YO, ON S'FAIT UNE BOUFFE ?
feat Genesis & Zohra

Tourner à gauche. Tourner à gauche ? Tu te demandes presque immédiatement de quel droit l'esclave enfermée dans cette petite boîte électronique se permet de te donner l'ordre de tourner à gauche. Alors toi t'as envie de tourner à droite, tu met même le clignotant et tu t'en fous complètement que la nana se mette à te dire tourner à gauche, tourner à gauche, tourner à gauche. T'as même presque l'envie de frapper dans la boîte pour qu'elle ferme sa gueule mais à la place tu frappes sur la tête de ton frère qui fait le perroquet en te gueulant dessus pour que tu tournes à gauche alors que t'avais tourné à droite. « MAIS ELLE A DIT A DROITE ! REGARDE ! » Et tu poses tes doigts sur le boîtier qui finit par dire de tourner à droite. Oui bon, là tu te servais un peu de ta technokinésie pour lui faire dire ce que tu voulais. Quand t'enlèves ta main pour la reposer sur le volant, t'entends la nana qui te dit de faire demi-tour et ton sourire fier de toi disparaît de ton visage alors que tu poses le regard sur la petite boîte. « Oh mais non. Faut pas lui montrer qu'il avait raison, imbécile de boîte.  » Et alors tu te débrouilles pour faire demi-tour correctement en manquant de rentrer dans un poteau quand tu fais marche arrière. Pourquoi c'est toi qui conduis déjà ? Parce qu'entre toi et Genesis, on avait de quoi se dire que c'était moins dangereux. Parce que lui il risquait pas de faire sauter quelque chose en touchant le volant, alors que toi ? Toi t'y faisais même pas attention au final. Quand vous arrivez de nouveau au fameux tournant, t'as envie encore de tourner à droite pour contredire la connasse du GPS mais cette fois c'est ton frère qui te force, et qui te force réellement, à tourner à gauche et toi ça t'as fais flipper alors t'as tourné le volant aussi. Et t'as faillis rentrer dans une voiture qui était derrière toi au passage. Tu lâches le volant finalement, frappant une fois brutalement sur la tête de Genesis avant de l'y refrapper en même temps que tu parlais. « Tu. M'as. Fais. Peur. Imbécile !  » Soit en tout, tu l'avais frappé six fois sur la tête avant de reposer tes mains sur le volant.

Finalement tu l'avais laissé bouder et tu t'étais concentré sur la route pour ne pas faire n'importe quoi, t'écoutais la connasse dans son GPS et tu t'attendais pas à entendre ton frère gueuler. Par réflexe t'avais appuyé sur la pédale de frein immédiatement avant de lui gueuler dessus « UN CHIEN ?! OÙ ?!  ». Pas très intelligent de la part de Genesis de te parler de ces bêtes qui te faisaient peur. Quand tu vois finalement le chien, t'ouvres grand les yeux et t'ouvres la fenêtre avant de gueuler des mots à la mamie. « MADAAAAME ! ATTENTION IL VA VOUS MANGER !  » Et la mamie, elle, elle te regarde avec des grands yeux d'un air de se demander de quel asile tu sors. Alors tu fais juste un sourire innocent et tu rentres ta tête dans la voiture en attendant qu'elle finisse de passer devant la voiture. Tu tournes la tête vers Genesis et tu croises finalement les bras en parlant « Non, il s'est rien passé, c'est dans ta tête.  ». Oh que si, il s'est passé quelque chose. Finalement, tu te gares et tu sors de la voiture exactement au même moment que ton frère, refermant la portière, ou du moins essayant alors que celle-ci cogne contre tes doigts. Tu les dégages avant de la refermer correctement, secouant ta main comme un gosse en essayant de cacher le fait que tu te sois bien niqué ta race avec cette pauvre porte. Et puis finalement t'avais suivis ton frère quand il avait dit savoir où était l'entrée. Définitivement, vous faisiez un bon duo. Toi tu piratais des données pour avoir l'adresse de votre majï et lui il vous trouvait l'entrée. Trouver quelque chose de plus parfait que ça ? Non, ça te semblait impossible. Quand il te parle de se tromper d'adresser, tu te sens vexé. Tu sais que t'es pas super malin des fois, mais quand ça concerne ton pouvoir ça te vexe toujours. « Bien sûr, t'iras chez la voisine lesbienne sexy et j'resterais chez la gentille mamie qui me donnera des twix.  » Et t'avais dit ça en lui tirant la langue. L'air sérieux sur lequel tu l'avais dit montrais quand même qu'il t'avait vexé, et de toute façon tu pouvais pas le cacher à ton frère ça.

