Le néant s'écrase, de tout son long, s'allonge sur son essence, et fait éclater son âme de toute part. Ici, ailleurs, tout en lui remue par obligation, et il ne peut rien retenir de ce jaillissement soudain. Le tsunami fend ses organes, avale ses os, puis se heurte contre ses muscles. Son sang n'est qu'une vague destructrice, et il sent en lui la puissance qui s'en dégage. L'écho d'un grondement, dans son crâne, lui arrache une grimace. Où est le temps où le monde tournait plus rond ? Où est le temps où il fut heureux ? A-t-il existé, un jour, dans ses plus profonds souvenirs ? Il en doute, soudainement, et le grizzli rage davantage, dans le corps qu'est sa cage. Si l'homme cohabite avec la bête, celle-ci ne demande qu'à émerger, à cet instant précis, alors que le chaos réside en cet être qu'il arpente. Libération potentielle qu'il a trop souvent saisie, alors qu'il marche dans cette avenue qui l'oppresse, il serre les dents pour l'ignorer. Si la symbiose paraît totale, bien des éléments viennent la bousculer, et le bouclier tangue, sous les coups répétés par l'ours déchaîné. Dans son crâne raisonne un cri, il tente de dompter la bête, mais elle est la colère et la haine, et plus il a peur, plus elle prend du terrain.
Il s'arrête contre un mur, et le nom du boulevard lui fait de l'oeil. Il sait qu'il n'est plus très loin de la fin, de cet objectif qu'il s'est fixé en sortant du bar. Là-bas, il y avait cette silhouette, cette beauté charnelle, cet échappatoire qu'il a trop peu souvent délaissé. Il se souvient d'elle et de ses effets, et il regrette soudain de l'avoir laissée prendre possession de lui. Tequila. Une, deux, trois. Pour oublier cette nuit qui a défilé comme un épisode télévisé. Cette femme qui lui annonça la mort. Cette femme qui lui apprit le pire.
« Tu ne sortiras pas, Griz'. Pas aujourd"hui. » .
Pourtant, il le souhaiterait. Pour oublier Diane, pour oublier Valerica. Pour oublier que sa vie et ses méandres sont vains. Pour oublier qu'il est un Homme. Mais il ne peut se résoudre à laisser la bête émerger, parmi cette foule d'inconnus qui vont d'un endroit à un autre. Parmi ces innocents qui virevoltent sans but, ou avec un objectif, mais qu'ils cachent derrière leur muraille. Il ne peut imaginer le Grizzli, ici, au creux de ces regards lancinants, de ces boussoles affolées. Qui pourrait faire face au monstre métamorphosé ? Qui pourrait le dompter autant que lui-même ? Oh, il a bien une idée. Mais là encore, il sait que la solution n'est pas là. Il sait que tout perdra son sens, qu'il y perdra la tête. Il sait qu'il ne fera que laisser davantage de terrain à la bête. Alors il s'accroche, jusqu'au gigantesque bâtiment. Les étudiants le regardent comme les civils avant eux. Il n'y prête pas attention. Ce qu'il faut, c'est accélérer le pas. Ce qu'il faut, c'est se concentrer, se contenir, respirer, ignorer. Mais il sait qu'il ne pourra le faire très longtemps, s'il est aveuglé par le chagrin et la colère. Alors il ne pense plus. La seule chose qui lui apparaît est cet objectif, cette porte, cette femme.
Deborah. Lorsqu'il l'aperçoit, entre deux rangées de bibliothèque, il s'effondre. Elle a toujours eu cette énigmatique influence sur lui. Elle est sa chute, la seule qui puisse, en un instant, le soulager de tout ce poids, toute cette honte. Dans ses yeux, il est Juif-Juif, mais il est fier de l'être. Dans ses yeux, il se voit torturé en Afghanistan, et il accepte la douleur. Dans ses yeux, il est l'homme, il est le Grizzli. Il n'est plus n'importe qui. Il est Jay, elle est Deborah. Et ensembles, ils semblent former une symbiose extraordinaire. Elle la seule, ici, la seule qu'il voit comme son amie. Des années ont eu raison de leurs barrières respectives, et ils ont fini par se vouer une confiance sans borne. Car si le temps ne fait parfois pas tout, ici, au contraire, il fut leur allié. Son regard, enfin, se détache de ces pages qu'elle admire comme un trésor, et croise le sien. Il sait qu'elle comprend tristesse, désespoir, détresse, affliction. Il sait qu'elle voit tout, et qu'elle sait tout. Il s'accroche à cette rangée, cette bibliothèque obèse qui le maintient encore debout.
