstétricien et va s'installer sur un des fauteuils en face du bureau. Qu'on vienne essayer de la déloger tiens, bon courage à celui qui tenterait. Avalon regarda enfin l'obstétricien … C'était quoi cette dégaine ?

La journée serait certainement longue, et terrassante. Mais Magyar le savait déjà en se levant ce matin-là, et cela ne l’avait certainement pas empêché de s’installer aux fourneaux dès l’aube pour préparer des cupcakes. Lorcàn adorait ça ! Et Adin aussi apparemment, puisqu’il s’était alors pointé en baillant férocement avant de recevoir un gâteau directement entre les chicots ! C’était bien, que la maison retrouve de la vie et des couleurs ! Que Lolo soit là plus souvent rendait son petit frère heureux. Surtout lorsqu’il constatait que peu à peu, lui et le Djinn s’accrochaient un peu mutuellement l’un à l’autre. Et Mag’ les regardait alors, le cœur chaviré de joie et les yeux mouillés d’émotion alors qu’il serrait sa cuillère à pâtisserie contre sa poitrine en soupirant de bonheur. Une vraie princesse Disney. Alors ok … peut être que dans son euphorie, il avait fait trop de cupcakes. Un peu … beaucoup trop même ! Il y en avait plein la cuisine et Adélaïde la poule avait bien faillit se retrouver diabétique ! Heureusement que Lorcàn avait hurlé en la voyant (phobie swag) et que Mag’ avait sorti le volatile de la cuisine avant qu’elle n’engloutisse encore une pâtisserie !

En attendant, il avait été présent très tôt à la Cour. Depuis les attentats, il avait laissé le poste qu’il occupait dans un cabinet ‘Humain’ pour venir en renfort à la Cour qui avait été déserté par beaucoup de médecins. Une réaction que Mag’ trouvait normal, mais qu’il déplorait. Alors, patriotisme oblige, il avait signé là et exerçait à présent pour les créatures surnaturelles. Et les futures mamans avaient été nombreuses ce matin. Fort heureusement, aucune urgence n’avait rendu son emploi du temps chaotique, si bien que la journée serait certes fatigante, mais sans doute moins que d’habitude ! Enfin cela, c’était sans compter sur la présence d’une femme qui se leva en même temps qu’une autre lorsque Magyar vint chercher la prochaine patiente. Son grand sourire passa de l’une à l’autre, sans comprendre que la grande femme vêtue de noire était en train de piquer la place de la seconde… Et quand il le réalisa, l’autre était déjà dans le cabinet. OOOOOOK ! Bon alors là, il était clairement sur le cucul le Pixie ! Mais une odeur, une sensation dans l’air le força à prendre un sourire de lutin gourmand : UNE ALCHIMISTE ! Ouuuuuh yeaaaaaaaaarh ça c’était cool ! Alors il exprima sa désolation à la femme qui venait de se faire griller sa place en beauté et lui assura qu’un collègue s’occuperait d’elle. Une fois le scandale résorbé, le Pixie sautilla vers son bureau en attachant ses cheveux en chignon négligé. Il avait l’air de tout sauf d’un spécialiste avec son legging large tortue ninja et ses grands puppy eyes devant l’Alchimiste qui se trouvait là.

« Bien ! J’imagine que c’est pour une … urgence.  Vous avez un dossier ici, ou pas encore ? »

Toujours souriant, il adressa un regard lumineux à la femme qui elle, avait simplement l’air d’un bon vieux mur des familles… Mais il ne s’en offusqua pas le moins du monde, ne fit même aucune réflexion sur l’attitude dont elle avait fait preuve et qui manquait un peu de tact et de respect. Non, au lieu de cela, il la fixait avec son sourire goguenard, avenant, et poussa lentement une assiette de cupcake qu’il avait ramené de sa séance matinale.

