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Il va falloir que tu m'expliques. » Alan

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Il va falloir que tu m'expliques. » Alan EmptyDim 13 Mar - 20:06
Alan & Hécate



Le visage des cadavres me hantent la nuit. Ces choses qui s’appellent des Stryges, des créatures aux ailes et dents lacérées m’ont volé les rêves que je faisais autrefois et qui me mettaient de bonne humeur le matin pour les remplacer par du rouge sang sur le sol, des yeux d’êtres innocents, restés ouverts suite à leur passage meurtrier. Ce qui s’est passé cette soirée, je n’arrive pas à l’oublier. Je fais en sorte que ça passe bien, en apparence, qu’Oreste ne s’en fasse pas trop à mon sujet, mais lui-même est témoin que ça ne va pas. Je trouve refuge dans ses bras la nuit, mais il me sent gigoter, être effrayée et plusieurs fois, il est obligé de se réveiller en pleine nuit pour me réveiller ensuite, en douceur et me reprendre dans ses bras pour me rassurer. Je n’ai jamais autant ressenti de peur que maintenant. Il n’y a qu’en pleine journée où ça va plus ou moins et dès que le soleil se couche pour laisser placer à la lune, la nuit, mon cœur se resserre. Si avant, ça m’apaisait, à présent, je n’aime plus piétiner dans l’obscurité et je déteste ça, cette prise qu’ils ont sur moi qui suis pourtant une battante. Je me retrouve en position de faiblesse.

La respiration rapide, je m’arrête avec l’étui à violon entre mes doigts qui se crispent dessus et observe les alentours, les murs de l’Opéra Lyra. C’est à l’extérieur que j’ai fait la rencontre d’une hallucination, qui, je croyais, était dans mon imagination. Maintenant, je ne sais plus qu’est-ce que je dois croire. « Alan. » dis-je, dans un murmure, observant autour de moi, par peur que quelque chose se pointe. La solitude, c’est pire. Etre humaine dans un monde que je ne connais finalement pas si bien l’est pire que tout. « Alan ! » m’exclamé-je, en faisant un tour sur moi-même, avant de crier : « ALAN ! » Je l’appelle, espérant qu’il m’écoute, qu’il m’entende surtout. « Je sais que tu es là. » J’ai tant à lui dire, des choses qui me sont personnelles, d’autres pas. J’ai envie de me blottir dans ses bras, de le revoir, de me souvenir des moments passés entre lui et moi. Les larmes aux yeux, je renchéris : « Putain de merde, Alan Holmes, tu vas te montrer ! » Je baisse la tête en m’entendant parler. La vulgarité et moi, ça fait deux, mais je suis tellement stressée, nerveuse, énervée, que je m’emporte sans arriver à me contenir. J’ai besoin de le savoir près de moi, de le voir en « vie », si je peux dire ça comme ça, parce qu’il ne l’est finalement pas vraiment. Ce n’est plus un humain, c’est autre chose que je ne saurais qualifier. Je mets juste un pied dans le surnaturel, je commence juste à apprendre. Je m’y intéresse fortement, mais je ne suis pas certaine de pouvoir devenir une véritable encyclopédie à l’avenir. « Tu étais là depuis longtemps et tu ne t’es pas montré une seule fois depuis ta disparition. Oh, si, la seule fois où tu t’en es chargé, c’est pour laisser croire à ta gamine de sœur qu’elle avait halluciné en la laissant sans aucune réponse à ses questions. » Je lui en veux pour ça, pour ne pas être venu me voir lorsque j’étais enfant. S’il pouvait se montrer, alors pourquoi ne l’a-t-il pas fait après tout ? Il y a quelque chose comme la confidentialité entre humains et êtres fantastiques qui obligent à rester discret ? En tout cas, les Stryges ne semblent pas être au courant de cette fameuse règle.



