La lune de miel avait été courte, obligations du moment, rester couché dans un lit avec un foutu respirateur sur la tronche. Ma santé c'était dégradée à une vitesse folle, me laissant avec une sensation d'angoisse, une faiblesse que je ne pouvais décrire et encore moins supporter. Je ne cessais de voir dans le regard de ma femme cette peine qui la rongeait, m'observant mourir à petit feu sans pouvoir y faire grand chose. Oh, je savais qu'elle cherchait des moyens « peux normaux », mais pour l'instant ses recherches restaient infructueuses. La douleur était... intenable. Mes muscles me faisaient souffrir, ma respiration était pénible voir atroce et je me sentais aussi utile qu'une merde sur un trottoir. Avalon était allée faire des courses, me laissant seul durant quelques heures. Du coup, j'en avais profité pour me lever et m'apprêter – non sans soucis – pour filer hors de chez moi. Où allais-je ? Et bien, j'allais tout droit vers ma délivrance certaine. Je ne pouvais plus le supporter, c'était trop dur de voir ma femme enceinte m'observer dépérir à petit feu. Puis, je ne le supportais plus moi-même. Avalon m'avait beaucoup parlé des Faës, des Stryges et des autres choses, me faisant visiter la Cour des Faës histoire que je sache où me rendre si il y avait un soucis. Après une heure, je me retrouvais face à une porte... Je toque. J'entends des bruits de pas venir dans ma direction et cette porte d'entrée qui s'ouvre doucement. Je suis pâle, j'ai du mal à respirer, elle est mon dernière espoir.

« Hey, salut. »

J'avais parlé très difficilement, reprenant mon souffle comme si je venais de courir un marathon. Je ne suis pas un homme qui tourne autour du pot, puis, Sygrid devait se demander ce que je foutais chez elle... Une main appuyée sur le mur près de moi, je me tenais douloureusement debout. Mes jambes tremblaient, comme le reste de mes muscles d'ailleurs. Je ne devais pas être beau à voir.

« J'ai...j'ai besoin que tu me rende un service et pas des moindres. »

Comment allais-je lui demander cette chose ? Me tuer...M'ôter toutes mes souffrances, me laisser partir. J'étais prêt. Avalon attendait mon enfant, elle se battrait pour lui, elle aura un souvenir, une personne à qui se raccrocher pour ne pas sombrer. Je pouvais m'en aller en paix. Je ne verrais jamais ce bébé, après tout, il n'avait pas besoin de voir son père dans un état comme celui-ci. Je baisse les yeux vers le sol, vacillant légèrement vers l'avant, une grimace de douleur sur le visage. Ma respiration est sifflante, j'avais l'impression d'étouffer à moitier.

Il y avait longtemps que Sygrid n'avait pas pris le temps de passer chez elle de manière plus conséquente. A vrai dire, depuis les attentats son chiffre d'affaire avait doublé... La ville s'était embrasée et beaucoup de monde, Humains ou non, cherchait à se rassurer en se payant les services de la Titan Security. Le malheur était bon pour le bisness, mais ce n'était pas quelque chose qui la ravissait. Aujourd'hui cependant, Sygrid était rentrée chez elle. Gabriel lui prenait aussi du temps. Quand bien même ils n'avaient pas entamé à nouveau une véritable vie à deux et semblaient encore y aller à tâtons, elle passait beaucoup de son temps libre avec lui et négligeait un peu Sonja. C'est pourquoi elle avait décidé de passer la journée avec elle, de lui faire une surprise. Mais la Sidh n'était pas là. Gros fail ! Et finalement le Phoenix se retrouvait à vider son domicile des cadavres de bouteilles qui hantaient les lieux par dizaine. Une saine activité... Munie d'une poubelle, Sygrid faisait le tour des placards pour jeter des pleines brassées de bouteilles quand on frappa à la porte.

