You seem like trouble to me, I can tell by the way that you lean and the way that you kiss your teeth. And you turn up so fresh and clean, smells like trouble to you ... ⊹
Je n’en avais pas vraiment l’habitude, mais pour le coup je commençais réellement à m’inquiéter. Parce que non seulement il y avait bien deux bonnes grosses et très longues semaines que Sloan faisait le mort comme le sale petit con qu’il était, mais qu’en plus il était en retard. Môsieur le petit con donc, (que j’aimais beaucoup malgré ça) se permettait de faire sa diva en se laissant désirer. Vingt minutes maintenant, à ce stade, c’était Mariah Carey ! Si bien qu’ayant les crocs, et parce qu’attendre debout sans rien faire me donnait juste l’air d’une imbécile, j’enchainais déjà mon 3ème cheeseburgers tout en rageant sur le compte de l’apprenti tatoueur que je détestais tout à coup. Le tout, sans cesser de fixer la porte de l’établissement d’un regard foutrement mauvais.
Je devais vraiment avoir l’air de pester… C’était le cas. Parce que s’il me foutait un lapin sans rire, j’allais le tuer. Certainement dans la piscine à boules pour les gosses. Ou alors, dans le bac d’huile de friture mais il allait surement râler. Ce genre de chaleur brutale risquait de niquer la souplesse de ses boucles, et le voir avec une coupe à la Harry Styles, non merci. J’en frémissais d’avance…
Mais j’allais le tuer quand même. A cause de lui, je déballais déjà un nouveau burger et soupirait en croquant dedans. J’avais déjà plus faim ! Bien la peine de l’inviter à manger, quitte à me saigner le porte-monnaie pour lui payer un Happy Meal ! Si ça se trouve il viendrait jamais… et j’allais finir moche et grosse sous le nappage caramel des Sundays, à hurler mon désespoir d’être si négligé par Môsieur Connard qui restait un ami d’enfance précieux. Malgré qu’il me gave (de burger, entre autre !). Et malgré qu’il reste pour moi la plus grosse tête à claques de l’univers. Bah ouais, je l’aimais bien Sloan… C’était aussi pour ça qu’il m’agaçait, parce que je savais très bien que depuis le temps, il avait pris une place importante dans ma vie. Même ma mère me demandait trois fois par jours des nouvelles de lui alors que… j’en avais bien peu. Enfin, petit Sloan menait sa vie de bout en train insupportable, c’était une bonne chose mais j’aurais aimé être plus au courant. Ne serait-ce que pour le fliquer un peu plus.
Bah oui, fallait bien l’avouer, si j’étais stressée qu’il ne vienne pas, c’était surtout par crainte qu’il soit ailleurs à faire une connerie. Le genre de connerie qui l’aurait encore envoyé un temps à payer pour ses torts. Et bon… ça, j’étais pas trop d’accord. Mais alors que je jetais sur la table mon burger à moitié grignoté pour m’avachir, boudeuse, contre le dossier de ma chaise, le miracle se produisit. Une tignasse enchantée entra dans le fast food. Celle de Sloan, dont le corps dissimulé par un panneau publicitaire spécial menu best off plus, donnait l’impression que son nid pour corbac flottait dans les airs et menait une vie propre… un peu comme les cheveux de son boss là, le mec cheulou du salon de tatouage. Apparemment c’était un critère chez les tatoueux, d’avoir de drôle de cheveux.
Je lui fis quand même mollement signe dès que sa tronche m’apparue. Oui j’étais faible. Quelques minutes auparavant je voulais lui faire mordre la poussière histoire de lui faire un peu passer son insolence. Mais maintenant qu’il était là, j’avais juste envie de savoir s’il allait bien.
- Bah putain c’est pas trop tôt Sloan ! J’ai faillis me casser au salon te chercher moi-même, j’te jure ! Qu’est-ce que tu as foutu ?