« Vous voulez un p’tit gâteau ? »

En général Avalon ne portait pas les médecins dans son cœur. Bon d'accord elle est psychiatre mais elle ne se classe pas dans la catégorie médecin, surtout avec les compétences qu'elle à. Non vraiment les médecins sont des cons condescendants qui en général n'en ont rien à faire de leur patients et s'en mette plein les poches en exploitant les maladies. Elle en avait assez côtoyé pour savoir qu'elle avait généralement envie de leur exploser les deux rotules. En plus elle n'aimait pas les voir dans leur blouses impeccables avec  leur foutu mocassins à gland d'un ridicule sans nom. Elle ne savait donc pas comment se placer vis à vis de son obstétricien. Elle avait du mal à mémoriser son nom, De Burnes, De Brunes, De Brùn, impossible de se souvenir. Son look était pour le moins atypique et défrayait avec le côté habituel des médecins, Avalon ne put s'empêcher de fixer ses yeux sur le pantalon pour le moins déroutant de l'homme en face d'elle.

Bon elle verrait ça plus tard, elle ferait son jugement au fil de la consultation mais au moins pour l'instant il lui plaisait. Enfin au moins il ne ressemblait pas à un médecin typique qui allait lui prescrire deux vitamines à la noix et lui demander un chèque a trois chiffres. Pas quel soit dans le besoin loin de là mais il n'empêche que payer pour un incapable ça lui faisait sévèrement mal au cul. Il viens s'asseoir en face d'elle avec un sourire débordant de niaiserie mais qui pourtant semblait communicatif puisqu'un coin de la bouche d'Avalon se retroussa bien malgré elle. La future maman avait oublié combien les pixies pouvaient être joyeux en présence d'une alchimiste, voulant lui faire plaisir elle développa un peu de son fluide. Ses hormones la rendait clairement changeante, un coup elle avait envie de tuer tout le monde, un coup elle faisait plaisir à un faë particulièrement allumé.

« Ce n'est pas clairement une urgence mais j'ai très peu de patience. Non je n'ai pas de dossier, je suis une nouvelle patiente, je ne pensais même pas pouvoir tomber enceinte un jour alors c'est pour dire ... »

Autant être honnête tout de suite et qu'il sache à qui il avait à faire, parce que bon si c'est lui qui avait le courage de la suivre tout au long de sa grossesse il fallait qu'il soit préparé au caractère peu aimable de la jeune femme. Puis bon elle avait tellement de questions, d'inquiétudes, qu'elle n'aurai pas pu attendre plus sans exploser. Cette grossesse était beaucoup plus qu'elle ne pouvait le supporter, en tout cas pas seule. Elle avait penser à faire face mais sans Mathis. Non stop, double stop ! Elle détourna les yeux pour reprendre contenance, il poussa soudain une assiette de cupcake vers elle avec un sourire avenant. Avalon était déboussolé par le comportement du pixie, il ne réagissait pas comme les gens avaient l'habitude de faire face à elle. Sucre, elle avait envie de sucre soudain, les gâteaux lui criaient « mange moi ! » elle en saisit donc un et commença à manger la crème dessus à l'aide de l'un de ses doigts.

« Vous n'est pas commun comme médecin. C'est bien je ne suis pas patiente très commune non plus je préfère vous le dire d'emblée. »

Quand la femme avait joué avec son fluide d’Alchimiste, le Pixie lui n’avait pas manqué d’en profiter un maximum. Son sourire avait grandi, encore plus qu’auparavant et il avait légèrement frissonné. C’était un peu comme se rouler dans de la crème pâtissière, c’était vraiment agréable ! Les Alchimistes sentaient bon ! Ils dégageaient une aura particulière que seuls les Pixies pouvaient percevoir et qu’ils appréciaient tout particulièrement ! Alors pas étonnant que l’obstétricien semblait littéralement planer en face de sa nouvelle patiente ! Plus détendu encore que d’ordinaire, il posa son dos sur sa chaise et ne manqua pas d’écouter la brune avec une attention certaine. « Ce n'est pas clairement une urgence mais j'ai très peu de patience. Non je n'ai pas de dossier, je suis une nouvelle patiente, je ne pensais même pas pouvoir tomber enceinte un jour alors c'est pour dire ... » Bien, donc les choses s’annonçaient un peu complexe. Du moins, dans l’esprit de l’Alchimiste déjà. Physiologiquement, Magyar ignorait encore ce qu’elle pouvait ‘valoir’ et à quoi s’attendre. Mais l’apparence dure, le mur qu’elle tenait de maintenir devant elle semblait s’ébrécher très lentement. Magyar n’était pas le type le plus observateur que l’on puisse croiser. Non au contraire, il était naïf et ignorait la perfidie ou le mensonge. Mais il pouvait quand même percevoir le mal-être de sa nouvelle patiente.