Hésitante d'abord puisqu'elle n'avait aucune envie de se coller les amis de sa sœur (ou ses amis à elle, même si ... bah elle n'en avait pas spécialement) alors qu'elle rassemblait ses volontés pour foutre son amant l'alcool à la porte, elle alla tout de même ouvrir. Si elle fut extrêmement surprise de voir Mathis dans l'encadrement, elle ne le montra pas. Son visage gardait une neutralité totale, mais elle resta quand même quelques secondes à le considérer. Puis elle soupira. « Hey, salut. J'ai...j'ai besoin que tu me rende un service et pas des moindres. »

« Il me semblait avoir dit non. »

Bonjour aussi non ? Putain de Phoenix… En vérité, Sygrid savait qu'il n'était pas là pour cela. Le dépit qu'il avait affiché lors de son mariage, quand Avalon avait demandé cet énorme sacrifice que Sygi avait refusé de faire suffisait à lui mettre la puce à l'oreille. Mathis était malade... très gravement. Il était même condamné. Alors sa présence n'était sans doute pas une manière d'insister. Mais la Faë n'en avait pas confirmation... pas encore. Cependant, elle ouvrit un peu plus la porte pour lui permettre d'enter, ajoutant alors d'une voix grave :

« Mais j'ai l'impression qu'il s'agit de tout autre chose... Avalon ne sait pas que tu es venu me voir n'est-ce pas ? »

Elle semblait toujours aussi... impassible. Bon, j'avais l'habitude, généralement je n'étais pas non plus du style à exprimer mes sentiments devant tout le monde, du coup, cela ne me choque absolument pas. « Il me semblait avoir dit non. » Je secoue doucement la tête. Non, ce n'était pas de ça dont je venais parler avec elle. Déjà, j'avais à peine pigé la conversation qu'elle avait eu avec Avalon. Apparemment, cette femme était une Phoenix et y avait une histoire de plume dans tout ça. Bref, je n'étais pas du style à insister sur des sujets déjà clos, moi-même je ne supportais pas qu'on me pousse dans mes retranchements. Je lève légèrement les yeux vers elle alors qu'elle me laisse la place pour entrer. « Mais j'ai l'impression qu'il s'agit de tout autre chose... Avalon ne sait pas que tu es venu me voir n'est-ce pas ? » Je vacille dangereusement et entre dans l'habitation de la jeune femme, m'accrochant à tout ce que je pouvais.

« Non, elle est au courant de rien, sinon, elle ne m'aurait pas laissé venir...J'ai profité qu'elle soit partie pour venir. »

Sans lui demander son avis ou attendre son consentement, je me laisse aller dans son canapé lourdement. Je transpirais, marcher ou même me tenir debout me demandait un effort surhumain. C'était franchement pénible. Je reprend ma respiration comme je peux, fermant légèrement les yeux. Je pouvais encore vivre deux voir trois mois en subissant cette torture, non, impossible, je ne pouvais m'y résoudre. J'attends que Sygrid soit dans mon champ de vision et je souris d'un air faussement amusé.

« Je sais, j'ai une sale gueule... ça a prit de l'ampleur plus vite qu'on le pensais. »

Dis-je simplement. Oui, ça avait frappé à une vitesse étonnante, même moi je me pensais tranquille durant encore au moins un an, assez pour voir mon fils ou ma fille voir le jour. Je me trompais, c'était sûr. Comme je n'étais pas homme à tourner autour du pot, je me redresse légèrement dans le canapé, ce qui me demanda énormément d'effort.

« Je ne vais pas tourner autour du pot...si je suis là c'est que j'ai besoin de toi pour, comment dire ça...Bon, on va le dire crûment. Pour m'achever. Je suis sous respirateur depuis plusieurs jours, comme tu le vois, je ne sais pas me déplacer sous peine de...me retrouver au bord de l'infarctus...Et sincèrement, je me voyais mal demander à ma femme enceinte de m'aider à partir. »

Pour le coup, on ne pouvait pas dire que le jeune marié tenait une forme olympique… Et si Sygrid avait eu l’occasion de faire de l’humour elle aurait souligné la pâleur de Mathis, et fait porter le chapeau à Avalon qui n’était pas d’un tempérament très doux. Au contraire… Mais sans doute l’Alchimiste n’avait aucun tort cette fois, même si dans le passé Sygrid lui en avait connu beaucoup. Non, cette fois il semblait que la maladie de Mathis avait pris un tournant qui semblait plutôt… mortel. Et définitif. Les jolies et amusantes Pixies pouvaient s’avérer bien plus malfaisante qu’on ne le pensait. C’était ça aussi, le revers de la médaille chez les Faës, il fallait se méfier de tous. Surtout de ceux qui avaient l’air inoffensifs. Sygrid ne savait pas ce que Mathis avait pu semer pour récolter la colère d’une Pixie mais il semblait sur le point d’en laisser sa vie. Le Phoenix l’observa sans un mot se trainer jusqu’au canapé, pour s’y laisser tomber lamentablement. Ces quelques pas l’avaient vidé de ses dernières forces, vraisemblablement. « Non, elle est au courant de rien, sinon, elle ne m'aurait pas laissé venir...J'ai profité qu'elle soit partie pour venir. »

