Histoire
Citation
10 ans :Je marchais tout doucement, de peur que mes pieds fassent du bruit sur le plancher. Je progressais doucement, plissant les yeux, scrutant dans le noir comme un animal qui attendait de se faire attraper par un prédateur. Mais je n'y voyais pas grand chose, la seule chose que je pouvais voir c'était du noir et encore du noir. Impossible de voir plus loin que le bout de mon nez. Mes mains s'étaient naturellement dirigé devant moi, tâtonnant le vide pour éviter de trébucher et de tomber, chose qui aurait été fatale pour moi. Ma main droite tâtonnait le mur, tantôt fébrile tantôt plus délicate. Je connaissais le chemin, mais c'était plus fort que moi, le noir avait le don de m'angoisser. Mais je devais y arriver, je n'étais plus loin je le savais. Le tout était de ne pas faire de bruit, si j'alertais les parents, j'allais me faire punir, c'était certains. Je m'appliquais à bloquer mon souffle après chaque inspiration, pour que réguler ma respiration. Lente, lente. Ne pas faire de bruit. Être silencieuse. Je devais être silencieuse. Je devais être discrète. Quand ma main finit par rencontrer une poignée de porte, je me sentis incroyablement rassurée. J'y étais arrivée. J'ouvris doucement la porte. J'entrais en douceur et fermais la porte sans faire de bruit. Je m'approchais du lit sur la pointe des pieds et me glissais à l'intérieur. Immédiatement de senti le corps rassurant de mon frère. Je me blottis contre lui comme si c'était une peluche grandeur nature. Eros grogna avant de se retourna.
Adria ? Tu n'arrives pas à dormir ? Dit-il entre deux bâillements. Je me blottis un peu plus contre lui avant de hocher de la tête pour répondre par la positive. Il bailla une nouvelle fois avant de m'entourer de ses bras.
Tu sais il faudrait arriver à dormir dans ton lit un jour. Oui, je devais bien avouer, mais je n'avais pas envie, pas envie d'être seule. Pas envie de penser à tout ce qui pouvait m'attendre. Tout ce qui me faisait peur.
Eros ? Oui p'tite sœur ? Mes doigts se refermèrent sur le haut de pyjama de mon grand frère.
Tu m'abandonneras pas hein ? A peine eus-je dis ses mots qu'un frisson me traversa la colonne vertébrale de haut en bas. Cette idée me faisait peur: rester seule avec mes parents, subir les traitements qu'ils faisaient subir à Eros... je ne pourrais jamais le supporter. Je n'étais pas mon frère, j'étais plus faible... je le savais bien. Je sentis les lèvres de mon frère se poser au sommet de mon front.
Je serai toujours là pour toi p'tite tête. 14 ans : Je respirais bruyamment. Le rythme était trop soutenu. Trop pour moi. Ma respiration n'arrivait plus à retrouver son cours. Et... mince je n'eus pas le temps de me poser à nouveau que les prochains coups étaient en train de fuser. J'esquivais le premier, le second m'atteins au niveau de l'avant bras. Mais ma garde ne pu contenir le choc et céda sous la force de l'impact. Le suivant alla s'abattre sans la moindre pitié sur ma joue. Il n'y était pas allé de main morte. Je fus propulsée au sol comme un vulgaire pantin, une poupée faite de chiffon. La douleur s'était répandu dans toute ma mâchoire. Je posais ma main dessus, comme si cela avait une chance d'atténuer la chose. Rapidement un goût de fer empli ma bouche... accompagné par une sensation désagréable de chaleur liquide. J'entrouvris les lèvres et passa mes doigts dessus. Je saignais. Bordel. Cet entrainement était vraiment dur. Mais alors que je pensais que la pause avait été donnée, je reçus un coup de pied dans le ventre. BORDEL DE MERDE. Mon souffle fut complètement coupé. Je posais mes mains sur mon estomac pour le protéger en vain. Mes larmes commencèrent à perler à mes yeux.