Dernière édition par Riley I. Jones le Mar 16 Fév - 12:59, édité 1 fois
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Lun 8 Fév - 20:16
Smells like trouble to you« Tu. Fermes. Ta. Gueule. » Même pas le temps d’ouvrir la bouche que je dois déjà m’abstenir de parler. Pourtant, tout le monde aime ma voix, ça c’est certain. Le gars chelou qui vient de mettre trois gros paquets de marshmallows sous son tee-shirt m’intime le silence d’un regard sévère. « T’as qu’à prendre un truc aussi, et on se taille. » Assez tentant. Et puis, entre nous, c’est une simple boutique de souvenirs pour les touristes venus à Ottawa pour les vacances. Voler une sucette, ça n’est pas un drame. Je suis sûr que personne ne bronchera si je prends cette petite figurine de fée-papillon –pas de moqueries, c’est le premier truc que ma main a attrapé. Apparemment, l’alarme n’a pas trop apprécié, elle. Je suis sûr que c’est la faute aux bonbons, et pas celle de la gentille fée qui a élu domicile dans ma poche. Bien évidemment, le fauteur de trouble détale dès que le vendeur fait un pas vers lui. Étant derrière, je n’en ai pas l’occasion. Le mec fronce les sourcils et se pointe devant moi, poings sur les hanches. Allez, ce n’est pas comme si je n’ai pas l’habitude. J’ai déjà vécu pire.
« Alors gamin, on vole ? » Première perche, je la saisis. « Perdu, monsieur ! Vous voyez bien, j’ai perdu mes ailes ! » Je lui indique mon dos en haussant les épaules d’un air navré. Bizarrement, ça ne le fait pas rire. « Repose ce que tu as pris, ou j’appelle la police ! » Coup de klaxon provenant la rue. Deuxième échappatoire. « Désolé mec, on m’attend ! » Sans attendre, profitant de la rapidité que me procure l’adrénaline, je m’élance en avant. Mon épaule évite de peu la poigne de l’homme qui tente de me rattraper. Tête baissée, je quitte la boutique, porté par mes jambes qui se sont mises à courir toutes seules. Voler une petite boutique est très simple. Il n’essayera pas de me courir après, et je ne risque rien avec la justice. Les petits commerçants n’ont jamais le dernier mot.
Après avoir cavalé sur trois rues, je repasse enfin à la marche. Un coup d’œil en arrière m’indique que je ne suis en effet pas suivi. Le trottoir est désert si l’on excepte le vieillard qui avance péniblement, muni de sa cane. J’adopte une allure tranquille en fourrant mes mains dans mes poches. Quoi de mieux qu’un petit vol pour bien commencer la journée ?
C’est en entendant soudainement mon ventre grogner que je me souviens d’un détail pas si insignifiant que ça ; Riley. Il me semble que c’est aujourd’hui que je suis censé manger avec elle. Et merde, j’ai complètement oublié ! Tout en maudissant ma mémoire défaillante, je fais demi-tour, évitant de peu de me prendre le pépé en pleine face. Direction, Mac do ! Par chance, je ne dois pas avoir beaucoup de retard… Une demi-heure tout au plus ? Certainement.
Une fois la porte du fast-food passée, je patiente sagement à l’arrière de la file formée au niveau des caisses. Sauf que mon estomac manifeste une fois de plus son mécontentement, et que l’attente est trop longue. Avec un sourire jovial, je décide donc de me placer devant tout le monde, ravi que personne n’ait le courage de broncher. « Excusez-moi, l’appel du ventre. » Étonnamment, ça m’a l’air d’être l’excuse parfaite, puisque aucun client ne me retient. C’est étrange, je n’ai pourtant pas une tête de serial-killer qu’il faut à tout prix éviter de contrarier… M’enfin, je ne vais pas me plaindre. « Un Big-mac-frites-coca, please. » La jeune femme derrière le comptoir s’active à préparer ma commande sans se soucier une seule seconde de la file de clients que je viens de griller. Deux minuscules minutes plus tard, j’ai en main un plateau sur lequel se trouve mon repas. Salivant d’avance, j’avance jusqu’au milieu de la salle, avant de finalement repérer la rouquine qui me sert d’amie depuis un nombre incalculable d’années. A peine mes fesses rejoignent la chaise face à elle qu’elle commence déjà à piailler. « Bah putain c’est pas trop tôt Sloan ! J’ai faillis me casser au salon te chercher moi-même, j’te jure ! Qu’est-ce que tu as foutu ? » Soupirant suite à ce trop plein de paroles d’un coup, je lève une main devant moi dans un geste censé être apaisant. « Relax Riley, relax… » J’accompagne mes mots d’une grande inspiration, m’affalant à moitié sur le dossier de ma chaise. « Je faisais mon petit shopping du week-end. » je reprends en m’emparant d’une frite. A ce moment-là, je plonge mon regard dans celui de mon interlocutrice. Et un grand sourire prend enfin place sur mes lèvres. Même furax, Riley dégage toujours ce sentiment de joie en moi. En souvenir des après-midi entiers que je passais à ses côtés, dans le temps. La plus proche amie que je n’ai jamais eu. Et, malgré ses coups de gueule, j’éprouve toujours autant de bonheur lors de nos entrevues qui se font quelque peu rares ces derniers-temps.