Il ne manqua pas lui-même de s’emparer d’un cupcake particulièrement garni en crème alors qu’elle acceptait son invitation d’en prendre un. Sauf que contrairement à elle, il n’eut pas la délicatesse de le manger du bout du doigt et croqua dedans en se fichant de la crème et du sucre glace sur le nez et le menton.  « Vous n'est pas commun comme médecin. C'est bien je ne suis pas patiente très commune non plus je préfère vous le dire d'emblée. » Magyar mit environs 30 secondes à avaler son énorme bouchée de gâteau, avant de reposer ce dernier et battre des mains pour que le sucre glace s’envole.

« Biiiiien ! Alors nous avons du pain sur la planche j’ai l’impression. »

Sans attendre ni perdre son sourire, Magyar se leva pour chercher un formulaire à faire remplir à sa patiente. Une fois revenu, il lui tendit, et la laissa remplir la partie identité avant de la reprendre.

« Madame Mathew, je suis enchanté. Je serais donc, si bien sur je conviens à vos attentes, votre obstétricien tout au long de votre grossesse. Aujourd’hui nous feront simplement un petit état des lieux et un examen classique pour vérifier que tout va bien. »

A nouveau cependant, il prit le temps de l’observer en croquant dans son gâteau, avant de s’essuyer la frimousse. Quelque chose quand même attisait sa curiosité de Pixie autant que de médecin.

« Puis-je quand même vous demander ce qui vous laisse entendre que vous ne serez pas une patiente très banale ? Vous savez à la Cour, nous avons l’habitude des espèces spécifiques. »

Il n’y avait pas du tout d’agressivité ou de jugement dans sa voix, seulement un intérêt véritable patiente-médecins. Ses grands yeux bleu dans ceux d’Avalon ne dissimulait rien, et ne mentait certainement pas quand à ses intentions.

Les pixies étaient sûrement les faës que Avalon préférait fréquenter. A la base elle n'aimait pas se mêler aux autres espèces mais c'est vrai que les pixies étaient en général toujours joyeux et ils appréciaient plus que n'importe quelle autre espèce d'être auprès des alchimistes. Elle se dit donc que ce serait pas mal de le garder jusqu'à son accouchement, enfin si il tenait le choc avec une patiente comme elle. En tout cas il l'écoutait attentivement, semblant vraiment entendre ce qu'elle disait, pas comme certains médecins qui n'en avaient rien à faire de leur patient et traitait tout le monde comme si c'était juste un carnet de chèque sur patte.

Le sucre du cupcake lui fit du bien, lui permit de se détendre un peu. Cette grossesse a peine commencée l'inquiétait déjà, elle n'y connaissait vraiment rien, et elle savait son cas particulier donc un rien l'angoissait. Elle avait toujours maîtriser sa vie, les événements qui lui arrivait mais cet enfant mettait à mal son contrôle. Par dessus sa pâtisserie elle vit l’obstétricien en prendre un aussi et croquer dedans comme un sauvage, répandant de la crème partout. Bon ce n'était pas super distingué quand même mais passons.  Elle ne put s'empêcher d'avoir un franc sourire en le voyant secouer les mains pleine de sucre et de lui annoncer qu'ils allaient avoir du travail. La spontanéité du médecin était étonnant mais rafraîchissante.

Il lui tendit un formulaire qu'elle remplit rapidement de son écriture penchée et serrée.  Sa main trembla un peu quand elle écrivit son nom d'épouse. De veuve. STOP. L'homme était vraiment agréable, il lui expliqua en quoi consisterait le rendez vous et ça lui faisait du bien qu'il soit ainsi, qu'il lui dise ce qu'il allait se passer, elle en avait besoin pour ne pas paniquer. Oui c'était sur elle allait le garder jusqu'à la fin de la grosses. Il mangea de nouveau un morceau de gâteau et elle fit de même, subissant son examen visuel, ses grands yeux bleus semblaient intrigué. « Puis-je quand même vous demander ce qui vous laisse entendre que vous ne serez pas une patiente très banale ? Vous savez à la Cour, nous avons l’habitude des espèces spécifiques. »