Mais c’était ainsi, c’était la vie… Et cette derrière avait arraché bien plus à Sygrid que la flamme qui maintenait son existence. Perdre son enfant l’avait rendu insensible à bien des choses. Aussi ne prit elle-même pas la peine de proposer quoi que ce soit à Mathis, et s’installa elle en silence en face de lui. Pas l’ombre d’une émotion ne passait sur le visage de la Faë, mais c’était sans doute qu’elle n’en éprouvait pas. Mathis lui était inconnu, et Avalon … elles n’étaient pas vraiment amies. Pourtant, elle écouta attentivement le jeune homme. « Je sais, j'ai une sale gueule... ça a pris de l'ampleur plus vite qu'on le pensait. Je ne vais pas tourner autour du pot...si je suis là c'est que j'ai besoin de toi pour, comment dire ça...Bon, on va le dire crûment. Pour m'achever. Je suis sous respirateur depuis plusieurs jours, comme tu le vois, je ne sais pas me déplacer sous peine de...me retrouver au bord de l'infarctus...Et sincèrement, je me voyais mal demander à ma femme enceinte de m'aider à partir. » Deux choses attirèrent son attention. Avalon enceinte, ce qui était quand même une nouvelle aussi déplorable que joyeuse étant donné qu’elle n’avait pas spécialement la fibre maternelle… Et puis, cette demande qu’elle ne pensait pas réellement recevoir. Sygrid fronça doucement les sourcils en l’observant

« D’accord… »

C’était presque vexant. Et elle se demandait alors ce qu’Avalon avait bien pu raconter sur elle pour que Mathis en vienne à cette conclusion : qu’à défaut de lui donner une vie, elle pourrait la lui prendre. Mais il n’était pas question d’être égocentrique. Quelque peu mal à l’aise, Sygi reprit position sur son fauteuil avant de lâcher :

« Pourquoi est-ce que je ferais cela ? Je veux dire… pourquoi moi plutôt que quelqu’un d’autre ? »

Et puis, si Avalon venait à le savoir, ce n’était pas à des ennuis que la Danoise devrait faire face… mais bien à une guerre véritable. Ce dont elle se serait bien passée, avec les soucis qu’elle avait déjà actuellement.

« Je regrette mais là encore, je vais sans doute devoir refuser. Mes conséquences seraient bien trop … pénibles. »

« D’accord… » Je pouvais voir qu'elle ne semblait pas très à l'aise avec mes paroles. Certes, ma requête pouvait être déroutante, néanmoins, je ne voyais pas d'autres solutions. Me donner la mort de mes propres mains n'était pas envisageable, cela causerait bien trop de soucis à Avalon au niveau des assurances, de l'héritage également et surtout au niveau de la justice. Je ne pouvais pas admettre qu'en plus de ma mort, celle-ci doive faire face à des questions plus tordues les unes que les autres, à un enquête dérangeante. Puis, je devais me l'avouer, je n'étais pas capable de le faire moi-même. Je n'en avais pas le courage. J'étais capable de beaucoup de choses, mais ça, non. « Pourquoi est-ce que je ferais cela ? Je veux dire… pourquoi moi plutôt que quelqu’un d’autre ? » Je soupire légèrement, passant une main dans mes cheveux puis sur mon visage. A vraie dire, je la pensais capable e le faire. Pas parce que ma femme m'avait parlée d'elle, non, mais vu ce que je pouvais voir d'elle c'était une toute autre histoire. Elle ne me connaissait pas, elle ne savait rien de ma vie, de mon existence. Du coup, cela ne serait pas spécialement un lourd fardeau à porter. C'est égoïste de ma part, oui, mais c'était ainsi que je voyais les choses. « Je regrette mais là encore, je vais sans doute devoir refuser. Mes conséquences seraient bien trop … pénibles. » Je soupire une fois de plus, me redressant légèrement dans le canapé, péniblement. Je n'étais pas du genre à supplier, je n'allais pas le faire, mais au moins exposer mon point de vue.