« D’ailleurs, j’ai quelque chose pour toi ! » Reposant le hamburger que j’ai commencé à déguster, je sors la petite figurine de ma poche, pour la poser sur la table. « Elle s’appelle Frankie. » Nom tout droit sorti de mon imagination débordante, on ne pose pas de questions. A en juger par la quantité étonnante d’emballages présents devant elle, Riley a déjà dû engloutir un certain nombre de burgers. « Dis donc, t’avais faim toi ! » Nouvelle bouchée agrémentée de trois-quatre frites et d’une gorgée de boisson. « Comment ça va, sinon ? »
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Le petit con c’était donc pointé comme une fleur, avec son maudit sourire que je considérais comme insolent, mais uniquement parce que j’étais d’une humeur de chien. Et surtout parce qu’il m’intimait le calme d’un geste trop présomptueux. Ce minus était trop pétulant (oui ce mot existe). Enfin non en fait, je l’adorais. L’attitude qu’il adoptait me forçait déjà à esquisser un léger sourire, j’étais contente de le voir et finalement j’avais pas beaucoup de mal à oublier le temps qu’il avait mis à se pointer au fast-food. D’ailleurs, c’était un peu agaçant de devenir une Doris à chaque fois qu’il montrait sa frimousse insupportable ! J’étais donc, d’une faiblesse légendaire en matière de Slonage, et devais bien me résoudre à un sourire plus franc puisque de toute manière, j’allais finir par craquer. Surtout lorsqu’il me lâcha qu’il avait quelque chose pour moi. Je mordillais la paille de mon coca avec impatience, alors qu’il semblait sortir un truc de sa poche. Un truc aux couleurs pas bien engageantes… Et puis, il présenta Frankie.
- Heeeeu … Ok.
J’observais donc la fée moche avec un air dubitatif, alors que Sloan de son côté commençait à enchainer, ne me laissant pas vraiment le temps de réagir à son cadeau. Enfin cadeau… Mais déjà, je relevais un air suspect vers lui, les yeux plissés pour le toiser, la paille toujours entre les dents et la fée dans une main. C’est que je commençais à le connaitre celui-là ! Je savais que lorsqu’il cherchait à noyer le poisson Doris, c’est-à-dire moi… c’était qu’il voulait cacher un truc louche. Et le truc louche, je l’avais dans la main. Un seul petit coup d’œil, et l’étiquette antivol que se collait Frankie en direct sur le cul m’indiqua que Sloan avait sans doute déconné. Encore… Bon, c’était qu’une fée, mais après c’était quoi, la marraine ? Un truc plus gros, plus cher ? Et s’il se faisait gauler ? Il pouvait pas recommencer à faire n’importe quoi…
Putain mais qu’est-ce qu’il avait dans la tronche, il cherchait à compenser quelque chose ou quoi ? Bon ça j’avais pas trop envie de le vérifier, mais peu importait la raison de cet impair, et même si volontairement il voulait me faire plaisir, c’était pas acceptable. En plus, j’en doutais quand même vachement question cadeau. Parce que si quand j’étais gamine ma mère m’avais fait un costume de fée, vu ma gueule sur la photo du gouter c’était certain que j’aimais pas ça moi, les fées ! De la saloperie ! Alors qu’est-ce qu’il lui prenait à Sloan de me raconter un mytho aussi peu crédible ? L’air un peu dégouté, je plaquais la fée sur mon plateau, écrasant quelques frites au passage.
