Histoire
Quand la famille se défait, la maison tombe en ruine.
Je suis née et j’ai grandi à Toronto. Mes parents sont comme moi. Ou plutôt je suis comme eux : une Berserker, un guerrier-animal, créé par les alchimistes au temps des vikings il y a de cela plus de 1500 ans. Toute ma vie, j’ai été éduquée, guidée, pour devenir ce que je suis. Mon père m’a appris à gérer ma force, mes instincts. Ma mère m’enseigna la patience, l’observation. Ils m’aidèrent à trouver ma place en ce monde, dans cette société et ce ne fut jamais chose aisée. Mon caractère entier ne m’aida guère à me faire des amis. Ça ne m’a jamais dérangée. Des amis, je n’en ai pas besoin, je me débrouille très bien par moi-même. Je venais d’avoir quatorze ans lorsque j’ai transmuté pour la première fois. Je rentrais tard d’un entrainement sportif à l’école. J’avais prévenu mes parents que je rentrerai tard, qu’ils ne viennent pas me chercher. Je voulais me prouver à moi-même que j’étais capable de prendre ma vie en main, sans avoir toujours les parents sur le dos. Ma mère a eu du mal mais mon père a accepté. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas pris le même chemin que d’habitude. En descendant du bus, je suis partie dans la mauvaise direction et je me suis retrouvée dans un quartier que je ne connaissais pas, et apparemment craignos. Sur le coup, je n’avais pas peur, j’étais surtout poussée par la curiosité. Ils sont sortis d’une rue mal éclairée entre deux immeubles, vestes en cuir, couteau à la main, mines patibulaires. L’un d’eux ne cessait de se passer la langue sur les lèvres. Il me donnait envie de gerber. J’avais des frissons sur les bras, je sentais quelque chose me picoter à la nuque. J’étais en danger. A mesure qu’ils avançaient vers moi, me demandant ce que je faisais là, comment je m’appelais, si je ne voulais pas jouer avec eux. J’avais de plus en plus chaud, j’entendais mon cœur battre vite à mes tempes. Ils me barraient la route, si bien que je ne pouvais continuer mon chemin. Je devais les contourner ou faire demi-tour. Au moment où je faisais un pas dans leur direction, une douleur fulgurante me prit à l’échine et je sentais qu’il se passait quelque chose en moi. Dans un hurlement de douleur, j’ai senti des griffes me pousser allongeant mes doigts, mes canines s’allonger pour devenir des crocs, mon crâne se modifier pour changer de forme et je ne sais pas trop à quoi je devais ressembler à ce moment-là. Je ne cherchai pas à comprendre, laissant les types à leur perplexité et leur terreur pour prendre mes pattes à mon cou et partir. Je ne sais ce qui serait arrivé si la louve n’avait pris le contrôle à ce moment, mais je sais qu’elle me sauva la vie. Il me fallu plusieurs heures pour retrouver le chemin de la maison, car je crois avoir hésité à rentrer à ce moment. Je savais que maintenant que j’avais transmuté, mes parents, fiers de moi, ne me lâcherai plus d’un coussinet. Ce n’est jamais très clair dans la tête d’un ado. Et puis comme si mon père avait senti ce qui venait de se passer, j’entendis un puissant hurlement, comme pour me guider jusqu’à la maison. Le louvard accepta l’appel du mâle alpha et reprit le chemin de la maison.
Je redevins l’adolescente que j’étais. Mais je ne fus jamais vraiment la même depuis ce jour. Ayant découvert, ou plutôt accepté, qui j’étais vraiment, et celle qui se terrait au plus profond de moi depuis ma naissance, il me fallait apprendre à la connaître, la maîtriser. Mais je ne voulais pas lui mettre une laisse et une muselière. Je voulais être libre. Je voulais qu’elle le soit également. Nous allions devoir apprendre l’une de l’autre, pour vivre en harmonie. La vie reprit son cours, même si je n’étais plus vraiment l’Alrun que mes parents avaient connus. J’étais plus sauvage, plus solitaire, plus agressive.
J’étais moi.
Je préférais aller courir et me battre, plutôt que réviser pour le diplôme de fin d’année.
Je cherchais à atteindre ce niveau de stress et de peur qui me permettait de transmuter et d’atteindre la Fureur. Je découvris bien vite que le feu m’y aidait alors je m’exposais au danger dès que je le pouvais. La louve prenait alors le dessus et je continuais à courir, mi humaine, mi animale, encore à mi chemin de celle que j’étais vraiment, affrontant chaque fois la douleur physique et mentale que la transformation provoquait. Puis soudain, la louve cessa de jouer, et je ne comprenais pas ce qui se passait. Je fus en colère contre elle qui ne voulait pas m’écouter. Contre moi qui ne parvenait pas à contrôler mes états d’âme.
