Quand Athénaïs m'envoya son message, j'étais effectivement occupé, mais pas à surveiller mon père. Oh que non ! Pourtant, au départ, ça promettait d'être une journée comme une autre, ça commençait comme toutes les autres en tout cas. Mon père était venu me chercher dans mon lit en me sautant sur le ventre et sur le visage, me recouvrant petit à petit de trèfles à quatre feuilles. Matinée normale. Je l'avais d'ailleurs embarqué avec moi à la boutique, le gardant dans son bocal chéri et pour une fois, il s'était tenu tranquille. Il se tenait vraiment tranquille. C'était extrêmement louche, d'ailleurs. Enfin, au moins j'avais la possibilité d'ouvrir sans problème, de faire le ménage rapidement et de commencer à travail. Par travail, j'entendais bosser sur mes projets en attente. Je ne savais d'ailleurs pas si je devais attendre Promotheus aujourd'hui, ou non. D'ailleurs, il ne me disait jamais quand il venait ce branleur, alors d'accord, il a un boulot, mais faut pas déconner non plus. Enfin bref, j'avais répondu à ma Leprechaun miniature en lui mentant, mais hé, j'allais quand même pas lui dire ce que j'étais en train de faire, réellement, si ? Bon, elle ne serait probablement pas gênée, c'était pas son genre, mais quand même. Ce que je faisais ? Et bien, ça impliquait un beau jeune mec à genoux devant moi, avec une partie de mon anatomie dans sa belle petite bouche. Je vais passé les détails, quand même. J'étais donc bien occupé, et je ne l'attendais pas avant un petit moment. Aussi, quand j'entendis la petite clochette de la porte, je jurais en baissant le regard sur le jeune gars au niveau de ma taille.

- Mon mignon, va falloir que tu actives, j'ai une boutique à faire tourner.

Certes, j'agissais comme un connard, mais peu importe, ça me faisait du bien de me comporter comme ça. Sauf que ce petit jeune ne semblait pas en être choqué, ni vexé. Bien au contraire. D'accord, donc il était encore plus barge et malsain que moi. Cool, je pourrais le rappelé. Il s'activa donc jusqu'à me faire jouir, bien que j'eu de mal à me concentrer sur ce qui se passait en entendant Athénaïs et ses remarques pourtant si vraies et dans le mille. Quelques minutes après, je sortais de la réserve en me rhabillant et me recoiffant, la belle gueule sur les talons. Quand je fus de retour dans la boutique, j'avais en réalité à peine fait un pas que j'entendais déjà mini-Leprechaun dénoncer le client près d'elle qui n'avait pas l'air de comprendre ce qui se passait. Ma petite protégée avait visiblement encore fait des siennes. Je soupirais en les observant tous les deux et passais mes mains dans mes cheveux, histoire de rester dans cette humeur que j'avais depuis quelques minutes. Le client tentait de se justifier en faisant de grands gestes, mais je me contentais d'observer Athénaïs alors que Belle Gueule quittait discrètement la boutique, bien que je le vis m'envoyer un baiser. Bon, vu sa mièvrerie, je n'allais finalement pas le rappeler lui.

- On se calme, Mr Grange. Je connais cette petite chose, je sais ce dont elle est capable. Dites moi juste ce que vous voulez, et ne vous en faites pas pour la casse, c'est elle qui va s'en charger.

Autant me demander de donner de l'argent à une œuvre de charité, ce qui veut dire qu'elle ne le fera jamais, mais j'arriverais à avoir un remboursement quelconque. Mon client me passa donc commande de plusieurs pétard pour une fête d'anniversaire et partit sans demander son reste. Appuyé contre le comptoir, j'observais la jeune femme en prenant une profonde inspiration. Depuis quelques semaines que je la connaissais, j'avais fini par pigé qu'elle aimait tout simplement emmerder les gens, et surtout moi. Bon, je ne pouvais pas non plus lui en vouloir, j'étais pareil dans le fond. Enfin, j'étais pareil tout court. Surtout quand j'étais défoncé. Bon, c'était pas trop le cas actuellement, mais l'orgasme était une bonne petite imitation encore plus éphémère.

- J'suppose que tu n'as pas un rond sur toi, alors on va dire que tu vas devoir bosser pour moi pour rembourser la figure que tu viens d'exploser. Ça m'a demandé du temps et de l'investissement.

Evidemment, ça m’aurait étonné qu’elle ne voit pas les baisers de Belle Gueule et qu’elle se foute royalement de sa gueule. A moins que ce ne soit de la mienne. Ce qui lui vaudrait une petite calotte une fois que le client serait partit. Si j’y repensais. Enfin, en tout cas, Athénaïs était d’une excellente humeur vu comment elle se comportait. En même temps, je préférais la voir comme ça qu’en train de faire la gueule ou de déprimer. Sur ce, je me remonter correctement ma braguette, sans la moindre gêne, faut dire que je suis très… naturel, je ne me prends pas vraiment la tête et mes clients sont habitués à mon comportement. C’était aussi en parti pour ça qu’ils venaient dans ma boutique. N’empêche que je pensais de plus en plus à utiliser des produits addictifs pour qu’ils reviennent plus souvent. Malhonnête, moi ? Non, commerçant, c’est tout. Une fois donc le client sortit, et après l’avoir entendu se plaindre en mode petite Causette, je lâchais :

- Tu es aussi pauvre que je suis hétéro.