Avalon n'avait pas l'habitude des gens comme Magyar. Honnêteté, sincérité, elle lisait tout ça dans ses yeux. Elle avait plutôt fréquenter des gens retors avec qui elle devait composer et gérer mais l'homme en face d'elle semblait réellement intéressée par elle, par son histoire, sans arrière pensée. La douceur de l'homme cassa quelque chose chez elle, comme si il avait fragilisé la protection qu'elle avait mise autour d'elle. Avalon se laisse aller dans le fond du fauteuil, jouant avec une bille de sucre sur le cupcake.

« Comme vous l'avez senti je suis une alchimiste. Mon don consiste à manipuler des poisons et il se trouve qu'une partie de mon sang est composé à presque la moitié de poisons. »

C'était très personnel de révéler ainsi son don, elle se savait protéger par le secret professionnel et sans savoir pourquoi elle savait que le pixie garderait cette information pour lui et qu'il ne la jugerait pas. Non vraiment cet homme la déroutait. Elle détourna les yeux de ceux du pixie.

« Et pour être honnête avec vous je suis inquiète pour cette grossesse, j'ai un caractère très explosif, je ne suis pas une patiente des plus commodes. Et je suis depuis peu veuve, le père de mon bébé est ... »

Là elle ne pu continuer et serra le poing pour ne pas s’effondrer.

La curiosité du Pixie, ce dernier la retenait tout de même. Rares étaient les patientes qui possédaient ce regard là. Elle avait de la force, elle la dégageait peut être même sans s'en rendre compte au même titre que son aura d'Alchimiste. Mais elle semblait si triste... Elle le cachait, ou du moins essayait de le dissimuler. Mais elle avait cette expression dans le regard, que seul ceux qui avaient été profondément blessés étaiement. Il le savait bien, Magyar le voyait parfois encore lorsqu'il croisait son reflet dans un miroir. Et c'était bien sur là, une expression qu'il était impossible de garder pour soit, parfois ... elle filtrait. C'était ce qui se passait de temps à autre chez sa patiente, et pourtant Magyar n'était pas le plus fin des observateur, bien au contraire. « Comme vous l'avez senti je suis une alchimiste. Mon don consiste à manipuler des poisons et il se trouve qu'une partie de mon sang est composé à presque la moitié de poisons. Et pour être honnête avec vous je suis inquiète pour cette grossesse, j'ai un caractère très explosif, je ne suis pas une patiente des plus commodes. Et je suis depuis peu veuve, le père de mon bébé est ...» Pour sûr, après autant d'années à exercer, et même dans des territoires hostiles où il n'avait alors bénéficié que de tissus sales et d'une bassine d'eau pour accoucher des enfants... oui même dans ces conditions là, Magyar n'avait pas eut l'impression qu'il pourrait perdre la confiance qu'il avait en ses capacités. S'il avait été Alchimiste, alors peut être que ses connaissances auraient permis d'accroitre ses chances de réussite devant ce cas en effet unique... Mais unique pas forcément dans le bon sens du terme.

Et puis, il eut soudaine le déclic en voyant son nom sur le document qu'elle venait de remplir. Oooooh de con ! Elle était la mariée ! La femme... de Mathis ? Il l'imagina alors passant d'un vêtement noir à une belle robe blanche et en effet ainsi, il pouvait la reconnaitre. Il s'agissait donc bien d'Avalon, la femme qui avait épousé Mathis... Et Magyar avait assisté à leurs épousailles trop peu de temps avant ce jour.

« Mathis Mathew, l'avocat ? »

La voyant sur le point de s'effondrer, et lui même au bord des larmes, il se mordit la joue pour ne pas craquer. Sa sensibilité légendaire lui imposa un silence de quelques minutes le temps de calmer la vague d'émotion qui le submergeait alors. Sa tristesse était réellement infinie, devant la situation d'Avalon. Veuve d'un homme qu'elle venait d'épouser... enceinte d'une précieuse vie qu'elle avait peur de ne pas pouvoir mettre au monde. Mais le cœur du Pixie s'arma de courage et de positivisme. Il ne pouvait pas faire grand chose pour elle... hormis son travail ! Mais le trop plein d'émotions le força tout de même à se lever, contourner le bureau pour se pencher sur l'Alchimiste. Prendre quelqu'un dans ses bras était peut être un geste affreusement familier pour la plupart des gens, mais pour Magyar c'était un moyen de se montrer sympathique et plein de compassion. Et puis, il n'y avait rien de mieux qu'un bon vieux câlin ! Ce qu'il fit avec Avalon, n'hésitant pas à faire son nounours en lui frottant doucement le dos. Puis il se redressa, son sourire toujours présent, mais une tristesse réelle s'exprimant à travers lui.