« Je te le demande à toi, justement parce que nous ne sommes pas liés. Je ne te connais pas plus que ça, toi non plus...Puis, je n'ai personne d'autre capable de m'aider à ce niveau-là. »

Je reprend ma respiration durant quelques secondes, le cœur battant la chamade sous cette difficulté à respirer. Je me pince le haut du nez, fermant légèrement les yeux. Une fois une respiration plus ou moins normale retrouvée, je reprend en reposant mon regard dans celui de la rousse.

« Écoutes...je te le demande comme une dernière volonté. Bientôt je ne serais plus capable de me déplacer, de me laver ou de faire quoi que ce soit seul. Je vais devoir vivre non pas par moi-même mais par le biais de ma femme qui accouchera dans quelques mois, elle va devoir s'occuper aussi bien d'un bébé que de moi. Je ne veux pas vivre ainsi, c'est...c'est même pas envisageable. Tu te verrais toi vivre au crochet d'une autre personne ? Ne plus pouvoir t'alimenter seule ? Ne même plus pouvoir te déplacer jusqu'au toilette ? Porter des langes ? Finir par mourir en étouffant simplement parce que tes muscles refusent de travailler... »

Je frémis légèrement à cette pensée. Ce n'était pas une vie, non, c'était loin d'en être une...

« J'y ai longtemps pensé, j'ai pesé le pour et le contre...J'ai juste envie d'être en paix, de savoir que ma femme ne gardera pas le souvenir d'un homme malade quand je partirais. Je veux juste qu'elle se souvienne des meilleurs moments... Je veux juste qu'elle puisse se refaire une vie normale sans tout ce qui a un rapport avec ma maladie. Sygrid, s'il te plaît. Je ne suis qu'un simple humain, j'ai jamais rien demandé à personne...J'en ai marre de voir Avalon chercher une solution pour me sauver, il est temps qu'elle passe à un autre chose. »

« Je te le demande à toi, justement parce que nous ne sommes pas liés. Je ne te connais pas plus que ça, toi non plus...Puis, je n'ai personne d'autre capable de m'aider à ce niveau-là. » Bah tu m'en diras tant ! C'était heureusement pas tous les jours qu'un mec se pointait comme une fleur, limite la bouche en cœur pour déclarer : "On s'est vu qu'une fois à mon mariage, mais j'aimerais bien que tu me descende, ça m'arrangerais... et puis tu as l'air d'être assez félée pour la faire. On y va ? Allez... un beau geste !" C'était complétement fou. Mais Sygrid ne bougeait pas et se contenait de l'observer. Si elle s'était montrée nerveuse ou mal à l'aise un instant, elle croisait à présent les jambes et le regardait, le menton posé sur son poing. Et tandis qu'elle attendait une réponse de sa part, le Phoenix en venait à espérer qu'il n'allait pas être malade sur son canapé puisqu'elle aurait alors été incapable de ravoir la tâche...« Écoutes...je te le demande comme une dernière volonté. Bientôt je ne serais plus capable de me déplacer, de me laver ou de faire quoi que ce soit seul. Je vais devoir vivre non pas par moi-même mais par le biais de ma femme qui accouchera dans quelques mois, elle va devoir s'occuper aussi bien d'un bébé que de moi. Je ne veux pas vivre ainsi, c'est...c'est même pas envisageable. Tu te verrais toi vivre au crochet d'une autre personne ? Ne plus pouvoir t'alimenter seule ? Ne même plus pouvoir te déplacer jusqu'au toilette ? Porter des langes ? Finir par mourir en étouffant simplement parce que tes muscles refusent de travailler...  J'y ai longtemps pensé, j'ai pesé le pour et le contre...J'ai juste envie d'être en paix, de savoir que ma femme ne gardera pas le souvenir d'un homme malade quand je partirais. Je veux juste qu'elle se souvienne des meilleurs moments... Je veux juste qu'elle puisse se refaire une vie normale sans tout ce qui a un rapport avec ma maladie. Sygrid, s'il te plaît. Je ne suis qu'un simple humain, j'ai jamais rien demandé à personne...J'en ai marre de voir Avalon chercher une solution pour me sauver, il est temps qu'elle passe à un autre chose. »