- Hé pépère, c’est pas parce que tu m’abreuves de paroles que je vais rater une occasion de te botter le cul. Et traite moi de vache aussi, fallait bien que je m’occupe en attendant puisque tu me fais poireauté et que …
Apparemment, si… il savait bien détourner l’attention puisque j’étais en train de me faire avoir en beauté. Mais, parvenant à me reprendre sans me faire berner, je chopais mon cheeseburger afin de mordre dedans … ou plutôt d’en arracher un morceau avec bien peu de distinction. Puis je désignais la fée qui gisait dans la purée de frites, pour déclarer solennellement, non sans quelques postillons :
- Frankie donc…
J’étais pas contente… alors j’essayais de le montrer en le fixant avec sévérité. J’étais pas sa mère, mais j’aimais vraiment Sloan. Moi, je tenais à lui et je voulais pas qu’il se fasse choper pour des conneries à base de fée moche, ou qu’il ait encore des emmerdes ! Surtout qu’il s’en était pas mal sorti … alors pourquoi s’acharner à faire tout foirer ! Le type semblait s’amuser à chercher la merde. Bon, c’était dans son tempérament, mais j’avais finir par sévir. Pour de vrai… Levant les yeux au ciel, j’enchainais donc sur un ton plutôt morne :
- Putain Sloan tu l’as volé, elle ? Tu voles des fées ? Tu voles des fées à 19$95, made in Taïwan ? Age minimum, 3 ans et + ? Plastique, 9 g, dimensions 6,5 x 8 x 6 cm ? Tu voles ce genre de truc ? Genre ton centre de jesaispasquoi ça t’as pas servis de leçon ? Faut que tu passes par la case taule & savonnettes pour piger que voler c’est mal ?
A nouveau je soupirais, triturant mes frites sans grandes convictions. Fallait qu’il se foute dans le crâne aussi, qu’il était pas le seul dans l’histoire. Et que des gens seraient affectés par ses actes s’il venait à avoir des ennuis. J’étais de ceux-là. Mais bon, plutôt que d’avoir l’air d’un dragon en colère, terrifiant et menaçant, j’avais surtout l’air d’une vieille meuf boudeuse. Effets pas trop garantis. Mais c’était Sloan, et comme précisé déjà, j’étais faible face à sa truffe bouclée…
- En plus c’est même pas cette salope de Clochette quoi !
Smells like trouble to youIl n’y a aucun doute, elle va aimer mon cadeau. Après tout, la fée est toute mignonne avec ses petites fossettes. N’importe qui craquerait ! « Heeeeu … Ok. » Euh, ça veut dire quoi ça exactement ? Elle n’a pas l’air ravie finalement. Mais en plus, elle ne répond même pas à mes questions. Elle se contente de fixer Frankie d’un regard mauvais. Puis, elle fait la chose la plus horrible qui soit, la chose qui la classe immédiatement dans la catégorie « criminels »… Elle jette la figurine dans les frites ! « Sérieux, Riley ?! Elle va être toute sale la pauvre ! » Prenant une moue déçue, je saisis la fée-papillon pour la poser sur la table, à l’abri de la nourriture. « Voilà, comme ça elle pourra nous regarder manger. » Elle fait franchement peur la rouquine, comme ça. Malgré une puissante envie d’éclater de rire, je parviens à garder mon sérieux et à poursuivre mon petit numéro de gamin. Faut pas m’en vouloir, c’est trop tentant.
Essayant cette fois-ci de détourner la conversation pour ne pas s’attarder sur ce joli cadeau, je… me fais méchamment couper la parole par une rousse énervée. Pas très gentil tout ça. « Hé pépère, c’est pas parce que tu m’abreuves de paroles que je vais rater une occasion de te botter le cul. Et traite moi de vache aussi, fallait bien que je m’occupe en attendant puisque tu me fais poireauté et que… » Hum, apparemment, si. De ce que j’en vois, la méthode « je blablate de choses sans intérêt pour que tu ne fasses pas attention à la provenance de mon présent » semble plutôt bien fonctionner. La voilà déjà repartie dans l’un de ses monologues. Un sourire vicieux prend alors place sur mes lèvres. Je suis trop doué, c’en est impressionnant. J’aurais d’ailleurs peut-être dû éviter de prendre trop vite confiance, Riley se rend compte de son égarement et stoppe son flot de paroles. Frustrée, elle prend une nouvelle bouchée de son burger avant de se mettre à postillonner. Que d’élégance. On dirait moi…
« Frankie donc… » J’opine vivement du chef, fier de ce prénom nullement prémédité qui lui va à ravir. « Exact. Je suis sûr qu’elle sera ravie de participer à la déco de ta piaule ! » Franchement, je suis persuadé qu’elles pourraient faire de bonnes amies, toutes les deux. Les yeux levés vers le ciel qui suivent cette réflexion ne me disent rien qui vaille… Comment se fait-il qu’elle soit remontée à ce point ? « Putain Sloan tu l’as volé, elle ? Tu voles des fées ? Tu voles des fées à 19$95, made in Taïwan ? Age minimum, 3 ans et + ? Plastique, 9 g, dimensions 6,5 x 8 x 6 cm ? Tu voles ce genre de truc ? Genre ton centre de jesaispasquoi ça t’as pas servis de leçon ? Faut que tu passes par la case taule & savonnettes pour piger que voler c’est mal ? » Je fronce les sourcils. « Nan mais je ne me suis pas fait choper ! J’suis un pro dans ce domaine, t’inquiète. Tout s’est bien passé la dernière fois, quand j’ai chipé une bouteille de… » Et merde. « Enfin non, rien… Oublie ! » Un sourire angélique et un clin d’œil pour faire passer le tout, et on poursuit tranquillement le repas. C’est que je grève de faim et que mon big-mac ne va pas se manger tout seul… ce qui serait franchement bizarre quand on y réfléchit.