Stop stop. Et tu penses vraiment que ton ennemi s'arrêtera si tu lui demandes gentiment. Je gémis alors que je recevais un second coup. Je roulais sur le ventre, recroquevillée comme un animal en détresse. J'entendis la voix soupirer.
Tsss. Si tu es incapable de résister, tu sauras incapable d'utiliser ton pouvoir comme il faut. Tu es aussi faible que ton frère. Mes poings se serrèrent. T'avais pas le droit de parler d'Eros. Tu n'avais pas le droit de parler de lui. Je relevais alors les yeux et me redressais comme je pouvais. Je devais y arriver. Je devais me faire violence. Etre plus forte. Être la fille que mes parents voulaient que je sois. Je n'avais pas le choix, j'étais dos au mur. Eros était libre, mais moi... moi j'étais loin de l'être. Alors je subissais les entrainements de mon père, les cours de ma mère. Je devenais cette gamine parfaite qu'ils voulaient que je sois. J'en étais capable.
18 ans :Je jetais un coup d'œil dans le miroir. J'eus du mal à me reconnaître. J'étais.... belle. D'habitude, j'étais du genre à ramener mes cheveux en couette, à ne pas porter de maquillage, ce genre de conneries. Mais aujourd'hui.... j'avais l'air d'une femme. C'était comique quand on pensait que je venais à peine de fêter mes dix-huit ans. Mes doigts voulurent frôler ma joue avant de me raviser. Je ne voulais pas gâcher le travail qui avait été effectué pour le....
grand jour. Ma mère était plus heureuse que moi – sans surprise – et plus stressée – ce qui était surprenant ça par contre. Je baissais les yeux. Putain. Qu'est-ce que j'étais en train de foutre ? Je pouvais.... je pouvais fuir. Alors pourquoi je ne le faisais pas ? Je pouvais rejoindre Eros, loin de toute cette folie ? Alors pourquoi étais-je en train de me gâcher la vie pour mes parents ? Pourquoi avais-je accepté ce mariage arrangé ? Je serai les dents. J'étais devenu cette parfaite petite fille. L'héritière que mes parents avaient toujours voulu. Ils m'avaient choisi cet homme, fils d'une éminente famille d'alchimiste Enzo Ortiz. Cet homme qui était capable donner vie à tout ce qu'il pouvait imaginer. Ma mère m'avait vanté les mérites de ce jeune homme qui était à peine plus vieux que moi. Sa famille, nos patrimoines génétiques qui seraient parfaitement compatibles. Il était parfait pour moi, pour la famille. Voilà ce qu'il fallait retenir.
Se marier. Bien évidement, je savais que ça finirai par arriver. Je savais que mes parents finiraient par m'imposer un homme. Je n'avais pas le choix. Je n'avais plus le choix. J'avais perdu toute ma volonté. Je ne vivais plus que pour être ce que les parents voulaient que je sois. Je pensais à Eros. Si seulement j'avais eu le courage de tout lui raconter. Mais voilà. Ce courage, il s'était fait la malle. Quand je parlais à Eros au téléphone, je ne lui racontais presque pas ce qu'il se passait. Au bien sur, je ne pouvais pas lui mentir, mais j'omettais les détails.... les détails très importants. S'il avait fuit cet endroit, ce n'était pas pour revenir... il n'avait pas à subir ça a cause de moi. Alors c'était pour ça qu'aujourd'hui j'allais finir devant cet autel. Devant cet homme. Je prononcerai sans hésiter ces quatre putain de mots qui allaient définir la fin de ma vie.
Oui, je le veux. Je serai maintenant Madame Ortiz, quelle blague de merde.