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Il va falloir que tu m'expliques. » Alan EmptyJeu 17 Mar - 15:44
Hécate et Alan




la femme aux fleurs de papier

Tremblement de chair. Le visage fermé, de ce visage dont il n'a cessé d'admirer les traits se vieillir ces dernières années. Insecte discret aux yeux éclatants, il s'y retrouve, encore, toujours. Dans l'Opéra de ses morts, de ses vivants, de ses souvenirs, de ses soupirs et de sa dernière représentation. Elle ne l'est pas, pour autant. Elle perpétue l'horreur en faisant claquer les cordes dans une mélodie de candeur. Mélancolie quand tu l'attrapes aux tripes, mélancolie quand elle tape dans le fond d'une âme trop délicate. Quelque chose se déforme sur son visage pâle, comme un semblant de sourire qui, connecté aux étoiles, brillerait presque de mille couleurs. De quelques jours encore date leur dernière entrevue, ou peut-être est-ce plus ? Le temps lui échappe, les murmures frappent, pour autant il ne se souvient plus de sa date d'adieu, de celle dont il a arraché des larmes et une coquette somme de cercueil. Il pince sa lèvre inférieure, joue avec ce morceau rose en attendant avec impatience qu'elle enfile son manteau pour se glisser hors de son tombeau aux angelots joufflus dont le seul amour qu'ils portent est envers eux-même. Mains glissées derrière son dos, il niche un peu plus son nez dans son écharpe cerise, dont seule la couleur lui rappelle le fruit et non pas l'odeur de ce froid qui éclate à travers les parois des murs. Les couloirs gigantesques font tout résonner, même les pantoufles d'une danseuse qui incarnerait un cygne. Insouciant, inconscient, invisible à la mortalité qui lui manque terriblement. Elle le voit, Hécate. Elle le discerne dans l'ombre en gueulant sans même se préoccuper de qui pourrait l'entendre. Elle panique, trébuche sur son palpitant pour se ramasser dans un miasme d'incompréhension. Elle se fait happer, gober, enrouler d'un tulle de questions qui essaie de lui arracher la bouche. Elle résiste, sort les griffes en sortant des insultes. Pourtant, entre ses lèvres, même les pires ignominies ne sauraient être laides.

Elle a grandi. Bien trop grandi, sans même lui informer sur un petit bout de papier. Il s'en prend la gifle, et en jetant un coup d'oeil à ses mains, le fils Holmes se rend compte que lui se fige. Statue de glaise qui ne connaîtra ô grand jamais le repos. Il la laisse dans son délire, jusqu'à ce qu'elle finisse et au même titre qu'une petite fille n'ayant eu sa poupée de plastique, elle serre les poings. Son étui va se briser sous ses phalanges si elle continue. Dissimulé derrière un mur, ses doigts squelettiques passent sur le coin. Petit à petit, comme dans un théâtre de marionnettes où il est le Guignol qui s'échappe toujours au bon moment. Il renifle un peu, fait violence aux méfaits des saisons. Un pas, puis deux, c'est à lui d'entrer en scène dans ce beau mélo-drame dont la fin sera surmontée d'une morale à en faire pleurer les plus sensibles. Il fronce les sourcils, la dévisage l'espace de quelques secondes. Est-ce qu'il a réellement fait ça ? Fait espérer une illusion dont il ne gère même pas les effets ? Profonde inspiration, ça crame ses poumons. Il ne devrait plus respirer. « Hm. C'est toi qui a pas voulu y croire, m'accuse pas de tous les malheurs du monde.  » Il est parti avant qu'ils aient pu réellement se disputer, il s'est taillé sans prendre bagages avant même qu'ils aient pu se crêper le chignon une seule fois. C'est peut-être l'occasion, la fêlure, la cassure qu'il faut pour remettre les pendules à l'heure. Il se rapproche, sans oser tendre les bras, quand bien même il souhaiterait l'étouffer de son amour de moineau.  « Mais j'étais là, j'étais toujours là. Tu m'as juste jamais remarqué.  » Distorsion. Il reprend sa mine de môme réjoui. Et ça s'arrête là, parce que l'élan dans le corps de sa soeur le transperce d'une épée en argent. C'est que ça pique, c'est que ça tape au fond comme un grand feu de joie qui crépite et qui dévore toute la forêt. Il se concentre, refuse de reprendre les rênes d'un désespoir auquel il a assisté. Il n'était que spectateur. Il n'a jamais signé pour en être l'acteur. « Et... Qu'est-ce que t'attends pour m'en décocher une ? Tu passeras pas à travers, alors vas-y.  » Qu'on accuse la victime ou le bourreau. Ils ont joué à leur manière l'échange, sans vraiment prétendre au rôle. Il avance, se rapproche, attrape sa main libre pour la glisser sur sa joue à peine plus chaude. « Juste ici.  » Entre le détroit de sa paix et la mer de l'oubli.

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Félicitation à nos deux couillons élus membres du mois de d'Août pour leur rafale de RP et leur bonne humeur ! <3