« Allez, fais pas la tête ! Je m’en sors toujours, tu le sais bien ! » Malgré les apparences et ma forte tendance à aimer la taquiner, je ne supporte pas quand Riley boude. J’aime cette fille plus que n’importe qui dans cette ville et il n’est pas question qu’elle m’en veuille pour une histoire aussi futile. Avec un sourire amusé, je lui donne un petit coup sur le bras en prenant un ton vexé. « Et puis, c’est moi qui devrais faire la gueule, je te rappelle que j’ai pas eu de cadeau moi ! » C’est vrai quoi ; moi j’ai pensé à elle en lui ramenant une Frankie, et j’ai rien en retour. Même pas un petit câlin, l’arnaque. « En plus c’est même pas cette salope de Clochette quoi ! » Que de susceptibilité. « Excuse-moi, la prochaine fois je te ramène Clochette. Et tous les enfants perdus, pour que t’aies du choix ! Si j’ai de la chance, je pourrais même trouver un Peter Pan… » A ce moment-là, il faudra que je fasse particulièrement attention à l’antivol. Vu que je suis un peu à sec niveau fric ces derniers-temps, autant ne pas abandonner les vieilles habitudes. Après tout, ce n’est quand-même pas comme si je braquais une banque ! Rien n’empêche de petites folies, parfois.
Après avoir quasiment vidé tout mon coca d’un trait, j’appuie mes coudes sur la table pour fixer mon interlocutrice dans les yeux. « D’ailleurs, c’est pas hyper cool ce vent que tu m’as foutu en évitant ma question… » je fais remarquer avec un regard quelque peu suspicieux. « Comment tu vas ? »
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Quoi quoi quoi ? J'avais envoyé Frankie se prendre une faciale de tubercule mais à sa place je pense que je ne m'en serais pas plainte. Après tout, c'était mieux que rien, et ce 'rien' justement commençait à royalement me foutre les boules (que je ne voyais donc pas, comme le loup, fait chier !). Bref, la réaction de Sloan ne m'étonna pas vraiment, je restais donc dubitative et gardais un air tout à fait blasé en attendant qu'il finisse son petit numéro. La fée Frankie serait donc le lamentable témoin d'une pseudo dispute de couple... qui n'en était évidemment pas une et pour cause : j'étais heureusement pas en couple avec ce touffu du bulbe. EURK ! Quasi de l’inceste le truc ! Mais bon pour être honnête on aurait quand même vachement dit un vieux couple d'emmerdeurs vu le ton que ça prenait. Putain j'avais même pas 23 ans et je me tapais déjà un pote chiant... j'étais trop jeune pour vivre ça ! Trop jeune et pas assez forte non plus, pour encaisser la vision d'un Sloan redressant Frankie la Reine de la frite avec une attention toute particulière. Et puis, je manquais de m'étouffer avec mon burger quand il parla de la déco de ma chambre... Mais quelle horreur ! J'y avais pas pensé. Non non non ... Cette atrocité ne franchirait jamais le pas de ma porte... Mon univers était propre, épuré, parfait pour une maniaque comme moi. Frankie n'avait rien à y foutre, même si c'était Sloan qui m'en avait fait... cadeau.