Oui mais en quoi est-ce que cela pouvait la toucher ? Et surtout, pourquoi prendrait elle des risques pour quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. Sans dire que le Phoenix n'en avait strictement rien à foutre...  si en faite, disons le : le Phoenix n'en avait strictement rien à foutre. Alors ... trouver une raison. Pour Avalon ? C'était vrai que les arguments de Mathis avait du sens quand à la jeune Alchimiste. Mais concrètement, Sygrid avait bien du mal à y trouver une motivation quelconque... Mais justement, c'était pour cette raison qu'elle ne pouvait pas non plus négliger cette demande. M'enfin, si elle se mettre à buter tous les mecs sur le point de caner justement parce qu'elle n'avait pas de lien avec elle et que ça rendait service, elle était bien mal barrée. Bon allez... un effort bon sang ! A ce stade, c'était du bénévolat, de l'humanitaire. Si seulement les hommes avaient tous le courage de se tuer eux même plutôt que demander à une tiers personne ! Elle... elle n'avait fait chier personne. Et trois fois de suite en plus... C'est donc avec un brin d'agacement qu'elle s'adressa au jeune Humain, après un silence de réflexion, puis un soupire de dépit.

« J'imagine que tu as déjà une idée quant à la manière d'opérer ? Comment, et quand cela doit-il être fait ? »

Une manière comme une autre d'accepter. Sygrid n'avait jamais été une grande bavarde, ses mots semblaient souvent rationnés. Il n'y avait que Gabriel pour parvenir à la faire discuter avec plus de passion et d'enthousiasme. Mais Mathis devait avoir comprit qu'elle acceptait de l'aider. A voir à présent, ce qu'il désirait... Pourtant quelque chose sembla la plonger alors dans un état de blasittude intégral, et Sygrid leva un sourcil avant de se reposer contre le dossier de son assise tout en se massant une tempe.

« Et pour Avalon... Il va falloir le lui apprendre. »

Là, c'était le plus drôle. L'étape à ne pas foirer. Et Sygrid espérait alors de tout son cœur qu'elle ne devrait pas le faire elle même. Si Mathis le lui demandait, la Faë assumerait et n'irait pas par 4 chemins avec l'Alchimiste. Mais étant donné son degré d’implication Sygi' espérait que quelqu'un de plus proche d'Avalon s'en charge. Parce que le Phoenix était une bien piètre amie, et n'aurait sans doute pas les mots pour la veuve qu'elle allait faire.

« J'imagine que tu as déjà une idée quant à la manière d'opérer ? Comment, et quand cela doit-il être fait ? » Ainsi, elle venait d'accepter. Je ne suis pas idiot, je n'ai absolument pas besoin d'un grand oui, d'une acceptation officielle, non. Elle acceptait avec un sous-entendu, une manière à elle de plier sans pour autant le montrer. J'appréciais et je respectais ceci. Au fond, nous n'étions pas si différents que ça, enfin, sur certaines points en tout cas. Mais voilà, elle me posait une colle incroyable. Non, je n'avais pas la moindre idée de comment je voulais programmer ma mort, enfin, disons que je souhaitais surtout que ça aille vite et que ça soit sans douleurs. Ben quoi, je ne suis pas sado quand même, inutile de souffrir plus que de raison !

« Uhm...et bien, disons que tu fais ça vite et ça m'ira parfaitement... J'ai déjà tout planifier, j'ai acté mes biens au nom de ma femme, du coup, à ma mort elle possédera tout. Je suis prêt à partir, je suis fatigué et j'ai juste envie d'en finir. »

Oui, je voulais partir maintenant, de suite, pas besoin de vivre un jour ou encore une heure de plus. J'étais prêt, je n'avais pas peur, loin de là... Je souhaitais ce repos éternel qui me serait offert, enfin, je pourrais simplement tomber dans un néant certain. Pour moi, pas de retour en arrière, pas de « autre chose après ». Non, d'ailleurs, Avalon ne m'avait pas parlé des Sidh, du coup, je ne connaissais même pas le fait que la mort n'était peut-être que le commencement de toutes choses. « Et pour Avalon... Il va falloir le lui apprendre. » Je me mords légèrement la lèvre, imitant la femme en face de moi en me massant la tempe. Oui, il allait falloir lui apprendre et heureusement j'avais également pensé à ça.

