La réplique d'Avalon sembla amuser Sygrid, en même temps la rouquine avait assez travailler avec Avalon pour se douter du bordel qu'elle avait foutu avant de partir.Oh rien que d'y repenser Avalon du maîtriser le rire qui naissait dans sa gorge. Elle avait créer une telle esclandre dans le bureau de son supérieur que tout ceux aux alentours étaient venus voir ce qu'ils se passaient. Elle lui avait dit sa façon de penser sur l'armée et la façon dont elle était dirigée. Et en des termes peu élogieux et peu polis. Et c'est en présence de plusieurs hauts gradés, soldats, secrétaires ou autre bureaucrates qu'elle avait littéralement fait exploser le bureau de son supérieur. Elle avait fait subir le même sort à sa bibliothèque, répandant papier et éclats de bois partout. L'alchimiste avait du stopper ses actes quand les soldats avaient braqués des armes sur elle. Au final Avalon était partie non sans aller faire un tour dans les cuisines et empoisonner la nourriture, tout l'état major avait été malade pendant au moins une semaine. Oh oui ça avait été un sacré moment.

Avalon menait la conversation, Sygrid semblait vraiment dépassée, épuisée même, elle communiquait par phrases courtes et l'alchimiste avait l'impression que chaque mot lui pesait. Elle était vraiment loin de la femme vive et autoritaire qu'elle avait pu connaître. Ça la démangeait de savoir ce qu'il avait bien pu se passer pour qu'elle devienne ainsi. Elle du se maîtriser pour continuer la discussion sur des banalités et ne pas paraître intrusive. Si ça avait été quelqu'un d'autre elle n'aurait pas pris autant de précautions mais elle respectait assez Sygrid pour se taire. Avalon la renseigna sur sa propre vie, parlant de son cabinet, ça ne la gênait pas de parler d'elle même si elle éluda le chapitre Mathis, ça par contre elle le gardait pour elle. Il eut un blanc et Sygrid répondit une phrase d'une banalité affligeante qui pourtant sembla lui coûter. Avalon se retint de lever les yeux au ciel, pas facile de lui tirer les vers du nez à celle là quand même. La curiosité d'Avalon ne faisait qu'empirer.

La psychiatre avisa le mouvement nerveux des doigts de l'ancienne soldat sur son gobelet, oui vraiment ça semblait lui demander beaucoup d'effort de tenir une conversation banale et civilisée avec quelqu'un. Avalon allait parler quand le visage de Sygrid se transforma et la jeune femme cru bien qu'elle allait lui annoncer la découverte du vaccin contre le cancer tant elle semblait fière d'elle. « Et donc, tu as ton propre cabinet. Tu vois encore des gens de la base ? Je veux dire… des anciens, des rapatriés qui seraient à Ottawa ? »

Bon ce n'était pas non plus de la grande révélation mais dans sa question Avalon perçut une attente particulière. Elle pencha la tête sur le côté, la question de la rousse n'était pas anodine, elle attendait de savoir quelque chose en particulier mais Avalon ne savait pas bien quoi. Elle but une gorgée de son latte qui lui brûla la langue.

« Tout a fait je suis autonome comme ça, tu pourrais passer me voir un de ces jours tu sais. Elle lui tendait la perche mais elle doutait que Sygrid la saisisse. J'ai encore quelques contacts avec ceux de la base mais peu d'entre eux son ici. Je dois en avoir trois en tant que patients. Tu sais comme ils me connaissent c'est plus facile des fois pour se confier sur les horreurs vécues là bas. »

Encore une perche, pas la plus maline, ni la plus fine mais Avalon était vraiment trop curieuse de savoir comment la femme forte, qui dirigeait son unité d'une main de fer avait pu devenir ce qu'elle était maintenant. Dans quelle genre de foutoir c'était – elle mise ? Quel événement avait pu éteindre la rousse ? Avalon avait envie de tout savoir.  

Avalon voyait clairement que Sygrid avait envie de se barrer, qu'elle n'était pas à l'aise. Son comportement était diamétralement opposé à celui de la femme qu'elle avait connu sur le terrain. C'est ce qui la faisait pencher vers un syndrome post traumatique, elle avait du vivre quelque chose de particulièrement grave sur le terrain pour devenir ainsi, Avalon ne voyait pas d'autres explications. C'est bien pour ça qu'elle prenait son mal en patience et faisait la conversation pour deux. Mais elle espérait quand même que Sygrid allait y mettre du sien sinon ça allait rapidement tourner court.

Heureusement Sygrid aborda une question qui sembla fortement l’intéresser, son langage corporel trahissait son intérêt qu'elle masquait pourtant sur son visage. Malheureusement elle ne pouvait répondre par la positive aux attentes de Sygrid, le seul qu'elle avait en consultation était Maximillian, un ancien de son unité qui avait été surnommé Mad Max suite à des événements tragiques. Et Avalon était sure que le marine n'avait jamais été en contact avec Sygrid. Il lui en aurait parler sinon. La psychiatre tenta une suggestion, pas des plus subtiles mais qui ne fit pas tout de suite réagir Sygrid. Elle semblait perdue dans ses pensées, les yeux dans le vague. L'alchimiste avait vraiment du mal à cerner ce qu'était devenue la faë, c'est ce qui la motivait à pousser le vice jusqu'à lui tendre une perche pour qu'elle vienne en consultation chez elle. L'ancienne soldat lui balança une phrase bateau et Avalon désespéra de lui faire comprendre ses intentions. Sygrid était vraiment à côté de ses pompes, elle avait bu ou quoi ?