Ah bah ouais, elle me lançait des piques, j’allais quand même pas me laisser faire. Manquerait plus que je me laisse marcher sur les pieds par un bébé Leprechaun ! Bref, je la regardais courir après mon père dans son bocal qui se colla aussitôt contre la paroi pour la saluer et lui faire des bisous contre le verre. Normal. Il l’adorait. Comme si… bah ouais, comme si c’était sa petite fille. Comme si elle était de notre propre sang. Enfin, quand on nous voyait tous les deux en train de faire les cons, on pouvait facilement croire qu’on était père et fille. Bien que je fasse très jeune pour être son père. Mais je pourrais parfaitement l’être. Je m’égare. Donc, Sweeney, mon père, commençait à frapper son bocal pour essayer de sortir, il voulait lui aussi lui faire un vrai câlin, mais je craignais que son calme de la journée ne s’évanouisse à son contact. Oui, oui, Leprechaun Miniature était capable de faire ça. Je la laissais donc faire avant de m’approcher pour voir mon paternel, histoire de voir quelle était sa réaction si je prenais le bocal, mais les petits commentaires d’Athénaïs me firent lever les yeux au ciel. Ah bordel, j’oubliais presque des fois qu’elle pouvait être aussi chiante.

- Je te soutire pas du fric, je t’exploite, c’est pas pareil. C’est comme ça que ça marche chez les Aquila. T’es de la famille, oui ou non ?

Bon, c’était pas forcément réglo d’utiliser la corde sensible, mais avec elle, j’avais tendance à frapper toujours très en bas de la ceinture. Enfin, pas autant que lorsque j’étais avec Astrid, mais ça restait très gentil quand même. C’était ma protégée, je ne voulais pas non plus lui faire du mal. Bien que des fois, j’ai de furieuses envie de lui mettre des claques. Pendant qu’elle continuait de jouer sa pauvre petite fille maltraitée, j’ouvrais lentement le bocal de mon père et le prit dans ma main. Pour une fois, il se laissa faire et s’installa sur ma paume, tranquillement. Ce qui me surprit le plus c’était qu’il avait gardé tout ses vêtements, ses vêtements sous cette forme, en plus de son petit chapeau qui lui tombait à moitié sur le front ou sur la nuque, suivant de quel côté il le posait. C’était vraiment pas souvent qu’il se tenait aussi tranquille. Mais je ne pouvais m’empêcher de trouver ça extrêmement louche. J’allais ouvrir la bouche pour lui parler quand Bébé Leprechaun lâcha encore ses petits commentaires qui me valut de soupirer, malgré son bisou sur la joue, et qui fit lever les yeux vers mon père, il m’observait sans comprendre de quoi elle parlait.

- Elle n’a traîné nulle part, contrairement à celle du « gnome » comme tu viens de le dire. Et Pa’, fais pas cette tête s’il te plait. Tu sais très bien que j’ai une vie sexuelle, tu es même un peu trop bien placé pour le savoir. Si tu veux rester hors de ton bocal jusqu’à la fermeture, reste calme, d’accord ? Sinon, je t’enferme de nouveau.

Je sais, j’avais l’air d’un très mauvais fils à vouloir le calfeutrer comme ça, mais j’avais passé assez de journée à lui courir après dans toute la boutique pour ne pas avoir envie de le refaire aujourd’hui. Mon père hocha la tête en serrant son chapeau entre ses mains et se leva du creux de ma main pour sauter sur l’épaule d’Athénaïs, se mit sur la pointe de ses pieds et embrassa sa joue, comme il le pût avant de s’assoir contre son cou et de balancer ses petites jambes dans le vide.

- Alors, ma petite chérie, qu’est-ce que tu as appris aujourd’hui à l’école ? Tu as eu des bonnes notes ? Tu fais attention aux monstres aux ailes noires, hein ?

En les regardant comme ça, je ne pouvais pas m’empêché d’être attendrit. Bien que Sweeney soit sacrément sénile, quand elle était là, il gardait une certaine lucidité, même si souvent ses délires refaisaient surface. Je posais le bocal sur le comptoir, du côté de la caisse enregistreuse et relu cette commande laissé par Mr Grange, avant de relever les yeux vers ma protégée avec un fin sourire sur les lèvres. Elle n’allait visiblement pas lâcher l’affaire avec ce mec.

- J’appellerai ça un coup de l’après-midi. Il est passé devant la boutique quand je m’occupais de la vitrine, tu ne peux pas nier qu’il a une belle gueule. Je voulais juste m’amuser, point. Je n’ai pas l’intention de le revoir, il m’a laissé son numéro, mais vu sa mièvrerie, il n’en ai pas question. Je veux un mec, pas une princesse.