25 ans :Je m'étirais longuement. Je me sentais bien. Je me sentais tellement. C'était la première fois depuis longtemps que je n'avais pas autant apprécié un instant aussi simple. Je souris en entendant la respiration à coté de moi. J'étais folle, j'étais vraiment folle à lier. Je savais bien. Tout ce qui ce qu'il passait ici finirait par me retomber sur le coin de la gueule, mais je n'en avais rien à faire. A cet instant, je ne m'étais jamais sentie aussi en vie. Pour une fois je pouvais être moi, pas celle que mes parents voulaient. J'étais Adria, simplement Adria. Je n'étais pas Madame Ortiz. Je me retournais et admirais l'homme qui était assoupi à coté de moi. Le sourire sur mes lèvres grandit. Il était si beau quand il dormait, presque mignon. Je finis par me rapproché doucement de mon amant et je laissais allé contre le torse de celui-ci. Je pouvais nettement entendre son cœur battre. Son cœur d'humain. Mes doigts glissèrent distraitement sur sa peau, suivant le dessin de sa musculature. Humain. Mes pouvoirs ne servaient donc strictement à rien sur lui. Et autant dire que l'idée de couche avec une être humain était parfaitement indécente, inconcevable , impensable et tout un tas d'adjectifs commençant pas « in » ou « im » pour ma famille. Je m'arrêtais net en sentant un un mouvement imperceptible sous mon corps. Je relevai le visage pour voir le jeune homme ouvrir les yeux.
Tu es réveillée depuis longtemps ? Dit-il juste avant de bailler. Je ris légèrement, il était vraiment mignon.
Non, depuis.... dix minutes je dirai. je fermai les yeux alors que je sentis ses lèvres se poser sur mon front. Je le regardais tendrement, je savais bien que je rêvais, que ça ne pouvait pas durer. Mais pourtant je me sentais si bien que je voulais rester dans ce lit éternellement.
Hier c'était... Je sais, coupais-je avec un petit sourire.
Je ne savais pas que c'était ton délire de te taper une femme mariée Esteban. Il prit un air faussement choqué. Avant de rajouter avec un sourire qui puait le sarcasme à plusieurs kilomètre à la ronde.
Mais je ne savais pas que l'adultère te plaisait, sinon tu ne serai pas revenu me voir. Je donnais un coup de coude dans les cotes d'Esteban pour contesté alors que lui était en train de rire à gorge déployé. Je finis par m'installer à califourchon sur lui et attraper ses poignets pour le bloquer. Mon ami, je le connaissais depuis mon enfance. Mes parents m'avaient interdit de lui parler à cause de sa race « inférieure » mais il fallait croire que j'avais encore un reste de rébellion en moi. Esteban cessa de s'agiter et je lâchais ses poignets. Il finit par se redresser pour poser ses lèvres sur les miennes.
Adria... je... Je sais... moi aussi. Quelques secondes se passèrent dans les silence le plus total. Je nouais mes bras dans son dos.
Mais tu sais... Ma famille... Je m'en tape Adria. Je t'aime, c'est tout. Je souris, bordel. J'étais dans la merde. Amoureuse de mon ami humain. Sur l'échelle du plan de merde, j'avais une note record. Je le savais bien. Mais ces quelques mots avaient suffit pour me faire totalement chavirer.
T'es vraiment chiant Esteban.28 ans : Je regardais à droite et à gauche. Trop stressée. Je savais bien que je n'avais que très peu de temps. Nous allions devoir bougés rapidement. Il le fallait sinon nous étions foutus. Mes mains tremblaient alors que je composais le numéro de téléphone aussi rapidement que je le pouvais. Nous n'avions pas de temps à perdre. Putain. Je devais me concentrer pour ne pas faire d'erreur sur le clavier du téléphone. Respire Adria putain. Respire. Tout allait bien se passer ou presque. La sonnerie retentit dans mon oreille. Une fois. Deux fois. Trois fois. Une quatrième.... BON SANG REPOND ! GRAND-FERE ! Je soupirais de soulagement quand j'entendis sa voix.
Eros ! Je suis contente de t'entendre ! T'es ou ? Bonjour mon cher frère. Comment va... Putain Eros. Pas le temps pour ça. J'ai des emmerdes. J'ai besoin de toi. Urgemment. Il s'arrêta quelques secondes comme s'il avait reçu une claque. Il fallait dire aussi que je n'étais pas du genre à appeler pour des soucis, c'était une première.
Qu'est-ce qu'il t'arrive sœurette ? Son ton était devenu tout de suite plus sérieux.