« Une fois mort tu lui donnera ceci, ou tu lui enverras, tu fais comme bon te semblera. Mais bon, j'aimerais mieux que quelqu'un soit là quand elle lira la lettre, histoire que si elle fait un mal aise qu'elle puisse être prise en charge... inutile qu'elle fasse une fausse couche. »

Je sors une enveloppe de l'intérieur de ma veste, la posant sur la table basse. Elle cachait beaucoup de choses, des phrases d'excuses, des explications qu'elle ne comprendrait sûrement pas. Néanmoins, elle expliquait les raisons de mon choix, le fait que je l'aimais, qu'elle devait prendre soin de notre enfant. Une lettre d'adieu.

Le macabre sur patte semblait vraiment sûr de lui. Serein dans sa décision. Et il y avait de quoi en être affecté, même pour une personne comme Sygrid qui avait un sang-froid sans faille et avait eu, tout au long de sa carrière, beaucoup d’occasions de se blinder. Et pour le coup, le Phoenix était paradoxalement aussi bien un Etre de feu que de glace dans son attitude. L’un n’empêchait pas l’autre, et si elle présentait un aspect très sobre, neutre et parfois même blasé, Sygi restait sensible à l’appel de Mathis. Elle aussi avait souhaité mourir, véritablement, sincèrement. Elle avait vécu des moments plus qu’insupportables avec l’envie profonde de s’éteindre, d’apaiser ses souffrances. Certains auraient jugé Mathis. Lui aurait dit de tenir pour sa femme, pour son enfant à naitre. Mais la Faë savait que parfois, peu importait son entourage, le soutient dont on bénéficiait, il n’y avait pas de solution autre que la mort. « Uhm...et bien, disons que tu fais ça vite et ça m'ira parfaitement... J'ai déjà tout planifié, j'ai acté mes biens au nom de ma femme, du coup, à ma mort elle possédera tout. Je suis prêt à partir, je suis fatigué et j'ai juste envie d'en finir. »

Pour le coup, ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde ! Sygrid le laissa cependant continuer, alors qu’elle se levait en soupirant une fois encore. « Une fois mort tu lui donnera ceci, ou tu lui enverras, tu fais comme bon te semblera. Mais bon, j'aimerais mieux que quelqu'un soit là quand elle lira la lettre, histoire que si elle fait un mal aise qu'elle puisse être prise en charge... inutile qu'elle fasse une fausse couche. »

« Bien, dans ce cas je la lui remettrais en main propre. »

D’avance, elle savait que cela ne serait pas de la tarte. Non seulement elle allait tuer Mathis, mais elle allait très probablement détruire la vie d’Avalon. La vie d’une jeune épouse. L’avantage était que l’Alchimiste n’ignorait rien de l’état de santé de Mathis… Au moins, elle s’attendait déjà à cette issue pour lui ! Bon… c’était une bien piètre consolation pour Sygi qui aurait bien joué les lâches en envoyant le courrier, condamnant le facteur à s’en prendre une en pleine tête. Mais honnêtement, elle n’en avait pas le cœur. Elle irait…

« Je vais me préparer un thé. Je crois qu’à défaut d’un bon verre de vodka, ça soulagera un peu la situation. Je t’en offre un ? »

Mythooooooos ! Car à peine le Phoenix était-il passé derrière le jeune homme, qu’elle attrapa son crâne entre ses deux mains. Un geste rapide, ferme… furtif. A coup sûr, il n’avait rien vu venir. Il n’aurait rien sentit non plus. Sa nuque craqua cruellement, et dans la seconde son corps retomba mollement sur le canapé alors que Sygrid s’appuyait sur le dossier. Voilà, il était mort. Et le Phoenix avait donc un mort dans son salon… super. Si Gabriel débarquait maintenant, elle en aurait sans doute deux.

« Ouais… et bah je suis pas dans la merde encore. Maintenant, le barbecue. »

Oui… elle n’allait certainement pas le garder ainsi ou bien l’enterrer dans parc canin de la Cour. Mathis brûlerait bientôt du feu du Phoenix et il ne resterait bientôt plus rien de lui, que quelques poussières dans le vent. Respectueusement, Sygrid prit la lettre entre ses doigts, pour la ranger en lieu sûr. Puis elle se tourna à nouveau vers Mathis, dont le corps devenait déjà brillant sous les flammes blanches de la Faë.