Soudain Sygrid réagit, son visage se ferma instantanément et Avalon fut contente de voir une expression nette et franche se dessiner sur le visage de la femme. Enfin elle avait susciter une réaction même si ça n'augurait rien de bon pour elle. Avalon aurait du parier parce que Sygrid l'envoya en effet sur les roses.

« C'est ce que tu pense. »

Elle y allait au culot, de toute façon Sygrid était habituée au comportement trop franc d'Avalon elle n'allait pas s'en offusquer, si ? De nouveau la faë partit dans ses pensées et Avalon allait interrompre son combat intérieur quand son téléphone vibra sur la table, elle venait de recevoir un message. Elle déverrouilla l'appareil et eut le plaisir de voir que c'était Mathis qui lui avait écrit. Elle n'ouvrit pas le message mais elle ne put réprimer un doux sourire. Elle le cacha bien rapidement pour ne pas se montrer ainsi devant Sygrid. Cette dernière émit un rire cynique qu'elle ne lui connaissait pas. « Je dois avoir l'air d'être au fond du trou, pour que tu me proposes de 'venir te voir' hein, Avalon ? »

L'alchimiste ne pu s'empêcher de rire sur le même ton que la rousse, c'est vrai qu'elle n'avait pas tort. Avalon avait été percée à jour mais ça ne l'ébranla pas une seconde, après tout il était rare qu'elle prenne des pincettes avec les gens. Sygrid l'avait déjà vu à l’œuvre, le plus déroutant c'était souvent pour ceux qui ne la connaissaient pas.

« Pour être franche tu n'as pas l'air de première fraîcheur aujourd'hui, même dans le désert tu avais l'air plus en forme. Je m’enquiers seulement de ton état, je sais les dommages que peuvent causer certains événements. »

Bon là encore elle avait mis les pieds dans le plat, tant pis. Et elle en rajouta une couche en sortant une carte à son nom de la poche de son manteau, elle la posa devant elle et la fit glisser vers Sygrid.

Sygrid semblait d'une maîtrise impeccable sauf que le minuscule tic de sa bouche quand Avalon lui lança sa pique fit savoir à la jeune femme qu'elle avait toucher la corde sensible. La psychiatre voyait bien qu'elle avait foutu les pieds dans le plat, qu'elle était entrain de l’énerver. Pendant une seconde elle se demanda si elle devait calmer le jeu mais en même temps elle avait envie de la pousser dans ses retranchements pour comprendre pourquoi Sygrid avait tellement changer. Elle sortit donc sa carte de visite et la posa devant la faë, qui évidemment ne pris même pas la peine de la prendre. Ça l'aurait presque déçue qu'elle la prenne en fait. C'était presque vicieux de se comporter comme ça mais Avalon aimait aller au fond des choses.

Avalon écouta calmement Sygrid, elle n'avait pas hausser le ton mais la jeune femme voyait qu'elle bouillonnait de l'intérieur. Elle se retint de sourire en la voyant se lever, ça c'était la Sygrid qu'elle avait connue. C'est vrai qu'elle avait été désagréable avec son ancienne collègue, qu'elle avait sans aucun doute appuyé où ça faisait très mal mais c'était très désagréable de voir l'ancienne soldat comme ça aussi apathique alors qu'elle l'avait toujours connue dynamique et alerte. Elle n'était peut être pas sujette à un syndrome post traumatique mais n'empêche qu'elle avait changer. Avalon décida de mettre de l'eau dans son vin et repris sa carte, un sourire s'étalant sur ses lèvres.

« L'ancienne Sygrid m'a manquée, il faut te pousser loin pour te trouver tout de même. Ne le prends pas comme ça, je m'excuse d'avoir été aussi désagréable. »

Avalon leva les mains devant elle, espérant que Sygrid accepterais ses excuses, surtout sachant que l'alchimiste ne s'excusait que très rarement. Elle n'allait pas la retenir mais elle espérait qu'elles ne resteraient pas sur une telle rencontre.

« Je sais que nous ne sommes pas amies mais il n'empêche que nous avons vécues des choses ensembles que peu de gens ont la chance - ou le malheur - de vivre et ça m'attristerait que nous restions sur cette discussion. »

La jeune femme eut un sourire encore plus étendu quand Sygrid lui fit une remarque sur la réaction qu'elle avait eut en ayant reçu le message de Mathis, elle eut même un petit rire étouffé. La faë avait toujours tendance à remarquer des petites choses, elle n'était peut être pas si déconnectée que ça au final. Avalon croisa les jambes.

« Peut être que mon futur mari est un peu trop présent dans mes pensées et trouble mon jugement. »

Alors là si avec cette révélation elle ne faisait pas se rasseoir Sygrid c'était qu'elle l'avait vraiment énervée.