Messages : 79 Je suis arrivé(e) le : 27/05/2016 Sous les traits de : Aaron Johnson Je me dédouble : Sophie la Pixie Pseudo : 3/4 Licorne Crédits : Mon ordi de love & Tumblr/Giphy[gif) Points : 425 Couleurs RP : #018A7F
J'ai : 29 Je travaille comme : Barmaid au Blue Devil Actuellement, je suis : Célibataire Niveau social : Normal, voir ennuyant.
★★★
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IT'S OVER
Dim 19 Juin - 17:29
Between Row of Despair
Deborah VS Jay
Chromatics - Tick Of The Clock
Une queue de cheval derrière la tête, un chemisier blanc, une jupe fuseaux grise et des lunettes de lecture au bout du nez, Déborah avait adoptée le look de la parfaite bibliothécaire. Probablement une des raisons qu’elle faisait aussi bien son boulot. Discrète, efficace et surtout prête à remplacer n’importe quels employés n’importe quand, la blonde quadragénaire était appréciée professionnellement.
Personnellement, c’était une autre histoire.
Elle préférait de loin être appréciée pour ses qualités professionnelles que pour son manque d’aptitude à s’ouvrir à autrui. En plus d’avoir à constamment mentir sur son identité pour leur survie, faire semblant que tout va bien pour l’instant la faisait chier. En plus du voile sur la nature supernaturelle que la famille Armstrong avait si bien levé, au point de passer une pour une famille normale en Irlande, l’idée de se dévoiler à trop de gens la rebutait.
Et s’il fallait tout recommencer ?
C’est l’odeur de la téquila qui attira d’abord son attention, suivit de la vibration de l’étagère devant elle. Soudainement courroucé par la présence instable d’un tel énergumène dans SA bibliothèque, Déborah se retourne, prête à faire un sermon, le rouge au joue, frustrée et à deux doigts de bondir sur sa proie.
Au bout de la rangée, l’ombre d’un berserker. Contrairement à toute ce qu’elle pensait sur le dévoilement personnel, celui-ci, elle avait appris à bien connaître depuis un moment. Son regard se perdit dans le sien l’espace d’un instant et elle démontât immédiatement de ses grands chevaux, changeant complètement d’attitude sans pour autant défroisser ses sourcils froncés.
- Dans quel état tu es… ? Trouves t’elle d’abord à dire, sur un ton fémininement désapprobateur du taux d’alcoolémie de Jay. Qu’est-ce que je fais si je dois cacher un grizzli, soudainement ? Tu imagine les médias ?
Mais forcé de le dire, son état l’inquiétait aussi. Autant qu’elle avait apprit à le connaître, autant qu’il avait été de bon conseil ou un soutint apprécié. Il était en paix avec son totem même si le reste de son existence était voilé par de sombre décision.
De plus, Jay avait le défaut d’être un berserker. Son alter-ego répondait fort à la présence de celui-ci. Le cougar en Déborah ronronnait malgré elle. Prête à attaquée, ou séduite, elle ne préférait surtout pas le savoir pour le moment. Jay était à la fois un point utile dans sa vie mais aussi un homme dangereux pour elle. La tentation latente l’était de moins en moins sous la perte lente du contrôle de son alter-ego… mais ça, elle ne le dira à personne.
- Viens, suit moi.
Sans lui donner le choix, Deborah l’attrape par le bras et d’un petit pas rapide (aussi rapide qu’elle pouvait avec l’ours soul) et silencieux, elle se dirigea vers une porte écrit « Réservé au personnel seulement ». Les bips d’un code secret entré dans un dispositif de sécurité puis le son d’une serrure qui s’ouvre ; Ils se retrouvèrent en moins de deux dans une grande pièce avec plein d’étagères qui monte jusqu’au plafond. Des livres, des documents, des meubles à tiroir large, des cartons remplit de papier, quelques bureaux avec lampe de lecture et d’énorme fenêtre qui donnait vers l’extérieur.
C’était un peu comme la salle aux oublis et consultation de ceux-ci. Le staff aimait bien aller profiter des grandes fenêtre l’hivers mais sinon, c’était un endroit silencieux ou seulement le vrombissement de l’échangeur d’air de la bibliothèque se faisait entendre.
Deb poussa Jay vers une chaise à roulette, le força à s’asseoir et alla chercher une bouteille d’eau dans un petit réfrigérateur caché dans le fond de la pièce.
- Bois ça.
Elle attendra qu’il obéisse avant d’ajouter :
- Que ce passe t’il, Jay ? Je ne t’ai jamais vu aussi… Deborah pousse une longue inspiration, comme si elle pouvait renifler sa tristesse et son désespoir puis, d’un bon léger, s’assoit sur le bureau devant lui : - …aussi déstabilisé.
Ça ne lui disait rien qui vaille, que la bête devant elle, le seul truc qui lui semblait vrai ces temps-ci, soit entrain de vaciller.
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Ven 17 Juin - 10:06