« Je suis vraiment désolé pour vous Avalon. J'étais tellement heureux d’assister à votre mariage... Vous ne méritiez pas ce destin... »

Qui le méritait ? Il connaissait bien d'ailleurs, la douleur si intense que l'on pouvait ressentir à la perte d'un compagnon ou d'une compagne... si intense, et qui ne s’effaçait pas. Mais Magyar espérait qu'elle ne prendrait pas ses paroles et son gestes de travers. Il était parfois trop naïf, ou peu réfléchit... souvent à côté de la plaque même et sa maladresse l’empêchait souvent de voir à temps que ses actes n'étaient pas les plus adéquates. Mais le Pixie posa tout de même une main sur son épaule pour ajouter :

« J'avoue ne pas savoir comment m'y prendre dans un cas comme le vôtre mais je ferais le maximum pour vous et votre enfant. Vous avez été durement frappé, mais vous pouvez compter sur moi. Parole de Pixie ! »

Son sourire s'élargit alors qu'il adressait à Avalon le fameux signe de Scout honnête. Allez hauts les cœurs à présent ! Il s'agissait de prendre soin d'un mini Alchimiste !

Avalon baisse les yeux sur son cupcake et s’abîme dans la contemplation du petit gâteau dont il ne reste pas grand chose. C'est beaucoup plus simple de s'occuper d'autre chose que de penser à sa peine, à la perte qu'elle à subie bien trop tôt. Elle ne veux surtout pas craquer devant le pixie, elle ne veux craquer devant personne. Sa douleur est beaucoup trop intime pour qu'elle accepte de la partager avec qui que ce soit qu'elle même. Jamais auparavant elle n'aurait eu mal comme ça à la seule évocation de la mort de quelqu'un. Ses années dans l'armée l'avaient endurcies, elle n'avait jamais eu le choix que d'être sans faille, que d'être impitoyable. Et Mathis avait tout remis en question. Et voilà qu'il était mort, et qu'elle se retrouvait brisée en mille morceaux sans savoir comment ramasser cette pagaille et remettre de l'ordre. Au moins peut être que le pixie allait pouvoir l'aider à gérer au moins sa grossesse. « Mathis Mathew, l'avocat ? »

L'alchimiste serra les paupière et mis la dernière bouchée du cupcake dans sa bouche pour gagner un peu de temps, pour écarter la boule de larmes dans sa gorge. Est ce que la douleur allait s'en aller au bout d'un moment ? Est – ce qu'elle allait réussir un jour à se remettre de cette perte abominable ? Elle rouvrit les yeux et les planta dans ceux du médecin, qui semblait la comprendre plus qu'elle même.

« Lui même. »

Sa voix tremble bien malgré elle. La jeune femme se souviens avoir vu le pixie à son mariage. Elle se souviens surtout de sa robe, de la sensation qu'elle à eu en voyant Mathis au bout de l'allée, de son sourire quand ils se sont enfin dit oui. Avalon regarde sa bague ce qui lui permet de baisser de nouveau les yeux et d'éviter de pleurer. Elle entendit alors bouger le médecin et elle releva le regard pour voir qu'il se levait. Les yeux exorbités elle le regarde approcher et sans comprendre pourquoi ni comment elle se retrouve avec un pixie accrocher à elle, lui frottant le dos doucement dans un geste de pur réconfort. Et là s'en fut trop pour Avalon. Personne n'avait jamais eu de telle attention envers elle hormis Mathis. Ses barrières cédèrent et les larmes se mirent à couler, elle s’agrippa comme à une bouée de sauvetage à Magyar. Finalement il se recula et elle se sentit un peu plus en paix et Avalon nettoya un peu son maquillage qui avait couler à cause des larmes. Le sourire doux du pixie la rassura, il ne la jugeait pas, ne jugeait pas la faille qu'elle venait de lui montrer. « Vous ne méritiez pas ce destin ... ».