Il appuie sur la sonnette et toi tu restes à côté sans rien faire, jusqu'à ce qu'il se mette à te rhabiller correctement. Qu'il était maniaque ce con, c'était contraire à toi en fait, toi tu t'en foutais clairement que ta chemise soit hors de ton pantalon, et qu'il se plaigne pas au moins ça vous différenciait un peu. Mais toi tu te tais, tu le laisses faire jusqu'à ce qu'il lève les mains quand la porte s'ouvrait en te volant le mot que t'avais voulu gueuler. Seulement cet imbécile te retombe dessus et tu peux pas t'empêcher de lâcher un gémissement en le poussant assez doucement. « T'es louuuurd !  » Tu le regardes quand il te fait des compliments sur ton odeur et t'hausses les sourcils à sa question. C'est vraiment sincère cette question-là ? T'appuies ta main contre sa joue pour le pousser et tu grognes. « Non j'sens la framboise naturellement, à ton avis ?  » Et il s'appuie bien sur toi pour se relever alors que toi t'essayes de le faire tomber pour qu'il évite de trop s'appuyer. Parce qu'il te fait mal ce con, il a de la force même si on dirait pas. Tu le regardes se relever et tomber comme une grosse merde sans pouvoir t'empêcher de rire avant de te lever à ton tour, remontant correctement ton pantalon avant de ressortir ta chemise de celui-ci juste pour faire chier Genesis. Niveau casse-couilles, t'étais le meilleur. Passant au dessus de ton frère, tu finis par sauter sur Zohra par toi-même, manquant de tomber également avant de poser tes mains sur ses épaules pour tenir debout. « Surpriiise.  » T'étais un peu en retard pour le dire maintenant, mais ça te semblait pas si grave que ça. Tournant la tête vers Genesis, tu finis par soupirer. « En vrai c'était pas censé être une surprise mais on a oublié de te prévenir qu'on venait avant que ce moche-là me force à être enfermé dans une boîte de conserve blanche pendant une éternité.  » Et t'avais bien pointé ton frère du doigt en prononçant ces mots-là. Oui tu l'avais bien traité de moche, en te disant toi-même moche au passage du coup. Mais bon, c'était habituel ça.

YO, ON S'FAIT UNE BOUFFE ?
feat Genesis & Kieran

Je retournais depuis 5 bonnes minutes maintenant, les mots que Requiem avait écrits sur un papier. "Je reviens plus tard - Balade". Okay, donc là il y avait quelque chose d'étrange qui était en train de se produire. Il faisait beau dehors, et moi-même j'avais été surprise de ce temps clément et de la douce chaleur du soleil alors que j'étais sortie faire un tour... et surtout acheter du thé pour Blackwood-Feignant 1er du nom. Mais celui-ci s'était éclipsé avant mon retour, me laissant dans un état de perplexité absolu. Ça sentait l'arnaque, c'était même particulièrement suspect. Il fallait quand même révéler que Requiem n'était pas le genre d’homme à aimer sortir, à apprécier la foule... côtoyer du monde le rendait nerveux voir particulièrement désagréable. Si je le forçais régulièrement à prendre l'air avec moi, le savoir en vadrouille de son plein-gré ... oui non vraiment j'avais du mal à encaisser la chose ! Cela voulait vraiment dire qu'il s'était levé de son canapé avec la ferme intention d'enchainer un pas après l'autre, qu'il avait enfilé un manteau, sans doute une écharpe légère vu l'absence des deux vêtements dans l'entrée et qu'il avait claqué la porte... Peut-être même avec quelque chose de guilleret sur le visage. En chantonnant ? Ganesh ... C'était là quelque chose de plus puissant qu'un vulgaire Jésus marchant sur les eaux. Blackwood ... marchant tout court. Enfin. J'étais quand même assez méfiante et scrutait l'écran de mon portable toutes les deux minutes dans l'espoir ou la crainte de recevoir un message SOS de type "je sais pas de qu'il m'a pris, viens me chercher !" Et puisque rien ne venait, j'avais tapoté contre la peau tendue de mon ventre d'un air contrarié :

- Ton papa fait des cachoteries... Tu crois qu'on a de quoi s'inquiéter ? Si c'est pour la décoration de ta chambre je crois que oui.