Raison de plus pour m'accrocher avec lui. Mais ouais quand même, c'était plus de l'inquiétude pour lui que pour ma déco hein ! Faut pas déconner. En attendant, je mâchais toujours mon morceau de burger, mais suspendis le mouvement quand Sloan fronça les sourcils... Oula. Il aurait chié des liasses de billets que je n'aurais pas été si spectaculairement épatée. Avec de tels sourcils épais -sauf son respect - il me semblait très difficile de jouer avec ... J'observais donc son expression, presque bouche bée devant la souplesse de ses sourcsloans (plus que des sourcils, des sourcsloans ! Unique en son genre !) avant de l'écouter me répondre avec une expression douteuse. Mais je comprenais l'idée de ce qu'il me balançait, et à nouveau je levais les yeux au ciel. Une bouteille de quoi, je saurais jamais mais j'imaginais que c'était pas de lait ribot. Et puis, il me lâcha qu'il s'en sortait toujours, ce qui m'arracha un soupire. C'était pas faux, ce con avait une chance insolante. Mais la chance tournerait forcément.
- Jusqu'au jour où tu vas te faire tondre la gueule...
A cette pensée, j’eus l'air effrayé et fermais la bouche en ouvrant de grands yeux histoire de compenser. La vision d'un Sloan boulazéro était juste abominable et ça... Je crois bien qu'il n'en avait pas conscience. Rien que pour cette raison, il devait arrêter les conneries parce qu’il était hors de question que je vienne lui porter des oranges en taule pour me taper sa chauvittude. Une question cependant me taraudait. Aux vues de l’étendue pilaire qu'il avait sur le visage -oui on en revient une fois encore aux sourcsloans- se pouvait-il que cela soit considéré comme un élément capillaire à tondre également ? Oh putain, la gueule de cancéreux. OH PUTAIN LE BON PLAN ! Avec sa pâleur et ses yeux de chien battu, il gagnerait de la tune au Télé-thon. Grande classe ! Mais n'empêche que...
- Je te préviens que si tu te fais choper y'a plus d'amitié qui tienne. Plus de 'Rileeeey' en couinant comme une fille, non non. Tu te d'emmerdes et basta, je resterais en tête à tête avec Frankie dont j'aurais bien évidemment la garde exclusive, et même si tu as plus de tune je te jure que je réclamerais une pension alimentaire conséquente.
Et voilà, comme d'habitude il gagnait. Parce que je savais pas lui faire la gueule... Soit parce qu'il jouait sur l'affect', soit parce que j'étais trop conne pour bouder. Soit aussi parce que, comme maintenant, j'étais trop occupée à retirer le putain de cornichon de mon burger. J'aime pas les cornichons. Je déposais la tranche verte sur la tête de la fée en plastique qui se retrouvait donc avec un couvre-chef comestible... parfait pour une Pixie à la con !
- Ouais nan merci les enfants perdus c'est des trous-duc... Je les vois déjà venir avec leurs slips à laver et leurs crottes de nez sous la table. Clochette suffira, l'es plus swag. Peter Pan pourquoi pas, faut voir comme il est gaulé.
N’empêche qu'il était chiant Sloan, et que je ne comprenais toujours ses motivations. Ni pourquoi il agissait toujours ainsi... A croire qu'il cherchait vraiment la merde. Mais si nous avions grandi ensemble, nous n'avions pas vraiment la même vision des choses... en tout cas, probablement pas sur son comportement. Damoclès un jour se planterait directement dans son cul, ça j'en étais certaine. Mais contrairement à ce que j'affirmais toujours, le jour où elle lui fera mal, moi je serais là. Je devais être un peu conne, puisque j'avais déjà suffisamment de bébés à m'occuper, ma mère étant le plus gros. Je souriais cependant, essayant d'oublier un peu le sang d'encre que je me faisais pour mon ami.
- Bah ... ça va, la routine quoi. La vieille maman est toujours un gros cas soc', je bouffe trop de burger ce qui me file des gaz... Glamour. J'ai un taff de malade et ma patronne est une looseuse. Mais elle a un boule mon pote, tu verrais ça ! Un jour je crois que je vais devoir la peloter quoi...pas possible autrement.
J'évitais d'avoir l'air trop pensif... ou trop pervers. Ma réputation de prédatrice sexuelle était déjà faite et pas forcément très agréable à porter quand on voulait pécho de la fraiche. Heureusement qu'Indiana Fly avait encore le vent en poupe !
- Et toi à part Frankie dans ta vie, quoi de nouveau ?
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Mar 19 Jan - 13:33