Trop long à expliquer. Tu pourrais faire quitter le pays discrètement à trois personnes ? TROIS ?! Deux et demi, j'en ai une dans mon ventre. Adria tu... Oui, t'as compris. T'inquiète sœurette, je gère. Et j'espère que c'est un homme respectable ou... Eros, on a pas le temps pour ça. Je t'aime. Moi aussi petite cachotière !28 ans: Je frissonnais. Fichu pays glacé. Fichu pays vert. Je regardais le paysage par la fenêtre. L'Irlande. Je me demandais encore pourquoi mon frère était venu s'exiler ici. Je me retournai alors vers la cheminé, cachée sous mon plaid, j'arrivais encore à avoir froid, même avec la cheminée. Il fallait croire que je n'étais pas faite pour ce climat.... mais pour rien au monde je n'aurais voulu retourner au Chili. Je passais les main sur mon ventre était redevenu plat. Incroyablement plat. Dire qu'il n'y avait pas si longtemps que ça, il y avait encore un petit etre qui était en train de grandir en dessous. Le fils ou la fille d'Esteban. Cette simple idée fit remonter un sanglot dans ma gorge. Enzo m'avait laissé une superbe cicatrice sur mon ventre, connard. Je me recroquevillais alors que je laissais les larmes rouler le long de mes yeux. J'avais l'impression d'avoir tout perdu. Eros m'avait sauvé de cet enfer mais trop tard. Ils nous avaient retrouvés. Ma famille nous avait retrouvé et la sentence fut.... terrible. Esteban était mort sous mes yeux, exécuté comme un animal. Et je fus battue jusqu'à perdre mon enfant.... et si Eros n'était pas intervenu il y avait de forte chance pour que je sois plus de ce monde témoigner de ça... Enfin, vu mon état j'aurais presque aimée ne pas être sauvée. De nouveau sanglots agitèrent mon corps, juste avant d'être rappelé à l'ordre pas une douleur qui traversa d'un coup sec. Tel un coup de fouet qui me rappelait les bons traitements de mon cher et tendre époux. Je sursautai en sentant une main se poser sur mon épaule. Je me retournais et vis mon frère. Je cachais immédiatement mon visage totalement mouillé. Les bras d'Eros vinrent m'entourer. Comme je m'en voulais de lui infligé ça. Lui qui était heureux avec sa femme, voilà qu'il avait un boulet à trainer maintenant. Je me laissais allé dans ses bras, faisant taire mes idées sombres, je ne voulais pas plus l'accabler. Il n'avait pas besoin de plus s'inquiéter pour moi.
31 ans : Je soupirais. Non sérieusement. J'avais une famille de merde. Sérieusement, mise à par mon frère.... j'avais clairement été arnaqué sur la marchandise. Je soupirais, se découvrir de la famille à Ottawa ça avait été surprenant quand même. Ainsi avec Eros nous avions trouvé les Deslauriers et putain, c'était quoi ce nom à coucher dehors ? Des lauriers, et puis quoi encore Du cannabis ? Enfin bref. Et visiblement ils avaient l'air aussi particuliers que nous, il fallait croire que c'était le coté guyanais qui faisait ça. Le pire dans cet histoire, c'était qu'on se retrouvait avec un gosse à charge. Putain merci la famille hein. En plus de nous léguer une histoire de famille tirée par les cheveux, on donnait la charge d'un gamin de 17 piges. 17 piges. L'age ingrat. Bref, Willow & co nous avait demandé personnellement de prendre soin de son fils... parce qu'ils e barraient. Bref nous étions les nounous quoi. Super, déjà qu'on était dans un pays froid, mais en plus, on avait un adolescent à gérer. Super. Vraiment.
Eros, ça sent le plan de merde vraiment. Mais je ne pouvais pas lâcher ce gosse, après tout, il faisait partie de la famille. Ahhh, fais chier. J'allais devoir me taper un second gosse à surveiller, comme si Eros ne suffisait pas... Enfin au moins, je n'allais pas m'ennuyer.
AUDE alias XeletteT'as besoin que je répète ?