Je passais de petits boulots en petits boulots, incapable d’en garder un plus de quelques semaines. Mes parents se désespéraient de mon comportement et ne me comprenaient plus. Je ne leur demandais pas leur aval. Ils avaient leur vie, j’avais la mienne. Je savais qu’ils n’étaient pas amoureux l’un de l’autre, et que c’était cette foutue Reconnaissance qui les forçait à rester l’un près de l’autre, jamais trop éloignés. C’était elle qui les avait forcés à m’avoir. Je soupçonnais parfois ma mère de ne pas m’aimer, pas autant qu’elle le disait. Elle n’avait jamais eu d’autres enfants, alors je ne faisais pas de crise de jalousie, et peu m’importait qu’elle m’aime ou pas, finalement. On se protégeait parce que c’était ce que notre instinct nous dictait, c’est ce que nous loups voulaient. Mon père, en revanche, c’était autre chose. Je lui vouais une véritable admiration. Je voulais lui ressembler, avoir son charisme, sa force. Je lui enviais son amour pour la vie, pour les autres. Mais je ne lui arrivais pas à la cheville. Un jour je le surpris à pleurer, en silence. Je voyais ses larmes couler, son dos voûté. Je demandai alors à ma mère une explication. J’avais vingt-quatre ans et je pensais tout connaître de la vie. Je pensais être forte, et blindée contre tout ce qui pouvait m’arriver. Comme je me trompais.
-Ali, il y a quelque chose que tu dois savoir.
-Houla, je dois avoir peur ?
-Non, c’est juste… je ne sais pas si tu comprendras.
-Bah explique toujours.
Ma mère hésitait. Je ne l’avais jamais vu avoir moins que super confiance en elle. Je n’avais jamais vu mon père pleurer non plus. Que se passait-il, bon sang ?!
-Tu te rappelles, quand tu avais à peu près sept ans, j’avais pris du poids…
-Oh oui, je me rappelle ! Ton ventre était énorme, on aurait dit que tu avais bouffé un œuf de dinosaure… Tes bras et tes joues avaient gonflé aussi, un truc de fou.
-Hum, oui… et bien, il y avait une bonne raison à cela.
-Tu as vraiment avalé un œuf de dinosaure ???
J’étais comme ça, dans les moments où il fallait être sérieux. L’humour m’aidait à ne pas péter un plomb. Ma mère soupira et je redevins sérieuse, puisqu’apparemment c’était important.
-Non, tu n’as pas avalé un œuf de dino. Alors, qu’est-ce que c’était ? Tu étais malade ? Une allergie peut-être ?
-Non… quoi que, j’aurai préféré. Enfin… Ali, tu ne te doutes pas, maintenant que tu es adulte, et que tu es au courant des choses de la vie ?
-Bah non, désolée, je ne lis pas dans tes pensées.
-J’étais enceinte, Alrun !
-Oh… fut le seul mot que je pus sortir à ce moment-là. Et je n’étais même pas au bout de mes surprises. Ma mère soupira, jetant un regard désolé vers la chambre où mon père s’était enfermé. Je le soupçonnais d’avoir fusionné, et de s’être roulé en boule dans un coin de la pièce.
-Et alors ? je demandai à ma mère, histoire d’en savoir plus. Le bébé avait dû mourir, puisqu’on n’en avait jamais rien su avec mon père. Je ne voyais pas d’autres solutions. Il est…
-ELLE… elle est en vie. Du moins je pense qu’elle l’est. J’ai accouché sous x. Je ne voulais pas de cet enfant, ça n’a jamais été au programme. Tu n’étais pas prévue non plus…
Je me levai subitement, comme piquée par une guêpe, avec cette désagréable boule au ventre et cette sensation de ne pas être à ma place.
-De qu… qu’est-ce que tu veux dire ?
-La Reconnaissance, chérie, ce n’est pas… ce n’est pas une chose qu’on recherche, tu sais. Ça te tombe dessus et tu n’as pas vraiment le choix. Ton père a toujours accepté ça, et je crois même qu’avec le temps il a appris à m’aimer, à sa façon, mais moi je n’ai jamais pu. L’instinct de ma louve m’a poussé dans ses bras plus d’une fois, c’est vrai, et l’animal a pris le dessus, mais… je n’ai jamais… j’ai toujours…
-Tu ne vas pas me dire maintenant que tu as vécu ça comme un viol ?! Je t’interdis de me sortir cette excuse bidon ! Et cette…
Je ne pouvais me résoudre à l’appeler « sœur ». J’étais trop choquée. Je sentais ma louve grattait sous la peau, comme un animal sauvage en cage qui cherchait à sortir. La maintenir à l’intérieur devenait de plus en plus difficile, maintenant que je lui avais laissé d’être libre régulièrement.