Je poussais alors un soupire avant de me diriger vers le frigo. En ce moment j'avais tendance à manger au même rythme qu'un Hobbit ! Pas moyen de m'arrêter de grignoter. Heureusement j'avais un organisme plutôt sympa, ce qui me permettait de ne pas doubler le volume de mes fesses à grand coup de pâte à tartiner et autres bocaux à cornichons. Mélange des saveurs... J'étais d'ailleurs en train de méditer sur la perspective d'une biscotte tartinée de yaourt et agrémentée d'une sauce obscure à base d'anchois (les occidentaux ont de drôles de gouts…) quand on sonna à la porte. L'espace de quelques secondes, je me demandais si Requiem avait les bras chargés ou s'il avait perdu ses clés... Mais le raffut terrible qui provenait du couloir me signala que non, ce n'était pas lui. C'était même des créatures radicalement différentes ! Un sourire énorme barra mon visage alors que je sentais déjà les larmes me monter aux yeux. Parce qu'ils hurlaient comme des veaux en détresse, et que leurs voix me parvenaient sans peine ! Les jumeaux ! Mes jumeaux se tenaient juste derrière la porte... Ils étaient là, comme je l'avais demandé à Kieran dans le courrier en réponse au sien ! Ils étaient venus et braillaient déjà ... Comme quoi, ils n'avaient pas changé d'un poil ! Je claquais la porte du frigo et sautillais presque jusqu'à l'entrée, aussi silencieusement que possible pour entendre la moindre bêtise qu'ils pouvaient prononcer. Et apparemment ils étaient en forme ! Surexcités même ! Finalement, ce n'était pas une mauvaise chose que Requiem soit absent, il avait dû flairer le danger...

J'ouvre alors la porte avec un grand sourire, que je perds presque en les voyant choir de concert. Je ne comprenais pas du coup, comment c'était techniquement possible de faire, vu que Genesis était en train de rhabiller son frère... enfin, j'avais bien vu la chute mais je crois qu'ils étaient les seuls au monde à pouvoir exécuter une telle performance de gamelle commune et spontanée sans raison apparente. Bien ... dans ces cas-là j'avais l'habitude d'attendre qu’ils s’en dépêtrent eux même et malgré ma propre joie, l'excitation de les revoir enfin, je m'appuyais sur le chambranle de la porte pour les observer en riant. Les deux crétins parvinrent enfin à se relever après moult complication, et Kieran hurla enfin :

- Surpriiise. En vrai c'était pas censé être une surprise mais on a oublié de te prévenir qu'on venait avant que ce moche-là me force à être enfermé dans une boîte de conserve blanche pendant une éternité.

Peu importait en vérité ! Je prenais déjà les deux garçons dans mes bras, incapable d’attendre. C'était une surprise ! Une vraie ! Parce que je ne m'attendais pas le moins du monde à leur visite et attendait plutôt un appel de Kieran avant cela. Mais je m'en fichais pas mal à vrai dire ! Je les serrais fort contre moi, le cœur battant alors que l'émotion me clouait un peu le bec. Et je pleurais comme une madeleine. Deux ans que je ne les avais pas vu et leur contact aujourd'hui me démontrais à quel point ils m'avaient manqué. Je n'osais d'ailleurs pas les lâcher, et leur offrit à chacun un baiser sur le front pour l'un, la tempe pour l'autre.

- Je vous ai pourtant appris la prévoyance non ? Mais je crois que c'est une notion qui ne vous est jamais entrée dans le crâne ! Comme la discrétion... le sens de la mesure... bref, à en croire le regard de la voisine vous avez déjà fait forte impression !

La voisine d'ailleurs, à qui j'adressais un sourire radieux qui lui annonçait bien que je n'avais que faire de son avis. Mes gamins avaient bien plus de valeur que ses critiques. Mais je me détachais alors des jumeaux pour vite les faire entrer chez Requiem, chez moi donc... Puisque nous étions fraichement mariés ! Je poussais d’abord Gene' puis Kieran avant de refermer la porte sur moi et à nouveau, les prendre dans mes bras. Ils m'avaient tant manqué.

- J'espère que vous restez un moment ! Vous voulez boire ? Manger quelque chose ? Vous avez froid ? Ce n’est pas les grandes températures au Canada … Oh dis donc Kieran qu'est-ce que c'est que cette dégaine, ton frère à raison ! Mais Ganesh, que vous êtes beaux...

Et voilà que j’agitais les mains comme si elles me brûlaient, la fierté rendait encore mes yeux humides d'émotions. L'air de rien je lissais la chemise de Kieran, et la fermais un peu afin de les laisser s'exprimer un peu... ce qu'ils ne manqueraient pas de faire bruyamment.
.