Peut être que oui, peut être que non. Plus elle y pensait plus elle disait que toutes les atrocités qu'elle  avait commise pendant son service au sein de l'armée lui revenait dans la tronche maintenant. Peut être que le destin lui rendait son retour de manivelle en la blessant au point qu'elle ai envie de mourir. Enfaîte la seule chose qui la faisait tenir c'était son futur bébé. Elle ne répondit pas au médecin et se contenta de hausser les épaules. Le pixie posa une main sur l'épaule d'Avalon, en temps normal elle l'aurait repousser, lui aurait mis un bon coup de poison dans les veines mais elle n'en fit rien. La sincérité de Magyar la touchait plus qu'elle ne voulait se l'avouer. Elle ne pu s'empêcher de sourire doucement après les paroles du pixie, ça la rassurait, elle n'était pas seule à se battre pour la vie de son bébé.

« J'essayerais d'être le plus conciliante possible mais il vous faudra beaucoup de patience. Et j'essayerais de vous donner le plus de renseignements possible concernant mes particularité. »

Il n’avait pas eu besoin de la confirmation d’Avalon pour comprendre qu’il s’agissait bien de Mathis, l’avocat. Certes, il ne le connaissait pas beaucoup et l’avait très probablement plus enquiquiné qu’autre chose. Après tout, Maître Mathew ne possédait pas un cabinet de faible envergure et se coller un barbue hippie, posant 1000 questions, pour une histoire ridicule de voisinage … c’était certainement pas ce que l’on préférait comme plan de carrière. Magyar avait été d’ailleurs un très mauvais client puisqu’il n’avait jamais payé les services de Mathis, et avait juste été souvent lui rendre visite pour qu’il réponde à quelques interrogations frisants parfois le ridicule. C’était aussi pour cette raison que le Faë avait été très surpris de recevoir une invitation au mariage… Mais là, maintenant, il était surtout horrifié. La douleur qu’elle exprimait était bouleversante, surtout qu’elle éclata en pleure dans ses bras. Pauvre femme… vraiment. Magyar la laissa faire, évitant de céder à l’émotion qu’elle lui inspirait. Il n’était pas quelqu’un de fort, mais essayait de faire illusion pour une fois… Il n’avait pas besoin d’éclater en sanglots ! Bonjour l’image…

Alors il fit preuve de patience le temps qu’elle calme un peu ses larmes, qu’elle prenne un peu de la force qu’il essayait de lui transmettre en la rassurant, et l’encourageant. Ce n’était pas une situation évidente, mais l’avantage, c’était que le Pixie n’avait aucun mal à comprendre. Et d’un tempérament sincère, agissait à l’instinct, ce qui semblait convenir à sa jeune patiente qui redressa finalement son museau un peu rouge vers lui. Elle semblait respirer un peu plus, se reprendre doucement… Sa force à elle, était étonnante. Là où Magyar se saurait effondré et incapable de se relever sans une béquille, Avalon se reprenait vite. Les capacités d’adaptations de certaines personnes le rendaient admiratif… C’était le cas de l’Alchimiste qu’il écouta attentivement une fois encore. « J'essayerais d'être le plus conciliante possible mais il vous faudra beaucoup de patience. Et j'essayerais de vous donner le plus de renseignements possible concernant mes particularité. » Il lui adressa alors un regard attendrit, compatissant toujours à sa situation.

« Ça me parait être une très bonne base ! Je suis d’ailleurs très curieux, donc… Vous n’aurez pas forcément de répit quand à vos particularités ! Il faut tout dire à son obstétricien. »

Le regard pétillant, Magyar s’était installé sur le siège à côté d’elle, d’ordinaire destiné aux patients comme elle… au papa la plupart du temps. Ce qui comblerait aussi peut être le vide aux côtés d’Avalon.

« Donc c’est votre premier enfant ? Vous avez déjà été voir un spécialiste pour confirmer la grossesse et savoir depuis combien de temps ça grandit là-dedans ? »