-Est-ce que tu lui as donné un nom au moins ? Est-ce que tu t’es inquiétée de savoir où elle irait ? Dans quelle sorte de famille elle grandirait ? Est-ce que ça t’a importé ne serait-ce qu’une seconde ?
-Ali, c’est compliqué.
-Non… non non non ! Tu n’as pas le droit ! J’ai une sœur, là quelque part, qui se demande qui elle est, qui est un Berserker en puissance et qui ne le sait peut-être même pas, et qui ne saura pas comment réagir le jour où elle laissera la Fureur l’envahir ! Tu es complètement… Tu es irresponsable !
Je me détournai d’elle après avoir lâché cela, et je me dirigeai vers la chambre de mes parents. J’entrai et trouvai mon père fusionné, effectivement recroquevillé dans un coin sombre de la pièce. Je laissai la louve sortir, car elle seule saurait comment consoler la peine de l’autre et je m’allongeai contre lui, mon corps secoué de légers tremblements, comme un chiot apeuré. De légers gémissements sortaient de ma gorge. Je ressentais sa peine et la trahison. J’étais en colère.
J’avais une sœur, quelque part dans ce monde de fous et qui sait ce qu’elle avait vécu jusqu’à ce jour.
Quelques jours plus tard, je partais de la maison, incapable de supporter d’avantage de voir ma mère avec ses remords, et mon père avec sa peine. La louve ne le supportait pas plus que moi. Je voulais me rendre à Québec. Je ne sais pas pourquoi, je sentais que c’était là-bas qu’il fallait que j’aille. En tout cas je devais aller vers le nord et loin d’ici. Mais je n’avais pas assez d’argent pour le voyage, une semaine plus tard j’étais toujours coincée à Ottawa et je cherchais du boulot. Je fus serveuse, ouvreuse, barmaid et même stripteaseuse une fois. Je me rendis compte que mon corps plaisait et qu’avec, je pouvais me faire un max de thunes. Finalement je décidai de rester. Mais la louve, elle, voulait se remettre en route. Il fallait que je lui trouve une occupation pour qu’elle me fiche la paix. Au bout d’un mois, je fini par me tailler une petite réputation et on me réclamait moi spécialement pour les clients spéciaux. Il me fallait absolument trouver des combats de rue, et pas n’importe lesquels, car sinon, la louve se manifesterai quand il ne le fallait pas, sur les genoux d’un riche client, et ça pouvait faire tâche… sans mauvais jeu de mots.
Je fis la connaissance d’un berserker un soir, un client. Il aimait bien discuter, et il aimait bien que les filles qu’il payait aient un peu d’esprit. Alors, on a discuté. J’ai dansé. On a bu. Et j’ai fini par apprendre que des combats de berserkers se déroulaient ici aussi à Ottawa, et qu’on pouvait se faire par mal d’argent en pariant. Je lui avouai préférer me battre que parier et il rit au début. Devant ma mine sérieuse, il m’invita à me présenter à un type, à une adresse. Depuis, ma louve me laisse tranquille quand je danse, et je la laisse tranquille quand elle combat. On fait la paire. J’assure un max.
Mais il y a toujours cette histoire de sœur qui me poursuit. Et je n’ai pas cessé de la chercher depuis ces dix dernières années. Je n’arrêterai pas, ou seulement le jour où je verrai son corps froid. Elle est ma chair, mon sang et je dois la protéger. Je sais qu’elle a besoin de moi et qu’ensemble on fera des choses extraordinaires.
Encore un peu de patience, petite sœur, j’arrive.
RebelzSi les personnages sont appréciés, leurs créateurs ont aussi vachement la classe ! Ici, c'est ton territoire à toi, où tu vas pouvoir nous dire un peu qui tu es =) A toi de voir ce que tu as envie de nous dévoiler (a) Mais dites nous au moins où vous avez connu le forum ! Hello les genssss, moi c'est Rebelz, j'ai 30 piges et si je suis là c'est grâce à Melkin et Livia (Mara la Stryge et Merry la louve). Je fais du rp depuis... pfiouuu au moins tout ça ! En moment j'ai envie de m'y remettre, comme ça fait un bout de temps, mais autant vous prévenir j'ai une vie avec un bébé, donc je ne réponds pas forcément tous les jours. Mais je ferai mon possible pour être présente et de prévenir en cas d'impossibilité, promis